9- Paola

Le trajet passé, je me réveille dans le lit d'Era. Me rappelant instantanément l'incident je demande à Era située au bout du lit, assise, dos à moi:

  - Era, où est Loïs?

Elle me semble à moitié morte, pourtant en m'approchant d'elle je me rends vite compte que quelques larmes coulent sur son visage. Mon amie est en train de pleurer, mais pourquoi? Je suis inquiète, je ne comprends pas ses larmes. Ne sachant quoi faire je décide de lui poser directement la question:  

  - Era qu'est ce qui se passe?

  - Rien Paola, j'ai simplement peur.

  - Comment ça peur? Peur de quoi Era? Parle moi.

Après un silence qui me paru une éternité elle me répondit:

  - Pour ton frère.

Comment ça ma meilleure amie a peur pour mon frère? Pour quelle raison?

  - Pourquoi as-tu peur pour Loïs? J'ai raté quelque chose?, lui répondis-je inquiète.

  - Il vient de partir. Je lui ai demandé s'il comptait retourner à la soirée et il m'a répondu que non.

  - Alors de quoi as tu peur? Tu es bizarre Era, jamais tu n'a eu peur pour lui au contraire on le critique toujours toutes les deux.

C'est alors qu'elle ne me laisse à peine le temps de finir ma phrase que d'une voix plus forte et plus dur elle enchaîne:

  - Mais il m'a répondu qu'il avait autre chose à faire. Paola s'il te plaît fais un effort.

  - Il est où?

Jusqu'ici je n'ai jamais eu peur pour mon frère. Je sais qu'il sait se défendre et qu'il se fout toujours dans des merdes. Dans des merdes... oui c'est bien ça qui m'inquiète.

Habituellement je me fiche totalement de ses rencontres, ça reste son problème après tout. Mais ce soir il était saoule et l'alcool et lui n'a jamais fait bon ménage. Il devient nerveux, bagarreur. Il se transforme en vrai gars sans neurones. Cette conversation avec Era venait d'accentuer ma peur.

  - Il vient de partir, me répondis- t-elle me sortant de mes pensées.

  - Vite Era on peut encore le rattraper. Je vais essayer de l'appeler.

Mon cœur s'emballe, j'ai du mal à respirer. Mon inquiétude est si forte que j'ai l'impression que l'alcool fait deux fois plus effet que d'habitude. Je prends mon téléphone dans la main et j'observe un instant mes mains tremblantes. Malgré ça j'essaye de garder mon sang froid. Je respire un bon coup et cherche le numéro de mon frère.


"- Allo? Loïs? Où es-tu?

  -Je rentre à la maison, pourquoi?

  -Reviens vite s'il te plait."

Après cette phrase je raccroche pour mettre fin à cette conversation.

Je sors de la chambre de mon amie et je me mets à dévaler les escaliers en entendant Era m'appelait tout en descendant à son tour:

  - Paola, attends- moi. Qu'est ce que tu fous? T'es devenue folle!

Les nerfs me montent. L'alcool n'aide pas non plus, j'ai envie de tout casser.

  - Tais toi! Juste tais toi!

Son regard se fixe au mien, choqué. Jamais je ne lui avais parlé sur ce ton. Elle reste figée un instant au milieu des escaliers. Je me rends alors compte que j'y suis peut-être allée trop fort. Les larmes montent, je baisse la tête, et laisse mes yeux pleurer.

Lorsqu'elle se retrouve en bas de l'escalier, je la prends automatique dans les bras.

  - Je suis désolée, lui chuchotais-je doucement à l'oreille, je ne voulais pas te parler comme ça mais tu m'as inquiété avec Loïs. Tu penses qu'il est en danger?

  - Ne t'inquiète pas, je te pardonne, s'exclama-t-elle à son tour. Mais oui j'ai peur car il est très remonté et peu importe qui il croise, il va le tuer.

Mon frère se fait bien connaître pour ses sauts d'humeurs très sanguins.

Au moment où Era finit sa phrase nous entendons le moteur d'une voiture. Je cours alors jusqu'au devant de la maison. Je vois mon frère descendre de sa voiture en panique.

  - Qu'est ce qu'il y a Paola? Tu me fais peur? Ça va tu vas bien? On t'as fait du mal?...

Il ne s'arrête plus. Je le coupe alors:

  - Loïs? Lois écoute moi s'il te plait ?, malgré ça il continue.

Je prends alors un ton plus ferme:

  - Loïs STOP, ECOUTE MOI S'IL TE PLAIT. Il se tait instinctivement.

  - Tu partais où, je continue.

  - Attends tu vas me dire que tu m'as fait revenir pour rien là.

Ses yeux ne quittent pas les miens, les traits de son visage se contractent. Pour autant, je décide de ne pas perdre ce regard, et lui pose la question:

  - Tu ne partais pas à la maison, arrête de me mentir. Tu allais où?

Il ouvrit les lèvres mais je repris:

  - Et ne t'avise pas de me mentir . J'en ai marre que tu me prennes pour une gamine de 5 ans qu'il faut protéger. Tu ne t'arrêtes jamais, tu te fous dans n'importe quelle merde qui a lieu à Los Angeles. Moi aussi je veux te protéger. Tu m'as protégé, alors maintenant c'est à mon tour de t'aider.

  - Paola s'il te plait ne te mêle pas de mes problèmes, d'accord?, s'exclame-t-il d'une voix douce, en prenant mon visage entre ses mains et en me laissant un bisou sur le front.

Son geste me touche. Cela fait longtemps qu'il ne m'a pas rassuré avec un bisou sur le front. C'est lors de mes 5 ans que ce geste d'affection est apparu. Lors de mes cauchemars incessants.

Chaque nuit, lorsque que nos parents partaient dormir, il venait près de moi quitte à devoir dormir sur le sol pour me surveiller. Lorsque je faisais un cauchemars il me serrait fort dans ses bras, en me déposant un doux baiser sur le front et en me murmurant cette phrase:

"ce n'est qu'un rêve petite sœur, je suis là tu peux te rendormir"

Puis lors du lever du soleil, sans me réveiller il repartait dans sa chambre sachant que plus aucun cauchemar ne pouvait ressurgir avant mon réveil. Ni ma mère, ni mon père ne les avaient remarquées. Ni les cauchemars, ni les visites de Loïs.

Petit à petit les cauchemars avaient cessé, pourtant quelques-uns étaient encore présents. Mais nous avons grandi, alors maintenant il ne vient plus me rassurer. Je dois me débrouiller seule, dans la peur, sans les bras de personne pour me blottir.

Un appel survient au téléphone de Loïs. Mes esprits repris, je lui arrache le téléphone de la main pour voir qui peut bien l'appeler à 4h du matin. Je décroche alors, une voix familière se fit entendre:

  - Allo? Allo? Putain frèro grouille toi on va devoir commencer le combat sans toi et tu sais que si c'est le cas on est mort.

J'éloigne le téléphone et me tourne pour regarder mon frère droit dans les yeux.

  - Putain j'y crois pas. Mathias et toi, vous faites des combats ensembles? Sérieusement tu as repris? Je t'avais pourtant supplié d'arrêter sinon ça allait détruire notre famille.

Il s'approche de moi, me prend le téléphone qu'il approche de son oreille pour parler à Mathias:

  - J'arrive je te rappelle quand j'ai fini.

Puis il raccroche et se dirige vers la voiture. Je lui emboîte le pas. Non non j'en ai pas fini avec lui.

  - Tu vas me répondre pour une fois dans ta vie?

  - Quoi? Vas-y je dois répondre à quoi?, enchaîne- t il si fort que je recule d'un pas.

  - Qu'est ce que tu fous avec Mathias à des combats?

  - Arrête de te mêler de mes affaires p'tit sœur et va te coucher t'es bourrée.

  - Je viens avec toi, ajoutai-je en contournant la voiture pour monter sur le siège passager.

  - Jamais de la vie Paola. Je suis sérieux.

Il est énervé mais peu importe je ne lâcherai pas l'affaire.

Au loin, Era est debout sur une marche près de la porte, regardant la scène sans savoir quoi faire. Pendant ce temps-là, Loïs essaye de me tirer de la voiture mais je ne cède pas.

  - Soit tu m'emmènes avec toi, soit je dis tout aux parents c'est clair?

  - Putain de merde, qu'est ce que tu peux être têtue.

Il ferme la porte puis contourne la voiture. Il prend place à côté de moi, sur le siège conducteur. C'est alors que dans le rétroviseur je vois Era qui arrive en courant, j'ouvre alors ma fenêtre:

  - Si vous partez, je viens avec vous. dit-elle.

  - Ta pote elle vient pas avec nous, j'en ai déjà assez avec toi.

Je lui lance un regard noir, puis acquisse à mon amie. Elle prend place à l'arrière du 4X4.

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