6- Mathias

La fin du déjeuner était passée, et après avoir discuté de tout et de rien le sujet de ma venue dans la famille devait enfin être abordé. Mais avant ça il fallait que je réussisse à convaincre toute la famille.

J'ai redouté ce moment depuis mon arrivée à Los Angeles.

S'ils ne m'acceptent pas, je pourrais mettre mes rêves de côté à vie... C'était ma seule chance.

Je les aimais déjà et je voyais qu'eux me considéraient déjà comme des leur. Mais le seul problème c'était leur fille. Pourquoi ne voulait-elle pas me laisser cette chance de réaliser mes rêves comme elle allait le faire en Espagne?

Pendant que Daniela, cette femme prête à m'accueilir était en train de faire la vaisselle et de ranger la table, puis que Loïs et son père Marcos se défiaient au football, je réussis à m'éclipser un court instant.

La seule personne qui me restait à convaincre c'était Paola et je comptais bien tout faire pour qu'elle m'accepte.

Après le dessert elle s'était directement dirigée vers sa chambre.

La discussion avait été très compliquée avec elle durant le repas, contrairement aux autres où tout avait été parfait.

Je ne voulais pas la manipuler, non, je voulais simplement qu'elle change d'avis.

Elle allait avoir la possibilité d'étudier en Espagne l'an prochain, je ne voyais pas pourquoi moi je n'allais peut-être pas pouvoir avoir cette chance. Tout cela à cause d'une jeune femme qui, selon moi, avait juste un ego surdimensionné.

Après avoir fait un tour aux toilettes je pris discrètement l'escalier.

Il y avait des tas de portes là- haut, je ne savais même plus où donner de la tête.

Par chance certaines d'entre elles étaient ouvertes. Je passe un regard dans celles-ci mais je me rends vite compte que ce n'est pas ce que je cherche. Simplement une salle de bain, une chambre servant de dressing, puis la chambre de Loïs, fin ce que je suppose puisque la majorité de celle-ci est de genre masculin. Beaucoup de jeux vidéos sont présents puis une odeur de parfum d'homme me monte au nez au point de me faire éternuer.

J'aurais pu avoir un doute sur le propriétaire de cette chambre. Après tout les filles aussi peuvent jouer aux jeux vidéos et mettre la tonne de parfum d'homme. Mais ce qui me fit comprendre les choses était notamment le manque flagrant de livres et sans vouloir paraître pervers j'avais directement senti son odeur à mon arrivée. Une odeur si fruitée, douce et brute à la fois que portait Paola. J'étais directement tombé amoureux de ce parfum. Seulement du parfum bien évidemment.

Soudain, je me suis mis à faire un bond en arrière.

Elle était derrière moi.

-  Qu'est ce que tu fais dans la chambre de Loïs?, me lança t-elle.

-  Je peux tout t'expliquer, répliquais-je surprit.

Je n'étais pas bien du tout. Moi qui cherchais à arranger un peu les choses, c'était totalement le contraire qui se passait.

-  Je t'écoute, dis moi "tout" comme tu dis.

Elle devint hautaine et je n'aimais pas ça du tout. 

-  En fait... En fait, je te cherchais.

-  Moi? Mais pour faire quoi? Tu sais très bien que moins je te vois mieux je me porte, non?

Elle était si froide. Ça se comprenait, je venais d'arriver sur son territoire.

- Je sais je l'ai bien compris que tu ne me portais pas dans ton coeur, mais je voulais te parler de quelque chose.

Elle me tourna le dos, puis se dirigea dans une pièce et me fit signe de la main de la suivre.

Je sus directement où l'on se trouvait, dans sa chambre. Je ne m'étais pas trompé, il y avait une énorme bibliothèque avec des tas de livres.

J'étais émerveillé par tant de livres. Je les regardais un par un, puis Paola me remit vite dans la réalité.

- Dépêche-toi, je n'ai pas tout mon temps. Tu devais me dire quoi?

Elle s'était étonnamment calmée et semblait plus détendue

 - Je..., aucun mot ne sortait.

- Bon Mathias j'ai compris, pas besoin de chercher pendant des heures tes mots. On ne t'a jamais appris à parler?

-  Si... si. C'est juste que..., marmonné-je.

-  Mathias je rigole.

Elle faisait de l'humour, c'était bien plus que étonnant.

-  Ça va je ne suis pas un tirant non plus. Ce n'est pas que je ne t'aime pas Mathias, juste que c'est compliqué pour moi de me dire que tu vas vivre avec ma famille alors que moi même je ne vais plus vivre avec eux. J'avais peur que tu sois là pour profiter d'eux, de leur gentillesse, de leur argent.

-  Je ne suis pas du tout là pour ça Paola.

Je voulais la rassurer. Elle ne pouvait pas penser une seconde que j'étais là par intérêt, ou pour profiter de quoique se soit.

-  Je le sais, ne t'inquiète pas.

-  Tu le sais?

-  Ça va j'ai vraiment l'air d'être la sorcière tout droit sortie de son cercueil là. Je peux être aussi gentille que méchante tu sais.

-  Je vois que tu caches bien ton jeu.

L'atmosphère était en train de se détendre et ça pouvait que m'aider.

-  J'ai parfois eu affaire à des mauvaises personnes. Maintenant j'ai toujours peur.

-  Peur de quoi?

Ses yeux fixaient le sol.

- Qu'on me la fasse à l'envers. Je ne veux plus de ça maintenant.

- Je comprends mais je te promets que je ne suis pas l'une de ces personnes.

- Je sais, même si c'est pas parce que tu me le dis. Personne n'assume d'être une mauvaise personne. Mais durant le repas j'ai vu comment tu étais. Tu cherchais à en apprendre plus sur nous tous. Tu montrais un intérêt sincère et pas un simple intérêt pour tes besoins personnels. Finalement t'es peut être un mec bien.

Son discours me toucha en plein coeur, mais elle gacha vite le moment avec son rire si intense.

- Et toi tu n'es peut être pas juste une sorcière. Tu es plutôt gentille quand on parle plus de 10 minutes avec toi.

Puis je me mis à rigoler avec elle.

Finalement on se trompe souvent sur l'apparence des gens. On juge facilement sans savoir qui ils sont vraiment et ce qu'ils ont subi. L'apparence peut parfois abriter de simples mauvaises expériences de la vie, qui ont créé une carapace.

-  Et donc tu penses que tu pourrais accepter que je vienne faire mon année ici en logeant chez tes parents?

- Je ne serais plus là et je vois que tout le monde t'aime bien. Pourquoi dire non?

Enfin elle pensait comme moi, c'était très surprenant. On semblait pourtant si différent.

- Vraiment? La fille avec une apparence de sorcière me dit oui pour rentrer dans sa tanière? la taquinais-je.

- Ohhh un peu de respect, je ne suis pas une sorcière.

Elle se mit à froncer les sourcils, mais son petit sourire en coin la trahi. Mais je fis semblant de rien.

- OK OK j'arrête. Je vais trouver un meilleur surnom tu as raison, c'est déjà trop donner aux femmes.

-  Tu insinues que nous sommes toutes des sorcières?

- Euhhh... Non non enfin je voulais pas dire ça.

- Mathias...? Oh oh Mathias c'était encore une blague, détends toi.

- Ouf... j'ai eu peur d'avoir encore dit une bêtise, rigolais-je. 

Pendant au moins deux minutes, on riait sans pouvoir s'arrêter. Ça faisait du bien de se détendre, d'arrêter de stresser.

Une sonnerie se mit à retentir.

- Sérieusement la musique de Justin Bieber en sonnerie? je me pris un fou rire inarrêtable, elle rougis automatique. 

-  Ça va je le kiffais quand j'étais gamine. Tu ne connais pas tes classiques... Oui Era qu'est ce qui a? Je suis occupée il est là.

Je ne savais pas pourquoi mais à partir de ce moment j'étais presque sur à 99.9% que l'on parlait de moi. C'était plutôt amusant. Paola avait sûrement dû dire à cette certaine Era que je serais présent aujourd'hui. Le seul petit problème c'est que je ne savais pas si elle avait parlé de moi en bien ou en mal.

- On se rappelle plus tard promis. Oui promis ne t'inquiète pas. Bonne journée Era je t'aime.

- Je suis désolée c'était ma meilleure amie.

Elle était tout à coup si gênée. Je sus à ce moment là que Paola avait du beaucoup parler de moi en mal avec son amie et que de savoir que je pouvais tout comprendre en un simple appel la stressait.

-Ne t'excuse pas je comprends, dis-je en la detendant.

Une voix feminine que je reconnaissais déjà très bien se mit à éléver la voix sans méchanceté ni brutalité.

-  Paola tu vas descendre j'ai fait du thé et du café.

- J'arrive maman, se mit t-elle à surenchérir.

- Tu n'aurais pas vu Mathias par hasard, je le cherche partout?

Cette femme s'inquiétait déjà autant pour moi? J'étais si touché.

Je pris alors la parole:

- Je suis là Daniela, avec Paola.

Paola me lança un regard noir, remplit de colère.

- Comment ça?, essaya-t-elle de comprendre.

- Elle voulait juste me montrer un livre, mentais-je naturellement.

- Ohhh un livre? D'accord, mais dépêchez vous ça va refroidir.

- Oui maman on descend.

En reprenant la parole Paola avait adoucit son regard.

Malgré ça je sus qu'elle m'en voulait. J'avais simplement dit que j'étais avec elle, en quoi cela était bizarre?

Elle reprit en se levant:

- Tu aurais pu éviter de dire que je voulais te montrer un livre, c'est tellement improbable.

Elle était sortie dans le couloir, je me mis à lui emboîter le pas, et lui passa devant pour l'empêcher de passer.

- Attends-moi..., j'avais les nerfs qui montaient.

- Oh?, elle était vraiment têtue.

- Laisse-moi. Ce n'est pas parce qu'on a échangé deux ou trois rires qu' on est devenu meilleur ami alors laisse moi et arrête de m'adresser la parole. C'est clair?

- Les filles vous êtes vraiment dures à cerner.

Je m'arrêta un moment puis la fixa. Je ne sus quoi dire à cet instant précis.

Elle me contourna alors et se mit à descendre. On prit alors tout le thé au salon sans qu' un seul regard ou mot ne soit échangé entre elle et moi.

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