5- Paola

J'enfilais mes chaussures et je descendis pour aider maman à mettre la table. Il est 11h30 et à 12h nous recevons un certain Mathias, un mec que je ne connais pas et qui ne risque pas de faire partie de ma famille. J'avais fait part à mes parents de mon mécontentement, mais rien n'avait changé. J'avais bien retenu la leçon « Ne fait pas la tête », « montre-lui que tu t'intéresses à lui », «le pauvre il n'a pas sa famille ici, on est sa seule chance »...

J'en avais marre de toujours me prendre des reproches par ma famille lorsque l'on parlait de lui. On ne le connaissait même pas, on avait tout simplement vu une photo de lui, ça ne prouvait rien. Il pouvait être voleur, drogué ou pire kidnappeur.

Je n'avais pas l'intention de me mettre à dos mes parents avant de partir en Espagne, alors j'essayais de toujours aller dans leur sens. A ce moment-là j'avais accepté de bien me tenir lors de sa présence.

Maman avait fini de faire à manger et moi j'avais fini de mettre la table. Il était alors 11h50. Je m'installais dans le petit canapé du salon et je pris mon livre du moment. Après avoir lu quelques pages, la sonnette se mit à retentir. Mon réflexe avait directement été de regarder l'heure sur mon téléphone, et de pousser un soupir de désespoir. J'avais redouté ce moment et l'heure ne m'aidait pas en passant aussi vite.

Papa se précipita pour ouvrir la porte, maman sortit de la cuisine pour le saluer et Loïs la suivait de près.

Moi je n'avais pas bougé d'un centimètre. La tête dans mon livre, je faisais semblant de m'y intéresser. C'est alors qu'à ce moment là j'entendis une voix grave me parler :

- Bonjour, je m'appelle Mathias ! me lança-t-il d'une voix plutôt gênée.

- Bonjour, moi c'est Paola..., répondis-je en levant le regard sur lui.

Je restai figé, un instant, dans l'incompréhension. Ce mec était d'une beauté à couper le souffle.

Comment pouvait-il être aussi beau ? Comment pouvait-il avoir un regard aussi perçant ?

Il avait un si beau corps. Même à travers ses vêtements on pouvait distinguer ses muscles si bien dessinés.

Quelques minutes plus tard après avoir échangé un simple bonjour Loïs essaya de me sortir de mes pensées :

- Paola tu viens ?

Mon esprit reprit petit à petit. Ils étaient tous partis dans le jardin, simplement lui était planté là, devant moi.

- Paola je te parle, tu viens ?

- Quoi? Qu'est ce qu'il y a ?

J'étais complètement perdue

- On est tous dans le jardin, on prend l'apéro. Le soleil est enfin sorti contrairement à ce matin.

Vu la réaction de Loïs je sus qu'il avait deviné. Mon frère pouvait être assez bête pour certaines choses mais ce qui était sûr c'est qu'il me connaissait par cœur. Je ne pouvais jamais rien lui cacher.

- J'arrive je vais me changer il commence à faire chaud, lâchai-je en essayant de partir.

Loïs éclata immédiatement de rire. Automatiquement je me mis à rougir.

- Ne dis rien, lui dis-je.

- Haha tu m'étonnes que tu aies chaud. Pour être sincère je ne suis pas sûr que ça soit le soleil ni la chaleur!

- Loïs je t'ai dit de te taire, tu me gênes et ça n'est pas du tout ce que tu penses.

- Moi je n'ai rien dit, c'est toi qui insinue. Après avoir vu ta réaction je ne pense pas me tromper. Paola je ne te conseille vraiment pas de te rapprocher de lui. En tout cas pas comme ça. Puis de toute façon tu pars en septembre et ça n'est pas un mec pour toi.

Sans répondre je partis dans ma chambre me changer. C'était fou la simplicité que Loïs avait à lire dans mes pensées.

Mais malgré la petite pensée qui m'avait traversé l'esprit je n'étais pas amoureuse. Mathias était certes plutôt beau gosse mais comme Loïs l'avait dit ce n'était pas un mec pour moi. Surtout que mon esprit était encore bloqué sur mon ex - même si le temps passait et qu'il fallait bien que je me rende à l'évidence que lui et moi ça n'arriverait plus jamais.

Arrivée dans ma chambre je cherche tant bien que mal une robe à me mettre. Après un certain temps je trouve enfin celle que je préfère. Elle était bleue avec des papillons blanc dessinés dessus. Je suis à la fois à l'aise dedans et elle marque bien ma taille. Je pris mes tongs et descendis rejoindre ma famille.

- Il était temps ! Qu'est ce que tu faisais ? commença mon père.

À travers cette question j'avais compris que mon père me faisait une légère réflexion. Je savais ce qu'il pensait, que c'était impoli de faire attendre un invité.

- J'étais en train de me changer, il commence à faire chaud avec le soleil.

J'avais essayé de me rattraper. Cela avait marché à moitié. Papa tenait vraiment à ce que cette rencontre soit parfaite.

Lorsque mon père avait appris que j'allais partir à l'autre bout du monde il ne m'avait pas adressé la parole pendant au moins 2 semaines. J'étais allée le voir un soir pour m'excuser et lui faire part de ma décision, celle de renoncer à mon projet. Il m'avait fait comprendre que ça n'était pas contre moi mais que c'était toujours dur de voir ses enfants partir loin et de les voir grandir.

- Ça n'est pas contre toi Paola, tu grandis et je ne le vois pas. Chaque jour tu évolues et je trouve que c'est une très belle expérience que tu t'apprêtes à faire mais sache que voir ses enfants partir n'est jamais facile...

- Papa je suis désolée...

- Paola, ne t'excuse jamais de vouloir réaliser un rêve. Au contraire, et ne fait jamais comme moi, ne renonce jamais pour ta famille !

J'avais compris que réaliser ce rêve était au contraire une joie pour lui et surtout une revanche sur ce que mes grands parents lui avaient interdit de faire.

On avait alors passé la soirée à discuter de ça. Il m'avait expliqué qu'à l'âge de 20 ans il avait voulu étudier les mathématiques en France, que c'était devenu l'un de ses plus grands rêves de jeunesse, qu'il avait même été accepté dans une école. Mais malheureusement le jour où il avait abordé le sujet avec papy et mamie les choses avaient changé. Papy lui avait interdit de partir, de les laisser seuls.

Depuis cette discussion tout allait mieux entre nous mais il ne pouvait pas s'empêcher de me lancer des piques lorsque je faisais quelque chose de travers.

L'apéro était passé et le déjeuner se passa plutôt bien.

- Alors Mathias tu as habité ici en étant plus jeune c'est ça ?

Ma mère était toujours aussi curieuse, elle n'avait pas arrêté de lui poser des questions de tout le repas.

- Oui c'est ça, mais seulement 5 ans, j'ai rapidement déménagé en France.

- Comment c'est la France ? C'est beau ? avait demandé mon père.

- Il y a des coins vraiment très joli, je peux vous conseiller si vous souhaitez vous y rendre !

Mathias cherchait juste à intéresser mes parents pour qu'ils acceptent qu'il vienne vivre à la maison . Ça m'écoeurait.

- Nous en France non merci, L'Espagne a l'air beaucoup plus intérressant !

- Comment tu peux savoir, alors que tu n'es même jamais allée en France?

Il avait raison, le mec assis devant moi avait raison et ça m'enrageait.

- En Espagne non plus d'ailleurs, n'est ce pas soeurette!

- Loïs tais toi !!

Mon frère adorait me foutre la honte. C'était toujours comme ça avec lui, nouvelle rencontre voulait dire m'humilier.

- Paola ne soit pas aussi agressif avec ton frère, on discute juste.

- Mais maman Loïs le fait exprès, il me cherche...

Durant un certain temps le silence s'installa, jusqu'à ce que Mathias reprenne :

- Alors comme ça Paola tu n'es jamais allée en Espagne ? Comment peux-tu en déduire que c'est un très bel endroit alors ? En tout cas plus beau que la France ?

Ce garçon cherchait les problèmes ou quoi. On venait à l'instant de se disputer avec ma famille et il remettait le sujet sur la table.

- Elle déménage là-bas à la rentrée. Paola va faire ses études en Espagne.

Mon père avait remarqué mon silence, c'est pour cela qu'il s'était permis de répondre à ma place.

- Sans doute un très bon choix alors, mais passe en France un jour je te promets que tu ne serais pas déçu. Qui sait, je t'y emmènerais peut être!

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