4- Mathias

Après une bonne heure coincée dans les bouchons, le chauffeur nous dépose enfin à l'ehpad où grand-père réside. L'ehpad des tulipes. Une fois arrivé dans sa chambre, je pris mon pyjama et je suis parti me laver. Il était presque 23h, nous étions tous les deux fatigués alors nous allions nous coucher directement.

Il est 8h du matin. Le réveille de grand-père sonne. Hier soir il m'avait prévenu que le petit déjeuner se faisait assez tôt, jusqu'à 9h seulement, et qu'il voulait profiter un peu de moi avant que je parte rencontrer ma famille qui serait potentiellement apte à m'accueillir. Ils m'avaient proposé de venir manger pour le déjeuner. J'avais été si heureux lors de cette proposition. Cela me prouvait que j'avais peut-être une chance avec eux.
Après s'être rapidement habillé, grand-père m'amena au restaurant de l'ehpad. Il y avait plein de nourriture à volonté, placée sur plusieurs tables. Du sucré, du salé, des fruits, et pleins d'autres sortes de bonne choses. On s'installe à la table habituelle de grand-père, puis une femme d'une cinquantaine d'année s'avanca vers nous.

- Bonjour James, comment allez-vous ce matin ?

- Très bien Olivia, merci ! Je te présente Mathias, mon petit fils. 

Elle se tourna vers moi.

- Bonjour madame, répondis-je timidement.

- Oh non je t'en prie Mathias, appelle-moi Olivia, pas de chichi entre nous, dit-elle avec un grand sourire.

- Tout le monde se tutoie et s'appelle par son prénom ici, alors ne soit pas gêné, enchaîne grand-père.

Je voyais que grand-père faisait tout pour essayer de me détendre. Il voulait me faire comprendre que je n'avais aucune raison d'être gêné ici.

- Ça marche ! Olivia alors, c'est ça ?

- Exactement, Mathias, s'amusa-t-elle.

- Alors que puis-je vous apporter comme boisson ? Un café James ?

- C'est ça ! Comme d'habitude. Merci Olivia.

- Et toi Mathias ? me demanda-t-elle.

- Un café aussi s'il te plaît, répondis-je

- Parfait. Je vous apporte ça tout de suite. Allez vous servir avant que les autres ne mangent tout.

Puis Olivia se dirigea vers la cuisine pour préparer nos cafés.

Après avoir pris notre petit déjeuner, grand-père a voulu me montrer son endroit préféré. Le parc de l'ehpad. Il s'asseyait toujours sur le même banc, devant le petit lac où des poissons et des cygnes se baladaient.

Après quelque minute assis sur le banc je sentais que grand père avait quelque chose à me dire mais qu'il n'osait pas. Alors je décidai de lancer un peu la conversation.

- Alors grand-père, tu te plais toujours autant ici?

- Oui oui ça va. Tout le monde est très gentil avec moi. J'ai des amis maintenant, et je pense même que Madeleine m'aime plutôt bien.

Un petit sourire s'afficha sur ses lèvres. Il était plutôt fier qu'à son âge des femmes s'intéressent encore à lui. Mais je vis que quelque chose le tracassé vraiment. C'est à ce moment là que je compris directement. A midi j'avais rendez-vous avec cette famille et il n'était pas très enthousiaste. Je décidai alors de lui poser une question.

- Grand-père?

- Oui Titi? Qu'est ce qu'il y a?

Grand père m'appelait beaucoup moins titi. C'était pourtant à cause de lui que tout le monde avait fini par m'appeler comme ça.

Je me souviens lorsque j'avais fêté mes 5 ans, sans comprendre grand-père avait crié "joyeux anniversaire mon titi". Personne n'avait compris, ni même mes parents. Mais à sa grande surprise - alors qu'il était très gêné d'avoir crié tout haut ce qu'il pensait tout bas - tout le monde avait rigolé et j'avais rougi comme lui. Finalement sans vraiment lui avouer, ce surnom me plaisait énormément. Mes parents avaient eux aussi commencé à m'appeler comme ça. Mais maintenant j'avais 19 ans et plus personne n'osait m'appeler comme cela sauf lui apparemment, et ça me faisait très plaisir.

- Je sais que quelque chose te contrarie. Tu es très calme, ton sourire est presque effacé alors qu' hier tu étais super content de me proposer une balade. Qu'est ce qui se passe? C'est à cause de cette famille?

J'essayais d'être doux, mais ça n'était pas le sujet le plus facile à mettre sur la table.

- Je ne suis pas contrarié Mathias, juste triste.

Les yeux de grand-père brillaient, il allait pleurer et je n'arrivais pas à comprendre pourquoi.

- C'est si dur de te voir grandir. Si j'avais su être plus indépendant j'aurais pu t'accueillir chez moi, mais avec cette fatigue et ce manque d'autonomie c'est impossible pour moi. Et être à l'ehpad avec moi serait impossible et surtout ennuyant pour toi.

Après l'explication de grand-père je me sentais si mal que moi aussi je me mis à avoir des larmes sur mes joues. Je n'avais pas mesuré l'importance pour lui de me revoir après autant de temps.

- Grand-père je vais avoir un toit pour dormir aujourd'hui si tout se passe bien, je viendrai te voir tous les jours, la maison est seulement à 10 minutes à pied c'est vraiment rien. Je vais tellement venir te voir que tu vas finir par m'interdire de passer les portes d'entrée.

J'essayai de détendre l'atmosphère. Il arrêta de pleurer et nous nous sommes mis à rigoler tous les deux.

- Comment pourrais-je en avoir marre de toi Titi. Tu es mon petit fils, je t'aime plus que tout au monde.

Les paroles de grand-père me firent chaud au cœur. On s'aimait vraiment, cela sautait aux yeux. J'étais comme son fils, il me l'avait déjà tellement répété.

1h plus tard nous sommes dans la chambre, je rassemble mes affaires. J'ai mis mes chaussures, pris ma veste dans mes bras et mis mon sac sur mon dos. Il était l'heure de partir. J'avais laissé ma valise dans sa chambre, comme ce déjeuner n' était qu'une simple rencontre. Je n'allais pas arriver avec toutes mes affaires, cela ferait trop intrusif.

Me voilà dans le taxi. Je fis un dernier signe de la main à grand-père et partis. J'étais assez nerveux. Rencontrer une famille que l'on ne connait pas, avec en plus des enfants qui ont presque votre âge n'est pas forcément facile.

Me voilà devant la maison. Le taxi venait de partir, il me restait juste à m'approcher de la porte puis de sonner.

Mes mains tremblèrent et j'avais du mal à mettre un pied devant l'autre, mais je pris mon courage à deux mains et je m'avançai devant la porte. Je vérifiai une dernière fois ma tenue. J'étais habillé assez simplement, un tee shirt de mon équipe de basketball favorite, avec un pantalon un peu large et une veste de style basket aussi.

Je sonnai et j'attendis que quelqu'un vienne m'ouvrir.

Devant moi un homme d'une quarantaine d'années, assez bel homme avec un style assez strict de style costume chic se tenait devant moi. Il avait un sourire merveilleux jusqu' à l'oreille. Je me sentis alors un peu mieux.

- Bonjour!, me lança- t-il avec ce grand sourire.

- Bonjour monsieur! lui répondis-je assez gêné malgré tout.

- Je t'en pris entre, entre ne soit pas timide.

Me voilà dans leur maison. Elle était si belle, si chaleureuse.

Un peu plus loin je vis une femme dans la cuisine. C'est alors que j'enlevais mon manteau qu'elle s'approcha de moi suivi de près par un homme qui avait l'air assez jeune.

- Bonjour Mathias, comment vas-tu? Je me permets de te tutoyer j'espère que ça ne te dérange pas?

Elle était si bien apprêtée. Elle avait sûrement une quarantaine d'années aussi mais elle faisait si jeune.

- Bonjour madame. Non bien sûr aucun problème. Je préfère au contraire.

Plus je parlais, plus je me sentais à l'aise. Je fis ensuite la connaissance de leur fils, je lui serrai la main.

J'avance ensuite dans le salon. Une silhouette assise sur le fauteuil se dessinait à moi. Ce fut une jeune fille un peu plus jeune que moi. Elle lisait. Situé à l'entrée de la pièce, je percevais de son être une assurance surhumaine. 

C'est alors que M. Gretson lui fit part de ma présence. Elle leva ce regard. Si perçant. Si menaçant. Il m'intriguait. Je scrutais ces yeux, plongé dans ces deux pupilles noires. Pendant quelques secondes, je dois avouer qu'il ne me laissait point indifférent. Ses yeux étaient si beaux.

- Bonjour, moi c'est Paola!

Pris d'un sursaut sous mes paupières je sortis de ma rêverie. Je fis alors mon plus beau sourire et lui confia:

- Bonjour, moi c'est Paola...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top