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09 Juin 2035.
L'eau chaude tombe sur mes cervicales et coule le long de mon corps nu. La semaine a été longue et fatigante. Les examens de fin d'année arrivent à grands pas alors les répétitions s'accélèrent. Avec les garçons nous avons pris un bon rythme avec un emploi du temps bien ficelé.
Les matins, je me concentre sur la danse classique avec Chad. Vers treize heures, Blake nous rejoint et nous déjeunons ensemble avant d'enchainer sur le contemporain puisque nous suivons tous les trois cette option. Après le goûter, Chad nous laisse et je passe alors les heures suivantes à admirer Blake s'entrainer en hip-hop. Je m'installe au milieu de la pièce, le dos contre le miroir. La meilleure place de la salle.
Quand il n'a plus de force, nous rentrons chez lui ou ici. Nous passons la soirée collés l'un à l'autre, souvent devant la télévision à regarder un film ou une série. Mais nous écoutons aussi la musique, cuisinons, chantons même parfois. Nous jouons avec Ezra, Nine ou encore les chats. Nous parlons de la chorégraphie pour l'émission aussi. C'est normal, sain et tellement agréable. Ces moments m'apaisent, me rassurent.
Parce que même si depuis ma discussion avec Elliott, je n'ai toujours pas trouvé le temps ou le courage de parler sérieusement à Blake, je fais plus attention à notre façon d'être ensemble. Il n'y a aucun doute, Elliott avait raison. Nous agissons comme un couple. Cette étiquette que je refusais de nous mettre est de toute façon inutile. Nous l'avons snobée avec beauté et ça me plaît.
J'ai encore une angoisse au creux de l'estomac. J'ai toujours autant peur qu'il se lasse de moi ou qu'il trouve quelqu'un de bien mieux que moi. Je l'avais déjà quand je sortais avec Ady mais avec Blake, elle a été exacerbée à cause de ce que j'ai vécu. Cependant, il a su me parler, me tranquilliser, me valoriser pour que je réussisse à présent à passer au-dessus.
Un sourire se dessine sur mes lèvres à tout ça. Je suis enfin heureux et serein. Je soupire au moment où des coups résonnent. Je lance un oui éreinté, en ramenant le rideau de la douche contre moi. La porte s'ouvre sur un Blake seulement vêtu d'un bermuda en jean. Ses cheveux violets mouillés laissent quelques gouttes couler sur ses épaules et son torse dénudés.
— J'ai oublié de me laver les dents. Je peux ? me questionne-t-il en pointant le lavabo.
Je hoche la tête et il entre aussitôt dans la salle de bain, refermant derrière lui. Je l'observe s'emparer de sa brosse qui, la première fois qu'il l'a vue, l'a fait grimacer. Sun ayant la verte, Ezra la bleue et moi la violette, il a hérité de la orange et à priori, cette couleur ne lui a pas plu. Je souris à ce souvenir puis m'applique à remettre le rideau correctement.
Comme si j'étais à nouveau seul, j'entreprends de me savonner en chantonnant la musique sur laquelle Blake danse en Hip-Hop. Lorsque je me rince, je réalise qu'il n'est toujours pas sorti de la pièce. Je referme le robinet et sors juste le bras pour tâtonner à la recherche de ma serviette. Blake me la tend en m'interrogeant :
— Est-ce que si je te demandais quelque chose de sérieux, tu le ferais ?
Je me fige, la main sur l'éponge. Les sourcils froncés, je suis aussitôt sur la défensive. Je tire la serviette à moi en déclarant plus sèchement que nécessaire :
— Ça dépend...
Brusquement, le rideau est tiré par Blake, me laissant à sa vue. Pendant quelques secondes, nous restons l'un en face de l'autre, sans parler. Son regard sur ma nudité me fait rougir. Je place alors ma serviette devant moi pour me cacher. Il lève un sourcil en se moquant gentiment :
— Après tout ce qu'on a fait ?
Je hausse les épaules. Il prend appui sur le meuble derrière lui et croise les bras. Malgré mon camouflage sommaire, ses yeux continuent de me regarder.
— Tu sais, on a couché ensemble des dizaines et des dizaines de fois...
Je lève les yeux au ciel.
— Et la plupart du temps, tu étais nu...
Je soupire. Quelques frissons me parcourent à cause de l'air frais sur ma peau encore mouillée. Maladroitement, je m'enroule comme je peux dans la serviette. Je comprends son raisonnement et il n'a peut-être pas tort. Pourtant, ce n'est pas la même chose pour moi.
— Oui mais...
Être nu devant lui maintenant ou pendant nos ébats, ça n'a strictement rien à voir mais je serais incapable d'expliquer ma manière de penser, de percevoir les choses. Pendant le sexe, mon esprit est sûrement trop embrouillé par le désir pour pouvoir complexer.
— C'est pas pareil... Quand on couche ensemble, je ne fais pas attention à ça...
— À ça ?
— À mon corps, à moi, précisé-je, en lissant le tissu qui me recouvre.
Il fait une petite moue à ma réponse. Ses bras retombent le long de son corps avant qu'il ne reprenne la parole :
— Pourquoi tu te caches, là, maintenant ?
Il fait un mouvement du menton pour signifier mon empaquetage. Je baisse la tête. Mes doigts jouent nerveusement, se tordant dans tous les sens.
— Pourquoi tu refuses que je te vois nu ? insiste-t-il.
— Je... je sais pas.
Blake avance jusqu'à ce que ses tibias touchent le rebord de la baignoire. Il relève la tête parce que je suis un peu plus grand que lui dans cette position.
— Tu n'as pas besoin de te cacher de moi. Tu n'as pas confiance en moi ?
— Ça n'a rien à voir ! rétorqué-je au tac-au-tac.
— Si un peu...
Je fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi il pense ça. J'ai confiance en lui. Autant qu'en Elliott ou Sun, c'est pour dire.
— J'ai confiance en toi.
Son visage reflète une certaine tristesse qui me peine. Ma main va caresser sa joue et je lui souffle :
— Je te confierais ma vie les yeux fermés.
Une petite lueur de bonheur s'allume dans son regard avant qu'il me supplie :
— Alors crois-moi quand je te dis que tu es magnifique.
Mon visage s'enflamme. Je passe ma langue sur mes lèvres pour les humidifier, tout en cherchant quoi répondre à ça. J'ai confiance en Blake mais il y a quelque chose en moi qui m'empêche de me dévoiler devant lui dans des situations de la vie quotidienne. Je tente d'être honnête avec lui :
— Je n'y peux rien, c'est devenu... instinctif.
Cette fois, c'est lui qui effleure avec tendresse ma mâchoire. Son regard dessine mes traits au même rythme que ses doigts.
— J'aimerais que tu n'aies plus peur face à moi. Que tu comprennes que j'adore te voir nu...
Le silence nous englobe après sa déclaration puis soudain, je ricane. Il fait une petite moue et tout en posant ses mains au niveau de mes hanches, se corrige :
— Je veux dire que j'aime te regarder. Tu es beau. Quoi que tu fasses, tu restes incroyable. Ton style, ton corps, tes cheveux, tes lèvres, tes cuisses... Mama mia !
Nous nous sourions avant qu'il dépose un baiser rapide sur ma bouche.
— Et je suis loin d'être le seul à le penser ! m'annonce-t-il.
— N'importe quoi !
Ses bras passent derrière moi et poussent doucement pour me rapprocher de lui. Mes mains se posent sur son torse musclé. Il m'explique :
— Avant d'être en groupe avec toi, en novembre, je savais qui tu étais...
— Bien sûr, je suis passé après toi pour l'audition, le coupé-je.
— Oui mais sans ça, je t'aurais reconnu.
Mes sourcils se froncent à ses mots.
— J'avais entendu parler de toi. Plus d'une fois !
Ses yeux se relèvent pour croiser mon regard.
— Tu n'as vraiment aucune conscience de... toi ?
— Comment ça ?
— Tu es connu chez tous les première année. Je ne serais pas étonné que ce soit la même chose avec les autres promos.
Je me passe une main dans les cheveux, mal à l'aise. Moi ? Connu ? Mais pour quelle raison ? c'est impossible.
— Dès le début de l'année, tu as fait sensation dans ta classe. Et beaucoup d'envieux par la même occasion. Alors forcément, les urbains ont eu vent du phénomène Dae. Ils parlaient souvent de toi. Comme quoi tu étais très doué...
Mes joues rougissent à cette affirmation.
— Mais aussi très beau...
Cette fois, mes yeux s'écarquillent.
— Les filles t'adorent. Je les entendais constamment discuter de tes exploits en cours. La Johanna que Chad aimait bien était d'ailleurs l'une d'elles.
Il fait une petite moue.
— Elle n'est pas intéressante, cette Johanna. Une vraie arriviste ! Il n'a rien loupé.
Je penche la tête sur le côté, ne sachant pas quoi penser de cette information. Mais il poursuit son explication :
— Après de nombreuses discussions...
— D'écoutes indiscrètes, le corrigé-je, moqueur.
— Absolument pas ! s'écrie-t-il, outré. Je te l'ai déjà dit, elles font profiter tout le monde de leur conversations inintéressantes. Bref...
Il secoue la tête comme pour tenter de reprendre le fil de sa réflexion.
— A partir de là, tu m'as intrigué. Pour qu'on parle autant de toi, tu devais être... fantastique.
Je grimace. Il a dû être déçu en me découvrant. Si maintenant, après toutes ces semaines à travailler avec Blake et surtout notre réussite à l'audition, j'ai pris conscience que j'avais peut-être ma place à l'institut, je pense que tout ce qu'il me dit est excessif.
— J'ai commencé à me rendre dans une salle de danse, proche de la tienne. Je te regardais répéter.
— Tu m'espionnais ? m'étonné-je.
— Tout de suite les grands mots !
— Cette fois, je n'exagère rien. Tu m'espionnais, affirmé-je, sûr de moi. Un point, c'est tout.
— Peut-être bien, en convient-il.
Je souris, heureux de l'entendre. Il m'imite.
— Quand ma classe a su qu'on allait avoir un travail en groupe avec la section classique, la majorité voulait absolument se retrouver avec toi en duo.
— Et toi ? lui demandé-je en glissant mes bras autour de son cou. Tu faisais partie de cette majorité ?
Un fin sourire apparait sur ses lèvres.
— Je pense que j'étais le plus désireux de travailler avec toi !
Sa déclaration m'emplit de bonheur. Je me penche et l'embrasse doucement. Ses mains remontent mon corps jusqu'au rebord de ma serviette. Ses doigts touchent ma peau dans mon dos. Sa douceur me fait accentuer mon baiser, mais il y met fin.
— Mais la question n'est pas là. Tout ce que je veux dire... La seule personne à penser que tu n'es pas génial, c'est toi !
Je me fige. Mon cœur s'excite d'un coup. À plusieurs reprises, il effleure ma mâchoire puis ramène une mèche en arrière.
— Alors, Dae, si je te demande une faveur, tu me l'accorderas ?
— C'est à propos de quoi ?
Il semble hésiter à poursuivre. S'il est dans cet état, cela n'annonce rien de bon. Je n'aime pas trop la tournure que prend cette conversation. À cet instant, je souhaite juste refermer le rideau de douche et me remettre sous le pommeau. Le bruit de l'eau m'éviterait d'écouter ce qui va suivre. Nerveusement, je fais un pas en arrière pour me retirer de son étreinte puis resserre le linge autour de moi. Les bras de Blake retombent de chaque côté de son corps.
— Quand les examens seront tous passés, commence-t-il d'une voix douce, est-ce que... tu pourras reprendre du poids ?
Ma tête se relève brusquement. Mes yeux s'écarquillent.
— Quoi ? m'écrié-je, choqué par sa demande.
Il déglutit. Il est mal à l'aise d'aborder ce sujet et j'ai envie de lui hurler de ne pas le faire, d'exiger qu'il se taise. A la place, je le laisse parler :
— Je sais que ça ne me concerne pas et tu as le droit de me renvoyer balader mais... tu dois faire attention à toi et ta santé.
— Par... Quoi ? Je...
— Pendant des semaines, tu ne mangeais pratiquement plus. Tu as perdu beaucoup trop de poids.
— Non, c'est faux, j'ai... Je mange.
— J'appelle ça grignoter. La plupart du temps, on partage toujours une assiette et tu fais exprès d'être lent alors tu n'ingurgites qu'un quart de son contenu.
— Mais non. Il est recommandé de...
— Regarde-moi dans les yeux et ose me dire que je me trompe ! déclare-t-il, d'une voix déterminée.
Son regard noir me pétrifie. Pas de peur, il ne m'effraie pas. Mais d'émotions. J'y lis de la peine, de l'impuissance et de l'affection. Je déglutis. Je ne peux pas lui mentir.
— Je... j'en ai besoin, je...
— Non. Je viens de te le dire. Tout le monde te trouve beau et talentueux. Tu n'avais pas besoin de perdre quoi que ce soit.
Mes paupières papillonnent, tentant d'éliminer les larmes qui les humidifient. Je tremble mais les bras de Blake m'entourent à nouveau. J'enfouis mon visage dans son cou. Ses mains me caressent avec lenteur alors que je ne peux pas retenir mes pleurs. Pendant un long moment, nous restons dans cette position jusqu'à ce que Blake me soulève pour me sortir enfin de la baignoire. Je m'accroche avec plus de force à lui.
— Tu me promets de faire des efforts ?
— Je ne sais pas si j'en suis capable, lui dis-je avec honnêteté. Je... Ne m'oblige pas...
Il me fait reculer avec douceur. Il cherche mon regard et quand il le croise, il m'avoue :
— Tu me connais, Dae. Je ne suis pas le genre à m'immiscer dans la vie des gens. Ou même de parler autant. Si je te dis tout ça, c'est que je sais que tu es assez fort pour réussir mais surtout... je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.
Ses mains encadrent mon visage. Il détaille chacun de mes traits. Je me sens comme passé au crible mais à présent, son regard ne me gêne plus. En tout cas, beaucoup moins que ceux des autres. Il m'embrasse.
— Je... je tiens à toi, Mimi.
Les larmes sont déjà de retour. Ces mots me touchent. Me parlent. Me réconfortent. Ils font exploser mon cœur de joie ce que je ne pensais plus possible depuis Ady. Je ne voulais plus m'attacher et souffrir mais Blake a eu raison de moi. C'est toujours aussi effrayant mais pour lui, je crois que je suis prêt à retenter l'aventure.
— J'essayerai... pour toi.
— Ce n'est pas pour moi que tu dois le faire, mais pour toi ! m'affirme-t-il.
Il est adorable. Il a raison, c'est pour ma santé que je dois le faire mais j'ai aussi besoin de savoir qu'il est là, que c'est aussi d'une certaine manière pour lui.
— Ne me lâche pas, le supplié-je alors. Même après l'émission, ne me lâche pas.
— Jamais.
Il me prend rapidement dans ses bras puis me souffle :
— On se fait une petite soirée ici que tous les deux ?
Nous devions rejoindre Nine et Peter dans un pub mais après la discussion que nous venons d'avoir, je ne suis pas contre le fait de me blottir contre Blake devant un animé ou un film qu'il aura choisi.
— Je veux bien, chuchoté-je.
— Super ! Pizza ou japonais ?
J'hésite. Je prends une profonde inspiration et lui réponds :
— Pizza. Mais une petite, ok ?
Pendant un court instant, j'ai peur qu'il refuse mais il finit par me sourire en demandant :
— Quel goût ?
— Une... carnivore.
Il rit, amusé par mon choix.
— OK, c'est parti. Je commande ça pendant que tu t'habilles.
Il se dirige vers la porte en ajoutant :
— Mais pas trop non plus, hein ?
Il me fait un clin d'œil, plein de sous-entendus, qui me fait lever les yeux au ciel. Alors qu'il va refermer derrière lui, il m'annonce, sur un ton plus sec :
— Ah et ton ex t'a encore écrit !
La porte claque et j'ai la sensation d'avoir pris une douche glacée. Encore. Blake est au courant du fait qu'Ady m'a envoyé des messages à plusieurs reprises. Pourtant, je ne lui en ai jamais parlé. Je n'en voyais pas l'intérêt puisque je n'ai jamais pris la peine de répondre à mon ex. J'ignore ce que je dois faire à présent. Le rejoindre et faire comme s'il ne m'avait rien dit ? Ou le rejoindre et lui expliquer la situation ? Mais je ne vois pas trop à quoi cela servirait d'en discuter avec lui.
Je regrette d'avoir laissé mon téléphone dans le salon. J'aurais pu demander de l'aide à Elliott et Hugo. Ils auraient pu me conseiller correctement. Je jette un coup d'œil à mon reflet et détourne le regard en apercevant mes yeux rouges d'avoir pleuré. Je soupire avant de me passer de l'eau froide sur le visage. Je prends appui sur le lavabo et décide de profiter de ma soirée. J'enverrai un message à mes amis ce soir et aviserai demain.
C'est revigoré par cette idée que je m'habille d'un jean noir. Celui que Blake aime beaucoup. Je souris en imaginant déjà sa réaction en me voyant. J'hésite à enfiler ma marinière que j'avais prévue pour notre sortie et la laisse finalement pliée sur le meuble. Je commence à me peigner quand la sonnette de la porte d'entrée retentit. Je fronce les sourcils en pensant que la pizzeria a été hyper rapide pour nous livrer.
Cependant, je ne me presse pas pour finir de me préparer. Blake est dans le salon et il a l'habitude d'être ici à présent. Il ira ouvrir à ma place. Je m'asperge légèrement de parfum et à peu près satisfait de moi, sors de la salle de bain en questionnant Blake :
— Les pizzas sont déjà arrivées ?
— Non, pas vraiment...
J'arrive dans le salon d'où j'aperçois le hall. Blake se tient devant la porte ouverte, droit comme un i. Son corps entier semble tendu. Je fais quelques pas.
— Qu'est-ce qui se passe ?
— Y'a quelqu'un pour toi...
Sur ces mots, il se décale pour me laisser découvrir le visiteur. Mon corps se pétrifie à cette vue. Mon cœur palpite beaucoup trop vite. Mes mains tremblent. La tête me tourne. Je vais m'évanouir à cette vitesse.
Il est là, sur le palier de mon appartement.
Juste à la droite de Blake.
Un sac de voyage à ses pieds.
Ady.
__________________
Pour une fois, je vais être gentille et vous prévenir ☺️
Nous entamons la fin de cette histoire.
Après ce chapitre, il en reste 5 dont l'épilogue. J'espère que vous ne serez pas déçus !
Merci aux personnes qui continuent de me lire 💜
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