Souvenirs
Avant de vous laisser découvrir ce chapitre, j'aimerais juste préciser une petite chose : ce chapitre n'existait pas, il y a 24h. C'est Severine75 qui en parlant hier après-midi autour d'une tartelette au citron et d'un café m'a prouvé l'importance de vous montrer ce qui se passe dans ce chapitre.
Je suis un peu stressée de vous le proposer. J'espère qu'il vous plaira. N'hésitez pas à me donner votre avis.
Merci à vous de lire cette histoire 💜💜
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18 Avril 2035.
Ce nem ? Tu parles, avec Ady, aucun doute sur qui fait la fille dans leur couple ! Non mais t'as vu sa gueule ? Il a un corps de meuf. Il ne lui manque que des seins.
Je perds l'équilibre et mes mains atterrissent de chaque côté de la tête de Blake. Je ferme les yeux avec force pour effacer ces souvenirs qui m'assaillent. Ces mots me percutent de plein fouet encore et encore. J'entends encore la moquerie et la méchanceté dans cette voix éraillée. J'avais cru les avoir oubliés. J'avais cru être passé à autre chose. Mais il semblerait que je suis toujours ce gamin harcelé au fond de moi.
Mon ventre se tord dans tous les sens mais à présent, ce n'est plus de plaisir. La tête me tourne et ma respiration est bien trop rapide. Mon regard se trouble tellement que je n'arrive plus à voir distinctement Blake qui n'est pourtant qu'à quelques centimètres de moi.
Je m'installe sur les talons et prends une profonde inspiration pour tenter de me calmer. Cependant, ça n'a pas d'effet. Mon angoisse remplace mon excitation. Je renifle de mécontentement. La main moite de Blake se pose sur ma cuisse.
— Ça va, Dae ?
Non, ça ne va pas. Je suis en train de paniquer comme un crétin. Cela n'a aucun sens. J'ouvre la bouche mais une boule s'est formée et s'est coincée dans ma gorge. Ma honte sûrement. Je ne réussis pas à lui répondre. Pourtant j'aimerais le rassurer. Lui mentir pour que l'inquiétude qui transparaît dans sa voix disparaisse.
— Qu'est-ce qui se passe ? Tu as mal quelque part ?
Je descends du matelas. Je ne pourrais pas faire ce que Blake désire. Ni ce soir ni plus tard. Je ne suis pas fait pour ça.
Je suis le frêle.
Je tire sur mon t-shirt juste pour m'assurer que je le porte bien. Mon avant-bras passe rageusement sur mes yeux pour enlever les gouttes qui s'étaient accrochées à mes cils. Je tourne sur moi-même, cherchant mon bas.
— Dae ? Réponds-moi !
Mon rythme cardiaque est bien trop rapide. J'ai mal à la poitrine. J'ai l'impression que je vais m'évanouir. Et Blake qui continue de me poser des questions pour comprendre mon comportement. Mais je ne peux pas lui dire, lui expliquer.
Je suis le faible.
Je trouve mon jean et me précipite dessus. Je l'enfile sans me préoccuper du fait que je n'ai pas de sous-vêtement.
— Putain ! Mais tu nous fais quoi là ?
Il est énervé. Mais surtout inquiet. Je l'entends. Je remonte ma braguette et le reboutonne.
— Je peux pas, dis-je simplement en sortant de la pièce.
Je suis la fille.
Je profite qu'il soit nu et ne puisse pas me suivre pour dévaler les escaliers. Mes pas résonnent à mes oreilles comme un marteau piqueur. Mon esprit est embrouillé par la colère et la gêne que je ressens. J'évite de peu de dévaler les marches après en avoir loupé une. Je grogne de mécontentement. Blake m'appelle depuis sa chambre mais je ne m'arrête pas.
Je suis incapable de lui faire face. Pas après ce qu'il vient de se passer. Pourtant, tout était bien parti. Toucher son corps était toujours aussi excitant. Sentir ses mains sur moi était électrisant. Ses caresses et ses baisers étaient de véritables douceurs. J'en avais envie. Je le désirais comme jamais je n'avais désiré quelqu'un de toute ma vie.
Cependant passer de la théorie à la pratique a été plus compliqué que je le pensais. Le loser que je suis me surprendra toujours. Aucun autre gay ne se ferait prier pour coucher avec Blake où et quand il veut. Il s'offrait littéralement à moi. Nu. Juste sous mon corps frêle. J'entends encore ses gémissements et sa supplication pour que je le prenne. Mais ces sons, au lieu de m'exciter, me font rougir de honte.
— Dae ! Reviens !
J'arrive enfin dans la pièce commune. Je me fige sur place en prenant conscience de la présence de Nine dans l'appartement. Il est assis en tailleur sur le canapé, son ordinateur posé sur ses genoux et des écouteurs dans les oreilles. Son regard surpris est posé sur moi. Mon humiliation est à son paroxysme.
— Je... tu... pardon, bafouillé-je, le visage en feu.
Je lève les yeux au ciel, désespéré par moi-même.
— Dae !
Cette fois, Blake doit être dans le couloir et ne va pas tarder à me rejoindre. Je me dirige vers la sortie et commence à mettre mes DrMartens au moment où mon brun apparait.
— Je t'interdis de partir avant qu'on ait pu en parler ! me lance sèchement Blake.
Il ne semble pas se soucier du fait que nous ne sommes pas seul ici. Mes gestes s'arrêtent malgré moi, comme s'il pouvait me contrôler. Qu'une seule chaussure non lacée aux pieds, je soupire et me redresse lentement. La porte d'entrée me fait face et je grimace en me disant que même pour fuir, je n'ai aucune capacité.
Les quelques secondes qui suivent lui permettent de me rejoindre. Je déglutis et retiens tant bien que mal les larmes qui menacent de couler. Comme un peu plus tôt, son menton prend place sur mon épaule. Mes paupières se ferment automatiquement quand mon corps capte la chaleur du sien. C'est délicieux.
— Pourquoi tu pars ? me demande-t-il.
Son ton est plus doux mais je n'aime pas sa question. Il sait pertinemment pourquoi. Aux dernières nouvelles, il était avec moi dans cette fichue chambre et il a bien vu que je suis un bon à rien. Je baisse la tête.
— Tu sais très bien ! marmonné-je de mauvaise humeur.
— Juste pour ça ?
Je fais un brusque demi-tour sur moi-même, l'obligeant à faire un pas en arrière. Je le foudroie du regard mais mon attention se porte au fond de la pièce. Je distingue Nine qui s'est levé et commence à rassembler ses affaires. En plus d'être un impuissant, je me donne en spectacle devant un mec que je ne connais même pas. Faire nos affaires ici n'était pas une bonne idée. Coucher ensemble n'était pas une bonne idée.
— Je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté ça, chuchoté-je, les larmes de plus en plus proches.
Blake encadre mon visage de ses grandes mains et m'oblige à le regarder mais tout ce que je vois, c'est Nine se dirigeant le plus discrètement possible vers les escaliers.
— C'était un essai !
— Tu parles d'un essai, marmonné-je.
— On s'en fout, Dae, ça arrive à tout le monde.
Cette phrase... cette expression toute faite pour réconforter les mecs dans mon genre me fait mal. Une larme coule mais je l'efface après m'être dégagé brutalement.
— A tout le monde ? A tout le monde ? répété-je, hors de moi. Non, ça n'arrive qu'aux nuls dans mon genre. Et je ne parlais pas de ça...
— Quoi ? s'étonne-t-il.
— Ce qu'on fait, murmuré-je pour que Nine, qui monte les marches, ne m'entende pas.
— Pardon ? Tu te fous de moi ?
— Non ! affirmé-je avec plus de conviction.
Je me détourne et me baisse pour prendre ma seconde chaussure. Mais Blake me l'arrache des mains et se place devant moi. Il balance ma bottine qui atterrit dans un bruit sourd sur le parquet.
— Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? m'interroge-t-il.
Pour la première fois depuis que j'ai quitté sa chambre en trombe, je le regarde. Ses traits sont tirés par l'inquiétude. Ses sourcils sont froncés sous l'incompréhension. Mais ce sont ses yeux qui me retournent. Ce qu'ils me renvoient me broie. Une tristesse infinie. J'ignore comment j'ai fait pour lui causer autant de peine mais je n'aime pas voir ça chez lui.
Sans réfléchir, je me jette sur lui. Mes bras emprisonnent son cou alors que mes lèvres retrouvent les siennes. Je veux seulement faire disparaître son chagrin. Sa main droite s'enfouit dans ma tignasse alors que la gauche serre ma hanche avec un peu trop de force. Entre deux baisers, je m'excuse. À plusieurs reprises. C'est lui qui met fin à notre échange pour me proposer :
— On va prendre deux minutes pour se calmer et discuter, okay ? Parce que là, je ne comprends plus rien.
J'hésite, ne me sentant pas capable de lui raconter mon problème. Cependant, j'ai conscience que ce n'est pas un bisou qui va lui permettre d'aller mieux alors que je viens littéralement de le laisser en plan, nu, dans son lit, l'excitation à son apogée.
Je renifle et retire ma DrMartens, pour lui signifier que je suis d'accord. Son soupir de soulagement ne m'échappe pas alors je m'empare de sa main et la serre. Il m'entraine sur le canapé où nous nous installons. Il attend que je parle mais je ne sais pas comment débuter. Je me mordille la lèvre, mal à l'aise. Il fait glisser ses doigts entre les miens avant de prendre la parole :
— Je... je suis désolé si tu t'es senti obligé de faire ça.
Son pouce caresse ma peau, me faisant frissonner. Je m'en délecte pendant un instant puis lui avoue, mes yeux suivants ses effleurements :
— Je ne me suis pas senti obligé. J'en avais envie. Je voulais vraiment essayer avec toi.
Son autre main vient se poser sur ma cuisse. Il se rapproche de moi.
— Qu'est-ce qui s'est passé alors ? Si j'ai fait ou dit quelque chose...
— Ce n'est pas toi, tu as été parfait. Comme toujours. C'est juste...
Je pince les lèvres.
— Moi.
Ses gestes sur moi s'accentuent, tout en restant tendres.
— Qu'est-ce qui t'a fait paniquer comme ça ?
Je hausse les épaules. Je suis incapable de lui raconter parce que je ne veux pas qu'il me voit comme une victime, comme ce gamin harcelé par les autres. Je préfère largement qu'il me voit comme ce mec insupportable qui le contredisait constamment et qui parle beaucoup trop. Je refuse qu'il ait une mauvaise image de moi.
— Je ne te forcerai jamais à rien, que ce soit pour le sexe ou pour te confier à moi, tu le sais, n'est-ce pas ?
Je hoche la tête.
— Si tu as paniqué comme ça, c'est qu'il y a un problème. Je peux t'aider, je veux t'aider mais pour ça, il faut qu'on en parle et qu'on trouve des solutions ensemble.
Il est trop fort pour moi. Ce qu'il me dit me touche, étreint mon cœur. Je revois encore et encore son regard triste de tout à l'heure.
— Je te le dis mais tu ne me poses aucune question, ok ?
Je me risque à lui jeter un regard. À son tour, il hésite.
— Je m'en sens pas capable ce soir.
Ses mains me cajolent un peu puis il finit par accepter. Je lui balance sans réfléchir pour ne pas changer d'avis :
— Au lycée, des mecs m'ont plus ou moins dit que... de par mon physique et mon maquillage, je n'étais pas un vrai mec, que je ne pouvais faire que la fille dans un couple et que... je n'avais pas besoin de ma...
Je grimace, soudain pudique par un simple terme après tout ce que nous avons fait ensemble.
— Parce que je n'aurais jamais à m'en servir !
Mes yeux ont repris l'observation des tendresses que Blake continue de me faire. Je ne veux pas le voir. J'ignore si ma phrase voulait dire quelque chose et je m'en fiche. Si ce n'est pas le cas, il faudra qu'il lise entre les lignes et comprenne tout seul.
— Je n'y pensais plus, je croyais avoir virer ces cons de mes souvenirs mais... il semblerait que non.
Comme toujours, Blake respecte sa promesse. Il ne cherche pas à en savoir plus. Pourtant, au silence qui s'est imposé entre nous, il est assez clair qu'il a des interrogations. Sa main monte et descend sur ma cuisse plusieurs fois.
— Tu veux... Tu veux arrêter ?
Je relève les yeux sur lui. Aucun doute que la question ne concerne pas mon passé.
— Nous deux ? précise-t-il. Tu as dit tout à l'heure que...
— Non !
Ma réponse est instinctive. Maintenant que je suis calmé, l'idée de mettre fin à cette relation me déplaît. Il y avait Nine dans la pièce et surtout j'avais honte de n'avoir pas pu lui faire l'amour.
— J'ai dit ça parce que j'étais paniqué, expliqué-je vaguement.
— Tant mieux, souffle-t-il comme pour lui-même.
Il s'approche de moi et une main calée sur ma nuque, m'embrasse. J'aime quand nos baisers sont aussi doux.
— Tu restes ici pour la nuit quand même ?
— Oui.
Il dépose à nouveau quelques bisous et au dernier, il s'empare de ma lèvre inférieure.
— Tu es un vrai mec. Le plus sexy que je connaisse. Le sexe avec toi, c'est grandiose, m'affirme-t-il alors qu'il soude nos fronts.
Je ferme les yeux, m'imprégnant de ses mots. J'aurais dû me douter qu'il me ferait une remarque mais il ne pose toujours aucune question.
— Alors n'aies pas honte de ce qui s'est passé tout à l'heure. Ne t'en veux pas. On s'en fiche. Je m'en fiche.
Sa main quitte ma nuque et effleure avec douceur mon crâne.
— Je suis persuadé que si nous échangions nos rôles, ça serait toujours aussi incroyable. Ces mecs n'étaient que des cons qui ne comprennent rien à la vie et aux relations.
Cette fois, c'est moi qui dépose un baiser sur sa bouche. Un sentiment de sécurité m'envahit.
— En attendant, ce soir, je ferai en sorte de te montrer à quel point ton sexe est génial et m'est utile, susurre-t-il, un sourire en coin, me promettant un moment de pur plaisir.
Je me mordille la lèvre, impatient.
— On se mange un truc ?
Je ris à sa proposition sortie de nulle part.
— J'ai la dalle, poursuit-il en se levant. Pas toi ?
Je hoche la tête machinalement puis il rejoint la cuisine.
— Coquillettes Pesto rosso ? me moqué-je, gentiment.
— J'ai plus d'une spécialité à mon arc. Ça sera omelette jambon fromage, annonce-t-il, avec fierté.
Il relève ses manches invisibles vu qu'il porte un t-shirt et commence à cuisiner à vingt-deux heures. Mes yeux ne quittent pas une seule seconde son corps. Il évolue avec aisance. Dans un élan inexplicable, je le rejoins et me love derrière lui, les bras autour de son bassin. Alors qu'il tient sa spatule de sa main droite, la gauche vient se poser sur les miennes.
— Je suis bien avec toi...
Quand il me murmure un Moi aussi à peine audible, je sais qu'un jour, j'oublierai toutes ces railleries et que j'évoluerai. Que je pourrais découvrir cette facette que Blake révèle en moi. Que je serai entièrement moi à ses côtés.
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