Se connaître

Hey ! Juste pour vous prévenir que j'organise un concours pour les 500k vues de "for him." pour lequel je fais gagner le livre de l'histoire. Alors si vous êtes intéressés n'hésitez pas à aller y jeter un œil !!

Et la FAQ arrive dans la semaine ! Un grand merci pour toutes vos questions. Si des nouvelles apparaissent après ce chapitre, n'hésitez pas à me les poser !

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08 Mars 2035.

Le regard porté sur mon image dans le miroir, je penche la tête sur le côté. Malgré mon régime et mon entrainement avec le tyran, mon corps ne me convient toujours pas. Bien entendu, ce n'est pas en trois petites semaines que les choses peuvent changer du tout au tout. Mais il n'a pas évolué d'un pouce. J'ai toujours les bras trop flasques et des kilos en trop, le chiffre sur la balance ne ment pas. Ça me désespère.

Je tire la langue à mon reflet et reprends les échauffements que j'ai commencé à faire. Je suis arrivé il y a quelques minutes et j'attends dans la salle de danse que nous avons l'habitude d'occuper pour répéter. Enfin répéter est un bien grand mot nous concernant. Nos séances ne dépassent jamais les trente minutes. Entre nos problèmes de communication et ceux pour créer une chorégraphie, nous n'arrivons pas à avancer dans la bonne direction pour le concours.

Je m'installe sur le parquet et commence à faire quelques étirements des jambes dont celui du papillon que j'ai toujours aimé sans raison. Mes genoux trouvent le sol avec facilité ce qui me fait sourire de satisfaction. Depuis tout petit, je suis très souple, pouvant faire un grand écart sans problème. C'est l'une des choses dont je suis le plus fier. Ce n'est pas grand-chose mais c'est ma petite victoire personnelle. D'ailleurs, rapidement, je me mets en position et réalise un grand écart facial.

— Impressionnant ! s'exclame la voix du tyran.

Dans la glace, je le vois entrer en trombe dans la salle. Il est habillé d'un short et d'un débardeur. Tout comme moi, il vient directement d'un cours et n'a même pas pris la peine de récupérer sa doudoune dans son casier. Il balance son sac à dos qui glisse sur le parquet et je ne peux empêcher un sourire de s'afficher sur mes lèvres au souvenir que cela me procure.

Régulièrement, Elliott faisait ça dans les couloirs du lycée. Il avait comme objectif de le faire arriver pile devant son casier. C'était son petit défi et j'adorais le regarder faire. Quand le sac du tyran se fige devant la table où se trouve la tablette, je me retiens à grande peine de lever les bras au ciel en hurlant Victory comme je le faisais pour mon meilleur ami.

— Qu'est-ce qui est impressionnant ? l'interrogé-je, me sortant à grandes peines de mes souvenirs.

Lorsqu'il se met en tailleur devant moi, la situation me dépasse complétement. Il fait un mouvement du menton dans ma direction puis me répond :

— Toi et ton grand écart !

Je souffle un simple Ah mais une émotion entre la gratitude et la satisfaction envahit tout mon être. J'ignorais qu'un compliment de ce mec me ferait autant plaisir. Je fais un petit sourire en ramenant mes jambes pour imiter sa position.

— Bon !

Il tape dans ses mains et soupire.

— J'ai bien réfléchi à nous deux...

— Si on sortait ensemble, je commencerai à penser que tu vas rompre avec moi, plaisanté-je.

Son sourcil se relève, me signifiant que je ne l'amuse pas. Je lève les yeux au ciel. Certains mecs ne sont vraiment pas drôles dès qu'on fait des blagues homosexuelles les concernant, c'est affligeant ce manque d'ouverture. Ou alors, chez lui, c'est juste un manque d'humour et je ne sais pas ce qui serait le pire !

— Bref... Tu as enfin réussi à réfléchir alors ? me moqué-je ouvertement. Je suis très fier de toi. Il n'est jamais trop tard, tu sais !

— Ah ah, très drôle, lance-t-il sarcastique. C'est de ça que je veux parler.

— De quoi ? le questionné-je pour avoir un peu plus d'informations parce que là, je ne comprends pas où il veut en venir.

— De ces méchancetés qu'on se dit.

Le haut de mon corps recule comme pour mieux le visualiser dans son ensemble et ainsi comprendre pour quelle raison il me dit ça. Il a été le premier à me critiquer, ça semble être un truc naturel chez lui. C'est comme ça que nous fonctionnons tous les deux. Pourquoi il réfléchirait à ça ?

— Je ne comprends pas...

— Ça fait trois semaines qu'on bosse ensemble mais on arrive à rien ! déclare-t-il.

Je hoche la tête, totalement d'accord avec lui sur ce coup.

— Quand on est à la muscu, tout se passe bien. Je te donne les directives et tout roule...

— Tu peux toujours courir pour que j'en fasse de même pour la chorégraphie ! le coupé-je en me levant.

Je me dirige vers mon sac. Je n'ai rien à y faire mais la nécessité de m'éloigner de ce type s'est fait ressortir. Malheureusement, il m'imite et me suit.

— Mais je t'ai jamais demandé ça ! C'est normal qu'on la fasse ensemble si on veut qu'elle nous ressemble à tous les deux.

— OK... Donc où veux-tu en venir au juste ? Tu tournes autour du pot. Fixe-toi et balance la sauce. Parce que là, à part nous faire perdre du temps, ça ne sert à rien ton petit discours...

— Tu parles trop !

J'ai arrêté depuis longtemps de compter le nombre de fois où il m'a sorti ça et j'avoue qu'il n'a pas toujours tort mais je ne lui ferai jamais le plaisir de lui dire. Je me contente de croiser les bras devant moi en attendant la suite de sa petite pensée du jour qui semble lui tenir à cœur :

— Je te l'ai dit. Ce concours est important pour moi, c'est un super défi. Mais pour le réussir ce défi, il faut qu'on s'entende tous les deux.

— Qu'on s'entende ? répété-je, abasourdi. On n'y arrivera jamais !

C'est sorti sans que je ne puisse le retenir mais c'est la vérité.

— En novembre, on a réussi, non ?

— Parce que je me la fermais, asséné-je. Moins je répondais, plus vite je me débarrassais de toi.

— Et alors, qu'est-ce qui a changé ? Tu veux passer toutes tes soirées avec moi ou quoi ? me demande-t-il sur un ton ironique, sachant très bien ce que j'en pense.

— Non, pas vraiment...

Mais je me fais quand même un plaisir de lui rappeler que je ne peux pas le voir en peinture.

— J'ai juste...

Je hausse les épaules et souffle, moins sûr de moi que je le voudrais.

— Envie de m'affirmer !

— Et tu as bien raison, approuve-t-il à ma grande surprise. Mais le souci, c'est qu'on ne s'écoute pas. J'ai l'impression qu'on ne prend même pas la peine de savoir ce que l'autre dit. On préfère le contredire quoiqu'il arrive, sur tout et n'importe quoi.

— Ce n'est pas faux...

— Je sais !

Je m'assois sur le banc, les mains frottant le devant de mon pantalon de danse. Après un instant d'hésitation, je lui demande :

— Tu préconises quoi alors ?

— Que lorsqu'on met un pied dans cette salle, on laisse notre antipathie dehors. Nos profs nous l'ont dit pourtant en novembre. Dans la vie, on ne travaillera pas toujours avec des gens qu'on apprécie ou qui nous ressembleront mais on devra faire avec. Là, c'est exactement ça.

— Bah dis le tout de suite que tu me détestes !

— Je ne te déteste pas, je te connais pas ! Mais clairement, on ne pouvait pas être plus aux antipodes.

Oui... un truc comme le yin et le yang. Le bien et le mal. Le feu et la glace. L'ange et le diable ou je ne sais plus quelle bêtise que Chad nous a sortie la semaine dernière.

— Et puis tu ne vas pas me faire croire que le surnom de tyran que tu m'as donné était une déclaration d'amour éternel pour moi !

J'éclate de rire à sa réplique. Quand je retrouve mon calme, je remarque qu'il a un grand sourire aux lèvres en me regardant. Ça doit être le premier que je vois chez lui. Ça lui va plutôt bien. Je soupire.

— J'avoue que... ce surnom n'était pas une manière de t'avouer ma dévotion pour ton corps d'Apollon et...

J'hésite. Je détourne le regard, mal à l'aise.

— Je n'aurais peut-être pas dû t'appeler comme ça !

— Peut-être, souffle-t-il, un peu amusé en s'installant à ma gauche.

Je lève les yeux au ciel pour m'empêcher de répliquer.

— Je pense que malheureusement, ce surnom est... est légitime.

Je suis tellement étonné par sa confirmation que je ne trouve rien à dire et pourtant, il y aurait matière pour répliquer. Mon regard se pose sur ses doigts qui pianotent sur ses genoux, par timidité.

— Je... Tu l'as remarqué, je ne suis pas quelqu'un de très sociable. Quand je ne connais pas, je suis toujours sur la défensive. Et encore plus quand la personne en face de moi est... vraiment différente de moi. J'ignore comment elle va réagir et ça me perturbe.

Il continue de se confier à moi et j'ai l'impression d'avoir une toute autre personne à côté de moi. Mes sourcils se froncent sous le léger choc que cela me fait.

— En plus, je sais que je suis très perfectionniste... J'aime tout contrôler pour que tout soit parfait et j'en deviens...

— Un tyran ! terminé-je à sa place, sur un ton amusé.

Il ricane.

— Ouais, c'est ça. Ma famille me l'a souvent dit. Avec eux, j'arrive à me contrôler mais...

— Avec des inconnus comme moi, c'est impossible.

Il hoche la tête. À cet instant, il me fait penser à Ezra et à sa vulnérabilité. La vérité, c'est qu'il me fait de la peine et m'attendrit tellement que j'aurais presque envie de le prendre dans mes bras. Cependant, je me retiens, il ne semble pas être le genre de personnes à accepter les câlins facilement et je n'ai pas franchement envie d'avoir ce genre d'interactions avec lui.

— Il faut qu'on fasse quelque chose, Dae. On ne peut pas rester comme ça.

Je me laisse aller contre le miroir, tout en réfléchissant mais rien ne me vient. Ou plutôt si, une solution clignote dans mon cerveau.

— Tu devrais peut-être faire ce concours tout seul.

— Non ! s'écrie-t-il dans la seconde. On peut y arriver. Il faut juste...

Il s'arrête et c'est comme si une ampoule clignotante était apparue au-dessus de sa tête. Il se redresse un peu et m'annonce :

— Pour qu'on puisse créer ensemble, il faut qu'on apprenne à se connaître un peu plus. Pas seulement en tant que danseur.

— Tu crois que ça peut nous aider ? lui demandé-je, perplexe.

— Oui, on sera plus à l'aise ensemble. Puis au pire, ça ne pourra pas aggraver les choses, non ?

— Pas faux !

Le silence suit. Vouloir se connaître l'un l'autre, c'est cool, il n'y a pas à dire. Mais savoir comment nous devons nous y prendre semble problématique. Mes pieds tapotent le sol en rythme pendant que je cherche une solution. La seule chose qui me vienne à l'esprit me donne l'impression d'avoir huit ans et de faire copain-copain dans la cour de récréation. Pourtant, il faut bien que nous avancions à un moment ou à un autre.

— On fait comment ? On se pose des questions ? proposé-je. Ou...

— Ça peut être un bon début, admet-il. Mais passons la couleur ou le film préféré, s'il te plaît.

OK... Il me met des bâtons dans les roues dès le début. C'était ce que je voulais lui demander... Puis zut, même si c'est enfantin, je lui réponds, le regard porté droit devant moi :

— Le violet et Parasite.

— Pardon ?

Ma tête se tourne vers lui et je hausse les épaules.

— Je trouve qu'on peut en savoir beaucoup sur les gens avec des petits détails comme ça.

— Vraiment ?

Son ton m'indique qu'il se moque de moi et de ce que je dis. Je croise les jambes et assène :

— Ta couleur préférée est le noir.

— Comment...

— Pas besoin d'avoir fait des études en psychologie pour le deviner et encore moins pour savoir ce que ça signifie...

— Ah ! Et ça signifie quoi, je te prie ?

Mon sourcil se relève à la tournure de sa phrase. Je souris, amusé.

— Que tu es quelqu'un de très mystérieux, qui fait difficilement confiance aux gens.

— Je viens de te le dire ! réplique-t-il aussitôt.

— Mais ça montre aussi ta rigueur et ta simplicité. C'est une couleur beaucoup appréciée dans l'art en règle générale donc tu aimes l'art. Si tu t'habilles en noir, ce n'est pas pour cacher ton corps, tu n'as clairement pas besoin de le faire et tu n'en as pas honte. Ça a juste un côté pratique et passe-partout pour toi. De plus, je serais même prêt à parier que tu adores rester debout la nuit. Seul au monde dans le noir.

Je sors tous les plus gros clichés du monde mais qui bizarrement, ne me semblent pas absurdes par rapport à lui. D'ailleurs, j'ai dû viser juste quelque part parce qu'il reste immobile, la bouche ouverte.

— OK, peut-être que ce n'est pas si bête comme question !

Je lui adresse un immense sourire en me levant. Maintenant qu'il en a convenu, je tente :

— Et ton film ?

Je vais me mettre au centre de la pièce et fixe à nouveau mon reflet pendant qu'il m'explique :

— Je regarde pas beaucoup de films, je vais jamais au cinéma...

— Moi non plus, lui avoué-je naturellement.

Je baisse un quart de seconde la tête avant de la relever fièrement. Je renifle et lui dis :

— J'ai toujours préféré regarder les DVD qu'on avait à la maison. Les vieux films, c'est cool. Du genre Parasite ou End Game.

— Moi, j'ai beaucoup aimé Your Name.

Je passe une main dans mes cheveux. Je suis sûr que mes yeux se sont mis à pétiller à cette mention.

— Je veux trop le revoir ! Mon frère a fait découvrir Makoto Shinkai à son petit-ami en fin d'année dernière. Dans la famille, nous sommes des grands fans. Du coup, j'ai squatté le salon avec eux pour revoir pour la cent six millième fois Cinq Centimètres par Seconde. Mais je n'étais pas là quand ils ont regardé Your Name. C'est dommage !

Je fais une petite moue. C'est vrai qu'il est bien ce film. Je me le ferai peut-être un dimanche soir. Chad sera peut-être intéressé.

— Tu parles toujours autant ?

Sa question me laisse sans réponse et ça le fait rire.

— C'est à ce moment-là que tu ne parles plus ? se moque-t-il.

— Parce que je...

Sans réfléchir, je commence à faire quelques mouvements avec mes bras.

— Non, je ne... suis pas un grand bavard avec les inconnus. Normalement, je dois être... en confiance.

Pour tenter de camoufler mes joues rouges, j'accentue mes mouvements et mes jambes bougent à leur tour. Ça a au moins le mérite de lui faire comprendre que je ne veux pas en parler.

— Et comment tu as commencé la danse ? Ou pourquoi ? Comme tu veux...

Il reprend les questions. La danse. Pourquoi la danse ? Pourquoi et comment j'ai commencé ? Tout en dansant des pas simples, je lui dis :

— Quand je suis arrivé à Londres.

— Non ! s'exclame-t-il depuis son banc. Ça ne suffit pas. C'est même pas une vraie réponse ton truc !

Je grogne et m'arrête, les poings calés sur les hanches.

— Tu veux savoir quoi ?

— L'âge auquel tu as commencé, comment s'appelait ta prof, comment tu en es arrivé à danser, ce qui t'a poussé à en faire et pourquoi tu as continué... Tout.

— C'est simple tout ça dis-moi ! marmonné-je, ironique. Et pas du tout intrusif !

Je me mordille la lèvre et hésite. Je n'aime pas me confier. Tous mes proches le savent mais pas lui et c'est pour ça qu'il me pousse à le faire. Pour quelle raison je le ferai ? Juste parce que nous voulons réussir à travailler ensemble ? J'ai des doutes sur le fait que ce soit la solution et pourtant...

— Quand j'avais sept ans, l'entreprise de mes parents a fait...

Je soupire. Ce n'est un secret pour personne ce que je m'apprête à dire. Il suffit de taper le nom de mon père dans un moteur de recherches pour tout savoir dans les moindres détails de cette histoire ou pour voir cette célèbre photo où il fait un jeol devant un parterre de personnes.

— Elle a fait faillite ce qui a eu l'effet d'un tsunami en Corée. Nous avons...

Je me passe la langue sur les lèvres pour atténuer la honte qui monte en moi comme à chaque fois que je parle de ça. Pourtant, ce n'est pas la mienne. En réalité, ça ne devrait même pas être celle de mes parents. Je sens les larmes monter mais je continue :

— Nous avons fui notre pays et atterri ici. Les premiers mois, mon frère et moi, on n'allait pas à l'école, on apprenait depuis la maison, enfin notre minuscule appartement. C'était cool, j'en garde un bon souvenir. On regardait la télé ensemble même si on ne comprenait rien de ce que les gens pouvaient raconter. Un jour, on est tombé sur une émission où il y avait des gamins de mon âge qui dansaient. Ils étaient excellents et j'ai tout de suite voulu faire comme eux. Après ça, Sun m'a passé plein de vidéos de danse sur YouTube et...

Je sens l'émotion monter en moi. Ces souvenirs me ramènent à ce passé où nous étions presque fusionnels, mais aussi à toutes les erreurs que j'ai faites avec mon frère par la suite. Je tapote ma joue avec la paume de ma main pour effacer les quelques larmes qui ont trouvé leur chemin et poursuis :

— Il poussait les meubles pour que je danse dans le salon. Il a tout fait pour que je prenne des cours dans une association. Il a fait des petits boulots auprès de nos voisins pour m'acheter mon premier collant de danse. Il était trop grand mais qu'est-ce que j'étais heureux de le porter !

Tout en parlant, je ramène mes cheveux sur le haut de mon crâne et me les attache avec mon élastique. C'est plus pour cacher mes tremblements que par réel intérêt.

— Ma prof s'appelait Madame Rose. Elle était grande, gentille et tellement douée. Je l'aimais beaucoup. 

Je lie mes doigts et les pose sur mon crâne, le regard perdu dans le vague.

— Ça a été très compliqué d'apprendre la danse classique et j'ai souvent eu envie de tout abandonner pour me simplifier la vie. Mais j'ai continué parce que... À l'époque, nous n'avions pas grand-chose. La vie n'était pas facile mais quand je dansais, ma famille souriait. J'avais l'impression de les rendre heureux...

Je renifle puis secoue la tête pour éloigner toutes les émotions qui m'ont envahi. Maintenant, je suis encore plus mal à l'aise et ça ne s'arrange pas quand je me rends compte qu'il ne réagit pas à mon histoire. Ça valait le coup de me confier, tiens ! Il ne faut pas s'étonner pourquoi je déteste le faire...

— Voilà !

Je tape dans mes mains avant de balancer mes bras d'avant en arrière. J'ose un coup d'œil à mon partenaire par l'intermédiaire du miroir. Il a toujours la même position que lorsque j'étais à côté de lui. Mon esprit est coupé en deux, entre rester ici, la tête haute et partir en claquant la porte. Je suis à deux doigts de jouer la Drama Queen quand il ouvre enfin la bouche :

— Je bois du lait à la fraise parce que j'aime ça et parce que ça me rappelle mon enfance. Ma grande sœur m'en donnait toujours une brique quand on rentrait de l'école. Pendant tout le chemin, j'avais la paille dans la bouche et je l'écoutais me raconter sa journée.

Alors celle-là, je ne m'y attendais pas. Je cache mes bras derrière moi et murmure :

— Je n'ai jamais bu de lait à la fraise. Mon frère m'achetait de la limonade rose pour le goûter.

Je crois que j'aime bien l'idée qu'il ait une sœur avec qui il a des souvenirs aussi tendres. Comme moi j'en ai avec Sun. Ça le rend humain...

— J'aime pas les trucs qui piquent, dit-il en croisant ses chevilles, les jambes étendues devant lui.

Les trucs qui piquent... Intéressante manière de décrire cette boisson. Je souris, à nouveau attendri. Je retourne me rasseoir à côté de lui et déclare :

— Finalement, tu avais raison.

— A propos de quoi ?

— D'apprendre à se connaître.

Je balance les jambes comme un enfant et ajoute, souriant :

— Je n'ai plusl'impression que tu sois un tyran, Blake !

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