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04 Mai 2035.

Malgré l'heure un peu tardive, l'air est encore chaud quand nous sortons du restaurant. Le printemps s'est bien installé sur Londres et les gens en profitent grandement. Les rues ne sont pas bondées, mais il est difficile de ne pas croiser un autre groupe d'amis se rendant à un pub pour la soirée.

J'aurais aimé être moi-même sur le chemin vers mon bar préféré. Cependant, les garçons n'ont pas changé d'avis et souhaitent toujours aller à l'association. Ezra et Chad sont les plus enthousiastes à cette idée et ont pris la tête de notre petite bande.

Chad fait quelques pas de danse sur le trottoir en tentant d'éviter un couple de cinquantenaires. Tout comme moi, Ezra éclate de rire en le voyant faire l'idiot. J'ai le sentiment que Chad n'est pas juste une personne importante pour moi, il l'est aussi devenu pour mon entourage.

— Je l'aime vraiment beaucoup, déclara Sun, le regard braqué devant lui.

Sa voix me surprend étant donné que nous ne nous sommes pas parlé bien que nous soyons l'un à côté de l'autre. Mais je ne saisis pas le sens de ses mots.

— Qui ça ?

— Blake.

Je m'arrête un court instant puis en reprenant mon chemin, je tourne la tête en arrière. Mon partenaire marche à quelques mètres derrière nous, les yeux baissés sur son portable. Son visage est caché par ses cheveux qu'il a détachés. Depuis que nous sommes sortis du restaurant, il est comme ailleurs. Je fronce les sourcils, un peu perplexe par ce comportement. Je me détourne et réponds à mon frère, sur le ton de la plaisanterie :

— Ne le dis pas trop fort, Ezra pourrait être jaloux !

— Ezra sait très bien ce qui me plaît chez Blake.

Mes yeux s'écarquillent avant qu'un rire m'échappe. Cette conversation n'a aucun sens.

— Je ne pensais pas que le verre de soju qu'on a bu te mettrait dans un tel état !

— Je suis sérieux, Dae ! Blake est un mec bien.

— Je sais et tu me l'as déjà dit quand tu l'as rencontré à l'expo de Violet...

— Je t'ai déjà dit aussi que j'aime bien vous voir ensemble ?

J'ouvre la bouche, étonné.

— Et que ce qui me plaît chez lui, c'est ce qu'il fait ressortir chez toi ?

Il pose une main sur mon crâne et poursuit, ne me laissant pas le temps de dire quoi que ce soit :

— Depuis que tu as commencé cette relation avec lui, tu vas beaucoup mieux, Dae et j'en suis très heureux.

Je hausse les épaules, trop fier pour confirmer ses propos. Mais je ne peux nier qu'il a raison. Depuis que Blake et moi nous sommes rapprochés, je me sens mieux dans mon corps et dans ma tête. Je me retourne vers le beau brun qui est toujours sur son téléphone.

— C'est par où ? s'écrie Chad en marchant à reculons pour nous regarder.

De l'index, Sun lui indique la gauche. Pendant un moment, nous poursuivons notre route, mais le fait que Blake soit tout seul m'embête. Je lui jette des coups d'œil. Il est toujours sur son téléphone, son autre main tenant son sac de livres. Mon frère, à côté de moi, grogne.

— Rejoins-le ! Tu me donnes mal au cou.

Je souris à sa stupide blague, mais je ne me fais pas prier et fais demi-tour. Content, je sautille jusqu'à Blake en chouinant :

— Pourquoi tu ne viens pas avec nous, Blaky ?

Ma soudaine présence le surprend et le fige, nous retrouvant l'un en face de l'autre. Il range rapidement son portable et passe son pouce sous mon œil. Mon maquillage a dû coller.

— J'envoyais un message à Bea pour la prévenir qu'on va à l'association.

Bea, alias Beatriz, en est la fondatrice et présidente. Ça n'a donc rien d'étonnant que le beau brun la tienne au courant pour ce genre de choses pour le cas où il se produisait quelque chose là-bas pendant que nous y sommes. Il coince sa main dans mon cou, sous mon oreille. Son pouce frôlant ma joue, il m'interroge :

— Tu dors chez moi cette nuit ?

— Chez toi ou avec toi ?

Malgré ma requête, il y a un peu plus de deux semaines, il est arrivé à deux reprises qu'il ne reste pas dormir avec moi après nos petits amusements sexuels. J'ignore pour quelle raison il fait ça. Je n'ai pas osé lui demander. Après tout, rien ne l'oblige à me dorloter...

— Les deux.

Je me mordille la lèvre, ne pouvant pas retenir mon sourire à cette annonce. Je souffle un cool pathétique. Il fait un pas, se rapprochant de moi et laisse ses doigts effleurer mon bras. Ils s'entrelacent aux miens. Mon cœur s'accélère. Mes joues s'empourprent. Cette rue est bien trop éclairée à mon goût. Je renifle en me détachant de lui. Sur un coup de tête, je le contourne et saute sur son dos.

En toute honnêteté, j'ignore ce que je fabrique, perché de cette manière. J'étais sûrement trop mal à l'aise pour rester face à lui. Bien qu'il en ait une prise, ses mains se calent sous mes cuisses pour me remonter et mieux me positionner. Je croise mes jambes devant lui, au niveau de son bas-ventre et lui embrasse le cou pour le remercier de ne pas m'avoir balancé sur le béton.

— Satisfait ? me demande-t-il, amusé.

Il tourne son visage vers moi. Nos regards s'accrochent, ses pupilles sont dilatées. Ses doigts s'enfoncent dans ma chair, d'une manière absolument délicieuse.

— Toujours avec toi !

Nous nous approchons lentement l'un de l'autre. Nous sommes sur le point de nous embrasser quand la voix d'Ezra retentit :

— Je peux vous photographier ?

Nous nous détournons et voyons le plus jeune d'entre nous avec son téléphone devant lui.

— Violet serait trop heureuse ! continue-t-il.

— Violet ? l'interroge Blake. Pourquoi ?

— Elle nous a demandé d'en prendre dès qu'on en a l'opportunité, nous annonce Ezra.

— Qu'est-ce que...

— Bon vous êtes d'accord pour la photo ? me coupe Chad.

Nous échangeons un rapide regard et Blake répond par l'affirmation pour nous deux. Cependant, Ezra n'attend pas que nous posions. En moins de cinq secondes, c'est dans la boîte. Il baisse son mobile et tapote sur l'écran à plusieurs reprises.

— Je n'y arrive pas, râle-t-il.

Sun lui prend son portable des mains, sans un mot. Nous les fixons, sans réellement comprendre ce qu'il se passe.

— Pourquoi Violet veut des photos de nous ? m'exclamé-je pour avoir enfin un éclaircissement.

— Ça y est, c'est envoyé, nous prévient Sun.

Il rend le téléphone à Ezra avant de mettre son bras sur les épaules de son petit-ami. Il nous observe, un grand sourire aux lèvres.

— Pour votre compte, elle souhaite des trucs qui font professionnels, mais elle en aimerait également des plus naturelles, explique Sun. Comme... là !

— C'est pour que le public apprécie votre talent, mais s'attache aussi à vous en tant que personnes, poursuit Ezra.

— Et on peut voir la photo que tu as prise ? questionne Blake.

Il avance vers eux, me gardant sur son dos comme si je ne pesais rien.

— Ouais, quand elle sera postée sur Instagram !

Je lève les yeux au ciel, désespéré. Moi aussi j'aurais aimé la voir. Ma bouche s'ouvre pour râler, mais Chad me coupe l'herbe sous le pied :

— Bon, on y va à cette association ?

Le blond n'attend pas de réponse et se remet en marche. Ezra et Sun le suivent main dans la main. Je fais un mouvement pour descendre du dos de Blake, mais ce dernier me retient en resserrant sa poigne sur ma cuisse.

— Je te garde ! annonce-t-il.

Il tourne la tête et sans prévenir, dépose ses lèvres sur les miennes en un baiser rapide et chaste. Quand son visage s'éloigne de moi, il prend la même direction que les garçons. Souriant, je me cache dans son cou alors que mon coude prend appui sur son épaule de l'autre côté. Ma main s'enfouit dans ses cheveux et le flatte avec plaisir. Je respire son odeur. Soupire de bien-être.

Malgré les réactions de certains passants, le chemin jusqu'à l'association a été agréable grâce à Blake. Dès que quelqu'un nous regardait de travers, il faisait une blague ou me caresser tendrement la cuisse. Lorsque nous avons eu le droit à une insulte homophobe, il lui a fait un joli doigt d'honneur avant de me glisser négligemment :

— Il a jamais vu ton cul sinon il serait aussi gay que moi !

Je me suis senti bien et flatté. Quand Blake me repose devant l'immeuble pour pouvoir sortir ses clés, je lui chuchote à l'oreille des remerciements sincères. Je laisse un bisou sur sa joue avant de me reculer pour qu'il puisse ouvrir la porte. Nous ne tardons pas à entrer puis Blake referme derrière nous. Je ricane en me faisant la remarque que si je me trouvais dans un thriller, ça serait le moment où il nous découperait en morceaux.

Je l'observe déposer son sac dans le hall et allumer la salle de danse que nous avons déjà squattée à quelques reprises. Ensuite, il discute avec Chad. Explique quelque chose à Ezra. Plaisante avec Sun. Se tourne dans tous les sens quand il réalise qu'il m'a perdu de vue et me sourit en me retrouvant. Nous sommes loin du psychopathe. Ou même du tyran qu'il était au début avec moi.

Je les rejoins près du comptoir et m'empare de la main de Blake. Je la serre, heureux d'être là, avec lui et les garçons. Seuls Elliott et Hugo manquent à ce tableau idyllique. J'annonce, avec une pointe de fierté dont j'ignore l'origine :

— C'est ici que Blake enseigne le taekwondo !

Je fais un geste vers la salle réservée à l'art martial.

— Comme à l'époque où tu as commencé la danse, Dae ! déclare Sun.

Mon frère tend le cou pour tenter de jeter un œil dans la pièce malgré qu'elle soit plongée dans l'obscurité. Il abandonne et nous raconte :

— Je me rappelle avoir vu quelques fois un gamin s'entraîner avec le prof après que les autres soient partis pendant que j'attendais que le cours de Dae se finisse !

À ces mots, quelques souvenirs me reviennent de ce gamin aux cheveux noirs, un peu plus grand que moi. Il ne cessait de donner des coups de pied dans les airs et je me demandais pour quelle raison il faisait ça. Maintenant que j'ai rencontré Blake, j'ai compris que le taekwondo était un bel art, au même titre que la danse.

— Ça devait être moi, annonce nonchalamment Blake, me scotchant. Mon père me faisait souvent des cours individuels après ceux en groupe.

— Oh crotte de cheval boiteux ! s'exclame Chad en posant une main sur mon épaule. C'est ce qu'on appelle le destin !

Mes joues s'échauffent. Quand Chad retire ses doigts, mon gilet glisse et retombe au niveau de mon coude. Je ne m'en occupe pas. Je me racle la gorge, mal à l'aise, et marmonne :

— N'importe quoi !

Chad m'adresse un grand sourire agrémenté d'un clin d'œil. Je grogne et préfère l'ignorer, mais mon frère poursuit la conversation en déclarant :

— Moi, je crois au destin.

Sun lie ses doigts à ceux d'Ezra tout en le couvant du regard.

— Je pense que...

Il se détourne et continue en me fixant :

— Il y a quelque chose de plus grand, plus fort, plus vrai que nous. Certaines personnes sont faites pour se rencontrer.

— Le fil rouge, souffle Ezra.

Je ricane, ne croyant pas à ses bêtises. Je me tourne vers Blake m'attendant à ce qu'il soit dans le même état que moi, mais je le trouve penseur. Je lui donne une tape sur le torse pour qu'il se reprenne.

— Ne les crois pas ! lui ordonné-je.

Depuis la discussion que j'ai eue avec Sun, lundi matin, je me pose quelques questions sur la place de Blake dans ma vie. Il est bien plus qu'un ami, ça, c'est une certitude, mais je n'arrive pas à lui attribuer un titre qui me convienne. Je ne me sens pas encore prêt à le considérer comme mon petit-ami. De plus, j'ignore si lui-même voudrait l'être. Alors imaginer que Blake pourrait être une sorte d'âme sœur pour moi... C'est flippant.

Mais au-delà, du côté romantique de cette légende qui me fiche des sueurs froides, je ne crois pas que tout soit écrit. Nos choix nous appartiennent, nos sentiments et nos pensées aussi. Je refuse de considérer le contraire. Ça serait terrible de se dire que tout ce que j'ai accompli, toutes les personnes que j'ai rencontrées et surtout aimées, que tout ça ne vient pas de moi. Cela sous-entendrait que je n'ai rien décidé, rien contrôlé. À cette pensée, un frisson me traverse que je ne réussis pas à réprimer.

— Je crois ce que je veux, Dae, m'annonce Blake, d'un ton doux, en remontant mon gilet sur les épaules de sa main libre.

Je lui tire la langue de manière puérile ce qui, bien entendu, me vaut un sourire moqueur de sa part. Légèrement vexé, je me détache du groupe et me rends dans la salle de répétition. Leur voix et leur rire me parviennent alors que je prépare la musique. Plus vite je m'en occupe, plus vite je serai débarrassé. Danser devant mes proches ne me dérange pas, j'ai surtout peur que ça ne leur plaise pas.

— Tout est prêt ? m'interroge Blake, en posant ses mains sur mes hanches.

Un soupir de bien-être m'échappe lorsque son souffle effleure mon cou. Je tente de le camoufler avec une légère toux. Ça lui ferait trop plaisir.

— Bien sûr, me contenté-je de marmonner.

— Trop mignon, chuchote-t-il.

Surpris par sa déclaration, je fais demi-tour, mais il s'éloigne de moi pour s'approcher des garçons qui attendent patiemment. Enfin aussi patiemment qu'un Chad le peut alors qu'il a déjà plus ou moins vu notre chorégraphie.

— C'est OK ! Vous vous installez là ? leur propose Blake en désignant une place au fond de la pièce, contre le mur.

Ils obéissent et vont s'asseoir les uns à côté des autres. Blake se tient au centre de la salle quand il se tourne vers moi. Il ne manque plus que moi. Je prends une profonde inspiration et remets correctement mon gilet sur mes épaules. J'appuie sur le bouton Play et le rejoins rapidement.

— Tout va bien se passer, m'affirme-t-il alors que je me positionne face à lui.

C'est comme s'il avait pu voir mon appréhension. Je hausse les sourcils pour seule réponse puis notre musique commence. Les yeux dans les yeux, nous entamons nos mouvements et nous laissons emporter par la mélodie. Je ne fais plus attention aux garçons qui nous observent. Il y a juste la chanson, les paroles, la danse. Et surtout Blake. Toujours à portée de mains.

Les doigts de Blake glissent dans le creux de mes reins bien qu'ils n'aient rien à faire là et dessinent un léger sourire sur ma bouche. Mes joues rougissent alors qu'il se mord la lèvre après mon saut. Mon bas-ventre s'échauffe quand le t-shirt du beau brun se relève pour la cinquième fois laissant ses abdos apparaitre.

Quand les dernières notes s'envolent, nous nous arrêtons de bouger et nous échangeons un regard satisfait. À peine cinq secondes plus tard, les applaudissements retentissent ainsi que les cris. Nous rigolons à leurs réactions. Tout en essayant de reprendre notre souffle, nous allons nous installer en face d'eux. La playlist continue de tourner, nous servant de bruit de fond agréable.

— C'était grandiose ! affirme Chad, sans le moindre doute.

Ezra et Sun abondent dans le même sens. Ils discutent de leur partie préférée et nous refont certains mouvements, assis par terre. Il n'y a aucun doute à avoir sur le fait qu'ils aient aimé et mon cœur se remplit de joie, effaçant un peu la peur de l'échec que je ressens toujours. Alors que Chad demande quelques traductions des paroles de la chanson à Sun, Blake me murmure au creux de l'oreille :

— Tu vois ? Tout s'est bien passé !

Je hoche juste la tête. Il avait raison, mais je ne le dirai pas, trop fier. Il remonte à nouveau mon gilet qui a glissé et se penche vers moi. J'ai la sensation qu'il va m'embrasser et mon cœur s'accélère à cette pensée. Ça ne serait, certes, pas notre premier baiser, mais je n'ai pas le souvenir que nous l'ayons déjà fait devant mes proches. Sinon ça m'aurait interpellé.

J'ai fait des câlins à Blake devant eux, lui ai tenu la main. Ça ne m'a pas dérangé, je faisais la même chose avec Elliott, ce n'est pas quelque chose d'inhabituel. Mais embrasser Blake... C'est autre chose. C'est intime. C'est comme un couple. Or nous n'en sommes pas un. Cependant, je n'ignore quoi faire. Mon cerveau s'est figé. Heureusement mon ami me sauve sans le savoir.

— Et si on prenait une photo de nous cinq ici ? propose Chad. Là où tout a commencé !

Il a brisé ce moment étrange entre Blake et moi. Je serais presque prêt à le remercier quand il se jette de mon côté, m'écrasant à moitié. Il ne nous laisse pas l'opportunité de donner notre avis.

— Hey ! Fais attention ! grondé-je.

Blake entoure mes épaules et me ramène vers lui, m'éloignant ainsi de l'envahisseur blond. Ce dernier est d'ailleurs déjà en place, son portable à la main.

— Qu'est-ce que vous avez tous à vouloir faire des photos ce soir ?

— Tais-toi et souris ! chuchote Blake à mon oreille. Ça passera plus vite.

Je m'effondre sur le beau brun en soupirant. Son bras tombe sur mon torse qu'il caresse pour me calmer. Ma tête basculée en arrière repose contre son épaule. Il embrasse ma tempe, me faisant fermer les paupières.

— Ça y est ! annonce Chad.

Il retourne à sa place initiale aussi vite qu'il en est parti. Je me redresse, perturbé. J'ai à peine fixé l'appareil, comment il a pu en prendre une correcte ? Je n'ai pas le temps de lui poser la question que le blond se lance le défi de faire notre chorée. Blake, toujours intéressé dès qu'il s'agit de notre chorégraphie, le regarde faire avec attention.

Lorsque nous sortons de l'association plus d'une heure plus tard, mon sourire est de retour. Nous avons tous fini par danser sur toutes les musiques possibles et inimaginables. C'était tellement drôle de voir Sun se trémousser. Nous avons tous passé une excellente soirée, je pense. D'ailleurs, Sun est en train de saluer Blake tout en l'invitant à venir à l'appartement bientôt. Chad en profite pour me parler un peu à l'écart. Sur le ton de la confidence, il me chuchote :

— Je t'ai envoyé les photos de tout à l'heure. Tu devrais les regarder attentivement !

Il me tapote l'épaule avant de nous dire au revoir. Il s'éloigne avec Sun et Ezra. Blake et moi devons prendre le métro pour rentrer chez lui. Sur le chemin jusqu'à la station, nous débriefons rapidement sur le bon moment que nous avons partagé puis Blake me raconte les derniers évènements de la colocation :

— Pete va emménager avec sa copine fin août ! Il nous l'a appris hier.

Je ne suis pas vraiment surpris par l'annonce. Je passe beaucoup de temps chez eux et la présence de Pete est de plus en plus rare. C'est comme s'il était déjà parti.

— Mais je vois pas comment ils vont faire. Elle est allergique aux chats !

— Tu n'as qu'à garder Chantilly ! dis-je simplement.

— Moi ? Pourquoi ?

— Son lieu favori dans votre appart, c'est sous ton lit ou sur toi.

— Quand tu n'es pas déjà là...

Il est vrai que j'aime bien m'allonger, la tête sur les genoux voire le ventre de Blake quand nous regardons un film.

— Chantilly t'adore ! continué-je comme s'il n'avait rien dit. Plus que son propre maître, je pense. Et toi, tu en es fou.

— Fou ! Toujours ta capacité à exagérer ! marmonne-t-il.

— Bien sûr que non ! J'ai bien remarqué comment tu te dépêchais de remplir sa gamelle quand elle est à la moitié. Et je t'ai entendu lui parler comme si c'était un bébé. Tu es gaga de ce chat !

Il hausse les épaules. Il n'avouera jamais et ça me fait rire.

— Propose-leur, ça ne coûte rien !

— Je verrai ! En tout cas, pour Nine et moi, ça veut dire recherches d'un nouveau coloc pour la rentrée.

— Vous trouverez facilement un étudiant.

Je grimace un peu à l'idée qu'un beau jeune homme remplace Pete. Blake pourrait alors être intéressé, passer du temps avec lui et pourquoi pas aller plus loin... je balaie cette jalousie inutile. Tout en bâillant, j'agrippe son bras tandis que nous descendons les escaliers de la station. Je veux le garder près de moi.

— Tu es fatigué ?

— Ouais, je suis crevé ce soir. J'aurais peut-être dû rentrer avec les gars en fait.

— Pas de souci ! Je te ferai un bon massage et on ira juste au lit, OK ?

Satisfait de cette proposition, je hoche la tête au moment où le métro s'arrête devant nous. Nous montons dedans et trouvons des places à l'écart l'un en face de l'autre. Je sors mon téléphone et ouvre le message que mon ami m'a envoyé un peu plus tôt. Plusieurs photos s'affichent alors. Je sélectionne l'une d'elles et la seule chose que je remarque est Blake et moi lovés. Je souris malgré moi.

— Ça va ? me demande-t-il.

Je relève mon regard vers lui. Mon rictus s'agrandit.

— Oui, très bien.

Je reporte mon attention sur mon portable et clique sur l'icône d'Instagram. Sur mon compte personnel, je publie deux photos que Chad a prises et les légende :

Première soirée tous les cinq là où tout a commencé💜

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