Hello Kitty

17 Mars 2035.

Blake se campe devant moi alors que la chanson se poursuit. Nous sommes arrivés à la fin de notre enchainement. Nous nous jaugeons un long moment du regard comme si nous espérions que l'autre trouve l'idée du siècle pour pouvoir enfin finir cette chorégraphie.

— Il faut qu'on interagisse ! déclare-t-il soudainement en tapant dans ses mains.

Un de mes sourcils se hausse, ne voulant pas comprendre ce qu'il propose. Il pose ses mains sur mes hanches et un frisson me traverse dans la seconde mais très vite, il les retire.

— Qu'on se touche ! précise-t-il en se reculant.

Il me tourne le dos et heureusement parce que ses mots m'ont fait rougir. Il n'a pas voulu faire de double sens, c'est une évidence mais personnellement, je n'entends que lui... Je ne m'en sens pas capable, sans savoir pourquoi. Peut-être juste à cause du frisson que je viens de sentir quand il m'a frôlé.

— Je... euh... On verra, bafouillé-je.

Il éteint la chaîne et jette un coup d'œil à l'horloge. Mon regard l'imite et je prends conscience que nous avons dansé pendant plus d'une heure. Je n'ai pas vu le temps passer et au fond de moi, je crois que je n'ai pas envie que ça s'arrête. Je n'ai pas le courage de refaire face à ma vie, à mes questionnements, au manque d'Ady.

— On recommence ?

Il me regarde par-dessus son épaule, surpris. Quand il me tourne à nouveau le dos, il m'annonce :

— Mon cours va bientôt commencer.

— Une dernière, s'il te plaît.

Il soupire bruyamment pour me faire comprendre que je l'énerve mais je vois ses mains s'affairer pour rallumer la machine. Un sourire satisfait apparaît sur mes lèvres alors que je reprends ma place. Il me rejoint rapidement mais cette fois, il se met face à moi, le visage fermé.

— Qu'est-ce que...

— J'essaie quelque chose.

La télécommande en main, il tend son bras frôlant ainsi le mien. Il appuie sur le bouton et tout recommence. Je me sens léger à nouveau. J'aime beaucoup le changement qu'il a apporté même si danser les yeux dans les yeux avec Blake n'est pas chose aisée. Au milieu de mes mouvements, une douleur me transperce la cuisse gauche mais je continue de danser sans râler, habitué à ce genre de situations.

La musique s'arrête finalement. Je me penche en avant, les mains posées sur les genoux. Ma respiration est chaotique. Sur mon front, la sueur colle mes mèches de cheveux qui ne se sont pas coincées dans ma queue de cheval. Je n'ose pas jeter un coup d'œil à mon t-shirt blanc qui doit être entièrement trempé. Je relève la tête pour voir Blake s'asseoir au sol.

— Cette fois, je dis stop ! dit-il.

Je ne me fais pas prier et l'imite aussitôt. Mes muscles m'en veulent d'avoir réclamé un dernier passage, surtout celui de l'arrière de ma cuisse.

— Je ne pensais pas t'entendre dire ça un jour, me moqué-je, en m'allongeant.

Mon souffle redevient rapidement régulier. Du coin de l'œil, j'aperçois Blake qui fait quelques étirements. Je devrais en faire de même mais j'ai la flemme. Je replie les jambes et reste ainsi, les bras étendus de chaque côté, fixant le plafond. Mon esprit est vide, ça me fait du bien. Je reviens à moi quand je reçois une tape sur la cuisse qui me fait grimacer.

— Aïe ! Mais ça va pas ? m'exclamé-je.

— Tu dois t'étirer !

Je grogne pour simple réponse mais me relève en position assise malgré tout. Pendant un petit moment, je mime les mêmes mouvements que lui sans forcer. Notre silence est seulement brisé par le bruit des conversations dans l'accueil de l'autre côté de la porte que nous avons fini par fermer tout à l'heure. Mais ce n'est pas gênant, ni étouffant. Je dirais presque que c'est agréable.

— Si je t'ai fait venir là aujourd'hui, c'est pas seulement pour répéter, m'avoue-t-il soudainement.

Mes bras se figent en l'air. Mon regard s'accroche à lui, à son visage encore et toujours impassible, à son tatouage sur le poignet, à ses clavicules laissées visibles par son dobok. Pour une raison qui me dépasse, mon rythme cardiaque s'accélère et une légère angoisse s'empare de moi me faisant même oublier la douleur dans ma cuisse.

— Et c'est pour quoi alors ? baragouiné-je, impatient, en voyant qu'il n'allait rien ajouter.

— Pour...

Il s'humidifie les lèvres, il semble mal à l'aise. Je comprends alors qu'il est sérieux et que ce qu'il va me dire le touche personnellement. J'ignore ce qui me fait penser ça et pourtant, j'en ai la certitude. Mes bras échouent le long de mon corps.

— On a dit, tu sais que... Qu'il fallait qu'on apprenne à se connaître et tout ça.

Sa phrase sonne comme une question alors je hoche automatiquement la tête, l'encourageant à poursuivre.

— Alors j'ai pensé que... Tu vois... Que...

Il bute sur les mots, je pense même apercevoir un peu ses joues rougir. Il baisse les yeux sur ses pieds nus. Qui est ce Blake ?

— Je voulais te montrer deux pans très importants de ma vie, débite-t-il à toute vitesse.

La bouche formant un magnifique O, je fronce les sourcils à ce semi-aveu. Des pans importants de sa vie ? Et avec les sous-titres, ça donne quoi ? J'ai envie de le presser pour comprendre mais ce n'est pas réellement le moment de l'attaquer. Je me contente de dire alors :

— Les deux pans... ?

Sa pomme d'Adam monte et descend difficilement quand il déglutit.

— Cette association... C'est un lieu très important pour moi. C'est là que j'ai commencé le Taekwondo et la danse. Je.... Elle représente beaucoup...

Je reste un peu abasourdi par sa révélation. Au fond, je m'attendais à autre chose. Peut-être à plus. Mes yeux le balaient en entier et je réalise que j'avais raison. Ça le touche personnellement, me montrer cet endroit est synonyme de plein de choses pour lui. Il se confie, s'ouvre un peu à moi. Ça m'attendrit. Je souris et souffle :

— Merci...

Il se relève comme pour se soustraire à mon attention mais c'est impossible, elle est comme vissée à lui. Je me surprends même à apprécier le roulement des muscles de son dos avant qu'il ne se fasse craquer le cou. Et même cet endroit dans la nuque où les cheveux laissent place à une peau tendre. Cette constatation me fait refermer la bouche brusquement et secouer la tête. Je me reprends et me relève en me raclant la gorge.

Pour me donner une certaine contenance que j'ai perdue suite à mes dernières pensées, je plie la jambe et attrape ma cheville au niveau de mes fesses. Je grimace à nouveau face à la douleur. Je me mordille la lèvre pour m'empêcher de me plaindre et une information me revient.

— C'est quoi le deuxième ?

Au lieu de me répondre, il jette un regard à l'horloge et murmure :

— Trois... Deux... Un...

Il n'a pas le temps de dire zéro que la porte de la salle de danse s'ouvre sur une jeune fille. Ses longs cheveux roses encadrent un visage ovale. Le sourire qu'elle arbore est presque contagieux.

— Dae ! s'écrie-t-elle comme si nous nous connaissions.

Je me tourne vers Blake, attendant une explication au fait qu'une inconnue sache qui je suis mais il se contente de lever les yeux au ciel.

— Depuis le temps que j'entends parler de toi ! poursuit-elle en entrant dans la salle.

Son sourire ne l'a pas lâchée. Ses yeux pétillent de malice, elle semble être une personne enjouée et sociable. Elle s'approche de moi et me tend sa main pour que je la serre. Les sourcils froncés, je m'exécute sans vraiment savoir pourquoi et cherche à nouveau une explication voire un soutien auprès de mon partenaire de danse.

— Violet, marmonne-t-il avant de me tourner le dos.

— Son incroyable grande sœur, précise-t-elle alors qu'elle tient toujours mes doigts entre les siens.

— Pardon ? m'exclamé-je.

Le rire de Violet s'envole à mon étonnement. Je l'étudie sans le vouloir. Son prénom est la seule couleur qu'elle ne porte pas sur elle. Cette fille est un vrai arc-en-ciel à elle toute seule. Sa jupe taille haute qui lui arrive au milieu des cuisses est d'un beau rouge vif assorti aux cerises présentes sur son t-shirt blanc. Ses chaussettes rayées jaunes et blanches remontent au-dessus de ses genoux mettant en valeur ses Derbys vernis noires à semelle compensée. Le dernier détail de sa tenue est un bomber kaki, deux fois trop grand pour elle, que j'adore déjà.

— C'est ta sœur ? demandé-je confirmation.

— Ouais...

Blake a fini ce qu'il avait à faire avec la chaîne hifi et vient à notre hauteur. Il pose sa main sur les nôtres encore liées pour les séparer. Je récupère ma main et l'enfonce dans ma poche de jean. Pendant quelques secondes, leur regard se confronte et j'ignore qui gagne. Violet détourne les yeux pour les poser sur moi, son sourire est toujours là. Elle reprend la parole :

— On nous dit souvent qu'on ne se ressemble pas.

Non ? Tu crois ? D'un côté, on a Dark Vador et de l'autre Hello Kitty ! Le choc est rude. Je hoche la tête frénétiquement en disant :

— C'est sûr que le style est un peu différent !

Je me retiens de rire quand j'imagine mon partenaire habillé de cette manière. Autant je me verrais bien revêtir ce genre de choses, autant Blake... La jupe et encore moins les couleurs ne me dérangent pas le moins du monde. J'ai toujours pensé que les habits n'avaient pas de genre. Je porte souvent des pulls et même des sous-vêtements féminins mais j'évite de le crier sur tous les toits, ce n'est pas forcément bien vu.

— Enfin ce bomber est à moi, affirme le brun en croisant les bras devant lui.

— Quoi ? Tu as des habits d'une autre couleur que le noir ? m'étonné-je, sans moquerie.

— Bien sûr !

Il hausse les épaules comme si c'était évident.

— Je t'ai jamais vu avec autre chose que ton look gothique, alors excuse-moi d'être étonné par tant d'originalité venant de toi !

Cette fois, je me moque gentiment de lui. Il lève les yeux au ciel mais je vois bien l'esquisse de sourire qu'il a.

— Bon, j'ai cours...

Il fait un geste des mains comme pour nous désigner la sortie mais Violet semble en avoir décidé autrement :

— Bah vas-y ! Tu n'as pas besoin de nous !

— Lettie ! S'il te plaît.

Le ton de Blake est froid, il ne semble pas ravi.

— Il ne fallait pas m'en parler, rétorque sa sœur, toujours aussi joyeuse.

— Je ne l'ai pas fait pour que tu fasses ta chieuse !

— Ce n'est pas ce que je fais.

Elle tourne son visage ouvert vers moi et répète à mon attention :

— Je ne fais pas ma chieuse !

— Ok, murmuré-je.

La main de Violet prend place sur mon épaule quand elle me demande :

— Tu as un peu de temps, Dae ?

— Pourquoi ? disons-nous en chœur avec Blake.

Ce dernier et moi échangeons un regard. Il est aussi étonné que moi par la proposition de sa sœur. Et comment ne pas l'être ?

— J'aimerais beaucoup faire ta connaissance.

— Euh...

Je fais abstraction de la réaction de Blake à côté de moi et réfléchis rapidement. Si je rentre tout de suite chez moi, je serai tout seul et me remettrai à penser à Ady. Je doute que ce soit très sain pour moi. Comme l'a dit Sun, il faut que j'avance et que j'arrête de me prendre la tête avec cette histoire. Alors pourquoi pas passer un peu de temps avec Violet qui semble être une jeune femme agréable ?

— Je suis libre comme l'air ! déclaré-je.

— Mais tu vas pas t'y mettre toi aussi ! maugrée Blake.

D'une main, il me pousse légèrement ce qui me fait sourire plus qu'autre chose. Il finit par reporter son attention sur sa sœur :

— On avait dit quoi Lettie ?

— Va donner ton cours, mon petit Blaky ! lui ordonne-t-elle gentiment. Nous, on se gère tout seuls.

— Mais...

— Allez file ! le coupe-t-elle faisant soupirer mon partenaire.

Il se tourne vers moi et m'assure :

— Tu n'es pas obligé de rester avec elle, tu...

— C'est ton deuxième pan, non ? Alors je reste ! affirmé-je, sûr de moi. Tes élèves t'attendent, Blaky !

Il grogne à l'écoute du surnom que j'ai utilisé tandis que Violet met un bras sur mes épaules. Sa main tapote mon torse au niveau de la clavicule.

— Je sens qu'on va bien s'entendre tous les deux ! affirme-t-elle.

— Vous me soûlez !

Sans un mot de plus, il disparait de la salle, faisant claquer la porte derrière lui. Violet s'éloigne de moi en riant. Elle retire le bomber qu'elle balance sur mes affaires déjà à terre avant de s'asseoir sur le sol, faisant attention à placer correctement sa jupe sur ses cuisses.

— C'était quoi cette histoire de deuxième pan ? m'interroge-t-elle en caressant le parquet à ses côtés pour me faire comprendre de l'imiter.

Je m'installe à sa gauche mais face à elle. J'ai besoin de voir son sourire, je sens qu'il peut me faire du bien.

— Un truc entre nous, dis-je simplement.

Elle relève un sourcil et je remarque alors que sous son maquillage, elle a les mêmes grains de beauté que son frère sur la joue. Elle en a juste un supplémentaire sur la paupière. Ils sont peut-être réellement de la même famille, après tout.

— Alors comme ça... Tu as entendu parler de moi ? changé-je de conversation.

— En effet ! C'est pas tous les jours que Blake parle d'autre chose que de danse et de Taekwondo, alors forcément, ma curiosité a été piquée.

— Ça ne devait pas être en de bons termes, soupiré-je, en retirant mon élastique.

Je commence à me passer les mains dans les cheveux pour tenter de les discipliner.

— Assez bons pour que je veuille te rencontrer.

Mes gestes se figent à cette déclaration. Blake a dit du bien de moi ? Je coince une mèche derrière mon oreille en repensant à sa proposition de m'aider hier. Au fait qu'il m'ait pardonné sans presque réfléchir. Mais surtout à cette phrase où il m'a dit qu'il peut s'occuper d'Ady si j'ai d'autres problèmes avec. Peut-être qu'il ne me déteste pas. Comme moi, je ne le déteste plus. Voyant que ça fait un moment que le silence s'est infiltré entre nous, je me reprends :

— Me rencontrer ? Carrément ?

— Attends ! s'écrie-t-elle. Tu le surnommes le tyran !

Mes mains dissimulent mon visage grimaçant. Si devant Blake, je ne voulais pas perdre la face, là, la honte me terrasse. Mais le rire de Violet me fait sortir de ma cachette.

— C'est grandiose, j'adore ! Et surtout, tu es bien le premier qui tient tête à mon frère. D'habitude, il fait tellement peur que personne n'ose le reprendre. Il faut dire qu'il n'est pas très avenant...

— Alors là, je n'avais pas remarqué, ironisé-je, tirant un sourire à la jeune fille.

— C'est surtout de la timidité, tu sais. Avec une pointe de... je-m'en-foutisme.

Bien qu'il ait eu des moments de malaise quand il devait se confier à moi, j'ai un peu de mal à imaginer que Blake soit timide mais elle le connait bien mieux que moi. Je vais donc lui laisser le bénéfice du doute.

— Et ça se passe bien tous les deux ?

Elle ramène tous ses cheveux sur une épaule puis croise les mains devant elle, le dos bien droit. Je replie les jambes et pose les avant-bras sur mes genoux. Je me mordille un peu la lèvre, cherchant mes mots.

— Tu peux y aller franco, m'annonce-t-elle comme si elle avait pu lire dans mes pensées. Je connais mon frère par cœur, je ne me fais plus d'illusions.

— J'ai un ami qui a dit que Blake et moi étions... Comment il a dit déjà ?

Je tente de me souvenir des exemples précis que Chad avait donnés.

— Le Yin et le Yang. Le bien et le mal. Le feu et la glace. Et même l'ange et le démon...

— Tout ça ?

Je hoche la tête. Mes pieds tapent le sol en rythme pour me donner une contenance.

— C'est pas gagné tous les deux alors !

— C'est le moins qu'on puisse dire... On est vraiment à l'opposé l'un de l'autre. C'est pour ça que je ne voulais pas accepter quand il m'a proposé de faire son concours. Je pensais qu'on ne pourrait jamais s'entendre et réussir à faire quelque chose de correct.

— Et maintenant ? me questionne-t-elle, sérieusement, la tête penchée.

J'ouvre la bouche, prêt à répondre mais finalement, les mots se perdent. J'ignore quoi dire. Entre mon comportement d'hier et la répétition de tout à l'heure, je ne sais plus. Ou peut-être que j'ai eu une réponse aujourd'hui.

— On apprend à s'apprivoiser... Même si ce n'est pas facile, c'est pas toujours désagréable. Et Blake est... un danseur incroyable.

Un immense sourire s'affiche sur les lèvres de Violet. Je ne réalise pas encore que cette dernière et Blake sont de la même famille. Ils sont tellement différents, encore plus que Sun et moi. Le côté ouvert, joyeux et amical de Violet donne envie de lui parler, de découvrir quelle jeune fille elle est derrière l'arc-en-ciel. C'est d'ailleurs ce que je fais.

— Tu fais quoi dans la vie ? m'intéressé-je.

Elle me montre le bout de ses doigts qu'elle fait bouger et je remarque seulement maintenant les tâches de peinture qui recouvrent ses empreintes.

— Des études d'art, spécialisée dans la peinture. Mais j'aime beaucoup la sculpture aussi.

— Oh génial !

Je me mets en tailleur, me rapprochant d'elle, intéressé.

— Tu pourras me montrer un de tes tableaux ?

Elle fait une moue, un peu la même que Blake lorsqu'il réfléchit aux pas de notre chorégraphie. Mais j'ai l'impression que Violet la simule plus qu'autre chose.

— Je vais bientôt exposer pour la fac. Tu n'auras qu'à venir avec Blake !

— Vrai ?

Elle confirme d'un mouvement de tête. Je pense alors à quelque chose...

— Euh... Le petit-ami de mon frère peint aussi et je pense que ça pourrait trop lui plaire de voir ton travail. Tu crois que...

— Amène-les tous les deux ! Au moins, s'il n'y a pas de visiteurs, je me sentirai moins seule.

— On viendra t'encourager !

Nous continuons de parler de tout et de rien. Beaucoup de sujets se succèdent. C'est vraiment facile de lui parler et agréable. Nous échangeons même nos numéros de téléphone pour tenter de s'organiser des trucs comme une virée shopping un samedi après-midi. Puis finalement, elle regarde l'heure et m'annonce :

— Le cours de Blake va bientôt finir !

Je n'ai pas vu le temps passer, ça fait du bien de se poser comme ça et d'éloigner tous mes soucis.

— Déjà ?

Elle confirme avant de me proposer :

— Je ne crois pas que tu aies vu mon frère enseigner. Ça te tente ?

Mes paupières papillonnent, surpris par cette idée mais j'accepte rapidement. Nous prenons nos affaires et je la suis dans la salle où j'ai retrouvé Blake à mon arrivé à l'association. Les élèves sont plus vieux que tout à l'heure et doivent avoir presque une quinzaine d'années pour certains. Ils font des exercices par petits groupes et Blake est au fond, à montrer un enchainement à une ado.

Son visage sérieux, ses mouvements précis, cette force qui irradie de lui me font ouvrir la bouche d'admiration. Il fait un coup de pied latéral qu'il arrête à quelques centimètres de son élève. Il garde la pose comme si c'était naturel et semble expliquer quelque chose. La fille sourit en acquiesçant. Son pied retrouve enfin la terre ferme. Il lui tapote l'épaule et fait demi-tour. Il se fige en nous voyant puis sourit.

— Vous voulez nous rejoindre ? nous demande-t-il.

— J'ai pas vraiment la tenue adéquate ! réplique Violet en soulevant légèrement le bord de sa jupe. C'est dommage j'aurais bien aimé te mettre la pâtée devant tes élèves.

Il rit. Le son est mélodieux.

Son visage s'illumine. Ses dents se dévoilent. Ses yeux se plissent. Son nez se fronce.

À cet instant, Blake est parfait.

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