Développés couchés
Hey ! Surprise ! Un petit cadeau parce que for him. a atteint les 500k vues ! Je suis trop contente ☺️ Alors en attendant que je prépare des petits cadeaux, je vous laisse avec ce nouveau chapitre !
Merci pour tout 💜
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19 Février 2035.
Cela fait plus de vingt minutes que j'attends, assis comme un idiot sur ce banc. Mon regard passe d'un groupe de filles en train de faire de la Zumba à un dernière année soulevant presque l'équivalent de mon poids. Tous semblent être heureux et surtout plein d'énergie alors que moi, rien que faire le chemin entre les vestiaires et la salle de musculation a été un calvaire. Je ne parle même pas de l'attente.
Je vérifie à nouveau que mon portable est bien allumé. Je ne souhaite pas que la scène de la semaine dernière ne se reproduise. Le tyran a fait un effort en m'envoyant un message pour s'excuser d'avoir réagi aussi exagérément et j'ai apprécié. Peu sont les personnes qui assument leurs erreurs ainsi, encore plus auprès d'inconnus. Moi-même, je doute que je l'aurais fait à sa place. C'est pour ça que j'ai gardé mon mobile près de moi toute la matinée pour ne pas louper le moindre de ses messages.
Mais je n'ai rien reçu et il devrait déjà être là. J'ai l'air ridicule à ne rien faire au milieu des étudiants qui s'entrainent mais pour une raison obscure, je n'ose pas commencer. Peut-être éviter de me faire disputer si je fais quelque chose qui ne convient pas au tyran. Je soupire et fredonne la mélodie sur laquelle nous dansons en ce moment en Contemporain. Je regrette finalement d'avoir refusé que Chad m'accompagne, je me serais moins ennuyé.
— Je suis désolé, s'écrie une voix sur ma droite.
Je tourne la tête et le tyran est là, les mains sur ses genoux, tentant de reprendre son souffle. Ses cheveux sont retenus en arrière par un bandeau noir, laissant son visage rouge et transpirant bien visible. Il est assez clair qu'il a couru. Il porte toujours sa doudoune et son sac à dos, il n'est pas encore en tenue pour travailler. Je fronce les sourcils et l'interroge :
— Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Il prend une profonde inspiration et se redresse pour aller s'asseoir en face moi. Sans réfléchir, je lui tends la bouteille d'eau que je me suis ramené. Je vois sa reconnaissance traverser son regard en voyant le liquide. Il me remercie et en boit une longue gorgée. Quand il me la rend, il m'explique :
— Je suis vraiment désolé. Mon prof voulait absolument me parler et vu qu'on est dans une annexe de l'école, j'ai dû courir jusqu'ici pour...
— Pas de souci. Je comprends.
Il semble surpris que je lui dise ça. Il s'attendait sûrement à ce que je le dispute de ne pas m'avoir prévenu ou que je fasse au moins une remarque. Depuis la Saint-Valentin, je n'ai pas le courage d'être énervé après qui que ce soit, pas même lui surtout après son texto. Je vis un peu comme un automate. J'exécute les gestes habituels. Manger, me doucher, danser... mais je n'ai plus la force d'y mettre des sentiments. Je suis comme vide.
Il fait glisser son sac de son dos sur le sol puis retire sa grosse veste. Dessous, il est en tee-shirt et jogging. Finalement, il est prêt. Il jette un coup d'œil autour de nous, cherchant quelque chose. Il l'avise finalement et se lève pour aller chercher des haltères. Je grogne de mécontentement. Je déteste ces trucs. C'est l'invention du diable.
— J'ai mis au point un programme pour que tu te muscles, m'explique-t-il. Aujourd'hui, on va commencer par les pectoraux et les triceps.
Ma bouche s'ouvre sous l'étonnement. Le gars me dit ça avec un sérieux et une banalité qui frisent l'insolence. Il reprend sa place et m'offre les haltères comme si c'était le cadeau du siècle. Je reste interdit, le regard posé sur eux.
— Quoi ? C'est quoi le problème ?
— Tu veux que... Je fasse ça ?
Je fais un mouvement avec mon menton vers ses mains.
— Bah oui ! Tu le sais aussi bien que moi que la danse passe aussi par la musculation.
Son regard scanne mon corps et je regrette de ne pas porter une doudoune comme la sienne. Il me met mal à l'aise, je n'ai pas envie qu'il me voie ainsi, qu'il voie mes défauts.
— Tes cuisses sont parfaites mais le haut de ton corps manque d'entrainement, affirme-t-il en agitant les haltères.
Si je disais que je ne rougis pas à ce compliment involontaire sur mes cuisses glissé nonchalamment, ça serait un vilain mensonge. Il m'a même tellement fait beuguer que j'ai à peine écouté la fin de sa phrase et que je m'empare des poids comme s'ils étaient mes nouveaux meilleurs amis. Les minutes qui suivent, il me montre comment je dois réaliser une série de développés couchés.
— Tu en fais quatre séries de dix !
Mes yeux s'écarquillent alors qu'il se lève pour aller se mettre sous une barre pour faire des tractions. Il fait bouger ses épaules et je l'observe faire, la tête penchée sur le côté. De dos, avec ce tee-shirt, il n'y a pas de doute qu'il n'a plus besoin de muscler le haut de son corps. Il s'en est déjà très bien occupé jusqu'à présent...
— Récupération une minute trente. Ensuite quatre séries de dix développés inclinés.
Cette fois, je soupire, désemparé. Il ne fait pas les choses à moitié mais d'un côté, c'est comme avoir un coach et ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Quand je viens seul ou avec Chad, je me contente de faire du tapis de courses, des tractions comme celles qu'il vient de commencer ou alors de faire travailler mes jambes. Tous ces exercices sont plus faciles pour moi. Au moins, là, je vais enfin faire des choses qui vont m'aider. Puis un souvenir me revient. Mon prof de danse classique m'a reproché de ne pas avoir le physique d'une étoile, ça pourrait peut-être changer un peu les choses.
Sans un mot, nous faisons nos enchainements. À un moment, j'oublie même qu'il est là à quelques mètres. Les yeux posés sur le plafond, je me concentre seulement sur mes mouvements et le compte. Je crois que finalement, ça me fait du bien. Autant que lorsque je danse librement sur une chanson que j'aime. Un sourire se dessine sur mes lèvres mais disparaît dès que j'entends la voix du tyran :
— Monte plus les bras ! Sinon autant dormir, ça fera la même chose !
Un ordre ! ça faisait longtemps.
— Vu ma position, sois déjà reconnaissant que ce ne soit pas ce que je fais ! marmonné-je.
Cependant, je m'applique quand même à pousser un peu plus haut.
Pendant le reste de la séance, j'ai le droit à des remontrances, des remarques sur ma manière de faire qui ne convient pas et à chaque fois, je prends sur moi. Il est mon coach à cet instant, je lui fais confiance, tout comme pour mes profs de l'école. Alors que nous mettons fin à cette séance, je m'allonge sur le ventre à même le sol. Je n'en peux plus. Je suis au bout de ma vie.
Après les développés, il m'a fait utiliser la poulie de plusieurs manières différentes, m'a fait faire des dips... Mon corps entier hurle de douleurs. Il me faut une douche. Bien chaude. Brûlante. Rien que l'idée de l'eau frappant chacun des muscles qui ont fonctionné me fait fantasmer. Mais pour ça, il faut que je me lève et retourne jusqu'aux vestiaires...
— Bon, j'ai bien réfléchi ! reprend-il la parole.
Je tourne la tête, de manière à avoir la joue contre le lino et lui jette un coup d'œil. Il est debout et boit une gorgée de ce qui ressemble beaucoup trop à ma bouteille.
— On va devoir passer à trois séances de muscu par semaine !
— Pardon ? m'écrié-je, effrayé. Je crois que l'effort me fait faire des hallucinations auditives ! J'ai cru entendre qu'on devait faire trois séances comme celle d'aujourd'hui !
— Non !
Un grand soulagement s'empare de moi mais il s'évanouit aussi vite qu'il est arrivé quand le tyran poursuit :
— Chaque séance sera différente. On s'occupera de muscles différents !
Je grogne. Littéralement. Comme un chien. Il a sûrement d'autres personnes que le tyran qui m'ont entendu mais je m'en fiche.
— Tu veux ma mort ? l'interrogé-je, avec sérieux.
— Bien sûr que non !
Il veut ma mort !
— Tiens bois !
Il pose ma bouteille à côté de ma tête.
— Trop aimable, râlé-je.
— La prochaine sera centrée sur le dos et les biceps et la troisième sur les épaules et les trapèzes. Mais si tu veux, on peut aussi en faire une qui se concentre sur les jambes !
— Mes jambes vont très bien, pas besoin, merci bien !
— Comme tu veux.
A grandes peines, je m'agenouille pour m'hydrater.
— Bon, lundi et mardi midi et jeudi soir, muscu, énumère-t-il. Mardi, vendredi et dimanche, répétitions.
Les informations remontent dans mon cerveau lentement mais sûrement puis finalement, je comprends ce qu'il a dit.
— Attends ! Tous les mardis, on aura muscu et répétitions ? résumé-je.
— Ouais.
— En plus des cours de la journée ?
— Ouais.
— Tu veux ma mort, répété-je sur un ton qui n'appelle pas à débattre. Et pourquoi pas mettre un des trucs le mercredi ? Ou le samedi ?
— Je peux pas !
C'est tout ce que j'ai comme explication. Il croit que je vais me taper presque huit heures de sport, tous les mardis, sans avoir une bonne raison. Quel naïf !
— Je croyais qu'on devait se donner à fond !
— Je me donne à fond ! rétorque-t-il, sûr de lui comme toujours.
Il me fusille du regard, comme si ça avait le moindre effet sur moi. Je suis trop fatigué pour avoir peur de lui puis j'ai vu avec ses excuses qu'il pouvait être un peu cool quand il le voulait.
— Mais je bosse le mercredi après-midi et le samedi donc impossible pour moi.
Je fais la moue parce que cette fois, je vais être obligé d'accepter.
— Tu as réfléchi à la chorégraphie ? me demande-t-il en faisant quelques étirements.
Je devrais l'imiter, il faut que je l'imite. Alors je m'exécute à nouveau mais je grimace dès que je lève de quelques centimètres mes bras.
— J'ai eu quelques idées mais c'est assez difficile pour moi d'imaginer la combinaison entre nos deux styles.
— Il va falloir que tu passes un peu au mien alors !
Les bras au-dessus de la tête, mains liées, je me fige.
— De quoi tu parles ?
— Pour l'audition, on a une minute trente de passage. Même si c'est moins que le temps d'une chanson entière, ça reste trop long pour qu'on reste tous les deux camper sur nos styles, m'explique-t-il.
Je comprends ce qu'il veut dire. Nous pouvons nous permettre un ou deux moments bien distincts mais il va falloir que nous dansions réellement ensemble.
— Mais pourquoi ça devrait être moi ? baragouiné-je tel un enfant.
— Je suis bon danseur...
Non, sans rire ? Ce n'est pas comme s'il le répétait à tout va...
— Mais pas assez pour faire de la danse classique. C'est trop technique pour moi !
Je suis abasourdi par cette affirmation.
— En tout cas, en si peu de temps, ajoute-t-il.
Aussitôt, le prétentieux que je l'imagine être revient. Je suis comme soulagé de le revoir et ça me donne envie de rire.
— Mais toi, tu serais capable de faire du hip-hop, non ? me propose-t-il.
— Non, non ! Moi je suis un danseur classique.
À peine passable à en croire Jones alors du hip-hop...
— Je ne vais pas m'humilier à essayer de faire autre chose, déclaré-je.
Il semble mécontent. Je le comprends mais s'il ne se sent pas de faire de la danse classique, il va de même pour moi avec le hip-hop. Il baisse la tête et je peux presque voir les rouages s'activer dans son cerveau.
— J'ai une option en contemporain qui...
— Contemporain ? le coupé-je. Moi aussi !
Il relève les yeux vers moi et nos regards se captent. Un sourire satisfait apparaît sur son visage.
— Mais c'est parfait alors !
Je me détourne et pense à Sun. À toutes les questions sans réponse qu'il m'a posées. Je soupire et me positionne en tailleur. Je lui demande alors :
— C'est quand l'audition ?
— Le dix-neuf mai.
Le calcul est rapide. Trois mois. Jour pour jour. C'est tout ce que nous avons et c'est trop peu. Nous n'avons jamais dansé ensemble mais dans onze semaines, il faudra être tellement bons que tout le monde trouvera ça normal que nous allons en finale du concours. Je déglutis. Je savais que ça serait compliqué mais pas à ce point.
— C'est... bientôt !
— Ouais... C'est de ça que mon prof de hip-hop voulait me parler ce midi, me dit-il.
— Il est au courant ?
Il hoche la tête avant de me raconter :
— Depuis l'annonce du concours, je m'entraîne. J'avais une musique et une chorée que mon prof avait validées.
Je suis abasourdi. Je papillonne des paupières et m'exclame :
— Pourquoi me demander alors ?
Il hausse les épaules.
— Dès qu'on a dansé ensemble en Novembre, cette idée de duo m'est venue et m'a pris la tête... J'étais obligé de te proposer. J'aurais regretté sinon.
— Et si tu perds à cause de moi ? lui demandé-je.
Il se gratte le crâne, réfléchissant sérieusement.
— Je pense qu'un duo est la meilleure solution, c'est mon avis et je n'en démordrai pas. Alors si on doit perdre, on perdra mais ensemble.
Il ne me regarde pas quand il déclare ça. Il se râcle la gorge tout en se levant et me tourne le dos. J'ignore si c'est parce qu'il me ment ou si c'est juste par timidité mais j'ai du mal à imaginer ce mec avoir un manque d'assurance dans quoi que ce soit.
— OK !
Je me redresse et suis heureux que voir que mes jambes me répondent et ne semblent pas autant souffrir que le haut de mon corps. C'est déjà ça de gagné. Je poursuis mes étirements et prends la parole :
— Mais j'aimerais que les choses soient claires avant que ça commence réellement... Je n'ai jamais travaillé avec quelqu'un sur une chorégraphie. Même si j'ai toujours eu l'habitude de faire des solos, j'ai déjà eu des partenaires. Beaucoup de filles bien sûr mais aussi quelques garçons. Ça s'est toujours plutôt bien passé mais la création d'une chorégraphie, jamais. C'est plus compliqué et surtout totalement différent. Je ne sais pas comment il faut s'y prendre pour réaliser ça. Est-ce que chacun de notre côté, on fait nos propres enchainements ? Ou tu fais le début et moi la fin puis on bidouille une transition entre les deux parties ? Je ne sais pas, en plus on a peu de temps et...
— Tu parles trop ! me coupe-t-il avant de soupirer.
Je croise les bras devant moi, vexé. Même si je sais qu'il n'a pas totalement tort. Mais c'est lui, aussi. Je suis tellement stressé et mal à l'aise que je déblatère tout ce qui me passe par la tête. Et il a de la chance que je ne lui ai pas parlé de nourriture, de mangas ou de sexe !
— Tu sais que c'est la seconde fois que tu me dis ça ?
— Et sûrement pas la dernière a priori ! affirme-t-il en me faisant face.
Je tente de faire mon visage le plus outré possible mais ça ne semble pas avoir le moindre effet sur lui. Il est insensible de toute manière, à quoi je m'attendais. Je ramasse ma bouteille vide et commence à m'éloigner mais il me crie :
— Moi non plus, je ne sais pas !
— Pas besoin de me le dire, j'avais remarqué que le travail en groupe n'était pas ton truc !
Je tourne la tête vers lui et assène :
— J'apprends à me la fermer et toi à agir comme si tu étais un être humain normal, OK ?
Sur ces mots, je rejoins les vestiaires sans attendre une réponse de sa part.
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