Découverte
22 Mai 2035.
Je pose mes sacs de courses à côté de converses roses que je connais très bien, mais qui ne devraient pas se trouver là. Mes sourcils se froncent au moment où des rires brisent le silence apparent de l'appartement. Je retire rapidement mes derbies et me précipite jusqu'au comptoir. Derrière ce dernier, Sun et Blake cuisinent comme de vieux amis, ricanant d'une blague quelconque que mon frère a dû faire – Blake n'a pas assez d'humour pour en faire.
— Qu'est-ce que tu fous dans ma cuisine ?
Ils me fixent tous les deux. Mon ton est sec et met fin à leur bonne humeur, mais ça n'a aucune importance pour moi. Si ma mémoire est correcte – et elle l'est –, nous n'avions pas prévu de nous voir. Depuis l'audition passée samedi, ce fut silence radio entre nous. Je n'ai même eu aucune nouvelle. À peine un signe de la main entre deux cours.
Certes, je lui ai posé un lapin hier. J'aurais peut-être dû me rendre à la séance de musculation du lundi, comme d'habitude. Cependant, n'ayant pas eu de message depuis le moment où nous avons quitté la salle de spectacle – après avoir couché ensemble dans un fichu placard d'entretien, je me suis dit que ce n'était que le juste retour des choses. Enfin, à priori, il ne m'a pas cherché plus que ça entre les poids et les machines parce qu'il n'a pas plus essayé de me contacter après.
Alors le voir ici, avec Sun, m'énerve un peu. Comme si être avec mon frère à cuisiner était plus important qu'être avec moi. Je ne voudrais pas faire mon possessif, mais j'avoue que j'aurais aimé qu'il passe son après-midi avec moi. Je croise les bras et attends.
— Techniquement, c'est la mienne, intervient Sun d'une voix enjouée.
Il tente de détendre l'atmosphère, mais ça ne marche pas. En tout cas pas avec moi, parce que Blake, quant à lui, baisse la tête pour sourire. J'ignore ce qui m'anime à cet instant. La possessivité. La jalousie. La déception. Peut-être un peu de honte aussi. J'ai l'impression d'avoir été jeté comme un vieux mouchoir. L'audition passée, son fantasme de moi avec le corset réalisé et il n'a plus besoin de moi.
Je me contente donc de foudroyer Sun du regard pour lui faire comprendre que c'est entre Blake et moi. Il me sourit doucement, pas le moins du monde affecté. Il a eu de l'entrainement ces dix dernières années. Il s'essuie les mains sur un torchon qu'il donne ensuite à Blake. Sun s'appuie sur le plan de travail et m'annonce, les yeux dans les yeux :
— Avant que tu t'énerves, sache que tu as oublié ton téléphone à la maison...
Il soupire, un brin amusé. Quel est le rapport avec le fait que mon... que Blake se trouve chez nous ? Il n'est jamais venu avant. C'est la première fois et c'est pour voir Sun. Alors que mon portable soit resté végéter sur mon lit, je m'en fous pas mal. Je préfère une explication.
— Et qu'il était en sonnerie ! ajoute-t-il. Sur ce, je vais aller me préparer. Je bosse ce soir.
Il tapote l'épaule de Blake avant de sortir de la pièce pour rejoindre sa chambre. Un silence lourd tombe entre nous. Je suis toujours remonté après lui et encore plus maintenant qu'il n'ouvre pas la bouche. Je commence à taper du pied par terre, mais malheureusement pour moi, je suis en chaussettes... Autant dire que ça n'a pas l'effet escompté puisqu'il ne l'entend pas. Je m'apprête alors à lui faire une remarque quand il déclare, le plus innocemment du monde :
— On t'a fait un gâteau au citron et aux graines de pavot.
Les bras retombent le long de mon corps. Mes joues s'enflamment.
— Vraiment ?
Il hoche la tête et fait un geste vers le moule devant lui. Un magnifique cake avec même un glaçage violet sur le dessus.
— C'est pour moi ? demandé-je.
— Vu comment tu m'as accueilli, je pense que je vais le manger tout seul, me lance-t-il en balançant le torchon dans un coin.
— C'est ta faute aussi !
Je fais une petite moue, les épaules basses. Blake me rejoint et s'installe sur un tabouret. Dos au comptoir, il s'accoude à celui-ci.
— Moi ?
Je ne prête pas attention à sa question. Mon regard s'est perdu dans la contemplation de son corps. Il porte le jean de l'audition qui est juste une tuerie sur lui ainsi qu'un t-shirt blanc avec l'inscription LOVER sur le devant... Qui n'est clairement pas le sien, mais le mien. J'esquisse un sourire. Il lui va bien.
— Bon qu'est-ce que j'ai fait ? insiste-t-il.
Je me contente d'un haussement d'épaules, n'ayant pas envie de m'épancher sur mes états d'âme. Il attrape alors un pan de mon bomber et tire dessus. Mon corps suit le mouvement, sans que je n'oppose de résistance et me faufile entre les jambes écartées de mon beau brun. Il glisse ses mains sur mes flancs et m'interroge à nouveau :
— Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un tel accueil ?
— Euh...
Je baisse les yeux et machinalement, commence à jouer avec la couture de son haut.
— J'ai pas eu de tes nouvelles depuis samedi, marmonné-je, mécontent de lui dire.
— Tu ne m'en as pas plus données, réplique-t-il aussitôt.
— J'attendais ton message !
— J'étais supposé le savoir comment ?
Il se penche de manière à ce que nos regards puissent se croiser. Le sien est doux. Il me sourit et je ne peux m'empêcher de l'imiter. Je redresse la tête pour que ce soit plus confortable pour lui. J'abandonne son habit pour caresser sa joue. Il m'apprend alors :
— J'attendais le tien, moi !
— J'ai pensé que...
Ses doigts exercent une petite pression dans le creux de mes reins, me rapprochant de lui. Il relève un sourcil pour m'encourager à poursuivre.
— Que tu n'avais plus besoin de moi, avoué-je rapidement.
Son rictus s'accentue avant que ses lèvres viennent frôler les miennes. Cet effleurement fait naître une douce chaleur en moi et une envie de plus. Mais avant d'aller plus loin, il me souffle :
— J'ai plus besoin de toi que tu ne peux l'imaginer.
Il m'embrasse enfin lentement. Soulagé par sa déclaration, je ne perds pas de temps pour répondre à son baiser et en profite pour passer les bras autour de son cou. Il s'écarte de moi trop rapidement à mon goût.
— Ton frère est là...
Je fais une petite moue pour qu'il comprenne que je suis déçu. Il continue :
— Attends juste qu'il parte !
Il dépose un bisou au-dessus de ma clavicule, me faisant frissonner. J'inspire à fond. Bien qu'avide, je saurais patienter. Alors je lui demande :
— Pourquoi Sun m'a parlé de mon téléphone ?
— Parce que j'ai fini par te l'écrire ce message.
— C'est vrai ?
Je ne peux pas retenir ma joie de transparaître sur mon visage. Il ricane.
— Vrai ! Et vu que j'avais pas de réponse, j'en ai envoyé un autre. Et encore un autre. Et un autre.
Ma bouche s'ouvre quand je saisis ce que j'ai loupé.
— Tu me voulais quoi ?
— Tu liras mes messages ! assène-t-il, tout content de lui.
Quand je fais un geste pour aller chercher mon portable, il me retient contre lui. Je lui fais une petite moue, la lèvre inférieure mise en avant, mais il ne craque pas et me serre même un peu plus.
— Tu veux pas savoir ce que je fais là ?
J'hésite un instant. Jette un coup d'œil à la porte ouverte de ma chambre. Mais finis par abdiquer.
— Si...
— Alors vu que je n'avais pas de réponse et que je savais que tu n'étais pas en cours, je t'ai appelé. C'est Sun qui a décroché pour m'expliquer ton oubli puis dans la conversation, on s'est mis d'accord pour faire quelques courses pour cuisiner ensemble. Nous avons fait le gâteau et tu es arrivé, remonté comme un vieux coucou.
Je fais abstraction de la petite pique et l'interroge :
— Dans quelle conversation normale entre deux personnes qui ne devaient même pas se parler en premier lieu, ça se termine dans un supermarché pour acheter trois citrons et des œufs pour faire un cake ?
Il éclate de rire, allant jusqu'à poser son front au niveau de mes pectoraux. Tout son corps est secoué et le son qu'il laisse s'envoler est adorable. Je souris et ébouriffe ses cheveux, attendri. Il se reprend quelques secondes plus tard et m'avoue :
— J'en ai pas la moindre idée ! Je voulais seulement te parler et j'ai été réquisitionné pour porter des sacs de course !
— Hey ! intervient Sun en revenant dans le salon, nous faisant sursauter au passage.
Pendant une fraction de seconde, j'ai le réflexe de me reculer et mettre de la distance entre Blake et moi maintenant que mon frère est avec nous. Mais je n'en fais rien. Sun sait déjà ce qu'il y a entre nous alors ça ne changera rien. Puis en réalité, je n'ai pas envie de quitter les bras de mon beau brun.
— Je n'ai obligé personne à porter quoi que ce soit ! Tu l'as fait par pure gentillesse. Et aussi parce que je t'ai promis un dîner coréen avec mon frère !
Mon regard passe de Sun à Blake dont les joues rougissent.
— Je croyais que ta mère pouvait t'en faire un quand tu voulais, me moqué-je.
— Oui, mais du coup, tu ne serais pas là, déclare Sun, les mains sur mes épaules.
Il me donne une tape amicale dessus et continue :
— Tout est dans le frigo, les enfants !
Nous l'observons mettre ses chaussures dans l'entrée.
— Ezra est en cours puis il travaille toute la nuit, nous apprend-il. L'appartement est donc tout à vous ce soir !
Il se redresse et un immense rictus aux lèvres, attrape la poignée de la porte.
— Amusez-vous bien !
Il nous adresse un clin d'œil et s'enfuit.
— Ton frère est spécial, mais je l'aime bien, m'avoue-t-il, souriant. On a bien déliré cette après-midi !
— Il est impossible de ne pas s'entendre avec lui ! affirmé-je.
Je me retire de son étreinte et me rends dans l'entrée où j'enlève mon bomber et m'accroupis devant mes sacs. Je farfouille dedans, plus pour m'occuper que par réel intérêt, je sais déjà ce qui s'y trouve.
— Pourquoi j'ai la sensation que c'est un sujet sensible ?
Je tourne la tête vers lui. Il est toujours installé sur son tabouret. Ses yeux ne me quittent pas. Je reporte mon attention sur mes achats et marmonne :
— Sun et moi... ça a été très longtemps compliqué entre nous.
— Comment ça compliqué ?
— Une guerre ouverte, si tu préfères.
Je grimace à tous les souvenirs qui envahissent mon esprit. À toutes ces réflexions que nous nous sommes faites. À tous ces coups bas que nous avons fomentés. À toute cette distance que nous avons mise entre nous sans raison.
— Si tu n'avais pas encore remarqué, je suis un petit con égocentrique en mal d'affection.
J'abandonne mes nouvelles affaires, mal à l'aise d'avoir sorti cette vérité que j'essaie par tous les moyens d'effacer de mon crâne.
— Tu veux boire quelque chose ? tenté-je de changer de conversation.
Je me dépêche de rejoindre la cuisine, mais Blake m'attrape la main quand je passe devant lui. Il me retient et me ramène à la place que j'occupais un peu plus tôt. Il prend mon menton entre ses doigts et m'oblige à lui faire face.
— On a tous le droit d'être parfois un petit con égocentrique, me déclare-t-il. Je ne te connais pas depuis longtemps, mais je sais que tu n'es pas que ça. Tu es bien plus.
Il dépose un baiser chaste sur mes lèvres et ajoute :
— Et je vais t'en donner, moi, de l'affection.
Nous sourions en chœur à sa phrase niaise et clichée à souhait. Cependant, elle est agréable à entendre. Je l'embrasse à mon tour, touché.
— Et je vais commencer tout de suite !
J'ouvre les yeux en grand, à la fois étonné et impatient. J'aime beaucoup trop lorsque je suis le centre de son attention. Encore mon côté narcissique. Toujours main dans la main, il délaisse son siège et nous entraine dans ma chambre. Des dizaines de scénarios se montent dans mon esprit légèrement pervers, mais comment ne pas l'avoir quand j'ai un tel homme devant moi.
Toutefois, au lieu de prendre les choses en main, il me lâche et contourne mon petit lit. Il ramasse son sac à dos et l'ouvre pendant que je l'observe faire, les sourcils froncés. Il en sort un paquet en kraft et me le tend. Il paraît nerveux. Je m'en empare et le secoue machinalement, curieux.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Des petits cadeaux, annonce-t-il en lâchant son sac. Pour te remercier de t'être lancé dans l'aventure avec moi.
— Mais tu... tu n'avais pas besoin. Je veux dire... j'ai pas fait ça pour ça !
— Je sais. C'est d'ailleurs pour ça que je te les ai achetés.
Je secoue la tête, ne comprenant pas ce mec.
— Allez, ouvre ! Si tu n'aimes pas, je les ramènerai au magasin ou je les donnerai à quelqu'un d'autre !
Avec précaution, je défais le papier. Je suis excité, angoissé et surtout heureux. Je ne pensais pas que le fait que Blake m'offre quelque chose puisse me faire si plaisir, mais je dois me rendre à l'évidence. Mon cœur bat plus vite et je ne peux pas retenir mon sourire. Il ne me faut pas longtemps, pour découvrir enfin des habits.
— J'avoue que j'ai eu une petite aide, me confie-t-il, en enfonçant ses mains dans les poches de son jean.
Je pose le tout sur le lit pour m'emparer du premier vêtement. La marinière blanche et rouge que j'avais repérée pendant le shopping avec Violet. Je comprends mieux qui l'a aiguillé.
— Tu es fou ! Elle était hors de prix ! m'exclamé-je, me souvenant la raison pour laquelle je ne l'avais pas prise moi-même.
Il se contente de hausser les épaules alors que j'admire le t-shirt à manches courtes. J'ai envie de l'essayer dans la seconde, mais il y a autre chose. Je mets de côté mon impatience, étends mon présent sur le matelas et jette mon dévolu sur le deuxième habit. Quand il se déplie, je suis abasourdi. Sans voix. Mon visage chauffe. Mes yeux s'écarquillent. J'aperçois que Blake est mal à l'aise.
— C'est... c'est une...
— Ouais...
— Mais... pourquoi ?
Pour la première fois depuis que je connais Blake, ses oreilles ont pris une couleur rouge m'indiquant qu'il est gêné. Peut-être même honteux. Il finit par se cacher derrière ses mains.
— Je suis désolé, bafouille-t-il.
Il est trop adorable. L'habit rejoint ma marinière avant que j'enlace Blake. Immédiatement, il enfouit son visage dans mon cou, me faisant ricaner malgré moi.
— Te moque pas ! C'est Violet qui m'a dit...
Je caresse ses cheveux, les embrasse même à plusieurs reprises
— Elle t'a dit quoi ? demandé-je, me souvenant de l'échange que nous avons eu, elle et moi.
— Que... Rho...
Il se recule, mettant de la distance entre nous.
— M'oblige pas à le dire !
— Oh que si ! Je crève d'envie de t'entendre le dire.
Il baisse les yeux et les poings fermés, marmonne :
— Que tu aimerais bien me voir là-dedans !
— Et elle sait que tu as acheté ça ?
— Ça va pas la tête ! s'écrie-t-il, en se redressant.
Nous échangeons un regard.
— C'est entre toi et moi, murmure-t-il.
— Et tu ferais ça pour moi ?
Il hausse les épaules, mais je sais que c'est un oui. Sinon, je n'aurais pas cet habit dans ma chambre. Je le récupère en l'interrogeant :
— Tu l'as déjà essayé ?
— Oui.
Entre sa gêne et ce qu'il se profile entre nous, mon excitation est à son paroxysme. Cette journée va se finir en beauté.
— Je veux te voir dedans !
— Tu te fous pas de ma gueule ?
Je m'approche de lui et de ma main libre, attrape son t-shirt. Je le tire à moi.
— Putain non ! Je rêve de pouvoir te faire l'amour dans cette tenue.
— C'est vrai ?
Pour seule réponse, je l'embrasse avec toute la passion et le désir que j'ai en moi à cet instant. Il empoigne mes hanches alors que je l'oblige à reculer jusqu'au mur.
— Rien que l'imaginer m'excite ! lui chuchoté-je, en lui baisant le cou.
Pour lui prouver mes dires, je fais rencontrer nos entrejambes. Il ne peut plus avoir de doute. Il enfouit ses mains dans mes cheveux et s'y accroche avec force alors que j'ondule mon bassin contre le sien. Il gémit.
— OK...
Il me l'arrache presque des mains et se dirige vers la salle de bain dans laquelle il se change. J'ai l'impression que nous avons des fantasmes un peu bizarres, mais ça n'a pas d'importance. L'essentiel, c'est que nous y trouvons notre compte et surtout que nous sommes consentants tous les deux. Jamais je n'aurais pensé que Blake accepte de faire ça et pourtant, je dois me dépêcher de le réaliser parce qu'il va revenir ici d'une seconde à l'autre, vêtu de ça.
Je tourne sur moi-même, ne sachant pas trop quoi faire en attendant. Je me hâte de plier grossièrement mon cadeau et le mets sur ma commode. Blake est plus important que cette marinière, aussi belle soit-elle. Je soupire et aperçois mon portable. Je souris en voyant les messages de Blake. Je m'apprête à lui écrire une réponse, juste pour m'amuser quand je reçois un texto.
De la dernière personne au monde que j'imaginais.
Ady.
Coucou ! Comment ça va ?
Simple. Concis. Blessant.
Interloqué, je reste figé, le regard dans le vide. Je ne sais pas ce que je dois penser de... ce truc. J'ignore même si je peux qualifier ces quatre mots comme un vrai message. Pas après des semaines sans nouvelle. Pas après avoir coupé les ponts de cette manière. Pas après toutes les larmes qu'il m'a fait verser.
Il s'attend à ce que je lui réponde comme si de rien n'était ? S'il veut que je lui sorte un banal Ouais et toi ? pour qu'il se sente mieux, ça sera sans moi. S'il souhaite juste reprendre ce jeu malsain que nous avions avant alors...
— Mimi, souffle la voix gênée de Blake.
Je relève la tête aussitôt. En le voyant, debout à la porte, mon cœur s'attendrit. Il a gardé le t-shirt qu'il m'a volé et l'a cintré au niveau de sa taille avec un nœud sur le côté. Il a réellement enfilé cette jupe. Elle est toute banale. Elle est noire et doit lui arriver une dizaine de centimètres au-dessus des genoux. Mais il est à croquer.
— Ça te plaît ?
— Tu es à tomber ! répliqué-je sans réfléchir.
Il me sourit, touché. Je délaisse mon portable qui échoue quelque part par terre et le rejoins. La main calée dans son cou, je l'oblige à se baisser pour m'embrasser. Il se laisse faire, un timide sourire aux lèvres. Nos langues se cherchent. Mes doigts glissent sur sa cuisse, faisant remonter le vêtement dans mon mouvement. Je ne trouve aucun tissu. Je mordille sa lèvre.
— Et tu portes rien dessous ?
Rien qu'à l'idée de Blake dans cette jupe, mon érection s'était réveillée. Mais à présent que la réalité rencontre mon fantasme, elle commence à être douloureuse. Mes doigts tentent de se fondre dans la chair de sa hanche sous son habit. Mes dents taquinent la peau de son cou. Il bascule la tête en arrière, les yeux fermés et la bouche entrouverte. Il gémit. Je recule le haut de mon corps.
— Tu es trop sexy, le complimenté-je.
Complètement bandant. Mon regard le dévore. Il ne peut pas comprendre ce que je ressens à cet instant. Moi-même je ne le comprends pas. Pourquoi le voir avec une simple jupe m'excite ? Ça n'a sûrement aucun sens, mais faut-il une explication à toute chose ?
D'une main habile, je décale le col du t-shirt et m'attaque à son épaule. Ses doigts se referment sur mon érection, me faisant soupirer de bien-être. Il les bouge par-dessus mon jean. Nos respirations deviennent plus lourdes et le silence de la pièce n'est brisé que par nos halètements. Je vais lui faire l'amour et je sais déjà que je ne vais pas tenir longtemps. C'est impossible. Malgré ça...
— J'adore que tu me mettes dans cet état ! avoué-je à voix haute.
Son emprise autour de mon sexe se fait plus forte.
— J'adore te mettre dans cet état, susurre-t-il au creux de mon oreille.
Il lèche mon lobe avant de le mordiller.
— Maintenant ! ordonné-je.
Tel un bon petit soldat, il me pousse et me fait tomber sur le lit. L'image qu'il m'offre alors est juste incroyable. Son érection ne peut être cachée avec sa jupe et la remonte ostensiblement. Il fait mine de la retirer, mais je m'écrie :
— Non !
Nous échangeons un regard.
— Garde-la jusqu'au bout ! Garde tout, ajouté-je.
Le voir dans ce t-shirt qui m'appartient est loin de me déplaire. Un sourire en coin, Blake obéit et enlève ses mains de la fermeture éclair. Il agenouille sur le lit et remonte le long de mon corps. Il ne perd pas de temps pour se pencher et m'embrasser. C'est à son tour de faire des ondulations avec son bassin sur mon érection.
Au bout de quelques instants de cette douce torture, je donne un coup pour faire entrer brutalement en contact nos entrejambes. Je veux accélérer les choses. Il a un hoquet de surprise, mettant fin à notre baiser. J'en profite alors pour prendre mon lubrifiant sous mon oreiller. Il hausse un sourcil.
— Tu gardes ça sous ton coussin ? Et tu l'enlaces pour t'endormir aussi ?
— Tu parles trop !
J'humidifie mes doigts et les présente aussitôt à son entrée. Ce qui suit le fait taire dans la seconde. Ses gémissements remplacent ses blagues vaseuses. Le voir prendre autant de plaisir est toujours grandiose. Encore plus avec cette tenue. Cette petite jupe qui repose autour de lui, cache négligemment ce que nous faisons en dessous, mais laisse deviner l'effet que je lui fais. C'est excitant.
Lorsque la patience de Blake disparait, il se relève sur ses genoux et s'affaire à déboutonner mon pantalon. Il finit par le déplacer avec mon boxer. Mais juste ce qu'il faut pour que mon sexe soit libre. Il se repositionne au-dessus de moi et lentement, il descend, me laissant le pénétrer. Ma tête bascule en arrière sous le plaisir que je ressens et nous soupirons en chœur.
Le temps de s'habituer à moi, il m'oblige à retirer mon t-shirt qu'il envoie valdinguer plus loin. Il prend appui sur mon torse et commence enfin à bouger. Mes yeux retrouvent la silhouette de mon beau brun alors qu'il se fait du bien avec moi. Ils ne la quittent plus. J'en suis incapable parce que ce que j'éprouve à cet instant, c'est au-delà de l'amusement au-delà du sexe. Au-delà du fantasme. Chaque parcelle de mon corps le perçoit, le comprend, le réalise.
Mon cœur s'emballe. De bonheur. De peur. D'excitation. De peur. D'envie. De peur...
Je suis effrayé. Les fois que j'ai ressenti quelque chose s'en rapprochant, les choses se sont mal passées. On m'a trahi, blessé, poignardé dans le dos, joué avec moi. Je refuse que cela se reproduise.
Je suis effrayé et c'est pour cela que je ne souhaite pas mettre de mot sur ce qui fait vibrer mon corps et mon cœur à cet instant. De poser une désignation précise sur la relation qui nous unit, Blake et moi. Ce que nous avons est juste parfait. Nous nous comprenons, nous nous respectons, nous nous apportons la tendresse dont nous avons la nécessité.
Pourquoi avoir une étiquette sur tout ? Nous sommes plus qu'un terme. Je n'en ai pas besoin pour lui faire l'amour, pour lui offrir mon corps, pour le prendre dans mes bras ou pour passer du temps avec lui.
Pour me prouver que j'ai raison, je plante mes talons dans le matelas et réalise à mon tour des va-et-vient, permettant à Blake de reposer un peu ses cuisses. Mes doigts sur ses hanches, je le dévore du regard. Il est tellement submergé par le plaisir que les mots qui sortent de sa bouche n'ont plus aucun sens.
— Viens là, lui ordonné-je.
Il s'exécute et m'embrasse. Mon rythme diminue alors. Une de mes mains se cale sur sa joue. Il ne tarde pas à jouir, m'entrainant dans son orgasme. Il irradie dans chacun de mes membres avant de laisser place à une plénitude sensationnelle.
Je m'allonge à nouveau correctement. Blake laisse le haut de son corps retomber contre moi. Sa tête se pose sur mes pectoraux. Pendant que nous tentons de retrouver notre souffle, je lui caresse les cheveux. Le regard fixé sur le plafond, je me permets une déclaration :
— Je ne pourrais plus jamais faire l'amour avec quelqu'un d'autre.
Un silence nous enveloppe me laissant l'impression d'avoir dit une bêtise. La main de Blake va se lier à la mienne qui ne lui fait pas de papouilles sur le crâne. D'un souffle, il chuchote :
— Moi non plus...
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