Chapitre 3 - Entre amis

Lundi, 08 juillet 2013, 22 h 30

Salut page blanche,

Oui, je sais, j'ai dû te manquer.
Ça fait deux semaines que je ne suis pas venue te voir. Mais j'ai une excuse. J'ai passé beaucoup de temps avec Fred et à la coloc. Et puis, ce n'est pas que je ne t'aime pas. Mais tu n'es qu'une feuille de papier. Quand eux, ils sont bien vivants. Bien réels.

Fred m'a amené grimper dans pas mal de sites du coin mais aussi en salle. On a fait du bloc et franchement, ça m'a fait un bien fou. Ça m'avait clairement manqué. Pouvoir tâter du caillou ou de la résine, pfiou, quel plaisir.
C'est un amour, ce mec. J'adore passer du temps avec lui que ce soit à discuter ou à grimper.
D'ailleurs, on vient juste de rentrer d'une petite session. J'en ai encore mal aux doigts. Mon petit mot sur ta jolie surface lisse sera assez court du coup...

Je m'entends vraiment bien avec Aude et Pauline. Ça fait bien longtemps que je n'ai pas eu autant de complicité avec des filles.
D'ailleurs, demain soir, on se fait une soirée juste entre nous. Une vraie soirée de nanas. Il va même falloir que je m'habille pour l'occasion. Et ça ne va pas être si facile que ça.
On va prendre l'apéro dans un bar où ils vont tous souvent et ensuite aller au resto. Je sens que ça va être sympa. Je vais découvrir des endroits que je ne connais certainement pas.
Et puis, on va pouvoir se lâcher et parler mecs sans qu'il n'y en ait aucun dans les parages. Ils sont vraiment nombreux autour de nous...

Tu te demandes si j'ai revu Geoffrey ? Et bien non. Il est apparemment très pris entre ses répétitions, sa copine et son boulot.
Et je dois dire que c'est tant mieux. Il m'a beaucoup trop perturbée la première fois.

Allez, à plus jolie page blanche.
Je viendrai te raconter la soirée.

Mercredi, 10 juillet 2013

Salut toi !

Comme promis, je viens te raconter ma soirée. Qui a été... Comment dire ? Mitigée...

J'ai passé « je ne sais pas combien de temps » à trouver une tenue. Pour finir par mettre mon éternelle robe longue à fleurs. Je la mets depuis tellement longtemps que bientôt, elle va rendre l'âme et que je vais être triste comme les pierres.
Y'a des fringues comme ça que je devrais acheter en double ou en triple tellement je les aime.
J'ai enfilé des sandales noires toutes simples et j'ai filé.
Je ne voulais pas être en retard.
On avait rendez-vous à la coloc.
Quand j'ai sonné à la porte, quelle n'a pas été ma surprise de voir Geoffrey. Merde. Je ne pensais pas le voir. Pourtant, je suis conne, il habite là. C'est normal que je le croise.
Bref.

Après un « Salut Anna » et la bise avec, comme la première fois, la main sur la taille, il m'a dit que j'avais une jolie robe. Putain. J'ai senti que le rouge me monter aux joues. J'ai baissé la tête et respiré un bon coup.
Les filles m'ont crié du couloir qu'elles arrivaient alors on est allé se poser dans le salon en les attendant.

- Tu veux boire un truc ?
- Non merci, ça va. La soirée va suffire, je crois.
- Ok. L'autre fois, tu m'as dit que tu voudrais bien jouer quelques morceaux avec moi. Ça tient toujours ?
- Oui. Bien sûr. Pourquoi je ne voudrais plus ?
- J'sais pas. Avec les filles, on peut jamais trop savoir !
- Eh, c'est quoi cette réflexion toute pourrie ?
- La vérité, rien que la vérité...

Il m'a fait un clin d'œil en me disant ça. Il va me tuer...

- Fred m'a dit que tu écoutais des trucs vraiment sympas mais plutôt déprimés ou déprimants au choix.
- Il t'a dit ça ? Putain, il manque pas de culot. Et en plus, vous parlez de moi derrière mon dos ! Il va entendre parler du pays.
- Arrête, ça va me retomber dessus.
- En voilà, un truc intéressant !

J'ai bien vu qu'il allait me balancer une horreur au visage mais il s'est retenu. J'ai explosé de rire.

- Bon, j'avoue, j'écoute beaucoup de musique à pleurer.
- Pourquoi ? T'as pas l'air d'être dépressive comme fille.
- Je ne le suis pas. Mais c'est comme ça. Je ne l'explique pas vraiment.
- Ça y est ! On est prêtes !
- Ah, je crois qu'on continuera cette conversation extrêmement intéressante sur mes goûts musicaux plus tard. Bonne soirée Geoffrey.
- Tu peux m'appeler Gé si tu veux. Allez, bonne soirée. Amusez-vous bien les filles et rentrez pas bourrées.

Bon, ça, c'est pour l'épisode de la coloc.

Nous sommes donc parties pour ce bar dans la vieille ville prendre l'apéro. Au début, j'étais un peu gênée. Aude et Pauline se connaissent depuis longtemps et j'avais l'impression de ne pas être forcément à ma place. Mais très vite, ce sentiment s'est effacé. Peut-être que c'était nos deux verres de rosé qui commençaient à faire effet.
On a décidé d'aller manger un morceau. On ne savait pas trop où aller alors, on s'est rabattues sur une pizzeria de la vieille ville. On a eu raison. C'était délicieux. Je dois avouer qu'on a un peu abusé du Lambrusco.

Forcément, on est arrivées à parler des garçons du groupe.
Ça a été très instructif mais surtout très très drôle. J'ai appris leurs petites manies à chacun, qu'ils participent aux tâches ménagères sans rechigner et plein de détails sur les membres du groupe.
Par contre, quand j'ai demandé pourquoi Thomas s'était moqué de Geoffrey quand j'ai voulu jouer, Pauline n'a pas su me répondre.
Il faut que je pense à demander à Fred.
On a ensuite parlé de trucs typiquement féminins et c'était chouette.
Je ne vais pas rentrer dans les détails parce que je sais bien que ce n'est pas ce qui t'intéresse. Mais ça faisait tellement longtemps que ça ne m'était pas arrivé que franchement, ça m'a fait du bien.
Elles m'ont parlé de Geoffrey aussi. Elles m'ont dit que peu de filles avaient grâce à ses yeux. Qu'il n'était comme avec moi qu'avec Lucie, la copine de Matth. Même avec elles, il est plus distant. Je ne sais pas si ça me réjouit ou pas. D'un côté oui. Mais pas du tout de l'autre. Parce qu'il a une copine, bordel.
D'ailleurs, je ne connais pas encore Lucie mais apparemment, elle n'est vraiment pas comme tout le monde. Je ne sais pas trop si j'ai hâte de la rencontrer ou pas, du coup.

Tout était parfait. On a décidé d'aller boire un dernier verre dans un autre bar pour bien finir la soirée. Il a fallu qu'on tombe sur la copine de Geoffrey en y allant.
Évidemment, elle nous a vues. Évidemment, elle est venue nous voir. Elle a discuté un moment avec Pauline et Aude en m'ignorant royalement. Juste avant qu'on se sépare, elle s'est approchée de moi et m'a glissé en douce « Ne t'approche pas de mon mec. Sinon, je vais te pourrir la vie ».
J'ai rien fait, merde. Rien fait. Je n'y peux rien si elle est jalouse. Jalouse de quoi d'ailleurs ? Je l'ai vu deux fois son mec.
Bref, tout ce que je retiens, c'est que je me suis fait une amie, quoi.
Le truc, c'est que je ne vois pas vraiment comment je vais pouvoir l'éviter, lui. Et puis, pourquoi je le ferai ? Pourquoi ? Il vit avec mes nouveaux amis. J'aime à penser qu'il pourrait en être un aussi.
Merde.
Elle m'a saoulée. Vraiment.
Les filles m'ont dit de ne pas m'en faire. Que ça lui passera. Mais je n'y crois pas.

Bon, ce qui est bien, c'est qu'on a décidé de réitérer nos soirées filles régulièrement. Tous les mardis soirs.
La semaine prochaine, on fera ça à la coloc. Les mecs sont de sortie.
Vivement.

A plus page blanche.

Mercredi, 17 juillet 2013

Salut ma jolie !

Ne râle pas s'il te plait.
Je sais, je ne suis pas revenue te voir depuis une semaine. Mais Fred est passé jeudi soir et vendredi soir et on est allés se baigner samedi et dimanche.
Ce ne sont pas vraiment des excuses, je sais. Mais tu devras faire avec...
Quand Fred passe la soirée à la maison, on refait le monde jusqu'à pas d'heure en fumant des joints et en buvant de la bière.
Je sais, fumer des joints, ce n'est pas bien. Mais il apporte de la weed et elle sent divinement bon. Alors, pourquoi ne pas la fumer ?
Il est vraiment intéressant. Il a une vision de la vie tellement juste, lucide et parfois un brin utopiste. J'aime ça. J'aime ces soirées passées avec lui. J'aime philosopher avec lui.
Je sais que je ne le connais pas depuis longtemps mais je le considère un peu comme le frère que je n'ai pas eu.
Il m'a avoué qu'il a un mec en vue. Un grimpeur de la salle où l'on va. Il sait qu'il est gay lui aussi. Comment il a pu l'apprendre, bonne question. Je n'ai pas osé lui demander.
En tout cas, je lui ai dit de foncer.
Je lui ai aussi dit que je me tiendrai loin de lui quelques temps. Il m'a remercié.
J'ai essayé de lui poser la question pour Thomas et Geoffrey. Il s'est étouffé avec sa bière et a changé de conversation.

- C'est tabou ou quoi ?
- On va dire que tu n'auras qu'à lui demander et qu'il te répondra s'il en a envie, ok ?

Il a juste réussi à me donner encore plus envie de savoir.
Oui, je suis curieuse et alors ?
Il ne me reste plus qu'à pouvoir parler à Geoffrey entre quatre yeux. Ce n'est pas gagné.

L'été ici, c'est génial. Habiter dans une ville où il y a un lac magnifique, ça donne envie d'en profiter. Aller pique-niquer au bord de l'eau, se baigner, faire les cons sur la plage ou bouquiner, c'est tellement agréable.
Je ne les compte plus nos pique-nique ensemble.
Toute la coloc était là à celui de dimanche, d'ailleurs. Il y avait même Raph, Pauline et la copine de Geoffrey. Elle ne l'a pas lâché d'une semelle.
Mais c'était bien. J'étais bien.
J'ai joué de la guitare et Geoffrey m'a accompagnée sur son cajon. On a d'abord improvisé sur du blues et ensuite joué des airs connus. Tout le monde chantait. C'était un bon moment. Mais au moment où nous allions commencer un nouveau morceau, sa copine nous a demandé d'arrêter.
Mademoiselle avait mal à la tête. Elle l'a supplié de la raccompagner chez elle. Il n'a pas pu refuser. En partant, il m'a glissé à l'oreille « je suis désolé ».
Elle a réussi à casser l'ambiance. On n'a pas tardé à rentrer après.

Au fait, je me rends compte que je ne t'ai même pas dit comment elle s'appelait. Elle s'appelle Alice. J'ai toujours eu du mal avec les Alice. Il y en avait une dans ma classe en primaire puis une autre au collège et on s'est toujours détestées. Comme quoi, il y a des choses qui ont l'air de dépendre du destin.

Lundi et mardi sont passés super vite. J'ai eu deux grosses journées de boulot. Je te passe les détails des patients chiants. Ça ne changera pas grand-chose. Quoique... Un de ces jours, je devrais me défouler sur eux ici. Ça me changerait de les maudire tout bas et de ruminer.
Mardi soir est donc arrivé super vite.
Comme convenu, j'avais rendez-vous avec les filles à la coloc. Aude avait mis les petits plats dans les grands ! Elle m'a mis la pression ! Je vais devoir assurer quand elles vont venir ici.
Elles avaient mis la table sur la terrasse avec des petites bougies partout pour quand il ferait nuit. Pauline avait préparé des makis, Aude des salades et des petits gâteaux pour le dessert.
On a débriefé notre weekend et parlé du prochain.
On était tranquillement en train de manger quand Geoffrey a débarqué. Il devait passer la soirée avec Alice mais ils se sont engueulés. Apparemment, il ne supportait plus qu'elle lui balance des horreurs sur nous tous alors il s'est barré.
On repassera pour la soirée entre filles.
Je ne vais pas dire que ça m'a déplu. Loin de là.
Pouvoir discuter avec lui, sans être épiés, c'est quand même beaucoup plus tranquille.

Il a tenu à me raccompagner chez moi. Alors qu'on partait, Aude et Pauline me faisaient des grands signes plutôt suggestifs derrière son dos.
Je me marrais.
Je savais très bien que je ne ferais rien.
Tu veux savoir pourquoi ?
Parce qu'il a une copine et que c'est pas une petite engueulade qui va faire qu'ils vont se séparer.
Mais bon, je ne suis pas contre un peu d'attention même si Fred m'en donne pas mal. Sauf que ça ne sera jamais pareil avec Geoffrey. Je ne le considérerai jamais comme mon frère. Ça, c'est impossible.

Donc, il a fait le trajet avec moi. Au début, il marchait un peu loin de moi. Comme s'il avait peur de tomber sur sa copine ou sur quelqu'un qu'il connaissait. Et petit à petit, il s'est rapproché de moi jusqu'à passer son bras dans mon dos, jusqu'à me prendre par la taille.
C'était agréable. Tellement agréable.
Je n'arrêtais pas de me répéter à quel point c'était mal, que je ne devrais pas apprécier ce moment. Mais c'était plus fort que moi, j'aurais voulu que ça ne s'arrête pas.
Nous n'avons pas dit un seul mot de tout le trajet. Je ne devais pas être la seule à être perdue dans mes pensées.
On est arrivé en bas de chez moi, je n'avais pas envie de le quitter. Je lui ai proposé de monter.
Mais il a dit non. Qu'il ne fallait pas. Nous savions bien tous les deux qu'il avait raison. Mais je n'ai pas pu m'empêcher d'être déçue.
J'ai refermé derrière moi et je me suis laissé glisser le long de la porte.
C'était si perturbant.

Après avoir repris mon souffle et mes esprits, j'ai appelé Fred.
J'avais besoin de lui parler, d'entendre sa voix. J'avais besoin qu'il me parle de lui, de sa soirée à la salle de grimpe.
Il m'a tout raconté en détails.
Et bien, tu sais quoi ? Il a tout fait pour se rapprocher du gars qu'il a repéré et ils doivent se voir samedi après-midi. Ils vont grimper ensemble, je crois. Je suis vraiment contente pour lui.
Il a bien senti que je n'étais pas dans mon assiette et à force de me cuisiner, il a fini par tout savoir.
On a parlé pendant deux bonnes heures.Il ne m'a pas jugé, il ne m'a pas dit que j'avais un espoir avec Geoffrey. Il m'a juste écoutée. Point barre. Et franchement, ça m'a fait un bien fou.
Je l'aime vraiment plus que tout, ce mec. Je n'avais jamais eu de meilleur ami et je crois que je viens d'en trouver un.

Voilà donc pourquoi je ne te noircis que maintenant.
Promis je reviens vite.
A plus page blanche.


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