Partie I : LANAYA / CARTER

Il est 23 heures quand je m'allonge sur le lit du motel dans lequel je suis. Me voilà de retour en Oklahoma, cette ville dans laquelle j'ai tant souffert. Cependant, aujourd'hui, la petite fille apeurée d'autre fois à laisser place à une jeune femme forte qui n'a plus peur de ce que la vie lui réserve. Il est temps que je m'endorme, car demain une journée éprouvante m'attend. Je décide de fermer les yeux et ainsi me laisser emporter dans les bras de Morphée. Il est neuf heures quand je me réveille le lendemain. Je sors du lit pour aller m'apprêter et une fois prête, je ramasse mes affaires pour sortir de la chambre, ne comptant pas faire une nuit de plus dans cette ville. Sur le pas de la porte, je suis directement accueillie par une brise glaciale. Je me dirige immédiatement vers la voiture que j'ai louée hier soir en arrivant à l'aéroport. À la place de me rendre directement au cimetière, je prends la direction de chez Denise. Intérieurement, j'ai besoin de revoir cet endroit une dernière fois, me fis-je la remarque en me garant dans le parking prévu pour la clientèle avant de sortir de la voiture. Devant la porte de chez Denise, l'anxiété me gagne. Je respire profondément pour ensuite pousser la porte et entrer. Je suis sur le champ projeté 16 ans en arrière. Le lieu n'a pas changé depuis toutes ces années. Je m'installe à la table que mes parents et moi prenions chaque année. Le cœur serré, je commande ce que j'avais l'habitude de prendre à l'époque. Quand la serveuse m'apporte les pancakes sirop d'érable et un milk-shake à la fraise supplément Chantilly, je n'ose pas y toucher. Je reste là, à observer mon assiette et ma boisson lorsqu'une goutte vient s'écraser juste à côté de mon plat. Je passe une main sur ma joue humide pour réaliser à cet instant que je suis en train de pleurer. N'arrivant pas à me contrôler, je laisse mes larmes ruisseler en continu le long de mon visage. À travers ces larmes, mon corps expulse tout le chagrin qu'il n'a pas pu exprimer. Tout de suite, j'arrive à la conclusion qu'il m'aura fallu 16 ans pour faire enfin mon deuil correctement. Quitter cette ville a été bénéfique pour ma santé mentale et pourtant, cela ne m'a jamais permis de tourner la page de ce jour funeste. Le fait de me retrouver ici seize ans plus tard me permet de laisser parler mes émotions. À présent que tout commence à aller mieux dans ma vie, je suis prête à accepter leur départ. Je mange aujourd'hui mon petit déjeuner seule à notre table, la tête remplie de souvenir heureux de mes parents et de tous les merveilleux moments qu'on passait ensemble. Une fois celui-ci fini, je reprends la route avant de m'arrêter dans une supérette pour prendre une petite bouteille de whisky en honneur à mon père et chez un fleuriste pour prendre des tulipes orangées à ma mère.

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Je trouve facilement leur pierre tombale parmi toutes celles d'inconnu. Je m'installe à même le sol en face des deux tombes, de nouveau le regard humide.
— Bonjour, maman, bonjour, papa. Je suis désolée de ne venir qu'aujourd'hui. Mais, j'avais peur, peur de vous décevoir... Vous devez sûrement me haïr pour ce que j'ai fait, j'en suis consciente. Vous n'imaginiez certainement pas votre petite fille en escort, rigolais-je nerveusement. D'ailleurs, moi aussi, je ne m'imaginais pas faire ça, malheureusement la vie en a décidé autrement. Je n'ai pas vraiment eu le choix et j'espère que vous ne vous êtes pas retourné dans votre tombe. Mais, aujourd'hui, c'est définitivement fini... Je prie pour que vous ne me détestiez pas trop de là où vous êtes et que vous pourrez me pardonner. Depuis votre départ, ma vie n'a été qu'un véritable enfer jusqu'à aujourd'hui. Mais, avant que je vous raconte tout ça en détail, je vous ai apporté des petits cadeaux. Des tulipes orangées pour toi, maman. Je me souviens que papa ne t'offrait que ces fleurs, car tu les aimais beaucoup, et pour toi, papa du whisky. Dire qu'aujourd'hui, j'ai l'âge de boire. J'ouvre la bouteille et prends une gorgée de cette boisson corsée. Je fais une grimace en retirant la bouteille de ma bouche. Arrrg ! Qu'est-ce que je déteste ça ! Je ne comprends pas le plaisir que tu avais à boire cette boisson. Il faut croire que j'ai hérité des goûts de maman, désolée papa, dis-je avant d'en verser juste devant la pierre tombale de mon père. Santé et maintenant, par où je pourrais commencer, oh oui, je sais, Paige... Je suis désolée de te l'apprendre, mais ta sœur, c'est une véritable sorcière et n'en parlant même pas de ta famille, maman. Je comprends mieux pourquoi vous les avez fuies. Toutefois, après votre mort, j'ai dû leur faire face seule. Vous savez ce que j'ai pu ressentir à six ans quand personne n'a voulu de moi. Cela n'a vraiment pas été facile. Je sais que vous ne l'aviez pas choisi, le fait est que je me suis retrouvé livré à moi-même face à ces inconnus qui étaient censés être de mon propre sang. De leur part, je n'ai senti que de l'ignorance et du mépris. Ils me détestaient et me l'ont bien fait comprendre. Je vous en ai voulu de ne pas m'avoir pris avec vous. Pourquoi me laisser ici, si c'est pour vivre toute cette souffrance ? Heureusement que j'ai rencontré Elisabeth, la vie est plus simple avec elle et aujourd'hui, je peux dire que je la considère comme une sœur. Elle est un peu folle, vous l'adoreriez, j'en suis sûre. J'ai aussi rencontré un homme... Il s'appelle Carter. Ce n'est pas mon petit copain, loin de là. Cependant, je tenais à vous en parler, car c'est grâce à lui que je ne suis plus une escort aujourd'hui. Il a contribué à ma libération sans qu'il ne le sache. Cela n'a pas été toujours rose avec lui, il m'a dit des mots horribles, néanmoins, je n'arrive pas à me le sortir de la tête. C'est le premier homme à réussir à remplir ce vide béant que vous avez laissé dans mon cœur. Quand je suis avec lui, j'oublie complètement ma solitude. Je sais très bien ce que ça veut dire, mais Carter ne finira jamais avec moi, j'en suis persuadée. On vient de deux mondes complètement différents et je doute qu'il accepte une escort même si je n'en suis plus une. Enfin bref, Carter est loin d'être un ange, mais avant qu'il ne sache pour l'escorting et que je ne découvre sa véritable identité. Il a été plusieurs fois présent pour moi. D'ailleurs, papa, je suis sûre que tu t'entendrais super bien avec lui et toi, maman, tu le trouverais très séduisant, j'en suis convaincu. Et sinon, que puis-je vous dire d'autre, je me suis trouvé un nouvel appartement...

CARTER
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Dans le jet de retour pour New York, je demande à Kaiden de me passer le dossier de notre future acquisition. Nous avons une entrevue avec le propriétaire pour neuf heures, donc dans moins d'une heure. Je ne vois pas spécialement le potentiel de cet hectare, mais Kaiden insiste.
— Tu as eu des nouvelles de Gigi m'interpelle mon ami.

— Pourquoi me poses-tu la question, lui répondis-je sans pour autant quitter le dossier des yeux. Tu as déjà la réponse étant donné que Raven te raconte tout.

— C'est vrai, je pensais juste qu'elle t'enverrait au moins un message, mais il faut croire que Gina y tient à ses fiançailles. Elle te laisse vraiment le temps, ne fait pas le con.

En entendant la mise en garde de Kaiden, je me crispe.

— Merci Kai, je ne comptais pas faire le con, c'est de Gina dont on parle.

— Je dis ça comme ça, je n'ai pas l'impression qu'elle te manque tant que ça.

— Je n'ai pas le temps d'y penser, c'est tout, cela n'a rien avoir avec Gina.

— En tout cas, à elle, tu lui manques énormément. D'après Raven, elle aurait aimé que tu sois là.

— Oui...

— Carter, m'interpelle de nouveau Kaiden le regard accusateur.

— Quoi, m'agaçais-je !

— Tu sais que tu réfléchis trop, Gina est la femme qu'il te faut !

— Je sais... Parlons d'autre chose plus importante, tu veux, changeais-je de sujet. N'ayant plus envie de réfléchir à mes sentiments pour Gina quand une autre femme accapare toutes mes pensées. Deux jours, voilà ce qu'aura fallu à Lanaya pour créer un manque chez moi. Merde, il n'y a pas un instant où je n'ai pas pensé à elle. Je ne peux rien ressentir pour Lanaya c'est impossible, donc pourquoi je suis incapable de rester insensible. Des femmes, j'en ai baisé plein, des mannequins, actrices, princesses ou encore Miss, elles étaient toutes plus belles les unes que les autres alors pourquoi diable, je n'arrive pas à rester à ma place avec cette petite brune. Il faut que je me reprenne, je vais juste profiter un moment avec elle, ensuite, elle retournera faire l'escort pour d'autres hommes. À cette pensée, je sers le poing de contrariété. C'est une pute qu'est-ce que je fous, n'importe quel homme peut la baiser et je suis là à ressentir tout un tas de sentiments contradictoires pour elle. Bordel de merde, je ne devrai même pas l'emmener chez mes grands-parents, mais voilà, je ne suis pas capable de me débarrasser d'elle tout de suite. Je la veux encore à mes côtés. Fais chier, je suis tout en contradiction quand il s'agit de cette femme. Il est grand temps que j'apprenne à penser avec ma tête au lieu de ma queue.

— De quoi veux-tu parler ?

— De ce projet, dis-je à Kaiden en lui rendant le dossier. Je n'en suis pas complètement convaincu.

— Alors, laisse-moi te convaincre lors de la rencontre avec le propriétaire.

J'acquiesce et, au même moment, on entend le pilote nous demander de mettre nos ceintures pour l'atterrissage. 

LANAYA
**********

Cela m'a fait un bien fou de me recueillir hier. J'ai l'impression de me sentir plus légère, il semblerait que j'en avais terriblement besoin. Dans la salle de bain, je me fais belle pour aller retrouver Carter. Il m'a suffi d'une nuit avec lui pour que deux jours sans le voir ne réussissent à me bouleverser et faire en sorte qu'il me manque. Tu es mal barré, ma fille. Vous ne jouez pas dans la même catégorie, donc pour ton bien, tu devrais retirer toutes ces idées farfelues de ton esprit. Je devrais le savoir, plus l'obstacle est élevé et plus la chute est douloureuse. Retournant dans ma chambre, je prends ma petite valise et l'ouvre avant de me positionner devant mon dressing.  Je reste de longues minutes à le contempler, ne sachant pas quoi prendre avant de me décider finalement, et remplis ma valise comme je peux. Une fois celle-ci fermée, je la prends pour sortir de l'appartement. Je donne l'adresse du bureau de Carter au chauffeur du taxi et me voilà partie, direction le quartier des affaires. Arrivé devant l'immeuble, le chauffeur me tend ma valise et je le remercie. Le bâtiment tout en vitres est gigantesque, ce qui me donne l'impression d'être minuscule. Dans le hall, je me rends compte que c'est plus grand que je ne le pensais. Sur ma droite, il y a des portiques de contrôle pour accéder aux ascenseurs et de l'autre côté, à ma gauche, un bureau d'accueil avec plusieurs hôtesses toutes méticuleusement apprêtées. D'ailleurs, l'ensemble des personnes autour de moi sont tirées à quatre épingles. C'est déstabilisant et je me sens comme une intruse parmi eux. Il faut dire que mon look jure avec les lieux. Je suis loin du tailleur et talon aiguille. On est clairement plus sur quelque chose de décontracté avec des Dr Martens et un jeans bleu. J'ai également mis un gros pull, car il fait un froid de canard dehors, accompagné d'un manteau hivernal. Je me dirige naturellement vers les hôtesses d'accueil.

— Bonjour, je viens voir monsieur Pirce, m'adressais-je à la première employée qui me fait face.

Celle-ci ne relève même pas la tête pour me considérer et fait comme si elle ne m'avait pas entendu. Je me répète en lui laissant le bénéfice du doute.

— Excusez-moi, je viens voir monsieur Pirce.

Elle m'ignore une seconde fois et je prends sur moi pour ne pas m'énerver.

— Madame, je vous parle, me contenais-je.

L'hôtesse pose enfin un regard sur moi plein de jugement avant de souffler pour me faire comprendre que je la fais littéralement chier. Ok, je veux bien rester gentille, mais il ne faut pas jouer avec ma patience.

— Écoutez, si vous ne voulez pas faire votre travail, je vais m'adresser à une de vos collègues.

Pour simple réponse, elle me demande si j'ai un rendez-vous.

— Non, mais...

— Alors, je ne peux rien pour vous, dit-elle agacée. Maintenant, reculez pour que je puisse prendre la personne après vous.

Je rêve où elle vient vraiment de me couper la parole. Elle ne se prend clairement pas pour de la merde cette hôtesse.

— En fait, j'ai un rendez-vous.

— Mais bien sûr... personne suivante, hausse-t-elle la voix pour appeler l'homme juste derrière moi.

Quand je vois l'homme s'avancer, prêt à me dépasser, c'en est trop pour moi. 

— Je n'ai pas fini, haussais-je le ton à mon tour. Et vous, restez où vous êtes, m'adressai-je directement à l'homme. Je jette un rapide coup d'œil sur le badge de l'hôtesse avant de renchérir. Betty va encore s'occuper de moi quelques minutes et ensuite, ce sera à vous.

L'homme marmonne dans sa barbe avant de reculer.

— À nous deux, Betty, je vous dis que j'ai un rendez-vous, donc regardez au nom de Howard.

Elle tapote sur son clavier, les sourcils froncés.

— Je ne trouve rien, me jugea-t-elle. D'ailleurs, monsieur Pirce est en réunion, je doute qu'il vous attende. Maintenant pouvez-vous vous reculer pour que je puisse m'occuper de monsieur ?

— Non, il m'attend, vous pensez que je me trimbale en valise pour le plaisir, téléphonez-lui !

— Je ne peux pas faire ça, madame.

— Bon, je ne pense pas que vous compreniez, je suis censée le rejoindre dans son bureau et vous m'en empêchez. Savez-vous ce qui vous arrivera si cela continue ?

J'aperçois du doute dans son regard avant qu'il ne se dissipe.

— Je ne vous crois pas.

— Là, je commence à en avoir plus que marre. Si vous ne m'appelez pas Carter tout de suite, je vais passer au-dessus de ces portiques.

— Vous faites ça, j'appelle la sécurité et ils vous arrêteront avant même que vous n'atteigniez les ascenseurs, se moqua-t-elle.

Putain la salope, elle ne me donnera pas de badge pour rejoindre Carter. Il faut que je trouve le moyen d'en piquer un.

— D'accord.

Je m'éloigne du bureau avant de sortir du bâtiment. Je reste plusieurs minutes dehors dans le but de me faire oublier par Betty. Une fois à l'intérieur, il faudra que je sois rapide. Au même moment, deux hommes en costume entrent dans l'immeuble et j'en profite pour leur emboîter le pas tout en prenant bien soin de ne pas me faire repérer par l'hôtesse. Quand je vois un groupe de femmes sur le point de sortir des portiques, voilà ma chance, je me dépêche pour aller dans leur direction. J'attends patiemment que la dernière du groupe sorte avant de la bousculer innocemment et subtilement, je lui pique son badge sans qu'elle ne s'en aperçoive. Je me confonds en excuse pour noyer le poisson avant de m'éloigner d'elle et le tour est joué. C'était vraiment un jeu d'enfant, me fis-je tout en passant à mon tour le portique de sécurité. Je me dépêche pour entrer dans le premier ascenseur qui s'ouvre devant moi et j'ai la chance d'être seule à l'intérieur. J'appuie sur le numéro le plus haut en espérant que ce soit bien à cet étage que se trouve le bureau de Carter. Une fois les portes ouvertes, j'arrive dans un grand vestibule entièrement vitré, orné d'un sol en marbre poli à l'aspect d'un miroir. Un éclairage doux et encastré projette une lueur chaleureuse sur l'espace, accentuant la richesse des lieux. De l'autre côté de ces vitres, un bureau vide me fait face. Ma valise à la main, je m'avance vers la seule porte présente dans ce sas. Il n'y a pas de poignée, mais un petit scan sur le côté. Je sors le badge dérobé plutôt pour le présenter devant la machine, mais rien ne se passe. Fais chier, la propriétaire de celui-ci n'a apparemment pas d'accès pour cet étage. Et je fais comment pour passer maintenant ? En me faisant cette réflexion, je vois une femme prendre place dans le bureau d'accueil. Ni une ni deux, je toque sur la porte vitrée et lui fais de grands signes pour qu'elle vienne m'ouvrir. Intriguée, elle vient vers moi et scan son badge pour que la porte s'ouvre.

— Oh merci, le badge qu'on m'a donné en bas ne fonctionne pas.

Pas dupe, elle m'examine.

— Vous êtes madame ?

— Howard, je suis bien à l'étage de monsieur Pirce ?

— Effectivement, avez-vous rendez-vous ?

— Oui, il m'attend.

— Hum... elle se dirige vers son bureau et regarde sur son ordinateur. C'est étrange, je n'ai pas eu d'information par rapport à votre passage. Ni de trace de rendez-vous. De plus, monsieur Pirce est toujours en réunion... Je pourrais avoir le badge qu'on vous a donné à l'entrée, il y a peut-être une erreur.

Eh merde, je suis démasquée.

— Il n'y a pas d'erreur, pouvez-vous, simplement, contacter Carter, c'est lui qui m'a dit de venir ici.

— Monsieur Pirce, me toisa-t-elle.

Putain, ses employées sont toutes des pétasses ou quoi ?

— Oui, Carter !

— Impossible, me jugea-t-elle avant de me rire au nez. Je ne vais pas faire ça, si, comme vous le prétendez, monsieur Pirce vous a dit de venir, je le verrai inscrit dans mon ordinateur. Mais, voyez-vous ça, il n'y a absolument rien. Donc, je vous prierai de quitter les lieux avant que je n'appelle la sécurité qui vous mettra dehors.

— Vous êtes sa secrétaire ?

— Non.

— Alors, appelée sa secrétaire, elle est peut-être au courant de mon passage.

— Vous me faites perdre mon temps.

—  Si vous ne le faites pas, je vais me mettre à hurler et Carter finira bien par sortir. Rien à foutre qu'il soit en réunion et croyez-moi, celle qui sera à la porte après tout ça, c'est vous et non moi. Alors, prenez votre putain de combiné et appelez sa secrétaire.

Ma menace a l'air de faire son effet, car elle s'exécute.

— Bonjour, Mia, j'ai une femme qui me dit avoir rendez-vous avec monsieur Pirce aujourd'hui, mais je ne vois rien... Oui, je sais, je lui ai dit, mais elle ne veut pas partir. Il ne t'a pas informé ? D'accord, attend un instant, je lui demande.

— Vous m'aviez dit que vous étiez... s'adresse-t-elle à moi de nouveau.

Son air hautain commence royalement à me taper sur le système.

— Je suis la femme qu'il baise, lui crachais-je, excédée par son comportement.

— Pardon, s'étonna-t-elle.

— Vous avez très bien compris.

Elle lève les yeux au ciel, toujours de son air condescendant, elle reprend sa discussion avec la secrétaire de Carter.

— Écoute, elle prétend être la compagne de monsieur Pirce.

En entendant sa supposition, je sature.

— Attendez, je n'ai jamais prétendu être quoi que ce soit, je vous ai dit que j'étais la femme qu'il baisait, donc transmettez correctement le message, intervenais-je sèchement.

— Très bien, me dit-elle, avant de reprendre de nouveau sa conversation. Mia, tu as entendu ou tu veux que je répète les propos vulgaires de cette femme qui a visiblement perdu la tête, me dévisagea-t-elle.

Oh, toi, tu ne perds rien pour attendre.

— D'accord, je patiente le temps que tu demandes...

J'attends de longues minutes avant de voir subitement le visage de l'employer devenir livide. Elle fronce les sourcils comme si l'information qu'on lui donne ne la satisfaisait pas. Ensuite, tout à coup, un large sourire vient se dessiner sur son visage.

— Mia va venir vous chercher pour vous accompagner dans le bureau de monsieur Pirce.

— Vous avez beau me sourire, je n'oublie pas que vous m'avez parlé d'une manière injuste. Croyez-moi, je me ferai un plaisir de le signaler à Carter. Elle est sur le point de me répondre quand une femme un peu plus âgée que moi m'interpelle.

— Vous devez être Lanaya.

— Oui.

— Mia, je suis la secrétaire de monsieur Pirce. Suivez-moi, il va vous rejoindre dans son bureau.

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