《EPILOGUE》
EPILOGUE
***
Je déteste les costumes. J'ai toujours détesté ça aussi loin que je m'en souviennes. Je me regarde dans le miroir et ne me reconnaît pas. Non seulement j'ai l'air d'un con, habillé comme un avocat de banlieue mais en plus, mon visage est amaigri et terne. Il faut dire que je n'ai pas vu le soleil depuis plusieurs jours.
Je ressers ma cravate et l'ajuste pour qu'elle soit droite.
Là, maintenant, j'ai besoin d'un bon verre ou d'un bon rail. J'en ai ras le cul et ça me ferait un bien fou.
Ma vie est une pure connerie en ce moment.
La porte de ma chambre s'ouvre en grand et j'entends les pas précipités de Lilly courir sur le parquet. Elle grimpe dans mon lit, un sourire aux lèvres. L'innocence des enfants! Même dans ces circonstances, ils sourient. Elle ne comprend pas vraiment la situation je dois dire.
- Tu es très beau Papa!
Je souris puis m'approche d'elle. En ce moment, il n'y a qu'elle que je tolére. Tous les autres m'exaspèrent à un point où je préfère éviter leurs présences.
- Dis Papa, tu veux bien jouer au con avec moi?
Je manque de m'etouffer quand j'entends sa demande. Elle me sourit, toujours aussi innocente.
- Où est ce que tu as entendu ça?
- C'est Tante Kyara et Oncle Owen qui l'ont dit.
Quoi?
- Ils disent que tu joues au con avec Chloé alors je veux jouer aussi.
Putain! Ils vont m'entendre ces deux là! Je ne sais pas ce qui me gonfle le plus: qu'ils en parlent devant Lilly ou qu'ils en parlent entre eux dans mon dos. Quitter Chloé est mon choix et j'apprécierais qu'il le respecte. Et surtout, ça ne les regarde pas, bordel!
- On a pas le temps de jouer Lilly. On doit aller à l'église
Elle ne répond rien et se contente seulement de descendre du lit. Elle tape du pied bruyament, me montrant son mécontentement et dit avant de claquer la porte.
- Pff! De toutes façons, tu ne veux jamais jouer avec moi. Chloé, elle jouait tout le temps, elle.
Petite peste! Elle devient de plus en plus capricieuse. Ça, c'est la mauvaise influence de sa mère!
Je descends les escaliers sans un mot et quand ils s'aperçoivent de ma présence, les discussions s'arrêtent. Ils devaient encore parler sur mon dos, ces abrutis. Je soupire.
Si ils ne sont pas contents de me voir, je ne les forcent pas à rester plus longtemps!
Ma mère dépose sa main sur le haut de mon bras, le regard perdu et triste et je l'encercle de mes bras. Ma pauvre mère.
Je toise Owen et Kyara du regard alors que ma mère se défait de mon etreinte et nous annonce qu'il est temps d'y aller.
***
Voir tous ses gens en noirs, pleurant et sanglotant ne me fait ni chaud, ni froid.
Ma mère, à mes côtés, est dans les bras de ma Tante Carol, qui la console du mieux qu'elle peut. Je sais que tous les regards sont sur moi, mais je prends sur moi, refusant de leur montrer ce qu'ils desirent le plus. Les voir chialer me coupe l'envie moi même de chialer et je dois avouer que mon métier d'acteur m'aide beaucoup.
Bien sûr, je suis triste. C'est mon père qui est dans cette boite en bois. Je sais qu'il est mort, je le réalise. Mais je garde toute de même un visage impassible.
Au loin, les vautours n'en perdent pas une miette. Ils se font un malin plaisir à prendre des clichés d'Ethan West, le connard sans coeur incapable de pleurer à l'enterrement de son père.
Allez y les connards, faites vous du fric sur le malheur des autres! Mais ce ne sont pas des larmes que vous verrez. Ce sera seulement le dégoût et la rancoeur que j'ai envers vous !
Le prêtre débite son eternel laïus et je n'en écoute pas un traitre mot. Je suis né dans une famille de bon catholique mais j'ai été élevé sans religion. Je suis agnostique et surtout athé.
Mon père avait demandé à être enterré à Los Angeles, ville où il a vecu la majorité de son temps. Ma mère pense qu'il a eu cette derniere volonté pour rester près de ses enfants. Ça ne veut rien dire. Pour moi, quand tu es mort, bah, tu es mort. Et si j'en crois toutes ses conneries de religion, son âme est sensée partir au ciel, rejoindre Dieu et tous les petits anges et bla et bla...
Je relève la tête et fixe le ciel bleu. Pas un nuages. Je trouve ça reposant. Je pense à mon père.
Quand je sens la main de ma soeur se poser sur moi, j'abaisse la tête. Elle me tend une rose blanche et je comprends que la mise en terre ne va pas tarder. La main de ma mère se glisse dans la mienne et je la serre, pour lui montrer que je suis là.
Elle s'approche du cercueil, puis avance sa main pour y frôler le bois délicatement, comme si elle touchait une chose précieuse. Elle a raison en quelques sortes. C'est son mari qui est à l'intérieur, celui avec qui elle a vécu plus de trente ans. Maintenant, elle est seule, sans mari. Comme je suis sans père
Ma relation avec lui s'etait nettement améliorée. On avait même passer du temps ensemble, oubliant notre rancoeur respective qui s'etait transformé au fil du temps par un attachement sincère. J'ai appris à aimer mon pere, il m'a fallu vingt sept ans et maintenant, cette putain de maladie me l'a enlevé. Je n'ai pas profiter de lui pleinement. Je n'aurais pas beaucoup de souvenirs avec lui, mais les derniers seront heureux et c'est ce qui me console.
Je m'avance à mon tour devant le cercueil de mon pere. J'ai le même geste que ma mère, je frôle le bois. J'esquisse un petit sourire. Le contact du bois sur ma peau me laisse une sensation agréable. J'ai presque l'impression de sentir la chaleur de mon père. Je comprends mieux le geste de ma mère. Je dépose la rose sur le bois, près de la croix puis prend Lilly dans mes bras. Elle m'imite puis fait un petit signe de la main.
- Au revoir Grand-père.
Je souris devant l'aurevoir de ma fille. Je crois qu'elle comprend qu'elle ne le reverra pas. Contrairement à tous les autres, nous sommes les seuls à ne pas avoir les yeux rouges et bouffis par le chagrin. Lilly et moi nous ressemblons plus que je ne le pense.
Je laisse la place à Kyara, puis retourne près de ma mère, Lilly toujours dans mes bras. Malgre son visage tordu par le chagrin, ma mère reste très belle. C'est la femme qui m'a donné la vie après tout. C'est la femme qui sera toujours là pour moi, contrairement à une autre.
Lilly, devant le chagrin de sa grand-mère, tend les bras vers ma mère qui la saisit aussitot et la blottit contre elle.
- Pleure pas Grand-mere, je suis là! la console Lilly
Ma mère laisse échapper un rire mêlé à un sanglot.
- Oui ma chérie. Heureusement que tu es là...
Si elles ne s'aiment pas toutes les deux, je ne sais pas ce qu'est l'amour.
Je détourne mon regard, croisant celui de Leila, au dernier rang, accrochée aux bras de William. Quelle connasse celle là! Elle a accepté que Lilly assiste aux funerailles de son grand père uniquement car j'ai dû la menacer de ne pas lui donner de fric ce mois ci. Et en plus, elle s'affiche au cimetière dans une robe rouge bordeaux. Cette conne ne connait donc pas le respect?
Je détourne mon regard d'elle. Je ne veux pas m'énerver. Pas ici, pas à l'enterrement de mon père. Je fuis les différents regards et quand je vois les vautours me mitrailler, je leur tourne aussitôt le dos.
Et là, je la vois ! À l'ombre d'un grand arbre, à plusieurs mètres de l'assemblée. De là où elle est, je doute qu'elle ait entendu quoique ce soit. Mais elle est là.
Elle a mit un petit tailleur noir et des lunettes de soleil qui vont parfaitement avec. Elle me fait penser à Audrey Hepburn, classe et distinguée. De là où je suis, elle ne peut pas me voir mais moi je la vois clairement. Elle s'essuie une larme de sa joue et je ne peux m'empêcher de sourire. Même quand elle pleure, elle est magnifique. Comment j'ai pu la quitter?
Elle tourne alors les talons et je fais un pas pour aller a5 son encontre. Je ne sais même pas quoi lui dire mais j'ai besoin de la sentir près de moi. J'ai envie de la prendre dans mes bras, de la consoler et même de pleurer avec elle. À ses côtés, tout est tellement plus simple.
Le bras de Kyara s'abat sur moi et m'interrompt dans ma demarche.
- On y va Ethan? me demande t-elle
Je ne la regarde même pas. La foule s'est dispersée et chacun quitte le cimetière, aux bras d'un autre ou pleurant toujours. Je ne quitte pas Chloé des yeux mais quand elle tourne les talons, mes jambes se contractent, m'empechant d'aller à son encontre.
Elle s'éloigne de moi, sans un regard. Je ne suis même pas sûr qu'elle m'ait vu mais moi, je n'ai vu qu'elle.
***
J'entre dans la villa, le coeur serré d'avoir passé une des journées les plus dures de ma vie. J'ai enterré mon père aujourd'hui et j'ai laissé filer Chloé. Je ne suis qu'un pauvre con!
Je lance mes clefs sur le plan de travail alors que Kyara est déjà en train de remplir de café des tasses.
J'aimerais qu'ils se barrent, tous. J'ai besoin d'être seul.
Julia et Owen sont auprès de ma mère, qui semble ne pas prendre conscience de la réalité. Un téléphone se met à sonner et Kyara lève son regard vers moi.
- Ethan, tu peux me passer mon téléphone, il est dans mon sac...
Putain! Je déteste fouiller dans les sacs à main des femmes. C'est beaucoup trop le bordel. Je m'exécute pourtant et mon regard est aussitot porté vers le visage de Chloé. Je prends le magazine dans ma main et me fige en voyant la couverture.
Chloé et Andy: le nouveau couple glamour d'Hollywood.
Mon coeur rate un battement et je sens un poids s'écraser sur mes épaules. Je prends une grande inspiration, serre les poings si fort que j'en chiffonne le papier glacé du magazine.
Comment a t-elle pu me faire ça? Comment a t-elle pu m'oublier si vite? Comment peut-elle s'afficher avec ce gros con de Millers?
- Ethan! Je... Tu n'aurais pas dû voir ça! Je...
Je l'arrête d'un signe de la main. J'ouvre le magazine, cherche la page mais Kyara m'arrête en posant ses deux mains sur l'article.
- Arrêtes Ethan, ça ne sert à rien de...
- Bah quoi! Laisses moi!
J'ai déjà traversé le séjour instinctivement vers le bar. Je l'ouvre, prend une bouteille de whisky que je débouche aussitôt.
- Ethan, tu ne devrais pas boire, souffle ma mère qui semble s'être reconnectée au monde réel.
- Laisses le, crache Kyara. Il n'a toujours pas appris à se comporter comme un homme.
- TA GUEULES, je lui hurle.
Elle lève les deux mains, signe de reddition. Je la toise un instant avant de reporter mon attention sur ce torchon. Je lis le plus gros, buvant de temps en temps à même le goulot pour m'aider à digérer l'amour si beau et épanouissant qu'ils se portent mutuellement. J'ai envie de vomir. Je suis écoeuré de ce que je lis.
Quand mon nom est cité, me rabaissant plus bas que terre, je jette la bouteille contre le mur. Je fais voler plusieurs objets à travers la pièce jusqu'à ce que les bras puissants de mon frère me retiennent.
- Arrêtes Ethan! Ne joues pas au con!
- DEGAGEZ! DEGAGEZ TOUS DE CHEZ MOI!
J'ai hurlé si fort que ma mère à sursauter. Je les toise un à un, réitérant ma demande. Il faut qu'ils se cassent tous de chez moi, ou je vais tous les buter!
Je me dégage de l'emprise de mon frère et attrappe la vitrine en verre où je range tous mes CD favoris. Je la bascule en avant et le verre des portes se fracassent en mille morceaux contre le sol. Putain! Ça fait du bien! Je vais tout défoncer mais au moins je serais soulagé.
Quand je prends un bibelot en porcelaine à la con, j'entends la porte claquée... Ils m'ont abandonnés, tous, Chloé y compris...
***
Hello...
Voici l'épilogue du point de vue d'Ethan... J'espère qu'il vous plaira... Ce mec me fait mal au coeur à s'autodetruire ainsi. Et ce n'est que le début de sa descente aux enfers...
J'espère vous revoir dans la suite des aventures de Chloé et Ethan....
Je vous Kiss en attendant... bisous mes loulous
Laurie
***
EN MÉDIA - ETHAN
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