《CHAPITRE 28 - LUI》.
CHAPITRE 28
***
Quand le médecin nous annonce cette mauvaise nouvelle, j'ai ressenti toutes sortes d'émotions. Colère, compassion, tristesse et j'en passe...
Tout d'abord la colère. Chloé était enceinte et elle ne me l'a même pas dit. Elle l'a gardé pour elle et je n'ai pû m'empêcher de faire répéter le médecin.
Quand j'ai vu sur le visage de Chloé qu'elle-même n'était pas au courant, j'ai ressenti de la tristesse, surtout quand elle a porté sa main sur son ventre. J'ai vu dans son regard une pointe de déception et je suis sûr que j'ai retransmis le même regard qu'elle.
Ça aurait été une merveilleuse nouvelle. J'adore ma fille et un nouvel enfant m'aurait rendu encore plus heureux. Un fils aurait été parfait même si le sexe n'aurait eu aucune importance. Tout ce qui m'importe est que ce soit elle la mère.
Quand une larme a coulé sur la joue de Chloé, je n'ai pas su quoi faire... elle paraissait désemparée. C'était juste une larme, pas de gros sanglots mais juste une larme.
Le médecin avait proposé à Chloé un calmant mais elle avait refusé. Je sais qu'elle est contre ces trucs là.
Une fois le médecin partit, je me suis allongée près d'elle, la serrant dans mes bras. Nous sommes restés silencieux. Pas un mot ne sortait de sa bouche comme de la mienne, seul le bruit du moniteur rompait ce silence de mort.
Au bout d'un instant, agacé par le bruit, j'ai tendu le bras et j'ai carrément coupé la machine, ce qui m'a valu une engueulade de la part d'une infirmière aussi aimable qu'une porte de prison.
Le souffle chaud de Chloé à travers mon tee-shirt était la seule façon pour moi de savoir qu'elle était éveillée mais quand sa respiration a ralentie, j'ai compris qu'elle s'était endormie. Je suis pourtant restée avec elle encore un moment jusqu'à ce que je m'endormes à mon tour.
***
Depuis une semaine, Chloé ne sort pas de la villa. Elle ne sort d'ailleurs même pas de la chambre où elle y reste dans la pénombre et n'en sort que pour aller dans la salle de bain. Ma mère s'occupe de Lilly, pendant que je pars du studio. Lilly ne comprend pas pourquoi Chloé est si triste et déprimée alors j'ai tenté de lui expliquer les choses, sans pour autant parlé du bébé. Je crois que c'est ça qui attriste le plus Chloé, d'avoir perdu le bébé même si nous n'en avons pas parlé depuis l'hôpital. On en a d'ailleurs jamais parlé. En réalité, on ne parle plus vraiment depuis une semaine.
Chloé refuse tout contact avec qui que ce soit. Elle filtre les appels de ses parents comme la visite de ses amis. Elle ne semble apprécié que la compagnie de Lilly mais ma fille comprend que quelque chose ne va pas et évite de rester trop longtemps avec elle.
Ma mère s'inquiète beaucoup pour Chloé. Elle ne s'alimente pas vraiment, se contentant de grignoter quelque petit trucs de temps en temps et je dois avouer que je m'inquiète aussi. Elle a beaucoup maigri et ses joues sont creusées. Elle fait presque peur à voir et je n'ai pas vu son si joli sourire depuis l'accident.
- Chloé, tu veux manger quelque chose ? Ma mère a fait des lasagnes
- Je n'ai pas faim.
Voilà le type de conversation que nous avons depuis une semaine. J'ai l'impression d'être un véritable étranger pour elle.
Je m'approche du lit, où elle est allongée et hésite à poser ma main sur son épaule.
- Chloé, tu devrais manger quelque chose...
- Je n'ai pas faim, je te dis.
- Chloé... je la sermonne.
Elle ne me regarde même pas. Elle se contente de regarder dans le vide, le visage fatigué.
Je le tourne alors vers la fenêtre et tire les rideaux. Elle plisse les yeux mais ne réagit pas plus que ça. J'ai envie de la secouer, pour la faire réagir.
Voyant qu'elle ne semble toujours pas décidé à dire quoique ce soit, je me penche sur elle, attrape ses deux poignets et la redresse un peu brusquement.
- Laisses moi Ethan, souffle t-elle doucement
Je grogne de rage et la met sur mon épaule, tenant ses fines jambes pour qu'elle ne bascule pas. Elle est tellement maigre que j'ai peur de lui casser les os.
Quand je la sors de la chambre et commence à descendre de l'étage, elle commence à se débattre mais s'interrompt rapidement, sûrement par manque de force.
Je la dépose sur un tabouret de la cuisine, sous les yeux réprobateurs de ma mère.
- Tu es un con, Ethan
- Ce n'est pas comme si tu n'étais pas au courant.
Elle renifle alors que je continue à la toiser tout en prenant place face à elle. Ma mère apporte le plat et le dépose devant nous. Elle en coupe des parts et nous sert tous, puis encourage Chloé à manger.
- Tu as pleuré parce que tu as mal à ton bras ? demande Lilly à Chloé.
Chloé se tourne vers ma fille et esquisse un sourire pas vraiment convaincant.
- Non, mon petit chat, souffle t-elle
- Alors pourquoi tu pleures ?
- Je... Manges, ça va être froid
Lilly hausse les épaules puis obéit. Chloé croise alors mon regard et je vois toute la haine qu'elle me lance. Je sais qu'elle me déteste, pour l'avoir forcé à venir manger mais je ne pouvais pas la laisser dépérir dans notre lit.
- Manges ! j'ordonne.
Chloé serre sa mâchoire, jette un coup d'œil rapide à Lilly puis lève son majeur en ma direction qu'elle rabaisse aussitôt quand elle voit que ma mère n'a rien raté de sa politesse.
- Manges, j'ordonne une nouvelle fois
- Ne la brusques pas Ethan, me sermonne ma mère.
- Bah voyons ! Soit de son côté, tu as raison.
Ma mère se tait, ne sachant pas vraiment quel parti prendre. Parfois, ma mère a trop tendance à user de la solidarité féminine et quand il est question de l'alimentation de Chloé, ça me fait péter les plombs.
- À quelle heure est la convocation au tribunal ? demande ma mère.
Alzheimer la guette ou quoi ?! On en a parlé il y a à peine une demie heure
- Je te l'ai dit tout à l'heure. C'est à neuf heures demain matin.
Je vois Chloé se raidir légèrement. Elle lève les yeux vers moi et quand je jette un coup d'œil à ma mère, elle me fait un clin d'œil.
Ma mère est trop forte ! Elle sait que la garde de Lilly est aussi importante pour moi et que pour Chloé et en en parlant devant Chloé, ceci titillerai son intérêt. Ma mère est un génie !
- Dois je garder Lilly demain ?
- Non, Leila vient de rentrer et elle la récupérera en fin d'après midi.
- Très bien. Tu veux que je viennes au tribunal ?
- Non Maman, restes avec Papa. Il a besoin de toi
- Et toi aussi. Il comprendra
- C'est gentil mais non. Je t'appellerai en quittant le tribunal.
Ma mère opine même si elle paraît un peu déçue. Intérieurement, j'espère que Chloé viendra demain. Et je ne veux pas qu'elle pense que je l'ai remplacé par ma mère et je ne veux surtout pas lui donner l'occasion de se dérober.
Je jette un coup d'œil a Chloé qui n'a toujours pas touché à son assiette. Elle garde la tête baissée et le regard dans le vide. Sérieusement, elle commence à me faire pitié. Elle est tellement maigre et blanche qu'on pourrait la croire au stade terminal d'un cancer.
Lassé, je prends son assiette et la vide dans la mienne.
- Si tu n'as pas faim, moi si...
Elle me sourit, chose que je n'avais pas vu depuis une semaine.
***
Quand Chloé m'a demandé de regarder un film dans lequel j'ai joué, j'ai été étonné. Par le fait qu'elle parle mais surtout car elle ne semble avoir vu aucun de mes films. J'ai dis oui bien sûr, malgré que je déteste me voir sur l'écran. J'ai l'impression que ce n'est pas moi parfois mais surtout car je connais toujours les répliques par cœur.
Dès les premières minutes du film, Lilly s'est blottie contre moi mais s'est endormie avant la fin du générique du début de film.
Chloé est étendue sur le flanc, ses pieds sur mes cuisses et fixe la télé. Je guette ses réactions mais elle ne parait rien transparaître. Je sais qu'elle n'est pas à fond dans le film, sûrement trop préoccupé par tout ce qui nous arrive depuis un bon mois.
C'est vrai que le sort semble s'acharner contre nous. Et elle n'arrive pas vraiment à gérer toute cette pression. Je peux le comprendre. Du jour au lendemain, son visage, puis son nom a été exposé dans tout le pays à cause de ses enfoirés de paparazzis.
Heureusement qu'elle n'a pas vu l'article de son accident. Elle aurait été dévasté encore plus. Elle s'en est tellement prit plein la gueule, passant pour une irresponsable au volant, provoquant un accident alors qu'une fillette était à l'arrière. Bien évidemment, les médias n'ont pas parlé de leur implication dans cet accident. Si ses enfoirés n'avaient pas été là, il n'y aurait jamais eu d'accident.
Nous serions là, tous les trois, savourant la bonne nouvelle de l'arrivée prochaine d'un nouveau membre. Elle n'aurait pas eu le bras cassé et Lilly n'aurait pas la superbe chance d'avoir un plâtre rose déjà recouvert de dessin de ses camarades de classe.
- Chloé ?
Elle tourne la tête vers moi et je lui souris timidement.
- Je suis désolé.
Elle ne répond rien et repose sa tête sur le cuir du canapé blanc.
Elle ne veut même pas de mes excuses... Je suis mal, aussi bien pour elle que pour moi.
- C'est moi qui devrait être désolée, Ethan
Je n'ai pas le temps de répondre que l'interphone de la villa sonne. Je me lève, espérant poursuivre cette conversation plus tard.
Quand j'ouvre la porte, un homme d'une quarantaine d'années se tient devant moi, un sourire commercial aux lèvres. Avec son costume, on pourrait croire que c'est un représentant mais quand je vois Leila arriver derrière lui, je sais qu'il n'aura rien à me vendre.
- Bonjour Ethan. Je suis William Johnson. Je suis ravi de te rencontrer...
Il tend sa main vers moi mais je ne la saisit même pas. Je ne connais pas ce mec et il croit qu'on va copiner sur la pas de ma porte. Leila ne me salue même pas, elle se contente juste de me fusiller du regard. Elle force le passage et entre dans la villa.
- Maman, s'écrit Lilly depuis le canapé
Chloé s'est redressée et porte Lilly sur ses genoux
- POURQUOI CETTE SALOPE TOUCHE À MA FILLE ? hurle Leila.
Mais quelle conne ! De quel droit insulte t-elle Chloé de salope ?
Je m'apprête à répliquer quelque chose mais la main de William se pose sur son bras.
- Tu ne devrais pas parler ainsi devant Lilly, ma chérie
Donc, c'est son mec ! Bonne nouvelle ! En tout cas, il a l'air d'être moins con que les autres.
Leila semble se calmer au contact de son mec et mes yeux se tournent vers Chloé. Une larme coule déjà sur sa joue.
- Ethan, dis à ton irresponsable de meuf de ne pas toucher ma fille ! m'ordonne Leila.
- Premièrement, tu vas te calmer. Tu n'as pas à me donner d'ordre et je te rappelle que c'est aussi ma fille. Et deuxièmement...
- Non, Ethan. Leila a raison. Je suis une irresponsable.
Je tourne la tête vers Chloé qui s'est levée du canapé. Ses yeux ne cessent de se balader entre moi et Leila avant de s'arrêter sur moi.
- Je sais ce que tout le monde pense de moi et ils ont raison.
- Comment tu...
- Dans la presse, Ethan, me coupe t-elle. J'ai lu l'article après mon accident. Et ils ont raison. Je suis une irresponsable.
- Où as-tu lis ces conneries ? je crache
J'avais pourtant bien fait attention à ce que l'article ne lui reviennent pas aux oreilles.
- À l'hôpital. J'ai entendu des infirmières en parler. J'aurais pu tuer Lilly ce soir là. Je m'excuse Leila... Je... Je...
- Tu crois que ce sont des simples excuses qui effaceront ce que tu as fais ?
- Bon, c'est bon, Leila. Le mieux serait que tu partes.
Pour une fois, Leila se tait. Elle s'approche de Lilly, la prend dans ses bras et récupère ses béquilles qui étaient calées contre le canapé. Lilly m'embrasse sur la joue, me disant à bientôt mais Leila esquive Chloé. Elles sortent de la villa alors que William se tient toujours dans le séjour.
- Bon, et bien. C'était un plaisir de vous rencontrer. On se verra demain.
- Ouais, c'est ça.
Je ferme déjà la porte derrière lui puis me tourne vers Chloé. Elle se tient toujours debout, immobile et la tête baissée. Je l'attrape par la taille et l'attire sur le canapé. Elle s'assoit, se laissant faire.
- C'est pour ça que tu n'allais pas bien ?
Chloé hausse les épaules, comme une petite fille. Parfois, elle me fait trop penser à Lilly quand elle réagit comme une enfant.
- Écoutes Chloé. Ce sont eux les irresponsables ! C'est eux qui t'ont prit en chasse et tu ne pouvais pas prévoir qu'il y aurait un chien ou je ne sais quoi sur la route.
- Je roulais au dessus de la limitation de vitesse et...
- Arrêtes Chloé. Ce n'est pas en roulant à sept miles à l'heure de plus que ça fait de toi une criminelle.
- Je sais mais tu as lu ce qu'ils ont écrit sur moi dans la presse ?
- Si tu n'avais pas été poursuivis par les paparazzis, tu ne serais jamais passé par là, ni même roulé au dessus de la limitation de vitesse. Ils ne vont pas se décrédibiliser dans leur propre torchon. Tu sais que c'est tellement plus simple pour eux de tout mettre sur le dos des autres.
- Je... je...
Je la serre dans mes bras et dépose un baiser sur son front, non loin du pansement de sa cicatrice.
- Tu n'es en aucun cas responsable de tout ça et tu es loin d'être irresponsable.
Je sens son souffle chaud dans mon cou. Nous sommes si bien tous les deux que j'aimerais que rien ne vienne perturber notre bonheur.
Quand sa respiration se ralentit progressivement, je comprends qu'elle vient de s'endormir dans mes bras.
***
Je suis stressé et tendu. J'essaie de ne rien montrer mais intérieurement, je suis sur le point d'exploser.
Je dépose ma tasse de café dans l'évier et monte à l'étage. Chloé doit sûrement encore dormir. Elle est si fatiguée en ce moment.
Quand je m'apprête à ouvrir la porte pour lui demander si elle souhaite m'accompagner, je remarque que le lit est vide.
Je tourne la tête vers la salle de bain mais la voit sortir du dressing, vêtue dans une robe bleue, qui est clairement trop grande pour elle.
- J'ai un peu maigrie, dit-elle
Un peu ? Il ne lui reste plus que la peau sur les os, elle veut dire...
- Tu es très belle.
Je ne veux pas la brusquer ni la vexer en lui disant qu'elle fait peur à voir. Je préfère encore lui mentir. Elle relève son visage vers le mien et me sourit. Deuxième sourire en moins de vingt quatre heures !
- Menteur, elle souffle, gardant toujours son sourire aux lèvres. Je vais aller me changer.
- On va être en retard !
- J'en ai pour deux minutes
Elle repart déjà dans le dressing où elle est sort, un slim sur les fesses et un chemisier ample sur le dos. Elle est perchée sur des escarpins vernis noirs et je la trouve tout simplement sublime.
- J'ai essayé de cacher la misère comme j'ai pu, dit-elle.
- Tu es très belle.
Troisième sourire ! Je suis un chanceux aujourd'hui.
- Là, tu es plus convaincant. Bon ? On y va ?
***
Hello à tous!
J'espère que ce chapitre vous a plu. Je sais qu'il ne se passe rien d'extraordinaire mais il sera important pour la suite des évènements.
Prêt(e)s pour le prochain chapitre? On va savoir quelle sera la décision du juge pour la garde de Lilly et encore une fois, cela aura son importance dans l'histoire...
Nous arrivons très bientôt au dernier chapitre de NO SO ANONYMOUS. La fin est déjà bien ancrée dans ma petite tête et je n'ai plus qu'à la publier...
On se retrouve au prochain chapitre qui risque d'être long, très long...
Kiss
Laurie
***
EN MEDIA - ETHAN
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