CHAPITRE 27

***

Lilly attrappe ma main et me la serre fort.

- C'était trop bien chez Grand-mère et Grand-père. J'ai trop rigolé, j'avais mal au ventre
- C'est génial mon petit chat. Tu as été sage ?
- Je suis toujours sage. J'ai aidé Grand-mère à faire à manger, j'ai débarrassé la table avec Grand-père et j'ai rien fait tomber. Oncle Owen est venu avec Tante Julia et on a commencé à faire une cabane dans le jardin mais Grand-père n'a pas trop pu nous aider parce qu'il était fatigué et..

Je souris en entendant le week-end de Lilly. Elle parait heureuse d'avoir passé du temps avec ses grands-parents et je dois reconnaître que, malgré l'état d'alcoolémie d'Ethan et la signature du contrat, ça nous a fait du bien de profiter de notre week-end.

Et je me suis surtout réconciliée avec Manon. Ça devenait de plus en plus dur et sa fraîcheur et son dynamisme m'avait manqué autant que sa folie.

Et puis, Suzanne et Harry étaient tellement heureux d'avoir Lilly, de tenir enfin leurs rôles de grands parents.

Quand Ethan a pleuré dans mes bras, hier soir, je crois qu'il a vraiment prit conscience qu'il aimait son père. Nous n'en avons pas reparlé cet après-midi, après le départ de Manon. Je sais que c'est dur pour lui et c'est pour ça que je ne lui en veux pas d'avoir abusé de l'alcool hier soir, même si il est pire qu'agaçant quand il est saoul.

Hier soir, il a tout de même dit que j'étais la femme de sa vie et qu'il voulait m'épouser. Je ne sais pas si c'est son taux d'alcoolémie qui a parlé ou si il le pensait vraiment mais j'ai eu peur. Pas peur d'être aimer par lui, peur que notre histoire aille trop vite.

J'ai déjà prit la folle décision d'emménager avec lui alors que cela ne fait que deux mois que nous sommes ensemble. Suis-je folle d'avoir accepté ?

Moi qui suis toujours indécise et toujours raisonnable. Cet homme me fait perdre tous mes moyens parfois.

J'attache Lilly à l'arrière du 4x4. Suzanne lui fait de grands signes par la fenêtre et Lilly lui répond avec un large sourire.

Je fais un signe à mon tour puis grimpe dans le véhicule avant de reprendre ma route.

Le trajet jusqu'à la villa se fait en une vingtaine de minutes mais je dois m'arrêter à la station service pour y faire le plein.

Lilly continue à piailler à l'arrière et je ne l'écoute que d'une oreille, bien trop absorbée par le planning de ma semaine. J'ai prit un retard considérable à l'atelier et je vais devoir quitter tard pour le récupérer. Je suis sensée rendre mes trois croquis à Veronica dans dix jours et j'ai encore deux tenues à créer.

Je m'arrête à la station service, fais le plein en baillant plusieurs fois. Avoir papoter avec Manon toute la nuit n'a pas été très judicieux, je suis claquée, beaucoup en ce moment d'ailleurs mais ça ma fait tellement du bien de rattraper le temps perdu avec elle.

Je range le pistolet de carburant et ouvre la porte à Lilly pour aller payer dans station. Elle me donne la main puis la lâche subitement quand on y entre pour courir vers le rayon des bonbons.

- Chloé, on peut prendre des bonbons ?
- Non, Lilly, tu...
- S'il te plaît. Juste une tout petit paquet de rien du tout.

Je cède alors que j'annonce la pompe à l'employé en lui tendant ma carte bancaire. Je ne peux rien refuser à ses si beaux yeux bleus.

- Vous êtes la financée d'Ethan West ? me demande l'employé.

Mes yeux se lèvent sur un jeune homme, un peu plus jeune que moi. Il me sourit.

- Il parait que c'est moi, je réponds simplement.
- Vous êtes encore plus mignonne en vrai. Je peux avoir un autographe ?
- Un autographe ? Sérieux ?
- Bah ouais.

Il pousse déjà un stylo et un petit bloc note sur le comptoir. C'est la première fois qu'on me demande un autographe. Je n'aurais, d'ailleurs, jamais pensé en signer un de ma vie.

- Je n'ai jamais signé d'autographe, je lâche. Qu'est-ce que je suis sensé ecrire ?
- Bah justement, il faut commencer. Vous n'avez qu'à le noter. Si je peux le revendre, ça m'éviterai de travailler dans cette station service pourri pour payer mes études.

Je ne peux m'empêcher de sourire, sous le regard amusé de l'étudiant.

- Alors si c'est pour la bonne cause, je souffle. Ton prénom ?
- Ryan

Je prends le stylo et griffonne sur la feuille.

Pour Ryan, en espérant ne plus te voir travailler dans cette station service, que tes rêves se réalisent et que tu réussisses tes études.

Je lève les yeux et le voit lire les mots. Il arbore un super sourire.

- Tu fais quoi comme études ?
- Droit, à l'UCLA. Deuxième année.

Je sais combien les études de droit peuvent être onéreuses. J'arrache la première feuille, reprend le stylo.

Je laisse un message bidon puis lui rend le tout.

- J'espère que tu en auras un bon prix.
- Merci, Chloé. Tu es cool.
- Bah de rien.

Un nouveau client entre dans la station service et je souris à l'employé.

- Je te laisse. Ethan m'attend.
- Passe lui le bonjour, me répond t-il comme si il connaissait Ethan.

Je ris en sortant, Lilly sur mes talons.

À l'extérieur, les flashs des paparazzis crépitent.

Ils me saoulent à sortir de nulle part. J'ai de plus en plus de mal à les supporter.

- Chloé, m'appelle l'un d'entre eux.

Je l'ignore totalement, attrape la main de Lilly et presse le pas jusqu'au 4x4. Ils me courent déjà après en m'appelant.

- Chloé
- Chloé

Putain, je me retiens de ne pas les envoyer chier. Oh, et puis, après tout ! Ils ne se gênent pas eux.

- Ça vous éclate de me faire chier. Qu'est-ce que ça peut vous foutre où je fais mon plein
- C'est notre business, poupée
- Poupée ? Tu es sérieux ? Il va falloir te calmer. On ne se connaît pas alors ne me manques pas de respect.

Le paparazzi se fout littéralement de ma gueule et me mime un bisou. Quel connard !

Je préfère garder mon self contrôle même si mon poing me démange et me dépêche d'attacher Lilly à l'arrière du 4x4.

Je prends place derrière le volant et m'insère sur la chaussée.

La circulation est fluide, ce qui est presque normal, vu l'heure qu'il est.

Plusieurs mètres plus loin, je m'arrête à un feu rouge et je me fais aussitôt encercler par deux motos. Ma tête se tourne instinctivement sur ma droite et me fais aussitôt aveuglé par un flash. Ils sont deux par motos, l'un conduisant, l'autre mitraillant.

Putain ! Ils me saoulent vraiment !

J'accélère en trombe quand le feu passe au vert et passe mes vitesses rapidement. À l'arrière, Lilly chante une chanson en faisant voler sa poupée alors que dans mon rétroviseur, les motos me suivent d'un peu trop près. Ils sont fous. Si je suis amené à piler, ils me rentreront dedans.

Je quitte la ville, roulant un peu au dessus de la limitation de vitesse puis part vers les hauteurs de Los Angeles. Je ne connais pas vraiment cet endroit mais mon but est de les semer. Peu importe le temps qu'il me faudra. Même si je suis fatiguée, je ne veux plus qu'il me prenne encore en photo. Si je me perds, j'activerai mon GPS.

Je garde ma vitesse, réduisant mon allure quand j'emprunte les virages.

Plusieurs fois, les paparazzis me doublent, frôlant la paroi rocheuse des collines de la cité des Anges. Ils en profitent pour prendre des clichés, qui n'auront sûrement aucune valeur.

Quel magazine serait intéressé par des multitudes de photo de moi, conduisant ? Je suis presque sûre que ces clichés doivent être loupés à cause du flash reflétant dans les vitres. Et en professionnels, ils le savent sûrement. Ils font ça pour me faire chier.

Les lumières des phares arrière de la moto devant moi s'allument alors subitement et je le dépasse sans problème. Mon regard se porte sur mon rétroviseur. Derrière moi, les motos accélèrent de nouveau, prête à me doubler une nouvelle fois.

Je reporte mon attention sur la route et c'est à ce moment que j'aperçois une petite masse brune sur la route. Je braque par reflexe, tout en appuyant de mes deux pieds la pédale de frein.

La dernière chose que je souviens est le mur de la roche et le cri de Lilly.

***
BIP - BIP - BIP - BIP

J'ouvre les yeux péniblement, les clignant à cause de l'intensité agressive des néons de la pièce.
Le plafond blanc est la première chose que j'arrive à distinguer une fois que ma vue s'est adaptée à la luminosité.

BIP - BIP - BIP - BIP

C'est quoi ce bip ? Je tente d'avaler ma salive mais je ne ressens qu'un sensation de brûlure à travers mon œsophage.
Ma tête se tourne vers un mur rose pastel, limite saumon. Ça existe toujours cette couleur ?

BIP - BIP - BIP - BIP

Je vois un moniteur sur ma droite et mes yeux n'arrivent pas à se détourner de l'écran de cette machine, fixant l'encéphalogramme des battements de mon coeur.

Je tente tout de même de me relever mais mon corps, tout endolori me fait échapper un grognement de douleur.

Mes yeux se posent alors sur mon bras et j'arrache aussitôt la perfusion nichée dans l'une des veines de mon avant bras. J'aurais pensé souffrir de mon geste qui peut paraître dingue mais en réalité, je ne ressens aucune douleur. Je ne sens même plus mon bras, mes bras.

Je tourne la tête vers mon membre gauche et voit le plâtre.

Je me souviens alors. La station service, les paparazzis, l'animal sur la route et la paroi rocheuse de la colline.

Merde, j'ai explosé le 4x4 d'Ethan ! Il va me tuer !

Je tente de me rappeler pour quelle raison j'ai emprunté cette fichue route.

Je me redresse alors subitement, faisant tourner ma tête.

- Lilly, je crie.

J'aperçois alors Ethan, endormi sur un fauteuil. Il ouvre les yeux et quand son regard croise le mien, il se lève d'un bond et est déjà près de moi. Il prend ma main dans la sienne en s'asseyant sur le lit.

- Ça va bébé ?
- Où est Lilly ?
- Avec ma mère. Elles sont parties manger quelque chose à la cafétéria.
- Elle va bien ?
- Elle pète le feu, comme d'habitude. Elle est fière de montrer son beau platre rose...

Je fonds alors en larmes. Ethan pose alors ses mains sur mon épaule.

- J'ai failli tuer ta fille, je sanglote.

Il ne dit rien mais caresse mes cheveux alors que je sanglote sur son épaule. Il me souffle de me calmer, que ce n'est pas grave mais cela ne me rassure pas pour autant et mon rythme cardiaque, d'après le moniteur, ne cesse de s'emballer.

- Ne t'inquiètes pas pour Lilly. Elle va très bien. Elle a juste eu la cheville cassée...

C'est à ce moment que la porte de la chambre s'ouvre sur une infirmière qui écarquille les yeux quand elle voit notre position.

- Monsieur West ! Il lui faut du repos. Veuillez descendre.

Ethan se lève en grognant alors que j'en profite pour essuyer mes larmes. Elle vient vérifier le moniteur et me sermonne du regard quand elle voit que j'ai arrachée ma perfusion. Elle ressort presque aussitôt, m'informant qu'un certain docteur Parrish va venir me voir.

À peine la porte refermée Ethan est déjà retourné sur le lit et m'encercle de ses grands bras musclés.

- Je t'aime, me souffle t-il
- Tu ne devrais pas. J'ai failli tuer ta fille.

Il secoue la tête.

- Non, c'est ces connards de paparazzis. Toi, tu n'as voulu que la préserver.

La porte s'ouvre une seconde fois et je m'attend à voir le docteur mais c'est Suzanne qui entre dans la chambre, aidant Lilly qui se déplace en béquille.

- Oh ! Tu es réveillée ? demande Lilly

Elle tente d'accélérer jusque mon lit mais sa grand-mère la retient.

- Montes moi Grand-mère, je veux faire un câlin à Chloé.

Suzanne s'exécute et Lilly s'assoit sur les genoux de son père avant de caler sa tête sur ma poitrine. Je souris. Elle ne m'en veux pas. J'ai failli la tuer et la fillette n'a pas une once de rancune.

Elle relève alors sa tête et me fixe de ses grands yeux bleus.

- Eh ! Tu sais quoi ? J'ai un plâtre rose. Regardes.

Elle étire sa jambe jusque sous mon nez.

- Doucement Lilly, ne fais pas mal à Chloé.

Je ris au geste de la petite fille et je vois Suzanne s'approcher de moi. Elle prend ma main dans la sienne et me sourit timidement.

- Comment tu vas, ma fille ?
- J'ai connu mieux. Mais ça va.
- Tu m'as fait très peur.

Ce n'était pas un reproche, juste de l'inquiétude. Je lui souris à mon tour timidement, pour lui montrer ô combien je suis désolée quand la porte s'ouvre une troisième fois. Le docteur écarquille les yeux puis sourit.

- Et bien ! Il y a un peu trop de monde au mètre carré ici. Bonjour Chloé, je suis le docteur Parrish. Comment vous sentez vous ?

Il sort de la poche de sa blouse une petite lampe tandis qu'Ethan se lève du lit, Lilly dans ses bras.

- Ça va, je réponds.

Le docteur sourit puis s'assoit à la place qu'Ethan vient de quitter. Il lève son index devant moi puis allume sa lampe.

- Très bien. Suivez mon doigt, s'il vous plaît.

Je m'excute quand il vérifie mes deux yeux.

- Et bien, c'est très bien. Vous avez des douleurs quelque part ?
- J'ai juste soif.

Il me sourit alors que Suzanne me tend déjà un verre que je vide d'une traite.

Le docteur se tourne alors vers elle et dit.

- Si vous alliez voir l'infirmière pour demander une sucette à cette charmante jeune fille ?

Belle façon détournée pour lui demander de quitter la chambre. La mère d'Ethan sourit puis s'exécute, prenant Lilly dans les bras.

Le docteur Parrish se lève alors et vérifie mon dossier médical. Il reste incroyablement calme et j'ai très peur de ce qu'il va m'annoncer

- Chloé, vous avez énormément de chance. Malgré le choc, vous n'avez qu'une fracture de l'avant bras gauche, auquel nous avons mit un plâtre. Nous nous sommes inquiétés car vous avez eu un choc crânien mais après trois jours...
- Attendez, ça fait trois jours que je suis ici ?
- Oui. On vous a garder en observation. Nous avons recousu votre front mais je ne pense pas qu'il y aura de cicatrices.

Je touche mon front instinctivement et sens le tissu d'un gaze collé sur ma peau.

- Par contre, nous n'avons pas pu sauver le bébé...

Quoi ? Quel bébé ?

- Tu... Quoi ? intervient Ethan.

Mon regard se pose sur lui.

- À ce que je vois, vous ne le saviez pas. Ça ne m'étonne pas vraiment, vous étiez enceinte que de cinq semaines

Ma main se porte alors sur mon ventre. J'étais enceinte et j'ai perdu mon bébé. Notre bébé...

***

Hello

Je ne sais pas vous mais moi je torderai bien le cou de ces foutus paparazzis!

Qu'avez-vous pensez de ce chapitre?
Le sort semble s'acharner drôlement sur notre petit couple... quand un problème se règle, un surgit presque aussitôt... et ce n'est pas fini (tiens ça me dit quelque chose, ça! C'est pas une pub, lol)

Votez et commentez...
Et demandez moi la suite si vous la voulez...

Kiss

Laurie

***

EN MÉDIA - CHLOÉ