《CHAPITRE 22 - LUI》.
CHAPITRE 22
***
Mes doigts tambourinent la petite table métallique de la salle d'interview. La salle est d'un ennui mortel, avec sa peinture verte pâle et son pauvre mobilier, constituée seulement d'une table et de quatre chaises.
Dans le coin du mur, une caméra de surveillance est tournée vers moi. Putain, j'ai l'impression d'avoir braqué une banque.
Je laisse échapper un petit rire. Peu importe où je suis, une caméra sera sur moi.
Je ris une nouvelle fois à mes pensées. Je suis con parfois. On doit me prendre pour un dingue sérieux.
J'ai l'impression que ça fait des heures que je suis dans cette petite salle déprimante, assis sur une chaise qui me fait mal au cul. Franchement, il pourrait mettre une canapé, une télé et un minibar. Ouais, un mini bar. J'aurais bien besoin d'en vider un. Le tout agrémenté d'un bon joint ou d'un rail de coke, histoire de dédramatiser cette situation ridicule.
Bon, ok, je n'aurais pas dû tabasser ce connard, mais ça m'a fait du bien. Avec sa gueule de con et son air supérieur. Je ne comprends même pas comment Chloé a pu s'intéresser à ce mec et rien que de savoir qu'il l'a déjà touché, déjà vu nue m'écœure déjà. Alors quand il a posé ses lèvres sur les siennes...
Putain ! Non, je ne regrettes pas de l'avoir défoncé ce bâtard. Si ce serait à refaire, je l'achèverai.
Quand la porte s'ouvre, je suis en pleine tactique pour tuer cet enculé, pile poil au moment où j'ai décidé où j'enterrerai son corps. Je suis un vrai psychopathe parfois. Mais on ne touche pas à la femme que j'aime. On ne touche pas à Chloé.
Un flic, suivi de Mark, mon avocat entre dans la pièce, la mine sombre. J'ai envie d'exploser de rire quand je vois leur visage grave mais je me retiens. Mieux vaut ne pas aggraver mon cas.
Mark me salue d'une poignée de main puis s'assoit sur ma gauche alors que le flic s'assoit face à moi. Il pose un dossier sur la table.
- Monsieur West, vous savez pourquoi vous êtes ici ?
- Il parait que j'ai tabassé un mec
- Vous niez les faits ?
- Non. J'ai tabassé ce mec
La main de Mark s'abat déjà sur mon bras mais il est trop tard. J'ai avoué. Le flic ouvre son dossier puis relève les yeux vers moi.
- Monsieur West. J'ai ici une déposition de Monsieur Pelletier qui vous accuse de l'avoir agressé la nuit de samedi à dimanche.
- C'est vrai
- Je peux avoir votre version des faits.
- Pas de soucis. Ce mec est un con et ça m'a fait du ...
Mark pose une nouvelle fois sa main sur mon bras puis se tourne vers le flic.
- Pourrais je m'entretenir avec mon client un instant ?
Le flic opine puis se lève, prenant soin de reprendre son dossier avant de quitter la pièce. Mark le suit du regard jusqu'à ce que la porte se referme puis se concentre sur moi.
- Ethan, tu ne peux pas dire ça.
- Bah quoi ? Je croyais qu'il ne fallait pas mentir aux flics et lui péter les dents, à ce con, m'a fait du bien.
- Oui, bah, ça, ils ne sont pas sensés le savoir. Penses à Lilly
- Quoi Lilly ?
Mark secoue la tête, l'air abattu.
- J'allais t'appeler demain pour te le dire. Tu as rendez vous avec le procureur la semaine prochaine pour la garde de Lilly. Crois tu qu'un juge laissera une fillette à un père qui prend du plaisir à tabasser un mec ?
Je râle intérieurement. Putain !
- Ok. Qu'est ce que je dois faire ?
- Déjà pour commencer, tu fais profil bas. Plus de unes des magazines people a moins que ça soit avec ta fille et ta petite amie, montrant combien vous êtes heureux dans la vie et que vous êtes une famille parfaite. Redores ton image Ethan, sinon, tu peux faire une croix sur Lilly.
- Ok. Ok. Je fais tout ce que tu veux. Tu peux me sortir d'ici ce soir ?
- Ça risque d'être compliqué Ethan. On parle de coups et blessures là.
- Fais chier, je soupire.
Mark opine puis se lève pour faire revenir le flic. Ils se rassoient tous les deux et j'affiche un sourire commercial. Putain, je suis dans la merde !
- Ok. Reprenons. Étiez-vous à la soirée donné par Anna Snow samedi dernier ?
- Oui. C'est une amie de ma petite amie.
- Avez-vous vu Monsieur Pelletier à cette soirée ?
- Non, pas avant de l'avoir frappé..
- Donc, vous l'auriez agressé sans aucune raison ?
- Ça, c'est vous qui le dites. Pour moi, il y en avait une.
- Et laquelle ?
- Il a embrassé Chloé. Ça m'a bien énervé et je n'ai pas pû me retenir...
- Ce que mon client essaie de dire, c'est qu'il est de nature jalouse.
Le flic esquisse un petit sourire.
- Aviez vous consommé des substances illicites ? Alcool ou drogues ?
- Juste de l'alcool.
- Pas de drogues ?
- Non, je ne touches plus à ça.
Même si je ne serais pas contre de me mettre la tête à l'envers à cet instant.
- Vous êtes sûr ?
- Oui. Des tests sanguins pourraient le prouver.
- Très bien. Je ne vous cache pas qu'en vue de votre dossier, vous encourez une peine de prison de...
- Oh ! Arrêtez ! Ce mec ne va pas pleurer pour un petit bobo !
- Ce n'est pas qu'un petit bobo, Monsieur West. Nez cassé, arcade sourcilière droite ouverte, nombreux hématomes au visage.
Ah ouais ? Je ne l'ai pas loupé ! Ne souris pas Ethan, ne souris pas !
- Je risque combien ?
- Trois ans... Minimum
Trois ans !? Une éternité il veut dire !
- À moins que Monsieur Pelletier retire sa plainte d'ici le procès.
Ce qui voudrait dire que je devrais aller m'excuser auprès de lui ? Hors de question. À moins que je lui file du fric.
Combien vaut trois ans de liberté ?
Le flic se lève alors en prenant une fois de plus son dossier.
- Vous êtes en garde à vue pendant vingt quatre heures. Et à votre sortie, je vous conseille de vous tenir à carreaux. Bonne soirée.
Il quitte la pièce et je me tourne aussitôt vers mon avocat.
- Demandes lui combien il veut pour retirer sa plainte. Je suis prêt à mettre le prix qu'il faut. En tout cas, je ne m'excuserai pas...
***
Quand j'entre dans la villa, un peu plus tôt que prévu, j'ai l'immense sensation d'être un taulard sorti après vingt ans de prison. Je pues horriblement et je n'ai qu'une hâte, c'est de rester trois heures sous la douche. L'odeur de ma cellule a imprégné mes vêtements et je crois que le mieux serait de les brûler.
J'entre dans le séjour et voit mes deux petites femmes, blotties l'une contre l'autre sous une couette, Murphy aux pieds de Chloé et Jack dans les bras de Lilly. Putain ! Qu'est-ce qu'elles m'ont manqué alors que je les ai quitté vingt deux heures et quarante minutes plus tôt.
Ouais, quand on est en tôle, on compte les heures ! Ce n'est pas un mythe
Elles se sont endormies devant un dessin animé et je coupe le son avant de m'asseoir près de Chloé. Murphy bat de la queue, heureux de me voir mais ne se lève pas pour autant.
Je caresse le visage de Chloé et elle ouvre péniblement les yeux.
Trop belle ma petite femme !
Quand son regard croise le mien, elle me sourit.
- Tu es rentré ? me demande t-elle d'une voix encore endormie
- Oui. Ils m'ont libéré un peu plus tôt.
- C'est génial. Ça va toi ?
- Mouais. À part que j'ai l'impression de puer.
- Bah, c'est vrai. Tu pues, elle rit.
Je ris avec elle. Pas pour sa remarque, juste parce que j'entends son rire.
- Papa ? j'entends
Je tourne ma tête vers Lilly, encore tout endormie.
- Salut ma princesse !
- Eh ! Tu sais quoi ? On a fait une journée entre filles aujourd'hui. Je n'ai même pas été à l'école.
- Elle n'avait pas trop le moral, me murmure Chloé.
- Et on a fait une soirée pyjama. Et on a regardé des dessins animés. C'était trop génial. Et toi, Papa, tu as ramassé du savon ?
Je me fige. Quoi ? Qu'est ce qu'elle vient de dire ?
- Ashton et Drew sont passés pour avoir des nouvelles et ils ont plaisanté, me précise Chloé.
- Ravi de voir que mes amis rient de me savoir en tôle.
- Ah. Ok. Euh, non, Lilly, j'ai pas ramassé de savonnette. Je n'ai même pas pris de douche.
- Ah, alors, c'est toi qui pues comme ça ? Je croyais que c'était Murphy.
- Ok, ok. J'ai compris. Je vais prendre une douche.
Je ris puis embrasse le front de ma fille avant de me diriger vers l'étage.
- Ne fais pas tomber la savonnette, on ne sait jamais, j'entends derrière moi.
Je me retourne et vois Chloé, un large sourire aux lèvres. Comment peut-elle rire de tout ?
Lilly, elle, ne comprend pas et hausse seulement des épaules.
- Tu viendras la ramasser pour moi, bébé ! je réponds, une multitude de pensées perverses en tête.
***
Quand je me réveille ce matin là, Chloé n'est plus dans le lit. Je me lève nonchalant mais tout de même satisfait d'avoir retrouvé le confort de mon lit.
Je descends de l'étage en baillant vulgairement. Il est déjà dix heures et cela fait bien longtemps que je n'ai pas dormi autant. Avant, je restais au lit tard et je suis content d'avoir fait un semblant de grasse matinée.
Voyant que la cuisine est déserte, tout comme le salon, je me dirige vers le jardin et me fige quand je reconnais les deux personnes assises autour de la table de jardin. Lilly est sur les genoux de ma mère et semble lui expliquer une chose extraordinaire, vu comment elle s'agite et fait de grands signes. Mon père, lui se tient bien droit, en parfait soldat et discute paisiblement avec Owen. Kyara, Julia et Chloé rient entre elles, comme si elles se connaissent depuis des années.
Je tire la porte de la baie vitrée et tous les regards se portent vers moi. Chloé me sourit alors que Lilly s'écrit un « Papa » joyeux.
J'embrasse Chloé et je vois qu'elle paraît gênée devant mes parents. C'est eux qui devraient être gênés. C'est eux qui viennent chez moi sans y être invités.
Je me laisse tomber sur ma chaise sans saluer qui que ce soit d'autre. Ils m'ont tous pété le moral à venir squatter chez moi de bon matin et surtout, voir mon père après toutes ses années m'emmerde.
- Tu as vu ? Tes parents sont là ? me dit Chloé.
Sans blague !
- Ouais, j'ai vu, je réponds sèchement.
J'ai conscience que j'ai mit un froid depuis que je suis arrivé sur la terrasse mais je m'en fous royalement. Je soupire d'agacement alors que les yeux de Chloé me toisent.
- Ouais. Salut tout le monde.
Ma mère pose alors sa main sur la mienne.
- Je suis contente de te voir, me dit-elle. J'ai fais des pancakes. Comme je faisais le dimanche
- Bah non, je ne m'en souviens pas étant donné que le dimanche, j'étais sur les plateaux de tournage.
Petit pique bien envoyé ! Ça va nous mettre dans l'ambiance familiale direct !
Ma mère paraît gênée un instant et je ressens aussitôt une pointe de culpabilité. J'adore ma mère. Elle a longtemps occupé la place de femme de ma vie dans mon cœur mais elle a trop tendance à oublier que moi, je n'ai jamais eu le droit aux pancakes le dimanche matin.
Je me sers un verre de jus d'orange, sous les yeux réprobateurs des membres de ma famille.
- Vous parliez de quoi ? je demande, bien trop curieux pour me taire.
- De tout et de rien, fait ma mère. Je disais à cette charmante jeune fille qu'elle avait drôlement grandie.
Je souris. Oui, j'ai l'impression qu'elle grandie de jour en jour. Lilly rit.
Je vois mon père s'asseoir face à moi. J'évite son regard. Autant qu'ils soient tous là, je m'en fous. C'est ma famille et je vois que Lilly est heureuse d'être en famille mais mon père, ça me fait vraiment chier. Je ne lui ai pas donné de nouvelles ni vu depuis plus de trois ans. Lilly était encore bébé.
Je vois alors Kyara se laisser tomber à côté de moi. Elle me fixe et je sais qu'elle va m'emmerder.
- Bon, tu as finis de faire la gueule ? On est tous en famille et...
- Ta gueule Kyara, tu commences à...
Chloé se lève tout à coup.
- Bon, je vais aller habiller Lilly. Tu viens mon petit chat ?
Chloé tend la main à Lilly qui la prend aussitôt puis entre dans la villa. Le silence règne toujours autant et les autres membres de ma famille s'assoit autour de la table.
Je ne dis rien. Je reste fixé sur l'écran de mon smartphone. Candy Crush Saga est beaucoup plus intéressant qu'eux à croire.
- Chloé est adorable, fait ma mère
- Tu ne m'apprends rien, je dis
En réalité, je suis fier et heureux qu'elle pense ça. Quand je dis qu'elle ensorcele tout le monde...
- Je suis fier de toi, fils. Tu parais avoir compris où étaient tes priorités...
Je lève les yeux vers mon père.
- C'est bien la première fois que tu es fier de moi, je craches.
- Ethan, me sermonne ma mère. Ce que ton père veut te faire comprendre, c'est que...
- Je me fous de ce qu'il pense ! Il m'a toujours dénigré et maintenant que je me poses dans ma vie, je le rends fier...
- Ethan ! Grondes mon père.
- Harry, je le provoque.
Nous nous toisons un instant. J'ai toujours été en conflit avec lui et j'ai toujours prit un malin plaisir à le faire. C'est tellement jouissif de tenir tête au Général West.
- Je ne suis pas un de tes bons petits soldats que tu mènes à la baguette.
- Je sais. Je l'ai bien compris depuis longtemps.
Pour une fois, il parait sincère. Je le fixe méfiant. Non, un si grand élan de générosité de sa part cache quelque chose...
- Vous êtes là pour quoi en fait ?
- C'est ton frère qui nous a appelé, fait ma mère.
Mes yeux se posent sur Owen qui paraît trouvé un grand intérêt à la petite cuillère qu'il s'amuse à faire tourner. Encore un qui s'écrase devant le Général.
- Il nous a dit pour ton arrestation, continue mon père.
- Et pour la demande de garde de Lilly.
- Et ?
- Et nous sommes là pour t'aider et te soutenir.
Super ! Ils décident d'être parent après vingt sept ans ! J'ai envie de les applaudir !
- Je me suis toujours démerdé sans vous.
- On sait Ethan. Nous avons bien entendu la dernière fois que tu nous l'a dit.
Putain ! Qu'est-ce qu'ils me saoulent. Je me lève de ma chaise et quitte la terrasse. Je sens leurs regards sur moi et je me retiens de leur faire un doigt d'honneur. Il faut que j'aille courir ou je sens que je vais tout péter là dedans.
***
Hello
Petit chapitre pour fêter ma fin de journée...
L'arrivée des parents d'Ethan va-t-il lui faire péter un plomb? Ethan semble bien remonté contre son père...
Comment Chloé va-t-elle gérer tout ce petit monde?
La suite dans le prochain chapitre mais j'hésite à le publier... À moins que vous la vouliez vraiment... 😉
Kiss
Laurie
***
EN MEDIA - ETHAN
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