CHAPITRE 14

***

J'ouvre les yeux quand un connard s'acharne sur ma sonnette. Putain, laissez moi dormir. On est samedi et j'ai le droit à ma grasse matinée.

Je me retourne dans mon lit et recouvre mes oreilles de mon oreiller. Maria ira ouvrir. Moi, je ne bouge pas. Je suis trop claqué. Toute la semaine, j'ai travaillé et enregistré mon album, restant souvent bien tard au studio et surtout, je me suis occupé de Lilly.

Être père est un travail épuisant, bien plus que mon propre boulot. Depuis presque deux semaines, je m'occupe de Lilly et ce petit diable de quatre ans m'épuise au quotidien. Elle me fait tourner en bourrique et ne cesse de sauter en l'air quand j'accorde le moindre de ses caprices.

Leila vient la chercher ce soir et je dois avouer que je vais retrouver un peu de tranquillité même si j'aimerais la garder avec moi plus longtemps. Je sens que je vais encore me prendre la tête avec elle. Cette meuf est vraiment une piètre mère. Elle ne fait jamais rien avec Lilly, passe le plus clair de son temps entre deux aéroports pour son boulot d'hôtesse de l'air et moi, je m'occupe de Lilly pendant qu'elle se fait sauter par des stewards et des pilotes. Elle n'a appelé sa fille que deux fois en une semaine. Pathétique !

Par moment, j'aimerais avoir la garde exclusive de Lilly. Elle n'aurait peut-être pas une meilleure vie à me suivre sur mes tournages ou à mes concerts mais au moins, moi, je m'occupe d'elle.

La sonnette retentit encore une fois. Peu importe qui sera derrière cette foutue porte, ce con peut se considérer comme mort. Et puis, qu'est ce qu'elle fout Maria ?

J'entends des petits pas précités dans les escaliers puis la porte de ma chambre s'ouvrir. Putain, ils ont tous décidés de me faire chier aujourd'hui !

Quand je sens un petit corps sauter sur mon lit, je grimace quand le pied de Lilly appuie sur mes parties.

- Allez Papa ! Réveilles toi !!

Lilly me secoue dans tous les sens. Quelle chieuse ! C'est bien une fille ! Je l'attrape par la taille et la fais tomber sur le matelas. Elle rit de mon geste et quand je commence à la chatouiller. Elle rit encore plus. J'adore son rire, tout comme celui de Chloé et les deux combinés ensemble font de moi l'homme le plus heureux du monde.

Putain, Chloé ! Qu'est ce qu'elle me manque. Depuis une semaine, je ne suis pas vraiment d'humeur. Je suis même une vraie loque et je ne suis bon à rien. L'enregistrement de mon album a d'ailleurs traîné et Owen ne fait que de m'engueuler ce qui me fout d'une humeur de chien. J'ai dû rattraper mon retard, m'obligeant à rester plus longtemps au studio. Je fais l'effort devant ma fille mais devant tous les autres, je suis encore plus exécrable que mon habitude.

- Papa ?
- Oui.
- Pourquoi tu es plus amoureux de Chloé ?

J'esquisse un demi sourire. Ma fille est vraiment très intelligente. Elle a dû se douter que nous nous sommes disputés.

- Bah, j'ai été bête
- Tous les garçons sont bêtes !

Je ris. Ouais, il parait.

- Chloé est en colère contre moi.
- Bah, tu sais ce que tu devrais faire ? Tu devrais lui acheter une fleur et lui dire que tu es amoureux d'elle. Pour moi, ça marche.
- Comment ça, pour toi ça marche ?
- Bah avec Noah. Quand il me vole mes feutres à l'école, je suis en colère. Donc à la récréation, il va me chercher une fleur et il me fait un bisou et du coup, bah je l'aime encore.

C'est qui ce Noah ?!

- Tu as un amoureux à l'école ?
- Oui, j'en ai plein même. Mais Noah, c'est celui que je préfère.

Merde ! Ma fille a un amoureux ?! Je viens de prendre une sacré claque là !

La porte de ma chambre s'ouvre et je vois ma sœur s'adosser dans l'encadrement de la porte, les bras croisés sur sa poitrine.

- Eh, je vous attends. On a une super fête à préparer, je vous rappelle...

Lilly se met à crier d'excitation, me déchirant les tympans. Elle se lève puis part vers Kyara.

Quand ma soeur me fusille du regard, je comprends que je dois bouger mes fesses.

***

Ok. J'ai une nouvelle règle. Ne jamais organisé l'anniversaire d'une petite fille de quatre ans. Franchement, c'est épuisant et je sais que le plus dur n'est pas encore passé. Dans deux heures, une trentaine de gamins envahiront la pelouse de mon jardin et je sens que j'aurais besoin d aspirine. Heureusement que Kyara s'est chargée de tout car franchement, j'aurais été à la masse. Lilly est excitée et saute partout dans la maison.

Kyara me fixe et sourit. Je ne sais pas ce qu'elle a me regardé comme ça mais elle commence à me saouler sérieusement.

- Quoi ? je crache.
- Non, rien...

Elle baisse les yeux puis les relève en souriant.

- Vas y crache le morceau...
- Je ne préfère pas prendre le risque
- Kyara...
- Ok, ok. Je trouve que tu as changé
- J'ai changé. En quoi ?
- C'est bien ce que tu fais pour Lilly. C'est ça qui lui manque. De la stabilité.

Je la fixe du regard. Je ne pense pas être l'exemple même de stabilité.

- Ce n'est pas avec sa trainée de mère qu'elle en a l'exemple, c'est sûr, je rétorque, préférant tout mettre sur le dos de Leila.
- Non. Sans parler de ça, je vois que tu t'investis beaucoup plus dans ta paternité et je trouve ça génial. Et Lilly aussi le ressent. Doit on remercier Chloé pour ça ?

Ma sœur est loin d'être conne, elle aussi. Je souris en entendant le prénom de la femme que j'aime.

- Je sais que Lilly l'adore. Elle ne fait que de parler d'elle. Elle la vénère totalement.
- Ouais, je sais mais je te l'ai dis, Chloé est un peu tendue en ce moment.
- Ethan ! Tu lui a menti !
- Non, je ne lui ai pas menti. Je ne lui ai pas dit la vérité
- Oh ! Pardon ! C'est vrai que ça fait une grande différence. Lilly m'a dit qu'elle allait venir tout à l'heure ?
- Je l'espère.
- Ouais, bah tu sais ce qu'il te reste à faire ?

J'hoche de la tête et l'interphone de la villa se met à sonner. J'espère sincèrement qu'elle sera là. Je sais qu'elle n'est pas du genre à revenir sur ses décisions et elle a promis à Lilly qu'elle serait là.

Je pars ouvrir la porte et je n'ai pas le temps de réagir que je vois deux petites têtes brunes foncées dans le séjour. Owen et Julia se tiennent devant la porte, cette dernière un paquet dans la main. Ils paraissent gênés un instant, surtout elle. Je n'ai jamais aimé Julia. Elle est conne, autoritaire et se mêle de tout. Elle ressemble un peu trop à son mari et plus d'une fois, nous nous sommes pris la tête lors des rares repas de famille auxquels j'ai assisté. Je m'apprête à dire quelque chose mais la main de Kyara se pose sur moi et elle les invite à entrer.

Sérieusement, je me demande qui est le plus chiant dans cette famille ?

Mon frère et sa femme entrent silencieusement.

- Vous buvez quelque chose ? fait ma sœur.

Elle se croit chez elle, celle là. Mon téléphone se met à vibrer dans ma poche et je grimace quand je vois que j'ai un message de Leila

[ De : Leila
Je suis arrivé à L.A. Je peux venir chercher ma fille maintenant ? ]

Ça y est ! J'ai déjà envie de la baffer. Elle m'énerve quand elle dit que c'est SA fille. Je décide de l'appeler plutôt que de dialoguer avec cette conne pendant deux heures. Elle décroche presque aussitôt.

- Je ne suis pas à ta disposition et tu viendras chercher MA fille à l'heure que nous avons convenu.

Je ne l'ai même pas saluer et je m'en contrefous des formules de politesse quand il s'agit de Leila.

- Ça va, ne le prends pas comme ça. Bon, je peux passer ?
- Non. Impossible. Au cas où tu l'aurais oublié, c'est l'anniversaire de Lilly aujourd'hui.
- Oh oui, c'est vrai, elle souffle.

Putain, elle ne se rappelle même pas de l'anniversaire de sa fille. Quelle mère indigne !

- Justement, tu pourrais me la laisser plus tôt et...
- Non. Là, elle attend sa fête d'anniversaire avec impatience et...
- Oh ! Tu fais une fête ?

Et merde !

- Ouais, et tu as plutôt pas intérêt à ramener ton cul ici. Je te l'amène à 19h comme prévu.

Je lui raccroche au nez. Avec Leila, il faut savoir être ferme. Et ce n'est pas parce que Mademoiselle a décidé que je dois me soumettre à elle.

Je me rappelle que ma famille est là quand je me tourne vers eux et que je vois leur visage triste et inquiet.

- C'était Leila ? demande Owen.
- Ouais. Elle veut venir récupérer Lilly.

Ils paraissent comprendre la situation et j'inspire profondément en me pinçant l'arrête du nez. Cette meuf veut ma mort.

- Pourquoi tu ne fais pas une demande pour la garde de Lilly ?

Je relève la tête et regarde Julia, qui parait soudainement mal à l'aise. Je la fixe un moment et elle se tasse légèrement sur le canapé.

- Tu crois que je n'y ai jamais pensé ? Mais j'en ferais quoi quand je serais en tournage ou sur la route pour mes tournées ?
- Elle serait sûrement mieux qu'avec sa mère qui est toujours entre deux vols et...

L'interphone se remet à sonner et Kyara part ouvrir. Elle se fige un instant devant la porte et je me penche pour en voir la raison. J'espère que ce n'est pas Leila qui a décidé de se pointer sinon, je la fous à la porte direct.

Je vois le visage surpris de Chloé, une housse à vêtements dans les mains. Elle semble mal à l'aise.

- Tu dois être Chloé ? fait ma sœur.
- Euh... oui.
- Je suis Kyara. Entre...

Elle avance timidement puis ses yeux se posent dans les miens. Elle me sourit aussitôt. Je m'approche, attiré par elle.

Je ne l'ai pas vu depuis une semaine et elle est encore plus belle. Elle a coupé ses longs cheveux bruns et elle arbore un carré long qui lui va parfaitement. Elle est tout simplement sublime. Je sens qu'elle est contente de me voir et je le suis encore plus. Je prends son visage dans le mien et dépose mes lèvres sur sa joue. Je sens son sourire à travers mon baiser et quand j'entends le raclement de gorge de ma sœur, je me rappelle que nous ne sommes pas seuls.

Chloé rougit légèrement en voyant ma sœur et rougit encore plus quand elle remarque Owen et Julia qui n'ont pas perdu une miette du spectacle. Elle est trop mignonne.

- Euh... Salut, dit-elle en faisant un petit signe de la main.

Je prends sa main et l'attire vers ma famille. Owen sourit en la voyant. Je suis fière de la présenter à ma famille. Malgré qu'ils soient comme ils sont, j'aime ma famille.

- Chloé, voici Owen, mon frère et Julia, sa femme. Et là, c'est Kyara, ma petite sœur.

Elle leur sourit, légèrement tendue et quand Julia la prend dans ses bras pour l'enlacer, elle parait se détendre. Elle se tourne vers moi

- J'aurais peut-être dû appeler. Je vous dérange sûrement.

Je l'attire aussitôt pour la blottir contre mon torse. Je prends une grande bouffé d'air et je m'enivre de l'odeur de son shampooing et de son parfum. Ça m'avait manqué.

- Tu ne dérangeras jamais.

Elle sourit et je sens ses mains se posées dans le bas de mon dos. J'ai l'impression de l'avoir retrouvé. Elle se libère de mon étreinte au moment où Lilly entre en courant dans la villa en criant son nom. Chloé s'accroupit aussitôt face à elle et la prend dans ses bras. Elle dépose un baiser sur la tempe de ma fille et je souris en les voyant ensemble.

- Oh mon petit chat ! Tu m'as trop manqué.
- Toi aussi tu m'as manqué. C'était bien ton travail ? Tu as fais des robes.
- Non, je n'ai pas fait des robes, j'en ai fais une.

Lilly sautille sur place emmenant Chloé dans son excitation qui rit devant le comportement de ma fille. Voilà, c'est en entendant ça que je suis l'homme le plus heureux. Elles semblent être dans leur bulle toutes les deux. Face à moi, Kyara me sourit.

- On va mettre ta robe ? annonce Chloé

Lilly lâche un cri d'excitation et lui prend la main avant de monter à l'étage. Voilà comment une femme devrait être avec une enfant...

***

J'entends le rire enfantin de Lilly à travers la porte de sa chambre. Je m'apprête à pousser la porte quand la question de Lilly m'interpelle.

- Pourquoi toi et Papa, vous êtes plus amoureux ?
- Oh ! Il t'a dit... Ce n'est pas ça Lilly, c'est juste qu'on s'est un peu disputé et...
- Moi je veux que tu restes avec nous...
- Je sais. J'aimerais aussi mais tu ne peux pas rester ici. Ta maman serait trop triste sans toi et...

J'en profite pour pousser la porte. Lilly me regarde et se lève de son lit.

- Regardes Papa...

Elle tourne sur elle même, faisant voler le tissu de sa robe.

- Tu es très belle ma chérie. Mais tu veux bien nous laisser un instant. Je dois parler à Chloé
- Vous allez vous faire des bisous ?

Chloé rit.

- Tu es trop curieuse. Descends, on te rejoins.

Lilly s'exécute et quitte sa chambre. Je me reconcentre sur elle. Elle est si belle. Elle se lève lentement et lisse les plis de sa petite robe blanche. Elle est magnifique.

- Chloé, je...
- Je sais. Tu voulais te protéger.
- Il n'y a pas que ça. Je voulais aussi te protéger. Je ne voulais pas que...
- ... Que je subisses toute cette pression et que je ne sois pas exposé aux medias ?
- Oui. C'est exactement ça. Je sais que tu ne veux pas profiter de moi. Tu n'as rien fait qui...
- Tu m'as manqué.

Quoi ? Est ce que j'ai bien entendu ? Je ne manque à personne pourtant. Sauf à ma fille. Elle sourit et laisse échapper un petit rire.

- Tu m'as manqué. Beaucoup trop.

Je m'approche d'elle, prêt à la prendre dans mes bras mais elle pose sa main sur mon torse pour m'arrêter.

- Mais tu m'as menti

Alors là, je ne comprends plus rien. Elle me dit qu'elle comprend mais elle refuse que je viennes à elle.

- J'ai compris pourquoi tu as fais ça mais je pense que tu as fais ça car tu n'as pas confiance en moi.
- J'ai confiance en toi et...
- Je ne veux pas d'une relation sans confiance. C'est important pour moi et si tu n'es pas prêt, je peux le comprendre.

Alors c'est ça, elle pense que je n'ai pas confiance en elle. Pourtant, je suis prêt à tout pour elle.

- Pourtant, je t'ai laissé voir qui est le vrai Ethan.
- Justement, je ne comprends pas pourquoi tu t'évertues à te comporter comme un con. Et moi, je veux un petit ami, pas deux. Et je ne supporterais pas de jongler avec tes deux personnalités.
- Je ferais des efforts. Tu comptes beaucoup pour moi. Et je le ferais pour toi.

Elle me sourit. Je pose ma main sur sa taille et l'attire vers moi

- Je suis prêt à tout pour toi. Je suis prêt pour toi.

Je plonge mon regard dans le sien. Ma respiration se bloque. J'ai tellement envie de ses lèvres, de son corps, d'elle.

- Je t'aime, je souffle avant de fondre sur ses lèvres

Notre baiser est fougueux, passionné et impatient. Ses lèvres m'ont tant manquées. Sa bouche si pulpeuse et sensuelle aussi. Je ne regrettes pas un instant mes dernières paroles car c'est vrai. Je n'ai jamais été amoureux et si j'avais su ce que j'allais vivre avec elle, je l'aurais cherché depuis longtemps.

Quand la sonnerie de l'interphone sonne une nouvelle fois, je me recule à mon grand regret et lui souris.

- On y va ?

***

Oh ! Qu'est ce que j'aime les réconciliations!!

Et ils sont si mignons ensemble...

Qu'en pensez vous ?

Avez vous des idées pour la suite... (bon, moi je sais ce qui va se passer mais j'aime bien vos avis...)

Kiss

Laurie

***

EN MEDIA - ETHAN & CHLOÉ