《CHAPITRE 1 - ELLE》
CHAPITRE 01
***
Dire que je suis chargée est un doux euphémisme... Je pousse ce maudit chariot qui pèse trois tonnes et surtout qui roule mal. Et oui, je ne pouvais pas faire autrement que choisir le seul chariot qui a une roue qui bloque. Je peste intérieurement.
Devant moi, une vieille femme, aidée d'une canne, piétine devant moi. Je remonte mon sac à main sur mon épaule et double la grand-mère en poussant le chariot qui manque de se renverser. Je râle une nouvelle fois mais cette fois-ci, à voix haute. Je ne suis pas d'humeur. Je le suis rarement depuis trois mois. En même temps, le vol était horrible. Sans compter la chaleur écrasante malgré la climatisation. Aujourd'hui est la journée la plus chaude et on pourrait se croire en plein mois d'août alors que nous ne sommes que fin mai.
Je pousse toujours mon chariot, en traînant une autre valise quand je passe les portes automatiques des arrivées de l'aéroport. Je scrute l'horizon à la recherche de mon amie d'enfance. Tous les visages sont tournés vers les portes et j'entends alors un cri provenant de ma droite.
- CLOOOOO !
Je me retourne et aperçoit Manon accourir vers moi. Je souris aussitôt. Qu'est ce qu'elle m'a manquée ! Trois ans ! Elle est partie depuis trois ans de notre petit village à une heure de Paris.
Elle se jette dans mes bras un peu trop brusquement mais je ne dis rien. Elle m'enlace et nous restons un instant dans les bras l'une de l'autre. Elle se recule puis prend mes deux mains qu'elle écarte de mon corps, pour m'examiner.
- Je suis si contente de te voir ! Dit-elle presque en criant. Tu as un peu maigrie, non ?
- Moi aussi ! Tu m'as manquée, Manon.
Elle m'enlace une nouvelle fois puis prend ma valise des mains. Elle pose son regard sur le chariot et écarquille les yeux brièvement avant de secouer la tête avec un petit sourire.
- Tu n'as pas changée ! Tu voyages toujours léger à ce que je vois ! Tu sais qu'on a des fringues aussi, ici ? ironise t-elle.
- Je sais, je sais. Mais tu sais que j'ai mes vêtements préférés et que je n'avais pas cœur à en laisser certains en France, je dis en faisant la moue.
C'est dingue comment cette fille arrive à me remonter le moral en un instant.
Elle me sourit puis ébouriffe mes cheveux. Elle passe son bras sous le mien puis m'attire dans le grand hall de l'aéroport.
- J'ai cru que tu allais te dégonfler et que tu ne viendrais jamais me voir à Los Angeles.
- J'ai cru que j'allais me dégonfler aussi mais étrangement, ce matin, avant de prendre l avion, j'étais détendue et sûre de moi.
- Comment tu vas ? me demande t-elle plus sérieusement.
- Ça va, je mens.
Elle sait que je lui cache la vérité. Manon est comme ma sœur, celle que je n'ai pas eu. Elle me fait un demi sourire, le regard rempli de compassion puis dépose un baiser sur ma joue.
- Alors ! Je te propose de rentrer à l'appartement, d'aller manger un bout et après, on va faire la fête...
- Je... Je ne suis pas d'humeur à aller faire la fête...
- Stop ! Si tu crois que je vais te laisser le choix ! m'interrompt-elle. Tu n'as pas fais douze heures de vol pour rester cloîtrer dans un appartement !
Je préfère capituler. J'aurais tout le temps de me dérober une fois arriver dans mon tout nouveau chez moi. Nous sortons de l'aéroport et elle me dirige vers le parking. Je sais qu'elle m'observe, attendant une réponse ou même un signe.
- Écoutes Chloé. Mon frère, c'est un connard, mais ça, tu le savais déjà. Il ne se rend pas compte qu'il a perdu une fille superbe. Et quand il ouvrira enfin les yeux, il s'en mordra les doigts et reviendra en rampant.
- Il pourra aller se faire foutre. Ton frère, c'est un salop.
Elle hausse les épaules en affichant un petit sourire, avec un sous entendu de « je te l'avais bien dit ». Elle sort les clefs de sa voiture, un petit 4X4 gris puis ouvre le haillon du coffre. Elle commence à vouloir soulever la plus grosse valise mais elle n arrive pas à la décoller de cinq centimètres du sol.
- Merde Chloé ! Tu as mis quoi là dedans ? Des briques ?
- Non. Ce sont justes mes affaires. Et il y a ma machine à coudre aussi.
- T'es dingue, je te jure. Bon, on s'y met à deux ? me propose t-elle pour soulever la valise.
***
Manon insère les clefs dans la porte d'entrée de l'appartement puis ouvre la porte. Elle m'invite à entrer et je m'exécute aussitôt. L'odeur iodée de la mer me monte déjà au nez et je souris aussitôt quand une petite brise marine s'egouffre dans mes cheveux. J'ai toujours rêvé de vivre près de la mer et là, je suis à quelques pas de l'océan. Et pas n'importe lequel. On parle du Pacifique, là.
- Drew ? crie t-elle dans l'appartement.
Manon m'a déjà parlé plus d'une fois de son colocataire sexy. Je sais qu'il est mannequin. J'ai hâte de voir à quoi il ressemble, même si j'en ai une assez bonne idée grâce aux photos qu'elle publie souvent sur le mur de son réseau social.
- Dans le salon, j'entends d'une voix grave et sexy.
Rien que la voix sexy me plaît...
Manon me fait signe d'avancer et je découvre alors le séjour lumineux de l'appartement. La décoration est simple et moderne, dans le style loft New-Yorkais. J'adore déjà. Sur le grand canapé, qui trône au milieu de la pièce, un beau brun, que je reconnais comme le colocataire de Manon, est assis sur le canapé, un ordinateur portable sur les genoux. Il lève la tête et croise mon regard.
Dire qu'il est beau est un mensonge ! Ce mec est un Dieu vivant ! Un Apollon à l'état brut. Le genre de mecs à faire tourner les têtes sur son passage. Je pourrais même dire que son physique convertirait n'importe quel hétéro en gay.
Il me sourit et j'entrevois sa dentition blanche et parfaitement alignée. Son sourire est charmeur. Le mec parfait au premier coup d'oeil. Sauf que le mec parfait n'existe pas et je me demande bien quel peut être le défaut de cette bombe. Il s'approche de moi, à mon plus grand plaisir car j'en profite pour le mater discrètement, puis me prend dans ses bras. Il me soulève de quelques centimètres du sol et me lance un bienvenu en français avec un petit accent sexy. Je vais me consumer sur place si il continue comme ça...
- Je suis content de te rencontrer enfin. Manon m'a souvent parlé de toi.
- Elle m'a aussi beaucoup parlé de toi, je lui dis.
Il me sourit puis m'invite à m'asseoir alors que Manon est déjà dans la cuisine, la tête fourrée dans le réfrigérateur. Elle sort trois canettes de soda puis se joint à nous sur le canapé.
- Je veux que tu me racontes tout ! me dit elle alors qu'elle s'assoit en tailleur sur le canapé. Comment vont tes parents ?
- Ça va. Ils sont un peu tristes que je sois venue m'installer ici mais bon...
Elle me sourit.
- Et... Et comment vont mes parents ? me dit-elle.
- Si tu veux de leur nouvelles, appelles les.
Elle secoue la tête.
- Hors de question !
Je me rappelle très bien du soir où Manon a claqué la porte de chez ses parents, à peine âgée de vingt ans. Ils ont toujours été très stricts et refusaient que leur fille parte à l'autre bout du monde pour assouvir son rêve. Devenir danseuse. Pour eux, ce n'était pas un métier. À mes yeux, c'est le job de mes rêves. Malheureusement, il a été brisé pour moi le jour où je me suis mal réceptionnée lors d'un gala et que les médecins m'ont annoncés que je ne pourrais plus re-danser. En professionnel du moins. J'avais seize ans. J'ai fais une grosse dépression suite à ce verdict. Saletés de ligaments croisés...
Je me rappelle le lendemain de sa décision, quand je n'ai pas hésiter à vider mon compte épargne pour qu'elle puisse prendre son avion. C'est assez marrant de savoir que j'ai fais la même chose, il y a à peine quelques jours pour la même raison. Plaquer ma pauvre vie de parisienne pour filer à l'autre bout de la planète. On a toutes les deux quitter nos vies pour éviter d'y rester enfermées. Elle, pour vivre sa passion de la danse et moi, pour m'éloigner de son salop de frère.
- Dis moi, fait enfin Drew. Qu'est ce que tu fais de ta vie ?
- Oh ! Je... Je travaillais dans une banque.
- Et toi aussi tu es venue à L.A pour vivre ton rêve américain ?
- Pas vraiment. J'ai quitté la France pour d'autres raisons
- Vu la tournure de ta phrase, j'ai l'impression qu'il n'y a avait qu'une seule raison.
Je lui souris timidement, espérant que ça lui suffise plutôt que de répondre à sa question.
- Comment il s'appelait ?
Je jette un coup d'œil à Manon puis me reconcentre sur Drew. Je n'ai aucune raison de ne pas lui dire. Ce Drew est vraiment charmant.
- Guillaume. C'est mon frère... intervient Manon.
- Manon ! je la sermonne.
- Bah quoi !?
Nous nous regardons un instant alors que Drew laisse échapper un rire.
- Ne parlons plus de lui. Alors... Manon m'a dit que tu créais tes vêtements ?
- Oui. J'adore ça. C'est une de mes passions.
- J'espère que tu me montreras tes œuvres.
- Quand tu veux.
Manon sourit à son ami puis tourne la tête vers moi.
- Tu veux peut être voir ta chambre ?
- Euh... Oui
C'est vrai que je suis curieuse. Un peu trop parfois.
Elle saute sur ses deux jambes, avec la grâce d'une danseuse puis me tend sa main que je saisis aussitôt. J'aperçois Drew se lever en même temps que nous et Manon me fait visiter l'appartement. Rien que le séjour me plait déjà mais je dois dire que le reste de l'appartement est superbe.
Trois grandes chambres avec dressing, une cuisine ultra moderne toute équipée. Il y a même une grande terrasse qui offre une magnifique vue sur le Pacifique. Je sens que je vais me plaire ici. Le seul hic, c'est la salle de bain commune qui communique avec mon espace. Partager cette pièce avec Manon ne me dérange pas. Depuis que je la connais, elle était souvent fourré chez moi et c'est une habitude que je reprendrais sans problème mais partager ma salle de bain avec Drew me semble un peu plus délicat. Bon, savoir que je pourrais entrevoir le corps de ce bel Apollon tous les matins ne me dérange pas, ça, je pourrais m'y habituer sans problème, mais c'est ma pudeur qui me dérange.
- Et on s'organise comment pour la salle de bain ? Il y a des horaires à respecter ou...
- Non, chacun fait comme il le sent. Et Manon est tellement longue à se préparer que dans tous les cas, on sera obligé de squatter avec elle.
Je lui souris pour seule réponse. Drew m'annonce que mes deux nouveaux colocataires m'ont fait de la place dans les placards de la salle de bain pour y mettre mes affaires.
Manon me prend déjà par le bras et m'attire vers ma chambre. Elle se laisse tomber sur mon lit tandis que je découvre mon nouvel espace. Dans des tons pastels, ma nouvelle chambre est cosy et accueillante. Elle offre une belle vue sur les plages et à un accès direct avec la terrasse.
Je me retourne quand j'entends les roulettes de mes valises roulées sur le parquet. Drew soulève ma valise sans problème et la dépose sur mon lit.
- Oh merci Drew, il ne fallait pas.
- Je suis un gentleman... et je n'allais pas te laisser la porter.
Il me sourit puis annonce.
- Je vais chercher tes autres valises.
- Tu es un homme parfait, dis donc. Je devrais peut être t'épouser, je plaisante.
Non ! Je ne plaisante pas !
- Alors ça ma belle, intervient Manon, je t'adore mais Drew m'a promis que ce serait moi qu'il épouserait !
Elle rit aussitôt.
- Je suis prête à me battre si il le faut, je ris avec elle
- Mais moi aussi ! plaisante-t elle.
Drew rit à son tour.
- Désolé les filles, aucune femme n'arrivera à me passer la corde au cou, j'aime trop les mecs !
Il tourne les talons puis quitte ma chambre. Je regarde Manon, les yeux écarquillés. Elle secoue la tête puis rit de bon cœur.
- Attends, il est gay ? je demande
Elle acquiesce de la tête puis hausse les épaules. Drew revient avec une nouvelle valise.
- Attends ! je lâche. Ce n'est pas possible. Il n'y a pas de justice sur Terre ou quoi ?
Drew paraît ne pas comprendre ce que je dis et il incline légèrement la tête en fonçant le front, ce qui le rend encore plus sexy.
- Je t'interdis d'être gay ! je le menace en le pointant du doigt.
Drew explose de rire en même temps que Manon.
- Pourquoi tous les gays sont des putains de canon !?
- Oui, j'ai eu la même réflexion que toi, fait Manon.
Manon et moi soupirons en même temps et je me laisse tomber à mon tour sur le lit, manquant de me cogner contre mon imposante valise. Drew paraît amusé par la situation.
- Bon, l'avantage, c'est que j'ai droit à un défilé de beaux gosses tous les matins, dit-elle. Et maintenant, tu vas pouvoir en profiter toi aussi !
***
Drew et Manon ont du lutter pendant une bonne heure pour que je daigne accepter de sortir ce soir. Manon m'a promit que je verrais les plus beaux spécimens des environs et Drew m'a promis de me payer tous mes cocktails. Beaux mecs et alcool ! Ils m'ont eu par les sentiments.
Et c'est grâce à ces deux raisons que nous nous retrouvons à déambuler dans les rues de Los Angeles, habillés sur notre trente et un.
- Mes amis nous attendent, nous annonce Drew en remettant son téléphone dans un petit jean qui lui moule parfaitement les fesses.
Non, ce mec ne pas être gay ! Je n'ai rien contre les homos mais clairement, quand je vois Drew, je ne peux m'empêcher de penser que c'est du gâchis.
Nous marchons bras dessus, bras dessous depuis dix bonnes minutes quand nous arrivons enfin devant le club. La file d'attente paraît interminable mais Drew nous attire déjà vers le videur.
- Il va falloir sortir nos seins pour entrer plus rapidement, je plaisante.
- Non, pas besoin, je travaille ici le soir, m'apprend Manon.
C'est vrai qu'elle m'avait dit qu'elle travaillait dans une boîte de nuit en temps que danseuse en même temps que ses cours de danses.
- Il y a toujours un tas de VIP ici ! Ç'est le club le plus branché et select de L.A. Peut être que ce soir, je décrocherais un contrat, continue-t elle.
- J'espère pour toi ma belle, dit Drew.
Manon se poste devant le videur et l'enlace. Elle paraît si petite et fragile face à ce géant de deux mètres, rempli de muscles et de testosterone.
- Salut ma belle. Tu ne travailles pas ce soir ?
- Non, Karl m'a laissé ma soirée car je devais aller chercher mon amie à l'aéroport.
Elle me montre du doigt et le videur s'approche de moi. Je me tasse aussitôt. Ce mec est juste impressionnant. Il me prend dans ses bras et me décolle du sol avec un telle facilité. Il me sert si fort que j'ai peur que mes os se broient sous son étreinte.
- Salut ma belle. Moi c'est Malcolm !
- Chloé, je me présente timidement en reprenant presque ma respiration, tant il me la coupée.
Il me repose au sol et je vacille presque. Il me retient aussitôt puis éclate de rire d'un son gras. En faites, ce mec est marrant. Sous son apparence impressionnante, il a l'air d'être un mec adorable, d'un gros nounours. Il me sourit, salue brièvement Drew puis nous ouvre la porte, sous les protestations des personnes qui font la queue depuis des heures sûrement.
À l'intérieur, la musique est géniale, bien que je ne reconnaisse pas la chanson. Drew agrippe ma main puis se fraye un chemin parmi la foule. Du haut de son bon mètre quatre vingt cinq, il scrute l'horizon puis m'attire vers une table près du bar où sont assis trois garçons. Je soupire aussitôt. Eux aussi sont des canons et je suis presque certaine qu'ils sont aussi gays que Drew.
Ce dernier salue ses amis puis me présente. Il se penche vers moi et me crie à l'oreille, à cause du volume de la musique.
- Voici mes amis. Nathan, Henry et Ben.
Je les salue d'un signe de la main alors que Manon les enlace. Drew me fait signe de m'asseoir et je m'exécute.
- Je vais chercher des cocktails.
- Un mojito pour moi s'il te plait.
Il acquiesce, prend la commande de Manon, puis part en direction du bar. L'un des trois garçons, Henry je crois, se penche déjà vers moi.
- C'est toi la fameuse amie de Manon ? me demande t-il.
J'hoche la tête. La musique est si forte qu'il est difficile de tenir une conversation.
- Toi aussi, tu es française ?
- Oui
- J'aime bien les françaises, elles sont bien moins farouches que les Américaines !
Je lui souris seulement. Je ne suis pas sûre de ce qu'il veut sous entendre. Bon, ok, clairement, il pense que les françaises sont des filles faciles. Je jette un coup d'œil à Manon qui rit à pleine dents. Henry me parle un instant et j'acquiesce seulement de la tête. Je ne comprends pas grand-chose à cause de la musique. Henry parle très vite aussi. J'ai toujours eu un très bon niveau en anglais. Mais l'américain est quand même différent.
Je croise le regard de Manon qui se lève en un instant. Elle me tend la main et m'hurle pour m'inviter à aller danser. Je la remercie du regard. Henry est un peu lourd. Et son sous entendu m'a un peu braqué.
Nous rejoignons la piste de danse et Manon commence déjà à onduler son corps sur la musique. Elle a toujours été une très bonne danseuse et touche à tous style de danse. Elle a, tout comme moi, commencé par du classique. Nous nous amusons comme des folles un bon moment, savourant l'instant de s'être retrouvé après ces trois longues années. J'ai l'impression de ne l'avoir jamais quitté et je suis heureuse que notre complicité ne se soit jamais éteinte.
Au bout d'une demie heure de danse, un homme s'approche de nous et tapote l'épaule de Manon. Elle se retourne aussitôt et je la vois rouler des yeux. L'homme lui chuchote quelque chose à l'oreille et mon amie se retourne auprès de moi.
- Je dois aller voir mon patron. J'en ai pas pour longtemps.
- Pas de soucis
Elle me sourit pour s'excuser et quitte la piste en compagnie de l'homme. Je pars dans la direction opposée et me dirige vers la table. Les quatre garçons sont en pleine discussion et je me laisse tomber près de Drew. Je finis mon cocktail déjà bien entamé et Henry se rapproche de moi sur la banquette.
- Tu danses très bien, me dit-il
- Merci
Il m'observe un moment, de la tête aux pieds en affichant un sourire. Je n'aime pas la façon dont il me regarde mais je ne laisse rien paraître. Si il croit qu'il a la moindre chance avec moi, il se trompe complètement. Il pose son bras sur la banquette puis caresse le haut de mon bras avec son pouce. Je me décale légèrement mais il se rapproche encore plus. Je me lève aussitôt, prétextant aller chercher un verre au bar. Quel muffle !
Je n'aime pas sa façon de me rentrer dedans. Il croit quoi ? Que toutes les françaises sont des filles légères ? Et bien qu'il se trouve une autre française ! Moi, je ne suis tout bonnement pas intéressée.
Je file jusqu'au bar, contrariée, sans lui laisser le temps de répondre quoique ce soit. Je n'ose même pas un regard vers lui. Ce mec est mignon, c'est sur, mais il a des efforts à fournir quand il est question de drague.
Je patiente un instant devant le bar, bourré de monde. Le barmaid paraît overbooké devant la foule de monde. Il est sollicité de partout mais sert ses clients rapidement. Malgré cela, la foule au bar ne s'amenuise pas. Il aurait besoin d'aide, le pauvre. Une rousse, habillée comme une pouf dans une robe ultra moulante et ultra courte passe devant moi en me bousculant et attire l'attention du barmaid en lui faisant un petit signe de la main.
- Il ne faut pas se gêner surtout ! je lâche.
La pouf me regarde par dessus son épaule et part avec son verre. Quelle garce ! J'ai bien envie de lui arracher sa tignasse rousse ! Je fulmine intérieurement et sens alors une main se poser sur mon épaule. Pourvu que ce ne soit pas Henry !
Un grand Black, aussi imposant que le videur de la boîte, me regarde. Il se penche alors vers moi.
- Ethan aimerait t'inviter à sa table
Il pointe du doigt derrière lui et je suis son geste. Dans le carré VIP, un groupe d'hommes sont en pleine discussion.
- Qui ? je demande
Le black paraît étonné de ma question.
- Ethan, répète t-il
Je jette un nouveau coup d'œil vers le carré VIP. Un homme me fixe. Il est plutôt pas mal. Son petit air bad boy torturé ferait tomber plus d'une fille. Je me reconcentre sur le black.
- Bah dis à ton pote que si il veut m'inviter à sa table, il n'a qu'à venir me voir de lui même plutôt que de m'envoyer son pote.
Le black paraît une nouvelle fois étonné mais tourne les talons et remonte au carré VIP sans un mot.
Le barmaid daigne enfin prendre ma commande. Il me sert un nouveau cocktail. Je le paie puis me retourne, mon verre à la main. Le grand black est de nouveau devant moi. Je lève les yeux au ciel tandis qu'il s'approche une nouvelle fois de mon oreille.
- Il insiste.
Mon regard se pose une nouvelle fois vers cet homme. Je ne sais pas qui il est mais clairement, il ne se prend pas pour de la merde.
- Et moi j'insiste aussi. Si il veut m'inviter, il n'à qu à se déplacer.
- Il ne va pas être content.
- Je m'en fous si je froise son ego surdimensionné...
Je tourne les talons en le toisant sévèrement et retourne m'asseoir à la table de Drew. Je ne sais pas qui m'a le plus énervé ce soir. Henry et son rentre dedans pathétique. La pouf du bar et son air supérieur ou ce mec qui ne se prend pas pour n'importe qui.
Je prends une gorgée de mon cocktail alors que Manon se laisse tomber près de moi. Elle paraît agacée et sourit en voyant mon visage inquiet.
- Qu'est ce que voulait ton patron ?
- Ma mort !!! rit elle. Non, je déconne. La nouvelle barmaid l'a plantée et je dois la remplacer en attendant qu'il en trouve une nouvelle.
Elle ne paraît pas satisfaite de sa nouvelle promotion. C'est vrai que Manon n'est pas faite pour servir les gens. Je me rappelle de l'été que nous avions passé près d'Arcachon, où son oncle, propriétaire d'un petit restaurant, nous avait embauchées pour l'été. Autant, j'étais dans mon élément, autant qu'elle pétait des plombs au quotidien. Moi, j'avais adoré ce job d'été.
- Et il recherche un professionnel ou... je demande, naïvement
Je m'interromps quand Manon pose sa main sur mon avant bras. Elle tourne la tête vers moi puis me sourit.
- Je suis sûre que tu ferais l'affaire.
- Moi ?
- Oui. Bon, tu ne serais pas aussi bien que moi mais bon...
- Je serais bien mieux que toi, je dis avec un air de défi.
- Chiche ?
- Chiche.
Elle avance sa main devant moi et je la tape aussitôt. Elle s'excuse une nouvelle fois puis se lève d'un bond en me souriant. Je la regarde s'éloigner en sautillant et croise le regard de l'homme du carré VIP. Il me fixe toujours. Son visage est mêlé entre l'amusement et l'agacement. Il me fait signe du doigt de venir le rejoindre et je secoue la tête en gardant mon air le plus sérieux. Je détourne le regard un instant quand les quatre garçons m'annoncent qu'ils partent danser. Je refuse l'invitation qu'ils m'offrent, préférant rester seule à la table que de savoir que Henry en profiterait pour me coller.
Je regarde les quatre amis s'amusés sur la piste de danse. Ils paraissent s'éclater, tout autant que je me suis éclatée avec Manon plusieurs minutes plus tôt. Quand je me retourne, le jeune homme est face à moi. Le grand black se tient derrière lui, droit et immobile.
- Je peux ?
J'hoche la tête comme une débile. Il est encore plus beau de près. Je reste un instant à fixer son regard, si profond, si brun, si envoûtant. Mes yeux se baissent sur ses lèvres si charnues que je me surprends à me demander quel goût elles peuvent avoir. Le jeune homme s'assoit face à moi et me scrute du regard. Il me regarde de haut en bas et s'arrête sur mes lèvres. Je ne peux pas lui en vouloir de me lorgner de la sorte, je viens d'en faire autant. Il reporte son attention sur mes yeux puis me sourit.
- Tu es difficile à convaincre, me dit-il.
Je lui souris. Sincèrement.
- Chaque femme doit savoir se faire désirer...
Il fronce le front un instant puis sourit.
- Tu es française ?
- Mon accent est si déplorable que ça ?
- Non. Je le trouve sexy.
Je sens mes joues s'empourprent légèrement et je remercies le ciel que les lumières soient tamisées dans la boite.
- Alors ? Tu ne veux pas venir à ma table.
- Non. Je suis avec mes amis et...
- Ils ne sont pourtant pas là.
- Ils sont justes partis danser.
- En attendant, ça ne te dérange pas que je te tiennes compagnie ?
J'hausse les épaules. Je ne le connais pas mais malgré ça, cet homme me fascine. Je suis curieuse de savoir ce qu'il a offrir. Sa belle gueule serait-elle son seul atout ou cet homme a-t-il également une personnalité aussi attrayante que son physique ?
Le grand Black s'approche de lui et lui murmure quelque chose à l'oreille. Le jeune homme le chasse de la main mais son ami ne paraît pas offusqué. Je fronce légèrement le front.
- Ethan, me dit-il en me rendant sa main.
Je la prends aussitôt. Ce contact est aussitôt chargé d'électricité. Je ressens la folle envie de ne jamais la lâcher.
- Enchantée, je réponds.
Il me sourit et j'aperçois alors Manon au loin me faire de grands signes. Elle me mime un geste comme quoi nous partons et je me lève aussitôt. Ethan ne me lâche pas du regard.
- Mes amis s'en vont ! je dis
Je lui souris timidement, déçue de ne pas pouvoir resté plus longtemps à discuter avec lui. Je commence à m'éloigner et il me rattrape en enroulant sa main contre mon poignet.
- Tu ne veux pas rester ?
- Je...
- Je te raccompagnerai chez toi.
Je fronce le front et le fixe, essayant de sonder ses intentions. Qui me dit qu'il n'est pas un dangereux psychopathe ?
- Je ne penses pas qu'il serait prudent que je laisse un inconnu me raccompagner.
- Inconnu n'est pas le terme que j'emploierais...
Je lui souris timidement. On s'est échangé trois pauvres mots et il pense qu'il n'est plus un inconnu pour moi. Je ris intérieurement. Il me lâche le poignet quand il comprend que je n'ai pas l'intention d'accepter sa proposition. Je lui souris une nouvelle fois puis tourne les talons.
- Eh ! me rappelle-t-il.
Je me retourne. Il s'est lèvé et me regarde, les mains dans les poches de son jean.
- Comment tu t'appelles ?
- Qu'est ce que ça peut faire ? On ne se reverra sûrement jamais.
J'hausse les épaules en souriant et part rejoindre mes amis. Ils ne semblent pas s'être aperçus que j'étais en pleine discussion avec le charmant Ethan. Manon s'accroche à mon bras et nous fraye un chemin, bousculant plus personnes au passage sans s'excuser. Moi, je ne lâche pas Ethan du regard qui me fixe tout autant alors que je m'éloigne.
***
Hello à tous!
Bienvenu(e)s dans cette nouvelle histoire !
J'ai longuement hésiter à la publier, toujours bien trop timide, et puis, je me suis dis "Pourquoi être si égoïste et écrire juste pour moi"
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. J'aime les critiques (constructives de préférence). J'adore aussi quand vous donnez votre avis sur ce qu'il va se passer selon vous...
Sachez que cette histoire est presque écrite entièrement et je publierais la suite à votre demande.
Un chapitre sur deux sera du point de vue d'un des deux personnages. Une fois elle, une fois lui. Je n'ai pas envie d'attribuer un personnage principal, j'aime l'idée qu'ils soient deux personnages à partager leurs sentiments.
Je vous promets des rebondissements, de l'humour mais surtout de l'amour...
Je vous attends dans vos commentaires...
Kiss
Laurie
***
EN MEDIA - CHLOE
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