《BONUS》

BONUS

***

Je regarde avec dégoût ma cousine Célia, enlacée par les bras de son mari. Ils s'embrassent tendrement, sous les regards attendris de mes tantes et cousines. Sérieux, je suis à deux doigts de rendre mon dernier repas, consistué principalement de champagne et du célèbre punch de mon oncle Charles. Ils ont vraiment pas honte de nous exploser leur bonheur en pleine gueule? Les deux tourtereaux plongent leurs regards l'un dans l'autre et Célia souffle à son mari un "je t aime". Ma famille est encore plus attendrie et franchement, ça me donne des envies de meurtres.

Je détourne le regard et préfère me concentrer sur la conversation des "mâles" de la famille. Franchement, la formule 1 me parait bien plus intéressante que les becotages intempestifs et les attrendrissements pathétiques!

À l'autre bout de la table, mon père m'observe. Je sais en un regard qu'il comprend ce qui ne va pas. Il se contente de m'offrir un petit sourire timide en haussant les épaules quand une main s'abat sur la mienne. Ma grand mère plonge ses yeux, aussi vert que les miens sur moi, par dessus mse lunettes. Petite, mon cousin m'avait fait croire qu'elle nous regardait ainsi car elle scrutait nos pensées, ce qui lui permettait de savoir si l'on mentait ou qu'on avait fait une bêtise. J'y ai cru longtemps, et vu comment elle me scrute actuellement, je me dis que mon cousin Vincent n'est peut être pas si fou que ça. Elle parait lire en moi.

Ma grand-mère se penche vers moi et me murmure à l'oreille

- Ne fais pas attention à eux. Ils pensent être les plus heureux mais crois moi, ils se trompent.

Je la regarde, ne comprenant pas son sous entendu. Commencerait-elle à devenir senile?

- Ne vas pas croire que je suis folle. Ce sont eux les plus fous de tous.

Ok, alors, là, elle me fait complètement flippée.

- Je ne comprends pas, Mamie Ninja...

Ouais, ma grand-mère est une Ninja. Non, c'est juste un surnom qu'on lui donne car son prénom étant Janine, à l'envers, ça donne Ninja. Une trouvaille de mon cousin Vincent qui est resté depuis. Et je dois dire que ce surnom lui va très bien. Ma grand-mère est une femme libre, indépendante et féministe. Bien sûr, elle a aimé mon Grand-père, décédé il y a une dizaine d années mais c'est une femme si jeune d'esprit et si aventurière.

- Regardes tes cousins. Ils sont à peine adultes qu'ils ont tous fait la connerie de faire des gosses... Ne vas pas croire. Je ne regrette en aucun cas mes quatre enfants mais regardes moi. Je les ai élevés et maitenant, je suis seule. Mais ça, je ne le regrettes pas. Tu sais pourquoi?
- Non.
- Parce que j'ai vécue ma vie. À vingt ans, j'ai vu des choses alors que mes copines d'enfance étaient déjà mariées et maman depuis longtemps. Je peux te dire que ton grand-père à ramer avant que j'accepte de m'unir par ces foutus liens sacrés du mariage. Ce que je veux te faire comprendre, c'est que tu es jeune, belle et surtout intelligente. Ne t'emmerdes pas avec un homme dans ta vie. Vie la d'abord et tu te poseras des questions après.

Je souris. Il n' y a pas à redire, ma grand-mère est une grand-mère cool. Elle se tourne alors vers ma cousine avant de replonger ses yeux dans les miens.

- Ne vas pas croire, je suis contente. Je vais être arrière grand-mère pour la sixième fois. Mais je pense que Célia aurait dû attendre. À vingt deux ans, on a encore rien vu.
- Qu'est ce que tu aurais voulu faire, toi, à vingt deux ans?
- J'ai fais tout ce que j'ai voulu faire. Mon seul regret est de ne pas avoir voyagé.
- Tu peux encore, je suggère
- Toute seule, ce n'est pas la même chose.
- Et bien, nous devrions y aller ensemble. Comme deux célibataires

Ma grand-mère me sourit puis secoue la tête.

- Tu t'emmerderais bien avec une vieille bique comme moi. Non, toi, tu devrais partir, voyager, rencontrer des hommes...

Est-ce que ma grand-mère me suggère d'aller m'éclater au soleil, un homme différent dans mon lit chaque nuit?

- Ne fais pas semblant de ne pas avoir compris, rit-elle. Vas t'éclater, profites de la vie. Tu es une bombasse, comme dirait les jeunes, alors vas soulever du mâle avant que je me décide à y aller à ta place.

Je ne peux m'empêcher de rire. Ma grand-mère est une folle. Mais j'adore son grain de folie.

- Mamie Ninja, j'entends de l'autre côté de la grande tablée.

Ma grand-mère se lève, me sourit et part en direction de mon cousin Julien en disant:

- Ah! Encore un qui ne peut pas se passer de mes conseils...

Son petit discours m'a remonté à bloc. J'aimerais tellement être comme elle. Une femme libre, forte et indépendante.

Je me tourne alors vers les nouveaux attendrissements des femmes de ma famille et voit Anthony passe sa main sur le ventre de sa femme, prêt à exploser d'un foetus coincé dans son utérus depuis plusieurs mois. Ouais, ma grand-mère a raison. Je n'ai peut être pas de mecs mais en ai je vraiment besoin?

J'emmerde les mecs! Je n'ai besoin de personne!

Je me lève de ma chaise, un peu trop précipitamment car tous les regards se tournent vers moi. Je tourne les talons et part en direction de la grande longère familiale.

- Eh! Tu vas où Clo?
- Chercher du champagne, je mens

Non, je vais simplement aller réserver la première destination que je trouverais sur internet.

Au passage, je profite pour passer par la cave climatisée où est stocké le champagne. Je prends une bouteille d'un grand cépage, décrétant que cette nouvelle résolution mérite au moins un champagne rosé.

Je monte jusque ma chambre, m'installe sur la chaise de mon bureau, le sourire aux lèvres. Une multitude de destination me vient en tête. Une chose est sûre, c'est que je veux une plage de sable fin, des palmiers et des beaux gosses torses nus du matin au soir.

Avant d'aller m'enflammer sur un site de voyage, je vais vérifier l'état de mon compte en banque. Depuis presque trois mois que je suis revenue dans la maison familiale, mes revenus ne me servent qu'aux transports jusque Paris pour aller à la banque ou à acheter de fringues ou de quoi en créer. Mon compte épargne est plutôt bon, même si cet argent est destiné à acheter un trois pièces dans le cinquième avec Guillaume. En même temps, cet argent n'a plus de raison d'être alors autant le claquer en me faisant plaisir.

Je parcours différentes pages, hésitant à aller me dorer la pilulle aux Seychelles ou aller boire des mojitos sur les plages de Rio quand la célèbre sonnerie Skype se met à retentir. La photo du visage de Manon s'affiche aussitôt et je m'empresse de cliquer sur le bouton vert.

Ma petite blondinette préférée s'affiche et je la jalouse presque d'être aussi bronzée et rayonnante.

- Eh salut ma belle.
- Ah bah enfin, j'ai des nouvelles de toi. Tu me filtres ou quoi ?
- Mais non, c'est pas ça. Mais avec les transports jusque Paris tous les jours, quand je rentre, je suis tellement claqué que je m'écroule direct...
- Mouais... C'est ça! Je ne te dérangeas pas ?
- Pas du tout. Et tu tombes plutôt bien. Rio ou les Seychelles ?

Ses yeux s'écarquilent puis je la vois froncer le nez.

- De quoi tu parles?
- J'ai besoin de vacances et j'ai envie de partir au soleil. Alors ? Rio ou les Seychelles ?
- Umh... Je sais pas... Je peux venir?
- Si tu veux. Depuis le temps que je n'ai pas vu ta petite frimousse...
- Ça serait super. Mais j'ai un gala de danse le mois prochain.
- Pff! Tu sers à rien! Je vais me demerder moi même...
- Eh, je t'interdis de dire que je sers à rien! Bon ? Tu veux ma réponse ?
- Je t'écoute.
- Personnellement, je n'irais ni à Rio, ni aux Seychelles
- Donc, tu ne sers à rien.

Je la vois me tirer la langue comme une gamine de huit ans.

- Mais je sais où tu pourrais aller, pour pas cher et qui est un super pays...
- Ne me sors pas une connerie genre le Lesotho ou les îles Feroé ou je t'étrangles.
- Je ne sais même pas où est le Lesotho et encore moins les Iles que tu dis...
- Bon, alors, craches ta connerie.
- Los Angeles!

Elle frappe dans ses mains et lâche un super "TADAM". Je souris en la voyant si fière d'elle.

- C'est vrai que ça pourrait être cool. Tu m'hébergerais?
- Je répondrais même pas à ta question ridicule. Bien sûr que je te loges. Et je suis sûre que si je dis à Drew que tu déboules, il est le premier à venir te chercher à l'aéroport.
- Tu es sûre que ça ne le derangerait pas? Je peux prendre un hôtel si il faut ou....
- N'importe quoi! Bon, je regardes les vols en même temps. Alors...

Je la vois, le visage concentrée et je me retiens de rire en la voyant ainsi. Si elle aurait été aussi concentrée au lycée, elle aurait eu son Bac.

- Tu pars quand ? me demande t-elle
- Je sais pas, je ne sais même pas combien de temps...

Le visage de Manon se redresse alors et je vois ses lèvres s'étirées en un immense sourire. Je sens qu'elle s'apprête à m'exposer une autre de ses folles idées... Et je ne sais jamais si je dois avoir peur ou m'en réjouir. Je ne l'ai jamais su, même après vingt ans d'amitié.

- Et si tu ne revenais pas, Clo? Et si tu restais à L.A?

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