Chapitre 7


Les yeux des deux clones irradiaient de colère tandis que leurs poings se rencontraient. Stiles n'éprouvait actuellement aucun remords à frapper son propre frère et c'était réciproque. Stuart n'avait que faire de la gravité de ses propos à peine dissimulés derrière des simulacres d'insultes. Il était capable de bien pire envers cet hyperactif qu'il pensait haïr de tout son cœur.

- Maman avait honte de toi, siffla-t-il avant de lui rendre un coup. T'étais le seul à rester faible devant elle ! Mais elle te l'a jamais dit, non. Tu lui faisais trop pitié, elle avait peur de te casser, pauvre merde ! Elle savait que t'étais qu'un faible !

- Parle pas de maman ! Hurla Stiles en l'attrapant brusquement par le col avant de le pousser violemment à terre.

- Stiles ! Stuart ! Stop !

Mais personne n'entendait ni ne faisait attention à Thomas qui, au départ, n'osa pas s'interposer entre les deux furies qui se rouaient de coups et ne semblaient pas ressentir la moindre douleur. Ils étaient aveuglés par ce qui ressemblait à une haine aussi mutuelle. Comment pouvait-on se détester autant ? Le plus calme des trois n'en avait aucune idée mais se rasséréna et tenta de les séparer... Et se prit un violent coup de poing dans le ventre. Il ne sut pas s'il venait de Stiles ou de Stuart, mais qu'importe.

- Arrêtez, bordel ! Hurla-t-il.

- Pousse-toi, sale con ! Rétorqua violemment Stiles en l'envoyant bouler avec une force étonnante.

La force d'une souffrance trop longtemps retenue et boostée par une colère inimaginable. Pas Derek. Pas Lydia. Pas Isaac. Pas la meute.

Mais pas non plus sa mère.

Stiles avait en lui beaucoup de souffrances qu'il s'évertuait à garder muettes parce qu'il était persuadé qu'elles le rendaient encore plus faible qu'il ne l'était déjà. Il se savait, d'une certaine manière, fragile. Parce qu'il n'avait pas eu droit aux soins qui auraient dû lui être apportés. Il n'avait pas eu droit à tout l'amour dont il avait besoin. Parfois, il s'en privait, simplement pour favoriser les autres. Combien de fois s'était-il retenu d'aller déranger son père au poste parce qu'il se sentait mal et avait terriblement besoin d'une étreinte, d'une épaule sur laquelle se reposer ? Combien de fois avait-il entendu Noah dire que ses autres fils lui manquaient ? Il était patient. Il laissait toujours faire. Mais là... Mais là... Stuart l'attrapa par le col et la violence qui l'animait leur fit perdre l'équilibre à tous les deux. Ils tombèrent durement et Stiles geint : les cailloux s'enfonçaient durement dans son dos. Si l'on ajoutait à cela la lourdeur du corps de son frère sur le sien... Il prenait doucement tarif. Mais ce n'était pas tout. Il était en-dessous, en position d'infériorité et la chute lui avait coupé le souffle. Stuart ne lui laissa pas le temps de le reprendre puisque ses mains s'enroulèrent autour de son cou.

- Ils auraient pas dû te sauver quand t'as failli t'étouffer à la naissance !

La voix de Stuart était empreinte d'une rage folle que mimaient ses mains emprisonnant le cou de son frère. Ses phalanges blanchissaient tout comme celles de Stiles, qui tentait désespérément de le faire lâcher prise pour prendre une goulée d'air. Juste une. Juste pour reprendre son souffle et se venger en l'enchaînant d'une droite pour casser l'harmonie de son visage de porcelaine identique au sien.

- Mais c'est quoi ce bordel ?!

- Lâche-le, tu vas le tuer, Stuart ! Lâche-le, bordel !

Stuart et Stiles se fixaient avec une lueur malsaine dans le regard. La vue de l'hyperactif commençait à flancher mais il ne cessait de se débattre tant qu'il en avait encore l'énergie. Même alors qu'il n'avait plus d'air, même alors qu'il se sentait faiblir, il voulait l'emmerder, ne pas lui faciliter la tâche. Son genou rencontra miraculeusement les parties génitales de Stuart qui s'écroula sous la douleur et se retrouva à son tour à en avoir le souffle coupé. Stiles reprit aussi brutalement que bruyamment sa respiration et se prépara à se jeter sur cet abruti qui l'avait étranglé et qui se retrouvait à son tour en position d'infériorité. Il s'élança, fou de rage.

Mais n'atteignit jamais sa cible.

Cible qui, le visage déformé par l'immense douleur se releva péniblement. Leurs yeux ambrés se croisèrent. Colère. Haine. En plus de l'apparence, ils avaient cela de commun qu'ils se détestaient au plus haut point.

Les bras passés autour de Stiles le collèrent à un corps qu'il ne sentit tout d'abord pas, tant l'envie de casser la figure de Stuart le rongeait. Mais ces bras gênaient l'hyperactif, qui essaya de s'en défaire. Stuart sourit de manière malsaine et se prépara à son tour à lu foncer dessus. Mais Thomas l'en empêcha et serra son étreinte autour du petit génie de l'informatique aussi fort qu'il le put.

- Enfoiré ! Hurla Stuart à son intention avant de reporter son attention sur Stiles. Et toi... Toi... C'est à cause de toi que maman est morte ! Papa aurait dû te tuer !

Il ne décolérait pas et cette fureur semblait d'autant plus incompréhensible qu'elle semblait ne pas cesser d'augmenter. Il en était de même du côté de Stiles qui, malgré le fait qu'il savait qu'il allait regretter ses paroles, hurla ceci à son tour :

- Et toi, t'aurais dû crever dans cet accident de voiture ! T'aurais dû crever à la place de Brenda !

Les mots sortaient avec violence et peu importe qui les disait, le froid qu'ils jetaient sur la forêt entière était glaçant. Des vérités gardées enfouies depuis longtemps éclataient au grand jour alors que chacun les gardait péniblement à l'ombre depuis des années, sans se soucier des gens présents. De Thomas. Et des autres, qui les avaient rejoints. Derek, qui retenait pourtant aisément le petit diable qui se débattait dans ses bras, faillit le lâcher sous l'horreur de ces mots lâchés des deux côtés, cette véhémence des plus choquantes. Thomas avait un peu plus de mal à retenir Stuart, d'autant plus qu'il était devenu blanc comme un linge. Parce qu'il savait que leur fratrie n'était pas comme les autres et qu'il existait de sérieuses dissensions entre Stuart et Stiles. Mais jamais ô grand jamais il n'aurait imaginé que cela puisse aller aussi loin. Et même s'il ne connaissait pas ces gens qui les avait rejoints – il reconnaissait juste la tête de certains parce que Stuart avait enquêté sur eux –, il eut honte, profondément honte de voir ses deux clones se comporter de la sorte et se sortir des horreurs pareilles. A vrai dire, il se sentit soudain fébrile et Stuart en profita mais ne put aller bien loin : Isaac prit la relève. Sa poigne était plus forte et dans ses bras, le Stilinski à lunettes ne put s'enfuir à nouveau.

- Lâche-moi ! Cria Stiles à l'attention de Derek. Lâche-moi, bordel de merde !

Sa voix se cassa sur la fin. Il avait envie d'en découdre. Bordel, il n'avait jamais eu autant envie de faire couler le sang qu'à cet instant. Stuart avait le don de le faire sortir de ses gonds, et de faire s'exprimer ses pulsions les plus sombres, un ramassis de rancœur, de douleur, de fureur. Toutes ces choses-là gangrénaient en lui et s'il avait réussi à tenir le coup jusqu'à ce jour, il avait explosé. Parce que les paroles de son frère étaient calculées pour lui faire du mal. Ils avaient beau ne pas se voir souvent, Stuart le connaissait par cœur.

Stiles se débattit comme un diable sans faire attention au monde qui les entourait, tandis que Stuart en faisait de même dans les bras d'Isaac. Derek, le visage des plus sombres, raffermit son étreinte répressive sur l'hyperactif.

xxx

Stiles s'était enfermé dans un mutisme des plus surprenants. On l'avait déjà vu en colère et il avait tendance à babiller encore plus que d'ordinaire, détaillant chacun de ses sentiments négatifs au maximum, tant et si bien qu'à la fin, l'on ne pouvait que savoir parfaitement ce qu'il ressentait. Mais pas cette fois. Fermé comme une huître, il avait seulement laissé Lydia lui apporter les premiers soins sans décrocher un mot, ni la laisser l'amadouer pour comprendre ce qu'il s'était passé. Les loups avaient bien évidemment entendu la majorité de la conversation houleuse entre deux des trois clones, mais le fait est qu'ils n'avaient aucune idée d'où venait cette haine incompréhensible, d'autant plus que découvrir l'existence des deux autres Stilinski les perturbait.

- C'est presque fini, indiqua Lydia d'une voix qui se voulut douce alors qu'elle changeait de compresse.

La jeune femme contrôlait ses réactions et faisait en sorte de ne pas afficher la moindre once de trouble. Stiles ne dit rien, resta on ne peut plus silencieux. Le visage crispé, il semblait le contrôler pour ne pas montrer la moindre douleur. Soit il se l'interdisait, soit il ne la ressentait qu'à moitié. Son odeur puait sans doute encore la fureur mais il restait immobile comme jamais il ne l'avait été en leur présence.

Lorsque Lydia eut terminé de faire ce qu'elle avait à faire, elle se recula légèrement et observa l'hyperactif, qui releva les yeux vers elle. Etonnamment, ils n'exprimaient pas grand-chose, ce qui la surprenait étant donné que Scott lui avait fait savoir quelques minutes plus tôt que sa colère effaçait tout autre sentiment de son odeur. Mais Stiles n'en montrait rien. Rien du tout.

- Je vais chercher Derek, souffla-t-elle.

Stiles ne réagit pas. Il resta assis là où on l'avait installé, sur le canapé, le regard fuyant. Stuart, lui, était parti, refusant de se faire soigner par des gens qu'il ne connaissait pas. Tant mieux, songea l'hyperactif, qui ne voulait plus le voir. S'il l'apercevait dans son champ de vision, nul doute qu'il ne pourrait s'empêcher d'essayer de décorer à nouveau son visage de jolies marques bleutées. Stiles n'était pas du genre violent, mais il y avait des paroles qu'il ne digérait toujours pas ainsi qu'une rancœur qui ne cessait d'augmenter. Certains sujets ne devaient pas être abordés en sa présence et Stuart en était plus que conscient. Stiles se savait bête : réagir était la pire chose qu'il pouvait faire, d'autant plus qu'il donnait raison à son frère, tout aussi abruti que lui. Mais l'hyperactif n'arrivait plus à accepter en silence, d'autant plus qu'il ne digérait toujours pas le retour de sa fratrie en ville. Chez lui. Que cherchaient ses clones ? A détruire son entente avec leur père ? A le faire baisser dans son estime ?

Des baskets noires apparurent dans le champ de vision de l'hyperactif, qui ne daigna pas relever la tête. Très franchement, il n'avait pas envie de parler, encore moins d'affronter les regards confus de ses amis, la déception dans celui de Derek. Oh, il était bien conscient que le loup n'avait pas grand-chose à faire de lui, de ses états d'âme. Les fois où il l'avait accueilli, c'était par pitié, rien de plus. Pourquoi venait-il, cette fois ? Pourquoi Lydia avait-elle jugé bon de le confronter au loup-garou ? Était-ce une blague ? Une plaisanterie destinée à l'humilier ? La banshee n'était pas de ce genre-là, mais Stiles... N'était pas dans son état normal. Il avait besoin d'être seul. De s'isoler, avec sa Jeep. Loin. Loin d'ici. Des regards amis, ennemis. De tout. Il n'était pas fier de ce qu'il avait fait, loin de là. Jamais il ne se vanterai d'avoir levé la main sur lui. Du côté de Stuart, il n'avait pas la même certitude. Sans doute était-il déjà là, auprès de Thomas, à se moquer de ses coups faibles, de ce frère aussi stupide que vulnérable. Et ça le tuait. Bordel, cette haine le tuait.

- Stiles, l'appela-t-on.

La voix de Derek... Stiles ne chercha même pas à l'analyser, à savoir si elle était douce, froide, sèche, indifférente. Il s'en fichait royalement. Il était juste là, fatigué, à vouloir disparaître. La confrontation avec Stuart l'avait épuisé. Voulant couper court à toute tentative d'interrogatoire qui, selon lui, n'avait aucun sens, Stiles ouvrit la bouche pour la première fois depuis qu'on l'avait amené ici et déclara ceci, d'un ton qui n'appelait pas de réponse :

- Je n'ai pas envie de parler. Ni à toi, ni à personne.

Il savait qu'avec les mots reviendrait la douleur et il était hors de question qu'il laisse quiconque l'effleurer du doigt.

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