jamais en adulte
24 ans
Dans le couloir du couple, il y avait une simple étagère remplie de CD et de DVD. Quelques livres et pas mal de mangas y étaient rangés à la va-vite, ni par auteur, ni par catégorie. Puis la partie du centre était réservée aux photos. Certaines étaient simplement scotchées mais d’autres avaient le privilège de tenir dans un cadre, comme celle de deux jeunes garçons qui devaient avoir à peine la vingtaine.
"Quelle horrible photo, grogna le brunet qui traversait le couloir, les bras chargées de bières."
Il détourna bien vite son regard des deux garçons enlacés dans le cadre et rejoignit le salon où bon nombre de ses amis l'attendait. Du moins, ils attendaient leurs boissons. Mh, finalement Vincent fit un détour par la cuisine, sachant très bien que son sang ne ferait qu'un tour une fois dans la pièce principale.
Pour lui comme pour les invités, il valait mieux éviter de s'énerver une nouvelle fois en si peu de temps. Convier Vincent à l'achat des bières était loin d'être du hasard. Vincent était impulsif, mais surtout insupportable. Il cassait les couilles à ses potes et plombait l’ambiance.
Dans la cuisine, il croisa une jeune femme, plutôt petite, au visage agréable et dont le bout de son nez retroussé lui donnait un air enfantin. Il ne la connaissait pas et s'apprêtait à lui cracher au visage un interrogatoire agressif quand elle tendit sa main vers lui:
- Je m'appelle Alice ! Tu dois être Vincent ? Maxence m'a beaucoup, mais vraiment beaucoup parlé de toi. J'suis arrivée quand tu es parti.
- Salut, lâcha-t-il simplement avant de ranger une partie des bouteilles au frais.
Finalement il n’allait pas lui cracher au visage. Son ton froid ne surprit cependant pas Alice qui esquissa un sourire. Maxence lui avait beaucoup parlé de lui. Sans ajouter un mot, elle prit quelques bières et les rapporta au groupe d'amis qui perdaient patience de l'autre côté du mur.
Seul dans la cuisine, Vincent marmonnait toutes sortes d'insultes envers ses potes. Quelle idée d'accepter cette soirée ! Il n'en avait pas la moindre envie, ni de fêtes, ni d'amis, ni d'idiot auquel il voudrait arracher la tête. C'était, à cet instant, son désir le plus profond.
Ses excès de rage n'avaient jamais trouvé d'explication. Il avait toujours été comme ça, et plus les années passaient, plus il s'agaçait pour les moindres broutilles. Ce comportement n'était facile pour personne, mais d'autant plus pour lui qui s'épuisait de plus en plus, au point de s'écrouler chaque soir, plus mort de fatigue que la veille. Si seulement le monde pouvait être moins frustrant !
Au bout de quelques minutes, le frigidaire bipa et Vincent dû se résoudre à cesser de le ranger dans le vide. Il ne pourrait pas éviter éternellement les autres, même si leurs rires lui donnaient des envies de meurtres. Finalement le jeune homme s'avéra vaincu et referma brusquement la porte du frigo. Elle trembla.
- Vincent ! Tu casses mon frigo, je te tue ! cria l’italien qu’il détestait tant d'une voix grave qui résonne un long moment dans ses oreilles.
Le moment était effectivement mal choisi pour détruire tout ce qu’il touchait. Ses mains restèrent une seconde en suspension, et quand il fut sûr de n'avoir rien cassé, il rejoignit le salon.
- Enfin, regardez qui voilà ! Tu t'es calmé ?
- Ferme la Sylvain, grogna le concerné avant de se laisser tomber sur un siège, juste en face du canapé.
Quel mauvais choix. Il venait de choisir la pire place, à croire que tous autant qu'ils étaient faisaient exprès de le mettre dans des situations le rendaient fou.
- Tu vas retourner faire un tour si tu continues, le prévient Sylvain.
Ce n'était pas un avertissement ou une menace, juste un constat que Sylvain avait fait en voyant le regard noir d'un des hôtes de l'appartement. Ce dernier finirait par le virer définitivement si le plus petit continuait ses caprices, mais ça, Vincent n'en avait rien à foutre.
Cependant il préféra se taire lorsqu'il croisa les yeux pétillants de son meilleur ami. Il pouvait bien faire des efforts pour lui. Après tout, c’était parce que Maxence lui avait demandé avec insistance qu’il avait accepté cette soirée. Un lourd souffle s'échappa de son nez et il croisa les bras en s'enfonçant dans son siège. Une main vint le réconforter en s'appuyant sur son épaule. Vincent jeta un regard à son propriétaire souriant.
C'est vrai, ils étaient réunis pour ça, pensa l'impulsif en détaillant le youtubeur - Enfin il faisait ce qu'il pouvait avec ses quelques centaines d'abonnés- assis à sa droite. Il serait temps d’en finir.
- Alors.. commença le châtain aux joues roses. On voulait vous annoncer quelque chose avec Alice et Lucas..
Le peu de confiance que dégageait Maxence eut le mérite d'attirer l'attention, surtout celle de Martin, debout contre un mur un peu à l'écart, qui tentait désespérément de paraître désintéressé. Depuis qu'ils avaient rompus, Martin s'efforçait d’être présent à toutes les soirées alors que la simple existence de Maxence lui serrait le cœur. Et maintenant que ce dernier s'apprêtait à faire une annonce qui n'allait sûrement pas plaire au latin, Vincent n'imaginait pas l'état de celui-ci. Probablement en miette. Il connaissait bien ça.
- Donc euh.. Avec Alice et lucas, on a décidé d’emménager ensemble et euh.. Bah voilà !
Des félicitations. Les trois amoureux reçurent beaucoup de félicitations. Des applaudissements même de la part de Sylvain et du blond dont il ne fallait pas prononcer le nom.
Pourquoi ils continuaient tous à se parler ? se demanda Vincent qui n’avait pas bougé de son siège. Il était déjà au courant pour le trouple de toutes façons, pas besoin de le célébrer. Mais pourquoi s'efforçaient-ils de garder contact, à se voir régulièrement alors qu'aucune amitié présente ici ne tenait la route ? Vincent ne trouva pas de réponse en observant Martin attraper son manteau et sortir de la pièce. Peu de temps après, ils entendirent une porte claquer.
- Bon bah c'était à prévoir.
- Ferme la Sylvain, encore, sifla Vincent.
Maxence se mordit les joues. Il cessa de sourire instantanément et baissa la tête vers ses baskets colorées. La culpabilité le rongeait déjà depuis des mois, alors que pourtant Martin lui avait assuré qu’il était passé à autre chose. Un mensonge de plus en somme, rien de bien nouveau.
- Je voulais pas..
- On sait Max, le rassura Rémi en repoussant délicatement les bras qui l'entouraient quelques secondes auparavant pour se lever. C'est de sa faute s’il dit pas ce qu'il ressent.
Maxence hocha faiblement la tête. Il se sentait criminel. Il avait assassiné le coeur de Martin. Il n’eut pourtant pas le temps de se blâmer davantage que Vincent eut un rire amer et croisa les bras.
- Un problème peut-être ? Demanda Rémi.
- Aucun.
- Je préfère ça.
- Vas te faire foutre, marmonna le plus jeune avant de se prend une claque derrière la nuque. Eh fils de pute !
- T'en veux une autre ?
- J’pourrais porter plainte.
Rémi pouffa avant de laisser le guitariste pour se rendre dans la cuisine. Pendant ce temps, Lucas et Alice tentaient de réconforter leur petit ami.
Super ambiance.
Vincent posa son regard droit devant lui et croisa les pupilles amusées du petit blond. Il se moquait de lui en plus ce petit con.
- Cette soirée craint, conclut-t-il sèchement avant de se lever.
- Et pas qu’un peu, ajouta Sylvain en le suivant. Je devrais rejoindre Martin. J’vous tiens au courant plus tard.
Il récupéra son portable et son sac puis s'éclipsa.
L’ambiance restait pesante, mais lorsque Rémi revint avec une bière à la main, le plus petit décida d’en mettre fin.
- J’crois que la fête est finie, hein.
- Merci pour l’invitation les gars, répondit Alice qui serrait fortement la main de Max.
Elle offrit un sourires aux hôtes, puis entraîna les garçons vers la sortie. Vincent fut presque sûr d’entendre son meilleur ami renifler, mais il avait deux autres personnes, bien plus gentilles et douces que lui pour le soutenir, alors il resta planté en plein milieu du salon, entre le bouclé qui sirotait sa boisson et le petit blond qui souriait toujours comme un con.
Vincent n’aurait pas pu imaginer pire situation, mais il était incapable de bouger. Il avait l’impression que le moindre mouvement déclencherait une nouvelle colère qui finirait probablement par un meurtre, ou deux. Oui, voila. Il les tuerait tous les deux.
- Bon Vincent, détends toi un peu, lui ordonna Rémi en posant brusquement sa main sur son épaule. Puis il leva les yeux. J’te souhaite une bonne fin de soirée, on se recontacte pour la prod.
- Il me faudra encore un peu de temps mais je te tiendrai au courant de l’avancer. De toutes façons on aura besoin de moi au studio, donc on se verra.
- Pas de soucis, rentre bien.
Rémi prit son collègue dans les bras malgré la tension évidente puis le laissa filer. Ce dernier se permit cependant un dernière chose avant de partir. Il prit un regard vicieux avant de rire sincèrement :
- La prochaine fois qu’on joue à streetfighter, je te laisserai gagner Vincent. Ça vous évitera de devoir racheter une nouvelle playstation.
Puis le petit blond disparut.
- Il a pas tord, pouffa Rémi en entourant la taille du plus petit. On en est à combien ce mois-ci ? Deux ? Trois ?
- T’abuses, grogna Vincent. La dernière remonte à au moins deux mois.
Rémi rit beaucoup plus franchement sous le regard noir de Vincent. Peut-être qu’il était encore sur le nerf, et qu’il ne vallait mieux pas le chercher. Mais c’était si tentant, songea Rémi avant de le pincer à la taille.
- Eh mais ça va pas ! s’exclama Vincent en le frappant au torse.
- Mauvais perdant.
- J’aurais du gagner !
- Mais t’as perdu, se moqua le bouclé.
- J’vais te quitter.
- Mais tu m’aimes.
- Mh. Mouais. C’est bof convaincant.
Rémi haussa un sourcil avant de pencher la tête sur le côté. Il approcha son visage du sien, esquissa un sourire taquin avant de lui voler un simple baiser. Il y avait un nombre incommensurable de choses qui énervait Vincent. La moindre remarque, le moindre geste pouvait le rendre effrayant. Il était animé par l'orgueil. Mais s’il devait avoir une seule faille à son animosité, ce serait indéniablement les lèvres de son amant.
L’air toujours boudeur, Vincent glissa ses bras autour de son coup puis bougonna encore quelques secondes avant de récupérer ce qu’il voulait. Un nouveau baiser de son copain.
Bon c la fin là j'avoue.
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