Maxence n'avait pas plus de 10 ans. Exactement 9 ans et 3 mois ! Et ce samedi, il avait été invité chez son ami Rémi. Alors que ses petits camarades jouaient ensemble dans le jardin, Maxence préféra partir explorer les lieux. La maison de Rémi était si grande ! On aurait dit un château.

Ses petits pas faisaient du bruit sur le carrelage du couloir. Il fallait qu'il trouve une pièce intéressante. Et il la trouva !

Une porte entrouverte au fond d'un couloir attira son attention. Dernière, il apercevait du rose. Beaucoup de rose. Alors, avec ses petites mains, il poussa la porte et passa la tête à l'intérieur.

- oh, la chambre de Lila.

Lila était la soeur de Rémi. Elle était jolie et portait toujours de magnifiques tutus avec pleins froufrous ! Maxence s'approcha prudemment dans la chambre de la petite fille. Ses yeux ne savaient plus où se poser, il ne savait plus où donner de la tête. La bouche ouverte, il tourna plusieurs fois sur lui même pour ne louper aucun détail.

Un pas après l'autre, il se prommena au pays des princesses et ses fées. Il savait qu'il ne devait pas toucher, ce n'était pas lui. Pourtant, quand il vit un diadème abandonné sur la grosse couette rosée, il se mordit la langue. Ce petit objet scintillant l'appelait.

Doucement, il s'approcha et le prit entre ses mains. Personne ne saurait qu'il l'avait essayé.. alors il se tourna vers le miroir sans quitter des yeux son trésor. Il avait envie de rejouer la scène où Raiponce découvre qu'elle était la princesse depuis le début. Face à son reflet, il osa relever le regard et ses bras au dessus de sa tête pour y déposa le diadème.

Un large sourire se dessina instantanément sur ses lèvres. Ce dernier fit apparaître ses dents blanches et ses petites fossettes. Il se trouvait presque aussi jolie que toutes ces princesses.

- Qu'est ce que tu fais Maxie ?

Le petit garçon sursauta en se retournant. Vincent avait passé la tête dans l'entrebaillement de la porte et regardait Maxence, les sourcils froncés.

- Je..

Il ne savait pas quoi dire. La peur que son ami se moque de lui, même si ça ne lui aurait pas ressemblé, l'empêcher de trouver des mots. Vincent entra complètement dans dans la pièce avant de refermer derrière lui.

- Il te va bien, lui dit-il en souriant avant de s'assoir sur le lit.

Son sourire ne dura pas longtemps. Maxence pencha la tête sur le côté en retirant l'accessoire de ses cheveux et s'approcha de lui. Il hésita, mais la petite moue triste de Vincent le fit oublier qu'il avait découvert son secret.

- Pourquoi tu fais la tête ? Demanda Maxence en s'assayant à côté de lui.

- C'est rien Maxie..

- Si si, tu fais la tête.. Pourquoi ?

Vincent haussa les épaules. Ses pieds commençaient à se balancer d'avant en arrière et il tordait ses doigts.

- C'est Rémi.. Il veut plus jouer avec moi.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Parce que c'est vrai ! Il fait que rester avec Sylvain. Hier, il l'a invité chez lui et j'étais même pas là !

Maxence mordilla ses joues. Vincent semblait très en colère, et en même temps, très triste. Ses yeux étaient remplis de larmes. Le petit garçon leva sa main et vint écraser son index sur la joue de son ami à la casquette :

- T'es jaloux.

- C'est même pas vrai, répondit Vincent du tac au tac.

- Si si si !

Vexé, Vincent lui tourna le dos et croisa les bras. Maxence pouffa de rire et profita de sa position pour lui sauter dessus.

- Vincent il est jalouuux.

Il s'était mis à chantonner maintenant.

- T'es lourd, grogna Vincent en essayant de le pousser.

- T'es amoureux ? Demanda le petit prince soudainement plus sérieux, une lueur d'innocence dans les pupilles.

- N'importe quoi ! Et puis toi, t'es une fille !

Maxence lui tira la langue, puis il se mit à le chatouiller. Alors que Vincent se tortillait et rigolait, la porte s'ouvrit sur Rémi et leurs amis.

- Eh, on vous cherche partout. Vous faites quoi ?

- Ah Rémi ! C'est Vincent, il est ja..-

- Chut ! Le coupa brusquement Vincent en plaquant ses mains sur sa bouche.

Mais malin, Maxence lui lécha les doigts.

- Berk. Puisque c'est comme ça, je vais m'essuyer sur toi.

Et les voilà répartis dans une bataille de gilis et de salive. Presque aussitôt, Rémi laissa tomber son ballon et courru les rejoindre. Sylvain et les autres ne tardèrent pas non plus à choisir leur camps et partirent à la rescousse de leurs alliés.

- J'vais te sauver Vincent ! On touche pas à mon meilleur ami !

Avec un sourire rayonnant, le petit bouclé attaqua Maxence. Vincent en profita pour se redresser et s'exclama :

- J'suis toujours ton meilleur ami ?

- Bah v'oui..! Répondit Rémi en lâchant les bras de son prisonnier.

Ce dernier ricanna bêtement et entoura l'oreille de Rémi pour lui chuchoter quelque chose. Comme ça, Vincent ne pourrait rien entendre.

- Eh tu lui dis quoi ? Paniqua Vincent en tirant sur le teeshirt de Maxence. L'écoute pas Rémi, il dit n'importe quoi !

- C'est pas n'importe quoi.

- Tu lui as dis quoi ?

- Que t'étais amoureux, nananère !

Les joues de Vincent le brulèrent mais il les cacha rapidement, et se faufila sous la couette.

- De toutes facons, t'es qu'une fille qui se déguise en princesse !

Maxence fit la moue mais secoua la couette. Vincent n'aimait pas beaucoup les blagues, et maintenant, il s'en voulait.

- Pardon Vincent, je rigolais.. chouina-t-il.

- Vas t'en sale fille.

- Pff.

Maxence le poussa derrière sa protection puis se leva. Il en avait marre qu'on le traite de fille. Il sortit alors en tapant des pieds, et ne manqua pas de claquer la porte derrière lui.

- On va le chercher, informa Martin en attrapant Sylvain et Obi par la manche de leurs tee-shirts.

Toujours sous la couette, Vincent reniflait. Maintenant qu'il était seul, il avait le droit de pleurer. Et puis Maxence était débile, il n'était pas amoureux.

- Vincent ? Est-ce que c'est vrai ?

Vincent essuya rapidement ses yeux avec sa manche. Rémi etait encore là ? Tant pis, il n'allait pas lui répondre. S'il ne voyait pas Rémi, Rémi ne pourrait pas le voir.

Ça marchait comme ça avec les autruches.

Malheureusement, Vincent n'était pas une autruche et Rémi savait très bien qu'il était sous la couette. Le bouclé leva les yeux au ciel face au silence de son meilleur ami et souleva les draps pour s'y glisser à son tour.

- Est-ce que c'est vrai ? Répéta le plus grand une fois en face de lui.

Le nez tout rouge et les yeux cachés par ses mains, Vincent secoua la tête. Si seulement son pouvoir d'invisibilté pouvait marcher contre Rémi.. Seulement, il fonctionnait qu'avec les filles qu'ils embêtaient. Ou avec Maxie. Leurs pouvoirs étaient liés, alors ils ne pouvaient pas les utiliser l'un sur l'autre.

Rémi effaçait la mémoire. Mais une fois, il avait essayé sur la maîtresse après avoir cassé une chaise parce qu'il se balançait. Ça n'avait pas marché non plus.

Comme Rémi était plus grand, le draps ne cachait pas du tout Vincent. Ça l'embêtait parce que son petit coeur lui faisait mal et il ne voulait pas que le bouclé le sache. Rémi prit doucement ses mains et les éloigna de ses yeux.

- Pleure pas..

- Je pleure même pas, murmura le petit garçon.

- Jm'en fiche de ce que dis Max. Y'a que toi qu'est important.

Vincent ouvrit alors les yeux et regarda son meilleur ami. Rémi souriait grandement, et on voyait ses faussettes aux coins de ses lèvres. Comme il était toujours muet, la bouche entrouverte et les yeux ronds, Rémi continua :

- Je te remplacerai jamais. On sera toujours deux, ensemble contre le reste du monde ! Si c'est ça être amoureux, alors j'suis aussi amoureux. Mes parents m'ont expliqué tu sais. Ils ont dit que c'était spécial, que jamais je voudrais être loin de la personne que j'aime et que je serais triste de la voir triste. J'veux pas être loin de toi. Et j'aime pas quand tu pleures..

Il avait enfin arraché un sourire à Vincent. Rassuré, Rémi rapprocha son visage. Il hésita un peu, puis embrassa sa joue.

- Allé viens, faut que tu t'excuses à Max.

Rémi poussa la couette et se leva. Il attrapa la main de Vincent et le tira hors de la chambre de Lila. Le petit garçon avait séché ses larmes, mais il s'en voulait un peu d'avoir traité Maxie. C'était un peu grâce à lui que son cœur soupirait de soulagement.

Rien ne pourrait le séparer de Rémi.

À part peut-être Rémi lui-même.

A suivre..

Douceur. ☕🍪