Chapitre vingt-neuf : "Parce qu'elle t'aime." (Flashback)
Point de vue d'Harry :
Lia et moi n'avons pas parlé depuis deux semaines. Je sais que c'est à cause de mon nouvel album. Je ne peux pas lui reprocher d'être en colère. Elle sait que l'album entier parle de Cailin. Je pense qu'elle est encore plus contrariée par le fait que l'album marche bien. La tournée de l'année prochaine est déjà complète. Je pense qu'elle espérait secrètement que ça ferait un flop.
Je ne l'ai jamais amenée en studio. Je ne voulais pas qu'elle écoute quoi que ce soit avant que j'aie fini l'album. Quand il a été terminé, j'ai eu l'impression que je devais la préparer. Je me sentais coupable.
Elle était calme quand elle a écouté l'album pour la première fois. Lia l'a fait à la moitié avant de se lever et d'entrer dans notre chambre. Mes paroles l'ont blessée. La culpabilité que je ressens me blesse. Mais ces chansons devaient sortir. Pour moi. Peut-être même pour Cailin. Je veux qu'elle les entende.
Maintenant, avec le monde entier qui les écoute, nos problèmes deviennent davantage une conversation publique. Les fausses rumeurs nous affectent de plus en plus. Durant une interview qu'elle avait faite, ils lui ont posé des questions sur Cailin. Elle a quitté l'interview et s'est disputée avec moi dès son retour à la maison. Je ne l'avais jamais vue aussi bouleversée. J'ai vu beaucoup de larmes. Mais la colère de Lia est nouvelle pour moi. Je ne sais pas comment la gérer. C'était encore pire quand j'ai dû quitter le pays pour faire de la presse pour l'album en Europe.
Mais être comme ça avec Lia n'est pas le plus dur. C'est d'être loin de Kian aussi longtemps qui me fait souffrir. Je n'ai pas l'occasion de voir son visage aussi souvent que je le voudrais.
"Tu ne me rends plus aussi souvent visite qu'avant." me dit Cheryl en me posant une tasse de thé devant moi.
Je lève le regard pour voir de la tristesse dans ses yeux, ce qui me fait me sentir coupable.
"Je suis désolé." Je lui réponds. "Je pense que c'est à cause de tout ce qui passe à la maison, le bébé et le nouvel album."
"Je suis contrariée que tu n'aies pas amené le petit Kian avec toi." fit-elle en plaçant une assiette de biscuits sur la table.
J'en prends un et j'en prends une bouchée. Le même biscuit sucré que j'ai toujours eu ici. Celui qui m'apporte du réconfort.
Je sors mon téléphone et je commence à montrer à Cheryl toutes les vidéos et photos de Kian. C'est le sourire et le rire de Cheryl qui illuminent mon propre visage. C'est l'une des rares choses dans ma vie que j'ai vraiment été fier de partager avec elle.
La première, c'est quand ma carrière a commencé à exploser avec Louis et Zayn. J'ai enfin pu lui montrer que j'allais pouvoir faire quelque chose de ma vie. La deuxième, c'est quand je lui ai présenté Cailin, parce qu'il n'y a personne de mieux qu'elle. Maintenant, la troisième est devenue Kian. Je lui prouve que je suis un meilleur père que le mien ne l'a jamais été.
En me promenant dans son salon récemment rénové je remarque que Louis lui a offert en cadeau, je fais attention à chaque détail. Ça fait peut-être un an que je ne suis pas revenu ici. Je ne lui reproche pas d'être contrariée.
Il y a une nouvelle photo au-dessus de la cheminée. C'est un poids qui pèse sur ma poitrine quand je la vois sourire. Cheryl est assise à côté d'elle avec une petite fille sur ses genoux.
"Vous vous êtes rapprochés, hein ?" Je lui demande en effleurant le cadre de la photo du bout des doigts.
"Quoi ?" Cheryl me répond de la cuisine. Je regarde pour la voir se rapprocher de moi. Je tape sur le cadre pendant que Cheryl suit mon mouvement.
"Vous êtes proches tous les deux ?" Je lui demande.
"Oui." Cheryl acquiesce. "Elle n'habite pas si loin d'ici, en fait c'est dans la même rue où ton vieil ami John a grandi."
C'est un sentiment de soulagement que je ressens. Je suis soulagé que Cailin ait quelqu'un comme Cheryl comme amie parce que je sais que Cheryl prend soin d'elle.
"En fait, elle vient dîner chaque semaine, avec sa fille bien sûr." Cheryl sourit. Mais son sourire s'efface lorsque qu'elle me regarde. Mon visage doit révéler à quel point je suis bouleversé par le fait que Cailin ait un enfant. Un enfant qui n'est pas le mien.
Je passe mes mains sur mon visage en essayant de faire abstraction de mes émotions. J'essaie depuis presque deux ans.
"Harry..." Cheryl soupire.
"Je veux te poser un million de questions." J'avoue à Cheryl. "Mais je ne peux pas."
Les rides inquiètes de Cheryl sur son front deviennent plus marquées.
"Plus j'en sais sur elle, plus il m'est difficile d'être d'accord avec les décisions que j'ai prises. Parce que j'ai pris beaucoup de décisions merdiques quand il s'agissait d'elle." Je lui explique.
"S'il te plaît, ne te rabaisse pas comme ça, Harry." Elle soupire.
"Mais c'est vrai. Je n'étais pas la personne qu'elle méritait. Elle a beaucoup souffert à cause de moi. J'espère qu'elle ne t'a pas tout dit, je sais que tu me détesterais sinon." Je secoue la tête avec des larmes qui me tombent sur le visage.
"Elle ne l'a pas fait, mais même si elle le faisait, je ne pourrais jamais te haïr Harry." Cheryl essaie de m'assurer.
"Tu n'en sais rien !" Je crie. "C'est comme si j'avais été encore le même adolescent que j'étais ici à Londres. Tu te souviens des genres de problèmes dans lesquels j'avais l'habitude de me retrouver ? Ça n'a changé qu'à partir de la naissance de Kian. J'ai tellement déconné avec elle."
"Elle ne te déteste pas et ne t'en veux pas pour ce que tu as fait." me dit-elle.
"Comment tu sais ça ?" Je lui demande.
"Parce qu'elle t'aime." m'avoue Cheryl.
Je reste silencieux sur ses paroles. Je suis choqué que cet amour existe encore, car je ne pense pas avoir jamais mérité ce genre d'amour venant d'elle.
Le téléphone sonne. Cheryl hésite à répondre, essayant de me réconforter mais j'insiste.
"Allô ?" dit Cheryl dans le téléphone.
Pause.
"Salut ma chérie." dit Cheryl avec ses yeux qui me regardent.
C'est elle. Je le sais. Cheryl a l'air de ne pas savoir quoi faire avec moi, debout ici, écoutant leur conversation.
"Oui." Cheryl acquiesce presque comme si elle poussait Cailin à raccrocher. "Uhm."
Je m'éloigne pour sortir Cheryl de cette situation. Je me tiens dans la cuisine, loin de son champ de vision. Mais je reste assez près pour entendre une partie de leur conversation.
"J'ai hâte de voir ce qu'elle a dessiné. Je parie que c'est un chef-d'oeuvre comme tout ce qu'elle dessine."
Le ton de Cheryl est attendrissant, comme la façon dont elle me parlait quand j'étais enfant. J'entends le rire de Cailin à travers le téléphone. Mon nez coule alors que les larmes me brûlent les yeux et me tombent dessus. Il m'est difficile d'imaginer que je n'entendrai plus jamais ce rire.
J'essuie mes larmes au moment où Cheryl raccroche son téléphone. Je prends mes clés sur la table de la cuisine.
"Nous devons finir de parler, Harry." fit Cheryl sur le pas de la porte de la cuisine.
"Pas du tout." Je secoue la tête. "Je ne peux plus parler de Cailin."
Je roule à toute allure dans les rues, j'essaie de respirer, de me calmer. Mais Cailin est tout ce que je vois. Elle est tout ce que je peux entendre. Il ne faut pas longtemps avant que je sois dans sa rue, comme l'avait dit Cheryl. John a vécu ici. Ce sont des maisons plus grandes que celle dans laquelle j'ai grandi. Mais quand je suis dans sa rue, je sais exactement laquelle est la sienne. C'est celle qui est isolée, à près moins d'un kilomètre de toutes les autres maisons.
L'intimité. C'est ce qu'elle voulait après moi. C'est ce qu'elle voulait pour son enfant aussi.
Je gare ma voiture près du parc et je reste assis là. J'attends, sans savoir exactement ce que je vais faire. Le soleil commence à se coucher, mais je peux encore voir toutes les ombres. Je sais que je n'irai pas à sa porte. Je sais que je ne l'appellerai pas. J'aurais fait ces choses il y a des années. Mais plus maintenant.
Mais de loin, j'entends des rires. Je regarde pour voir deux ombres courir. C'est elle. C'est son rire. Ses cheveux. Son sourire.
Elle court dans une robe avec une petite fille qui lui court après. Sauf que la petite fille tombe à genoux, mais son sourire ne s'efface jamais. Un sourire se forme sur mes propres lèvres quand je les regarde de loin. Elles sont heureuses. Elle est heureuse, sans moi. Peut-être que la repousser était la meilleure chose que j'aurais pu faire pour elle.
Parce que maintenant elle a sa propre vie, son propre enfant.
Peut-être que mes décisions n'étaient pas toutes mauvaises.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top