CHAPITRE 2
France est entrée en mode full maneater et il faut bien l'avouer : c'est effrayant. Un véritable monstre de babillage, de battements de cils et de rires forcés. Le pire ? Ça fonctionne.
L'idiot du village - petit nom affectif que nous donnerons à ce personnage qui n'est de toute évidence pas le premier rôle masculin - ne sait plus où donner de la tête.
« Bon. Et si tu nous prenais une table ? Je me sens un peu coupable de laisser ton ami seul, il pourrait venir passer la soirée avec nous ! S'exclame finalement Lilith, tentant visiblement de ne pas bailler d'ennui.
- Et risquer de le laisser attirer toute l'attention sur lui ? Pourquoi je ferais ça ?
- Aurais-tu donc peur du challenge ? »
Avec un demi-sourire, la brune porte sa coupe de champagne à ses lèvres, ne quittant pas Mr. Rolex des yeux. Et un seul regard suffit à lui confirmer qu'il a bien mordu à l'hameçon.
« Donnez-moi deux minutes pour convaincre mon misanthrope préféré et je reviens. »
Sur ces mots, il part vers celui dont il parle en si bons termes. Une brève conversation, légèrement houleuse de toute évidence, et les deux jeunes hommes rejoignent leurs invitées de la soirée. Parce qu'il est hors de question qu'elles ne paient quoique ce soit, de toute évidence.
« Bonsoir, se contente de dire le brun, avant de laisser son regard s'égarer dans la pièce, comme s'il ne voulait pas voir les deux jeunes femmes en face de lui. »
Ok. Vachement flatteur.
Un serveur est prévenu, une pièce est mise à disposition, la table est mise et les menues sont distribués. Il a fallu acheter le concierge avec un billet de cinquante pour entrer mais ça en valait le coup, Lilith ne regrette rien.
« Pour commencer, tu pourrais peut-être nous dire comment tu t'appelles, non ? Demande la brune à son premier interlocuteur. »
Puisque Mr. Veste-en-cuir-YSL refuse de lui accorder son attention, elle ne va pas supplier pour. Donnez-lui vingt minutes et l'autre abruti - puisque c'est ainsi qu'elle désigne les hommes ayant le culot de lui résister - sera à ses pieds.
Non.
Plutôt dix minutes.
« Charles-Alexandre. »
C'est passé près : un peu plus et la brune crachait le contenu de son verre.
Charles-Alexandre. Encore mieux que Mr. Rolex.
Retenant tant bien que mal un sourire en cachant son nez dans la flûte de champagne et baissant les yeux, elle ne remarque pas celui du brun en face d'elle, légèrement moqueur mais clairement amusé.
« Mais mes amis m'appellent tous C-A.
- Non, personne ne t'appelle comme ça. Tout le monde t'appelle Charles.
- Qui a dit que t'étais mon ami ?
- Ta mère, quand elle m'a remercié d'être allé te chercher à Ibiza après que t'aies foutu la merde là-bas.
- Il faut croire que t'es ami avec ma mère, plutôt. Pose-toi les bonnes questions, Hound.
- Hound ? Tes parents t'ont appelé « chien » ? »
Lilith retient une grimace à l'entente des mots de son amie, suivis d'un silence glacial.
« Ouais. Mes parents étaient des enculés, je te confirme. »
Et il n'en dit pas plus. On pourra même ajouter qu'il n'aura pas dit un mot de plus de toute la soirée. Charles, au contraire, a fait l'animation, pour le plus grand plaisir de France. Quant à Lilith ? De façon étonnement classe, elle a noyé son ennui dans le champagne et le caviar.
Et oui, le goût du caviar est le dernier souvenir qu'elle parvienne à retrouver en cet après-midi de premier janvier, lorsqu'elle se réveille en petite tenue dans des draps qui ne sont pas les siens.
Jetant un coup d'œil à la pièce, la brune comprend vite qu'il s'agit d'une chambre d'hôtel. Dans la salle de bain, un bruit d'eau qu'on laisse couler.
Elle passe une main sur son visage, grimaçant à la sensation du sang qui tape contre ses tempes.
« Pitié, faites que j'ai couché avec le beau gosse, faites que j'ai couché avec le beau gosse, faites que-
- Bien dormi, beauté ? »
La voix exagérément grave de France sort notre fervente croyante de sa prière.
« Fais chier.
- C'est moi, le beau-gosse ?
- Tu plaisantes, t'as vu ta gueule ?
- De un, je suis actuellement dix fois plus fraîche que toi. De deux, je suis déçue que tu ne te souviennes pas de notre nuit torride. »
Les cheveux enroulés dans une serviette et bien au chaud sous un peignoir, la jeune fille s'assoit sur le lit, fronçant les sourcils.
« Tu me blesses. »
Grommelant, Lilith prend son oreiller et fourre sa tête dedans, comme pour oublier la réalité et son échec cuisant de la nuit précédente.
« Disnqdlekfjdlmfkszmùdndlqu'un.
- Pardon ? »
Avec un soupir excédé, elle sort sa tête du coussin.
« Dis moi que j'ai pas vomi sur quelqu'un.
- Non, on n'est pas dans un mauvais bouquin pour adolescent. Quoique j'aurais adoré filmer ça... »
Se redressant tant bien que mal, la brune saisit le verre d'eau que lui tend son amie et prends le temps de le boire, bien que son corps refuse l'idée-même d'ingérer quoique ce soit.
« Dis-moi au moins que tu t'es tapé Charles-Henry.
- Alexandre. Charles-Alexandre. Et non. »
Elle pousse une exclamation agacée, reposant le verre.
« Mais j'ai son numéro.
- Yes ! Je savais que t'en étais capable, tu vas enfin arrêter de coucher avec des artistes et partir sur des beaux-gosses blindés !
- Si tu le dis... »
Finalement assez motivée pour se lever, Lilith se dirige vers la salle de bain, rejoignant le miroir pour effectuer son rituel favori : s'admirer. Malheureusement, la chose est plus flatteuse lorsqu'on n'a pas passé sa soirée en tête-à-tête avec une bouteille de champagne. Les cernes accentuées par le mascara et les cheveux dignes de ceux de Babayaga, elle plisse les yeux, à la recherche d'un reste de distinction. Sans succès.
« Je ressemble à une traînée, soupire-t-elle en revenant finalement dans la chambre, s'effondrant sur le lit, désespérée.
- T'as tombé le masque.
- Aha. Excellent. Bon, au moins, tout n'est pas perdu.
- C'est-à-dire...?
- Eh bien... »
Elle se redresse pour la énième fois mais le sourire qui étire désormais ses lèvres n'a rien de rassurant. Et pour cause : France n'est en rien rassurée.
« Oh non.
- Oh si.
- Hors de question.
- Allez ! Débrouille-toi juste pour que Mr. Rolex-
- Charles.
- Charles, te file son numéro ! »
Joignant ses deux mains dans une signe de prière, la blonde prend le temps d'inspirer.
« Lili'. Tu sais que je t'adore.
- Oui, je sais.
- Alors laisse-moi te dire que t'as intérêt à te calmer. »
Avec une moue, la brune fronce les sourcils, croisant les bras.
« Tu vas gentiment oublier ce type, rentrer chez toi te changer et demander à John de passer te chercher pour une virée shopping.
- Il passe les fêtes avec sa femme, je n'ai pas le droit de l'appeler.
- Alors... tu sais ce qu'il te reste à faire. »
Un soupir est poussé. Oui, elle le sait.
WARNING : this is not a LOVE STORY
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