Donnez moi...

Ou quand un état de colère et de désespoir nous amène à en vouloir au monde entier.


Donnez-moi un pistolet

Pour que je tire sur ces gens

Je viserais en plein cœur,

Pas une grande perte d'ailleurs

Le sang coulerait sur le pavement

Mais cela ne serait pas important

Ce n'est pas comme si leur sang rejoignait...

Le Discernement pour l'irriguer


Donnez-moi ce pistolet

Je le garderais à jamais

Pour tirer, pour oublier

Pour tirer, pour oublier que j'ai tiré


Donnez-moi un poignard

Pour que je lacère mes soucis

Jusqu'à ce que je les oublie,

Ces symboles du désespoir


Donnez-moi une pelle

Pour que je les enterre

Puis pour que je les déterre

Car malgré moi, je m'en rappelle,

Ces horribles cendres revenantes,

Ces noires réminiscences envahissantes


Donnez-moi du feu

Pour que je brûle le mépris ou pire l'ignorance

Pour que de mon esprit, j'enlève la carence en bon sens


Donnez-moi du gaz

Pour que j'étouffe les pleurs à leur berceau

Pour qu'ils ne forment plus de ruisseau

Avant même que sur le sol, ils ne s'écrasent


Je regarderais ce champ de bataille,

Ma création

Et en moi monterait une satisfaction

Celle de la destruction d'un mal de taille

Je me sentirais guerrière,

Je me sentirais princière

D'avoir terrassé le dragon de ma conscience

Et que plus jamais, il ne revienne, il ne réitère

De ma victoire, j'aurai pris confiance


Je me serais relevée des cendres de mes pensées

Les aurais respirées pour sentir le parfum des peines brûlées

Des souvenirs émiettés

De la douleur disloquée

Du passé tranché, destiné à n'être qu'un cadavre putride

Et en moi, le vide

Le vide d'un silence apaisant

Prémices d'un recommencement

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