Océan Pacifique

Nicolas, commença-t-il. Son nom est Nicolas, mais on l'appelle Nico et il a dix-sept ans.

Il est venu en vélo. Il n'habite pas très loin. Il adore regarder l'océan, il vient souvent. Il est content d'être ici, d'être avec ces autres cœurs cabossés.

C'est sa mère qui a voulu qu'il vienne, en voyant l'annonce sur Internet. Alors il est venu, parce que Nicolas lui doit bien ça, à sa maman. Faire un effort pour aller mieux, rien que pour elle.

Nicolas était avec son père. Il rentrait d'un match de basket. Son équipe avait gagné. Ils chantaient dans la voiture. À l'arrière, Nicolas avait ouvert sa fenêtre, laissait le vent effleurer ses doigts.

Ils ne s'attendaient pas à ce que la voiture d'en face ignore le stop. C'est vrai qu'ils roulaient un peu vite. La voiture d'en face aussi.

Nicolas n'a rien compris. La voiture s'est retrouvée dans un mur. La ceinture lui a coupé la respiration. Il y a eu de nombreux chocs.

La voiture était fichue. Et son téléphone, en mille morceaux. Nico appela ensuite son père. « Papa, comment on va faire pour rentrer, la voiture ne peut plus rouler. Comment on va faire pour rentrer à la maison ? ».

Papa ne rentra jamais à la maison. Papa ne répondit jamais à la question de son fils.

Le conducteur de l'autre voiture était blessé aussi. Il réussi pourtant à appeler les secours.

À partir de là, tout est flou. Nico se souvient du sang, et de ses cris désespérés. Il ne se souvient pas de son bras.

À son réveil, son bras n'était plus là. Disparu, effacé, trop abîmé.

Et son père, son père, mort.

À son réveil, sa mère pleurait à chaudes larmes. Elle était dans tous ses états.

Nico a encore mal. Il porte une prothèse qui lui fait mal. Il porte un cœur qui lui fait mal.

Tout en lui fait mal.

Nicolas se tut. Il en avait trop dit. Ou pas assez. Il ferma les yeux.

Avec le temps, Nicolas s'est renfermé. Il a voulu se jeter du haut de sa fenêtre, parce que même vivre lui faisait mal. Sa mère l'en a empêché.

Et maintenant, il y a une caméra dans sa chambre. Les fenêtres sont fermées. Les médicaments surveillés. Nicolas ne peut plus rien faire. Il crie contre sa mère, refuse de parler aux psychologues.

Si Nicolas est ici, c'est parce que c'était un moyen de fuir sa mère insupportable.

Il regarde Maëlys, secoue la tête. Non, toutes les histoires ne se terminent pas bien.

Nicolas baisse les yeux. Tout bas, il avoue, en touchant sa fausse main. Il avoue qu'il a peur. Peur de reculer, peur d'avancer, peur de mourir et peur de vivre.

Il a besoin d'aide, désespérément, Nicolas.

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