Océan Arctique

Louison était un flocon de neige.

Louison entrait au lycée, avec Eliot.

Elle avait repris espoir en la vie, après une année très dure.

Clara était morte.

Clara était sa sœur.

Rien n'était juste, et rien n'était facile non plus.

Tout s'améliorait un jour.

La dernière année du collège avait été la plus dure.

Clara avait perdu la vie lors des vacances d'été. Un accident. Pour un bracelet, putain.

Oui, la colère était encore là. La tristesse aussi.

Louison parlait doucement, progressait à petits pas, tâtonnait.

Elle se relevait.

C'était Eliot qui l'avait sauvée. Eliot, son sourire en coin, sa simplicité et son ballon de foot.

Eliot qui n'était pas toujours très sage en cours, d'ailleurs.

Sa meilleure amie, Zoé, avait déménagé.

Elle avait pleuré, beaucoup.

Elle avait écrit des lettres.

Elle avait été un flocon de neige.

Et aujourd'hui, devant l'océan, elle était une fleur.

La fille aux cheveux coupés de travers, au regard fuyant, c'était toujours elle. Mais, maintenant, elle se tenait près de son ami, aux côtés de sa famille.

Elle aimait Clara, plus que jamais.

Louison, elle restait immobile, droite. Elle captait l'attention des autres, montrait la voie, parce que, oui, il y en avait bien une.

Elle racontait aussi l'harcèlement, les filles hautaines, les notes qui baissaient.

Elle confiait qu'elle voulait devenir psychologue, parce qu'elle savait qu'il y avait une issue possible, toujours. Un moyen de sortir de l'ombre, de retrouver le chemin et la lumière.

La glace fondait, le flocon de neige balloté par le vent n'existait plus. Louison, elle se décrivait comme une fleur, Zoé avait raison, elle était une fleur. Magique, puissante, lumineuse.

Elle assurait que c'était possible, elle incarnait l'espoir devant les autres ébahis. Si frêle, si petite, Louison.

Grâce à Eliot, elle clamait la vie.

Parce qu'il ne fallait pas avancer seul, parce que les autres pouvaient aider, eux aussi.

Son océan, il semblait beaucoup plus grand, plus mystérieux pour les autres. Il paraissait invincible, fougueux, magnifique.

Louison se tourna vers le garçon au pull gris. De tous, elle fut la première à sourire. Pas un mot. Juste un regard, un sourire, un espoir.

Elle regarda Maëlys, ses grands yeux bleus, sa maigreur. Elle sourit encore.  Toutes les histoires ne finissaient pas toujours mal. Il suffisait d'y croire, promis.

Le jeune adolescent aux bras griffés. Louison sourit. Ça ira, tu verras.

En dernier, le vieil homme, celui qui les avait tous réunis. Elle sourit. Merci.

Louison tendit la main. Maëlys l'attrapa, enroula ses doigts autour des siens. De l'autre côté, le garçon au pull gris glissa sa main hésitante dans celle de l'adolescente. Il se tourna vers Nicolas, osa un petit sourire. Nicolas s'approcha, prit sa main. Maëlys guida le vieil homme vers le groupe, saisit sa main, s'agrippa à Louison.

Ils se regardèrent.

Puis, leurs yeux se dirigèrent vers l'océan. Une vague s'écrasa contre les rochers.

L'eau lava leur esprit, l'écume effaça leur malheur.

Maltraités par le vent, hypnotisés par l'océan, ils restèrent là à s'accrocher les uns aux autres.

Et, tous, sans un mot, laissèrent un sourire, vrai, franc, réel, illuminer leurs visages.

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