Aimons-nous dans un monde parallèle - AU sans Tuerie

Je me réveille dans les bras de quelqu'un pour la première fois de ma vie. J'aurais juré qu'un garçon comme lui ne m'aurait jamais regardée, et pourtant je suis dans ses bras. Et il me dit des choses qui me font me sentir spéciale. Moins mauvaise. Moins détestable. Et moi, je suis faible. Son contact met le feu à mes hormones, à mon bas ventre. Je tends ma main vers son visage pour caresser sa joue. J'aime son androgynie quand il met du maquillage. J'aime sa tête au naturel aussi, ses traits doux et réguliers. Et endormi, il est si beau. Si paisible. Il ne fait aucun bruit, même s'il est l'incarnation de la nuisance sonore d'habitude.

Ses paupières s'ouvrent. Je dépose un baiser sur ses lèvres.

— Comment va mon rayon de soleil ? murmure-t-il d'une voix ensommeillée. Tu as bien dormi, ma belle ?

T'es bête, Akimune. C'est toi, le soleil.

***

Au départ, quand un mec en chemise hawaïenne est venu me voir à la soirée d'intégration pour me hurler dans les oreilles que je lui plaisais beaucoup, à lui et sa copine, j'ai vraiment cru à une mauvaise blague.

Et aujourd'hui, les bras de Seung-Il enserrent ma taille en me demandant ce que je prépare pour le petit-déjeuner, et Tahel sort de la salle de bain en portant un de mes sweatshirts en sifflotant du Francis Cabrel, cette chanson qu'ils veulent impérativement me faire chanter en espagnol.

Ahah. Ils n'ont pas besoin que je le chante pour qu'ils le sachent.

Les quiero a morir.

***

— Jiraïr, prends ton médicament et après tu auras ton bisou.

Je suis fièr.e de lui car il est sobre depuis trois mois et il suit son traitement correctement. Et il n'a plus de grands mouvements d'humeur, ou de pétages de câble intempestifs, ou de comportement violent. Enfin, plus... Moins, plutôt. Et c'est moins fort. C'est plus gérable. Je le regarde dévisser le bouchon du flacon de la solution de risperdone, utiliser la pipette pour prendre le bon dosage. Il me fait vérifier, je valide, il avale son sirop.

— C'est toujours vraiment dégueu, soupire-t-il.
— Oui, mais tu n'as pas le choix, dis-je avant de déposer un baiser sur ses lèvres. N'oublie pas que tu vois ta psy à 14 heures.
— T'inquiète, Mendel, j'oublie pas ces choses-là.

Il laisse un bouquet de fleurs sur la table, avant de m'embrasser sur le front. Des fleurs de son jardin... Il a dû les couper ce matin.

***

J'ai une photo d'Hotaru qui date du tout début de notre relation. Il était tout petit, et il faisait plus jeune que son âge. Il était vraiment adorable. Maintenant... je lève les yeux vers le magnifique jeune homme de dix-sept ans qui me regarde avec un sourire ravageur. Il a bien grandi, il me dépasse d'une bonne tête, et son air presque adulte lui sied si bien. Il est devenu sûr de lui. Et il a décidé d'apprendre l'arabe pour moi.

Avant, j'étais celle qui l'enlaçait. Maintenant, il ne cesse de me prendre dans ses bras.

— On va finir par être en retard en cours...

Mais je ne veux pas qu'il relâche son étreinte.

— On révise ensemble, cet après-midi ? me demande-t-il en se penchant pour m'embrasser.

***

Je l'aime de loin. Et ça me convient parfaitement comme situation.

La voir heureuse, avec lui, me rend heureuse. Et je comprends totalement comment elle peut aimer un homme comme lui, il est juste incroyablement solaire. Elle mérite tellement le bonheur... Je ne suis pas douée pour exprimer mes sentiments. Même, je juge souvent que je devrais pas les exprimer. Avec elle... C'est comme si j'avais un tournesol dans la tête, qui éclot et se tourne vers l'incroyable merveille de sen être. Elle est assise trois rangs devant moi. Le cours n'est pas vraiment intéressant, la moitié de l'amphi dort. Elle se retourne vers moi. Elle me sourit. Et j'ai l'impression d'être belle dans ses yeux.

***

Je suis jeune. J'ai le temps d'aimer.

Mais voir tous mes amis amoureux, ça me fait me sentir seule...
Au moins, quand je parle dans mon micro, je sais que quelqu'un, quelque part, aime ma voix.

***

Un baiser entre deux cours. Tes mains dans les miennes. C'est comme la toute première fois. Chaque baiser est comme la toute première fois que nos lèvres se sont rejointes. Et je sens ton odeur, ton odeur qui me rend fou. Des baisers dans le cou. Ton souffle, tes rougeurs que tu essaies de cacher. Mais je les vois. Et je les aime. Comme j'aime la texture de ta peau, la douceur de tes cheveux, la couleur de tes yeux. Comme j'aime ta voix quand elle est calme, ou quand elle tremble. Comme j'aime ta manière de parler. Ta tendresse. Ta patience. Ton intelligence. Ta bonté. M'écarter de toi serait un déchirement. Moui, je suis sans doute accro à toi. Mais c'est mieux que d'être addict aux jeux. Quoique, je le suis aussi, mais vu que je gagne tout le temps personne n'y voit le mal.

Eugénie va ricaner devant mon air rêveur. Pff. À elle aussi, je fais des bisous et des câlins pour qu'elle redescende. Ça fait la fière mais un peu d'affection et on la perd. Et moi, je veux vous donner beaucoup, beaucoup d'affection, à tous les deux. Quand elle prend ma main, je suis heureux de ne plus sentir que des os sous sa peau.

Je te serre dans mes bras. « À ce soir ». J'ai hâte.

***

Je sors de chez ma psy, et j'ai encore pleuré comme une madeleine. Dans des moments comme ça, ma main cherche ma boîte en fer blanc dans mon tablier, mes feuilles pour rouler, mon briquet. J'ai tout jeté. Vu que le THC a de mauvaises interactions avec mon traitement... C'est sa main que je trouve maintenant. Je me laisse serrer dans les bras, et ça me rend heureux de me savoir aimé par quelqu'un d'aussi exceptionnel.

***

— Oh non, pas tes parents...

Je sais que Dodo râle pour la forme, parce que les parents de Seung-Il débarquent toujours en prévenant une heure avant, qu'ils nous ont adopté la seconde où ils nous ont vus et qu'on les adore. C'est peut-être mes seules figures parentales stables. C'est à Mme Pak que j'ai parlé en premier, par rapport à David. Et c'est M. Pak qui aide Ernesto pour faire les démarches pour le visa, pour lui et son chéri de Moscou. Puis on est sur les photos de famille et je suis la bru et Dodo le beau-fils, genre c'est acté. Donc on les adore, le fait qu'ils viennent ce n'est pas le problème.

En fait, le pire, c'est que Sipsip devient presque tyrannique pour faire le ménage. Moi, j'ai un peu l'habitude car il est parfois sacrément pénible en tournage et j'ai pas envie d'être à la place des acteurs, mais ça énerve beaucoup Dodo. Donc ils se disputent.

Mais visiblement, vu comment ça se bisouille derrière moi, j'ai l'impression que Dodo prend sur lui et Sipsip aussi. AH MAIS ÇA VIENT M'ATTAQUER EN PLUS. Les gars, vous êtes les amours de ma vie, j'aime les bisous, les câlins, et tout, mais on a encore du pain sur la planche. J'suis l'Ultime Technicienne tout court, pas l'Ultime Technicienne de surface...

***

J'ai fait une crise d'angoisse en plein milieu de l'amphi et j'ai honte. Ça faisait un an que ça n'était pas arrivé. Je me cache dans les toilettes. J'ai l'impression d'être revenu au collège, et qu'ils vont venir. Qu'ils vont revenir. Ma cage thoracique me fait mal. Mon ventre se tord. Je tremble.

— Hotaru ?

Je reconnais sa voix. J'ai honte. J'ai encore plus honte. Elle va me détester, maintenant. Avec elle, j'ai appris à prendre confiance en moi. À ne plus avoir peur. J'ai tout foutu en l'air. Un an. Tout gâché en une poignée de minutes.

— Hotaru, je m'inquiète...

Je me recroqueville, en espérant qu'elle ne me voie pas dans cet état. J'en ai marre d'être aussi faible, d'être aussi nul, de vivre autant dans le passé. C'est derrière moi, tout ça. C'est derrière moi. Je suis sorti de ma chambre. Je suis entré dans une école prestigieuse. Je fais honneur à mes parents. J'ai une copine.

Une copine... Elle va se rendre compte que je suis toujours la crevette rachitique et inutile qu'elle a pris sous son aile. Je ne la mérite pas.

— Ah, tu es là...

J'essaie de sécher mes larmes, mais elle vient les essuyer pour moi. Elle m'enlace. Je me sens tant en sécurité entre ses bras...

***

Mais quels abrutis. On est à peine sortis des cours que ça se saute dessus. C'est le genre à se galocher pendant une demi-heure devant tout le monde et dire « OuI mAiS c'EsT pLaToNiK ». Mouais. Je suis bien placée pour savoir qu'ils ne prennent en compte que la dernière syllabe. Le pire, je dois être bien bête, c'est qu'ils sont les deux personnes à qui je tiens le plus au monde. J'ai vraiment hérité de deux abrutis. Mon objectif, d'ici la fin de l'année ? Qu'ils convolent en juste noce. Et moi je dormirai sur le canap. Ou on se serrera un peu pour que je puisse me vautrer avec eux. Ou on achètera un lit plus grand. Que de projets.

***

Même si mes parents sont absolument géniaux, vous savez qui sont encore plus géniaux ? Et oui oui oui. Tacchan et Dodo.

Voilà.
J'avais juste besoin de le dire.

Je pourrais épiloguer pendant des heures, lister tout ce que j'aime chez eux, décrire la moindre de leur petite manie qui me fait fondre. La manière dont Tahel mordille le bout de son critérium quand elle planche sur des maths que je ne comprends pas. Le petit sourire d'Ernesto quand il s'endort dans nos bras. Leurs airs passionnés quand ils parlent de leurs spécialités, quand elle me décrit des engins que je ne peux même pas imaginer, quand il me dévoile les résultats de ses investigations.

Le professeur me reprend. Le cours c'est devant moi, pas sur mes côtés.

***

La journée est finie. J'attrape un drap blanc, et je lui pose sur la tête avant de l'embrasser. Avec son petit air boudeur, sa petite moue, je la trouve si mignonne. Ah, c'est vraiment la plus belle, la plus belle, la plus belle ! Je la prends dans mes bras, et je suis heureux. Maintenant, on vit ensemble, donc on dort ensemble. Me réveiller dans ses bras pour la première fois ce matin a été le plus beau réveil de ma vie. M'endormir contre elle ce soir sera sans doute ma plus belle nuit.

— Tu serais d'accord pour m'épouser, un jour ?

Nhan rougit, puis m'embrasse.

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