Vingt-trois.

— Tu crois qu'ils vont arriver bientôt ?

— J'espère bien, ai-je répondu à Debby. Ça fait un moment qu'ils sont partis.

Elle a hoché la tête sans me regarder. Une heure était passée depuis le départ de Thimoé et son chien dans le bureau des moniteurs. D'un commun accord, Debby et moi avons décidé de nous glisser en cachette dans leur chambre afin de pouvoir leur parler. Ça faisait donc soixante minutes qu'un silence lourd et pesant s'était installé. Je ne savais pas ce qui empêchait ma colocataire de me regarder dans les yeux, par contre, je savais pourquoi je ne lui parlais pas. Je n'étais pas quelqu'un de puérile, j'assumais toujours ce que je ressentais, et chaque jour depuis que j'ai rencontré Thimoé Davinson, je me surprenais à ressentir de nouvelles émotions. Comme la peur de le perdre, la joie de le faire rire, sa souffrance qui me faisait souffrir et la jalousie. Une vieille amie. Je ne me rappelais plus la dernière fois où je l'avais été, mais le plus important à retenir, c'était que j'étais affreusement jalouse de Debby O'Brien. Debby était une chouette fille, elle s'était appropriée le titre d'amie, pourtant je n'ai pas supporté qu'elle ait retrouvée Thim. Dans ma tête, c'était moi qui allais le trouver, le consoler, connaitre les raisons de sa crise, et en profiter pour le câliner et respirer son parfum. Mais non, la vie n'était pas un livre à l'eau de rose, et c'était Debby qui l'avait vu la première. Et c'était avec elle qu'il avait ri alors qu'on se faisait un sang d'encre.

— Tu viens d'apprendre que Thimoé Davinson est aussi sombre que toi, et tu te permets d'être jalouse ? T'es conne ou quoi ?

Kana rongeait mes nerfs avec ses commentaires. Son euphorie me donnait la nausée et un vertige. En fait, je n'arrivais plus à la supporter, et ce n'était pas faute d'avoir essayé de la faire disparaître. Mais Kana était incontrôlable, ses pensées aussi. Aujourd'hui, j'étais divisée en deux entités. Il y avait la Yanaëlle qui s'inquiétait pour Thimoé, et l'autre immonde qui était ravie de la situation. La dernière était une égoïste qui était heureuse de savoir que Thim était autant pourri à l'intérieur qu'elle. Elle jubilait de savoir qu'elle n'était plus si affreuse, elle se réjouissait des tourments de mon p'tit chat roux. Ça me faisait si mal à l'intérieur de moi que je devais avoir les yeux brillants de larmes. Je me suis en voulue de ressentir ça, jamais les contradictions de ma personnalité ne m'avaient fait souffrir ainsi. Pourtant j'ai serré les dents, telle une courageuse personne qui n'était pas blessée dans son égo, qui ne jalousait pas sa colocataire. J'ai essayé d'être mature.

— En fait, où as-tu trouvé Thimoé ?

Debby a fixé un point invisible derrière moi. Je ne comprenais pas son entêtement à m'éviter. Avait-elle quelque chose à se reprocher ?

— C'est Rufus qui m'a conseillée d'aller voir vers le lac. Il ne voulait pas partir au risque d'étrangler Thim s'il le trouvait.

— Aïe. Il était extrêmement en colère. Je ne savais pas qu'il pouvait être ainsi.

— Et triste aussi. Il a pleuré, Yanaëlle. Je ne savais pas que deux personnes pouvaient s'aimer de manière si platonique.

J'ai acquiescé, en me rappelant l'acte de faiblesse de Rufus. Il cherchait son meilleur pote partout, il hurlait, les yeux fous, personne n'osait approcher. C'était sans compter sur moi. Une pulsion sortie de nulle part m'a poussé à le prendre dans mes bras, et il a éclaté en sanglot dans le creux de mon cou. Auncun garçon n'avait pleuré dans mes bras, alors voir un mec comme Rufus, si fier, si excentrique, bizarre et d'habitude souriant, pleurer de tout son soûl dans les bras de la fille qu'il aimait le moins, c'était étrange. Dans le bon côté. Je pouvais comprendre son chagrin, sa peur que Thim fasse une bêtise car c'était ce que je ressentais. Rufus et moi nous ressemblons plus que ce qu'on faisait croire.

Mais la compassion a vite été remplacée par l'amertume. Il avait donné un tuyau à Debby, du haut de mon trône de méchante, je ne m'en remettais. Ma possessivité sur Thimoé n'était pas une bonne chose.

— Tu passes ton temps à te plaindre ! s'est plainte Kana. Pour une fois que le rouquin n'est pas chiant, fait pas ta rabat-joie !

— Ouais, ils sont incroyables, ai-je soufflé. Dans quel état tu l'as trouvé ?

— Je ne sais pas comment le décrire. Il était bizarre, privé d'émotion, vide. Je ne veux plus jamais voir ça. Si avant je ne prenais pas la maladie de Thim au sérieux, maintenant c'est un tout autre niveau.

— Je vois ce que tu veux dire.

Je n'ai plus parlé, profondément perturbée par la conspiration entre Rufus et Debby. Peut-être que Thimoé était impliqué, ils avaient tous décidé de me rendre folle.

— Tu n'as pas besoin d'eux, a ricané mon amie imaginaire.

J'ai préféré m'écrouler sur le matelas de Thim en soupirant. Les draps étaient remplis de sa délicieuse odeur sucrée, de quoi me rendre mélancolique et un peu obsédée. J'adorais cette senteur, mais ce que j'aimais par dessus tout, c'était la humer dans le creux du cou de son propriétaire. Je devenais folle, possédée par les émotions que je ressentais.

Des bruits de pas et de voix se sont fait entendre avant que la porte ne s'ouvre en grinçant sur les deux colocataires, meilleurs amis, frères de coeur. À peine ont-ils fermé derrière eux que Debby a sauté dans les bras de Thimoé. Je jure que j'ai senti quelque chose se briser en moi quand il a encerclé entre ses bras. Son visage froissé par la fatigue et les bleus étaient à moitié enfouis dans la touffe de chevelure folle de ma voisine de chambre. Il y avait une telle complicité dans ce geste, débordant de leur innocence. Je n'ai jamais eu aussi mal. J'ai détourné les yeux.

— Vous en avez mis du temps, a soufflé Debby. Qu'est-ce qui s'est passé ?

— C'est à nous de poser des questions. Vous fichez quoi dans notre piaule ? a grogné Rufus en retirant son t-shirt sale sans se soucier de nous.

— Ce n'est clairement pas pour toi que nous sommes là, ai-je répondu pour éviter de fixer les nouveaux tourtereaux.

— T'es pas la bienvenue, l'hypocrite.

C'était un jeu entre nous, mais aujourd'hui la vérité faisait mal.

— Tu dis ça parce que tu n'es qu'un aigri. En plus d'être un chien sauvage.

— Et toi tu te voiles la face. Thim, tu lui dis qu'on veut pas la voir ?

Je me suis tournée vers le concerné parce que c'était impossible que Thimoé Davinson ne voulait pas me voir. Mais, nos regards se sont à peine rencontrés que le sien s'est échappé. Il n'a pas répondu, ses mains serrant les épaules de Debby. La moue sur ses lèvres sèches était impossible à décrire pour moi. Il n'affirmait pas, mais ne contredisait pas non plus. En un instant, je m'étais sentie dégringoler, descendre de très haut, une chute de plus dix mille mètres et sans parachute. L'atterrissage a été brutal. Plus personne ne parlait, je m'étais sentie de trop, alors j'ai enfilé le masque de Perfect Girl et j'ai souri en me levant.

— Puisque ma présence n'est pas désirée, je crois que je vais retourner dans ma chambre. Il n'est pas encore 16 heures, je peux encore dormir. À plus tard, Debby !

Ils n'ont pas eu le temps de réagir que j'avais pris la poudre d'escampette. Kana n'était pas près de moi, or je la sentais. Sa rage qui bouillonnait, ses sens qui étaient aiguisés. J'ai marché doucement pour sortir de la zone des dortoirs des mecs. Si je courais, j'avais peur de pleurer. Ce qui était idiot, stupide, totalement immature. J'étais Yanaëlle Cox ! J'avais manipulé mon entourage, j'étais mauvaise, j'avais un cœur de pierre, rien ne pouvait m'ébranler, j'étais beaucoup trop intelligente pour ça....

Ah.
Mais ce n'était pas si vrai.
Ou peut-être que toutes les vérités sont faites pour être réfutées. En tout cas la mienne l'a été par un garçon qui s'en fichait de moi.

Ne voulaient-ils pas être mes amis ? Ne les considérais-tu pas comme des jouets ?

— Yanaëlle, attends !

Est-ce que je devais attendre ? Non. Est-ce que j'allais le faire ? Oui. Est-ce que je pouvais vraiment m'arrêter juste à cause de la voix de Thimoé ? Surtout parce que c'était la voix de Thimoé.

Donc je me suis arrêtée, au beau milieu du camp, à la vue de n'importe quel passant. C'était risqué pour moi, pour lui, mais ce n'était pas la priorité. Je me suis lentement retournée vers lui, pour le découvrir à moins d'un mètre de ma merveilleuse personne pleine de malveillance. Pourquoi ne s'approchait-il pas alors qu'il avait Debby dans ses bras ?

— Oui, Thim ? Un problème ?

Absolument paraître imperturbable, même si on devait avoir les yeux brillants de larmes.

— J-j'voulais te parler. T'es partie, a-t-il dit en contemplant une pierre.

— Parce que je n'étais pas la bienvenue, ce n'est pas compliqué.

— Mais c'est faux ! Tu seras toujours la bienvenue !

— Tu ne l'as pas dit devant eux là-bas. Et la raison pour laquelle tu ne me regardes plus dans les yeux ?

Ses joues se sont soudainement mis à rougir de cette façon si adorable qui faisait accélérer les battements de mon cœur. Il a aussitôt couvert son visage de ses mains tremblantes en poussant un soupir à en fendre l'âme.

— C'est pas parce que je veux pas te voir. J'ai pas envie que tu me vois ainsi ! râle-t-il en m'observant un peu entre ses doigts.

— Mais Debby, elle le peut ?

Il avait beau cacher sa bouille de personne adorable, je pouvais voir ses oreilles toutes rouges. C'était un merveilleux spectacle.

— Debby et Rufus, c'est différent. Debby c'est ma pote et Ruf mon frangin. Ils avaient le droit de me voir sous un mauvais jour.

— Et moi je n'étais pas ton amie ? Ce n'est pas ce que tu disais.

Il a de nouveau soupiré, cette fois-ci, en passant une main dans ses cheveux ébouriffés. Son trouble m'amusait, je le reconnais. Il semblait tellement perturbé, comme s'il cherchait des réponses.

— C'est différent. T'es mon amie, mais tu es très spéciale. C'est pour ça que je voulais être cool devant toi. Je veux pas que tu rencontres mes faiblesses, sinon je serais plus cool.

Il a continué en se lançant dans un discours qui n'avait plus de sens, j'ai même entendu Thales, le mathématicien, dedans. Il m'avait perdue, pourtant, il m'avait retrouvé. Thimoé Davinson voulait que je le trouve cool, c'est pour ça qu'il ne voulait pas exposer ses potentiels faiblesses, il voulait m'impressionner et ça, c'était l'un des plus beaux gestes qu'on avait eu pour moi.

Je me suis approchée tandis qu'il me parlait maintenant d'un livre où le personnage principal était un PDG et avait une assistante sexy. Je ne savais même pas comment il avait fait pour en arriver là, mais je savais comment l'arrêter. J'ai mis mes mains sur ses joues chaudes et j'ai posé mes lèvres sur son front brûlant tout en caressant son visage tuméfié. En m'éloignant légèrement, mes doigts ont tracé des lignes invisibles sur ses pommettes et mes yeux ont enregistré chaque nouveau détail qui venait de s'ajouter. Puis mes doigts se sont enfouis dans ses cheveux, glissant entre les mèches aux couleurs changeantes. Et pendant tout ce temps, il me regardait moi, sans détourner son attention, totalement focalisé sur moi.

— Je les adore tes faiblesses, Thimoé. Tu n'as pas besoin d'essayer de paraître cool ou Badass, si tu savais ce que je ressentais juste en te voyant rougir. Fais pas semblant avec moi, okay ?

Il a ouvert la bouche, la referme, l'ouvre de nouveau avant de poser sa tête sur mon épaule en respirant profondément, aspirant mon âme au passage, chamboulant mon coeur.

— Wahou, c'est normal que dans mon ventre ça fait comme s'il y avait des feux d'artifices ? marmonne-t-il en liant l'une de nos mains.

J'ai pas pu m'empêcher de rire.

— Des feux d'artifices ? T'es sûr ?

— Ouais, enfin je crois. C'est juste que j'ai le bide retourné. Quand tu me touches, Yanaëlle, je me sens bizarre.

Là, moi aussi j'ai senti quelque chose dans mon estomac. J'ai préféré rigoler en humant son shampoing.

— Tu devrais aller te reposer, lui ai-je conseillé.

— Et si je veux te parler ?

Son souffle sur mon épaule m'a chatouillé.

— Ce soir ? Tu en dis quoi ?

Il s'est redressé pour rencontrer mon regard. J'avais oublié à quel point c'était bon de faire ça, se dévorer du regard mutuellement.

— D'accord, d'accord. Donc ce soir je viens dans te chercher ?

— Ouais. À ce soir alors ?

— Ouais. À ce soir.

Pourtant on s'était attrapé les mains, et on refusait de les lâcher.

— Laisse moi partir, ai-je ri.

— Non, toi laisse moi !

— J'ai demandé la première.

— Et si je veux te garder ?

— Tu le feras ce soir !

— Mais si je veux te garder là, maintenant ?

Il me faisait sa bouille adorable pour me corrompre ! Il essayait de me faire craquer, puisqu'il était si craquant ! Il faisait l'enfant et si je n'avais pas vu Debby venir vers nous, j'aurais accepté de rester avec lui.

— Eh ben tu peux pas. Par contre, ce soir on passera toute la nuit jusqu'à l'aube ensemble. Ça te va, ça ? ai-je proposé. Tu auras de quoi te lasser de moi.

— Je pourrais jamais me laisser de toi.

Et parce que je savais que Thimoé pensait tout ce qu'il disait, je savais que j'étais presque foutue.

— Mais c'est d'accord, donc à ce soir, a-t-il abandonné.

Il ne m'a pas lâchée.

— Tu me retiens toujours !

— Juste deux secondes. Ta peau est aussi parfaite que tes cheveux !

J'ai roulé des yeux en le regardant apporté mes phalanges à ses lèvres qui dessinaient un croissant de lune. Mais alors qu'il allait les embrasser...

— Est-ce que vous êtes en train de faire des trucs trop mignon des gens qui sont en couples ? a interrogé Debby.

Nous avons reculé, nos mains s'étaient laissées.

— Toi tu as vraiment le chic pour arriver au mauvais moment, ai-je déclaré.

— Hé ! C'est pas gentil ça ! Thim, dis lui que c'est faux.

— Je dois retrouver Ruf. Il m'a dit de jamais me mêler d'une dispute entre deux filles.

Il m'a fixé une dernière fois avant de prendre ses jambes à son cou. Étrangement, je n'éprouvais plus aucune animosité envers Debby pendant que nous rejoignons notre chambre.

— Vous vous êtes embrassés ? me demande-t-elle.

— Mais noon.

— J'ai hâte que vous le faites, j'ai fait un pari avec Rufus là-dessus. Celui qui gagne à le droit de faire porter les vêtements qu'il veut à l'autre.

— Vous êtes tous absurdes, je veux pas en entendre parler.

Elle a éclaté de rire.

— Tu n'y comprends rien.

— Il n'est pas nécessaire d'être chercheur en mathématiques pour comprendre que la bêtise du chien est contagieuse.

Elle s'est contentée de rouler des yeux en ricanant, pourtant c'était une triste vérité. Elle n'a plus répliqué, peut-être savait-elle que mes pensées étaient parasitées par une certaine personne.

☆☆

Je crois que enfant, je n'étais pas quelqu'un d'impatient. Par exemple, Yasmine trépignait toujours la veille de Noël pour découvrir son cadeau, à l'opposé de la gamine que j'étais. Je ne me pressais jamais pour ouvrir mes cadeaux, je ne faisais jamais des nuits blanches en attendant le père donneur de cadeaux, et sincèrement, la seule fête qui me plaisait était Halloween. Peut-être que si on y réfléchissait bien, on aurait pu voir que c'était des signes que quelque chose clochait un peu chez moi. Ou peut-être pas. Ce n'était pas le sujet. Le sujet était que j'avais ressenti de l'impatience durant tout l'après-midi et le dîner du soir.

Quand Diana Quinn me parlait de la raison qui l'a poussé à se teindre les cheveux en vert forêt, couleur abominable qui lui donnait un teint blafard, j'imaginais que c'était Thimoé qui faisait un de ses énièmes discours sans queue ni tête. Quand les doigts fins de Arte Davenport ont serré les miens, j'ai réprimé ma nausée tout en pensant à ceux de Thimoé mille fois plus délicats. Le compte était long, mais les faits courts, j'ai remplacé les actions ennuyantes de personnes ennuyeuses par celles de Thimoé Davinson. J'aurais pu ne pas le faire, cependant, ce dernier était absent l'après-midi et au dîner. J'ai interrogé les moniteurs qui m'ont dit que lui et son chien se reposaient. J'ai supposé que c'était un peu normal puisque c'était eux les plus concernés. Néanmoins, j'ai pris sur moi, j'ai été aussi parfaite que possible pour ce moment. Celui où j'ai entendu trois coups distincts à ma porte.

J'ai regardé l'horloge qui affichait minuit et quart.

— Un rendez-vous secret dans la nuit, c'est si romantique, a soupiré Debby en me souriant tandis que je me suis levée.

— C'est surtout parfait pour me tuer et planquer le corps.

— C'est pas le genre de Thim, c'est pas un assassin.

— Tu penses que tous les assassins ont un profil d'assassin ? Je te ferais regarder les thrillers la prochaine fois.

Elle a plissé les yeux, sceptique.

J'ai enfilé une petite veste en ouvrant lentement ma porte qui m'a dévoilé le créateur de mon manque de patience.

— Salut, a-t-il chuchoté en souriant un peu.

— Salut.

— Je suis à l'heure ?

— On avait pas dit l'heure, mais je suppose que tu l'es.

— C'est super. J'avais peur de ne pas vite arriver ou au contraire d'arriver trop tard. Je veux à un tel point passer du temps avec toi ! Du coup, tu es à moi jusqu'à l'Aube ?

Ses yeux brillaient un peu trop.

— Je ne t'appartiens pas, tu sais.

— Même pour quelques heures ?

J'ai pouffé malgré moi. Il me négociait.

— On va faire un truc amusant, ai-je dit en refermant derrière moi.

— Ah oui ? Amusant pour toi ou pour moi ? Rufus dit que lire des livres érotiques c'est amusant, qu'utiliser mon ordinateur au lieu du sien est amusant ou des trucs du genre. Or moi, je trouve que dessiner c'est amusant, et... euh, c'est tout.

— Finalement on va plus le faire. C'est mieux que nous partons, tu ne crois pas ?

— Alors tu es à moi ?

— Thimoé ?

— Oui ? a-t-il répondu.

— Tais-toi et partons.

Je lui ai pris la main en lui, il a haussé les épaules en me suivant.

— Du coup, tu t'es réconcilié avec Rufus ?

— Ouais. Enfin, je crois. J'espère. On a beaucoup discuté, il était fâché durant une heure je pense, puis je lui ai fait un dessin d'excuse sincère et il a soupiré avant de me parler d'un livre psychologique.

Le froid de la petite prairie où nous étions a fait naître une nuée de frissons sur mes jambes nues. Le ciel était clair, la lune et ses fidèles amies étoilées brillaient avec un peu plus d'intensité qu'à l'accoutumée. Les herbes étaient un peu hautes, le chant des criquets légèrement discret et la brise aussi douce qu'une caresse. J'avais les jambes serrées contre ma poitrine tout en admirant mon interlocuteur qui avait la galaxie sur le visage. Sa voix était plus rauque, j'en déduisais que parler de son moment d'égarement n'est pas simple. La teinte marron de son regard s'est voilé lorsqu'il a évoqué la colère de son meilleur pote. En réponse à ça ? La prise que j'avais sur sa main s'est raffermie. J'adorais le toucher, c'était presque magique.

— Je suppose qu'il l'a fait. Ce n'était pas la première fois, n'est-ce pas ? ai-je continué.

— Oui... j'ai pas très envie d'en parler. J'aime pas quand ça arrive... mais sur le coup, j'ai l'impression que c'est tout ce que je peux ressentir et que c'est la bonne chose à avoir dans le coeur. Tu vois ?

— Pas du tout... c'est un peu bizarre. Tu n'as pas de psy ?

— Plus. Je veux pas d'un psy. Je veux pas, je veux pas ! Je t'en parle déjà, ça ne suffit pas ?

La moue de chiot qu'il m'a offerte a fait fondre mon cœur. Il voulait me parler à moi, mais, bien que mon égo était rassuré, la partie la moins égoïste de ma personne ne l'était pas. Thimoé avait un problème, un véritable problème, et il devait se faire aider par un professionnel. Cependant, j'avais appris au fil des années que la seule façon de se sauver, c'était de le vouloir soi-même.

— Bon, ai-je abrégé. Parlons de quelque chose de plus joyeux mon cher monsieur.

— Je pense que vous avez raison, ma tendre demoiselle. De quoi pouvons-nous donc discuter ?

— J'espérais trouver un sujet de discussion venant de vous. N'avez-vous pas clamé haut et fort vouloir m'avoir jusqu'à l'Aube ?

— J'adoore quand tu parles comme dans ce livre quelque chose et préjugés. C'est trop génial.

— Quelque chose et préjugés ? me suis-je étonnée.

— Ouais, avec le mec un peu prétentieux et la fille au prénom distingué. Je suis sûr que tu connais.

— Orgueil et Préjugés ?

— C'est le nom ? C'est moche.

J'ai roulé des yeux.

— Tu viens de ridiculiser l'un des plus grands classiques de la littérature anglaise. C'est un péché ça.

— Même pas vrai !

Pendant qu'il boudait comme un gamin, un éclair de géni m'a frappée si fort que je me suis levée en le tirant avec moi.

— Qu'est-ce que tu fais ? a-t-il râlé.

— Tu te rappelles le gage que tu me dois par rapport au pari que le match de foot ?

— Oui, oui. Pourquoi ?

— Je veux l'utiliser. Tu dois faire tout ce que je veux, non ? Alors dansons !

Il m'a fixé comme si une queue-de-cheval me poussait sur le front.

— Danser ? Je ne sais pas danser. Et danser sans musique ?

— Tu es schizophrène, tu n'es pas capable d'entendre une musique qui n'est pas là ?

— Tu parles comme si c'était un super pouvoir !

— Faisons comme si. Allez, Thim ! C'est ton gage !

Il a poussé un soupir à s'en fendre l'âme, le rouge aux joues, visiblement mal à l'aise de danser avec moi.

Je lui ai pris délicatement sa deuxième main, la posant l'une de mes hanches, tandis que l'autre serrait la mienne. Doucement, il s'est rapproché de moi, brûlant les centimètres à l'instar d'un feu de forêt qui détruisait tout sur son passage. Son torse s'est collé à ma poitrine, et sa respiration agitée s'est accordée à la mienne. Nos yeux, profondément encrés l'un dans l'autre, se noyaient dans un nouvel océan marron et vert onyx. J'ai maudis la nuit de ne pas m'avoir permis d'admirer les reflets d'acajou  que je voyais, mais je l'ai béni pour l'atmosphère particulière qu'elle avait instauré.

— Et on danse sur quoi ?

All of me de John Legend. Chante nous ça, ai-je susurré à son oreille légèrement pourpré.

— Je n'ai jamais dansé dans une prairie avec une fille sur du All of me et tard dans la nuit.

J'ai senti mes lèvres frémir lorsque je les ai posé dans le creux de son cou.

— Pas encore, Thimoé Davinson, pas encore.

J'aurais juré l'avoir entendu sourire. Ensuite, un faible bourdonnement a brisé le silence entrecoupé par le chant des criquets. La mélodie de la célèbre chanson chantonnée par la voix rauque que Thimoé s'est insinué dans tous les pores de ma peau, résonnant très fort à l'intérieur de moi.

What would I do without your smart mouth? Drawin' me in and you kickin' me out
You've got my head spinnin', no kiddin', I can't pin you down.

[Que ne ferais-je sans ta charmante bouche ?
Qui m'aspire, et m'expulse
J'ai la tête qui tourne, sans blague, je ne peux pas te cerner ]

L'intonation maladroite m'a fait sourire alors que nous esquissions, avec peu d'adresse, des pas inventés. Une sorte de slow un peu gauche.

What's goin' on in that beautiful mind?

[ Que ce passe-t-il dans cette jolie tête ? ]

J'ai fait une grimace qui l'a fait rire et un peu manquer d'équilibre. J'essayais de me la jouer cool, pourtant, c'était un sacré bazar !

I'm on your magical mystery ride
And I'm so dizzy, don't know what hit me
But I'll be alright

[Je suis dans ta course magique et mystérieuse
Et je suis tellement étourdi, je ne sais pas ce qui m'a frappé, mais ça va aller ]

Thimoé m'a fait tourner sur moi-même plusieurs fois, avant de me recueillir comme on prend délicatement une fleur dans le creux de sa main. Je me suis accrochée à ses épaules, ses deux paumes pressant mes hanches.

My head's under water, but I'm breathing fine. You're crazy and I'm out of my mind.

[Ma tête est sous l'eau
Mais je respire bien
Tu es folle et je ne m'en préoccupe pas ]

Cause all of me
Loves all of you.

[ Parce que mon être entier
Aime tout de toi ]

Le début de ce refrain culte a réveillé quelque chose en moi. Était-ce la puissance des paroles ? Le regard brûlant de Thimoé ? Ou le fait qu'il puisse véritablement penser ce qu'il chantait ? Je me suis sentie fleurir à l'intérieur, des milliers de petite éclats de lumière émanant de moi. Je n'étais plus ténèbres, j'avais ma part de lumière.

Love your curves and all your edges
All your perfect imperfections.

[ Aime tes courbes et toutes tes arêtes
Toutes tes parfaites imperfections ]

Ses iris scintillantes ont scanné la moindre parcelle de peau et de courbes que mettaient en avant ma robe blanche. J'ai senti ses yeux voyeurs sur l'intégralité de ma peau recouverte de chair de poule. Mon sourire a vacillé, j'étais beaucoup troublée.

Give your all to me
I'll give my all to you
You're my end and my beginnin'
Even when I lose, I'm winnin'. Cause I give you all of me
And you give me all of you, oh-oh.

[ Donne-toi à moi toute entière
Je te donnerai tout de moi
Tu es ma fin et mon commencement
Même quand je perds je gagne
Parce que je te donne tout... de moi
Et tu me donnes tout... de toi ]

Un pas à gauche, un autre à droite. Devant, derrière, et mon cœur aussi dansait ! Comment résister lorsqu'il me chuchotait la fin du refrain dans le creux de l'oreille ? J'avais ri, mais ce n'était pas de joie, un sentiment inconnu plantait ses racines en moi.

How many times do I have to tell you?
Even when you're crying, you're beautiful too
The world is beating you down, I'm around
Through every mood.

[ Combien de fois devrais-je te dire ?
Que même lorsque tu pleures tu es magnifique aussi
Le monde t'enfonce, je suis là à chaque mouvement ]

Son pouce a effleuré ma paupière, il a ramené mon visage très près du sien. Front contre front, respiration entrechoquées, peau contre peau, nous avons fermé les yeux. Pour mieux ressentir les sensations ? Pour les enfermer dans un petit coin de notre être ? Ses doigts dans mes cheveux me tenaient fort, fort, fort.

You're my downfall, you're my muse
My worst distraction, my rhythm and blues
I can't stop singing, it's ringing
In my head for you.

[ Tu es ma ruine, tu es ma muse
Ma pire distraction, mon rythm et mes bleus
Je ne peux arrêter de chanter, ça résonne dans ma tête pour toi ]

Nos lèvres aussi ont suivi le ballet. Se cherchant, s'effleurant au moindre pas, attisant une étincelle dont nous n'avions pas encore conscience du brasier bientôt occasionné. Nous parlions à travers des mouvements désorganisés, des paroles dont nous n'avons écrit ni la mélodie, ni la moindre rime. Un langage nouveau pour nous, mais si dévastateur. Nous marchions à l'aveuglette, pourtant on savait où nous partions.

Head's under water, but I'm breathin' fine
You're crazy and I'm out of my mind.

[ Ma tête sous l'eau
Mais je respire bien
Tu es folle et je ne m'en préoccupe pas ]

Nous avons simultanément ouvert les yeux, ses lèvres formaient le plus beau des croissants de lune tandis qu'il chuchotait le fameux refrain en me tenant prisonnière de son regard. Une prison de chocolat.

Cause all of me
Loves all of you
Love your curves and all your edges

[ Parce que mon être entier
Aime tout de toi
Aime tes courbes et toutes tes arêtes ]

Regard de braise, tour sur moi-même, petit rire hystérique et petite fleur qui tombe dans les mains de son cueilleur attentionné.

All your perfect imperfections
Give your all to me. I'll give my all to you.

[ Toutes tes parfaites imperfections
Donne-toi à moi toute entière
Je te donnerai tout de moi ]

Pirouette, pirouette, pirouette, pirouette sur nous-mêmes.

You're my end and my beginnin'
Even when I lose, I'm winnin'. 'Cause I give you all of me
And you give me all of you, oh-oh.

[ Tu es ma fin et mon commencement
Même quand je perds je gagne
Parce que je te donne tout... de moi
Et tu me donnes tout... de toi ]

J'ai ri devant son air étourdit, il a étouffé son hilarité dans mon cou, tout en murmurant sur ma peau la suite de la chanson, m'enivrant peu à peu, m'attachant petit à petit à lui, liant avec de simples mots mon âme que je pensais obscurcir à jamais.

Nos mouvements se sont compliqués, d'autres bruits complétaient la mélodie. Les cris des insectes, les battements de nos cœurs, nos éclats de rire. La chorégraphie était devenue enfantine tout en étant séductrice. Des coups d'yeux pleins de malices, des lèvres qui se touchaient un peu trop, des peaux qui ne rêvaient qu'à être scellées ensemble. Des souhaits, que nous avons eu trop la frousse à prononcer, prenaient forme. C'était comme si, dans ce voile ébène, tout ce qui n'avait pas été encore dit, était dansé par deux adolescents qui se ressemblaient plus qu'ils étaient différents.

Cards on the table, we're both showing hearts. Risking it all, though it's hard.

[ Cartes sur table, nous montrons tous deux nos cœurs
Risquant tout, bien que ce soit difficile ]

Il me tenait avec délicatesse entre ses mains tremblantes. Des frissons se sont étendus sur tout mon corps, je me suis tendue dans l'attente d'un fantasme beaucoup trop rêvé. Mes paupières étaient lourdes, l'impression d'avoir de l'alcool dans le sang, un feu dans le ventre, un univers dans le coeur. Étroitement lié à ce jeune homme, j'avais l'impression d'avoir un pouvoir immense sur ma vie, sur mes décisions, je me sentais fleurir. Je me sentais ivre.

Les centimètres ont brûlé. Nos nez se sont frôlés, ses lèvres étaient superposées aux miennes. Elles se touchaient, mais pas assez pour faire taire le feu ardent en moi, elles l'alimentaient malicieusement.

Cause all of me
Loves all of you
Love your curves and all your edges
All your perfect imperfections
Give your all to me
I'll give my all to you

[ Parce que mon être entier
Aime tout de toi
Aime tes courbes et toutes tes arêtes
Toutes tes parfaites imperfections
Donne-toi à moi toute entière
Je te donnerai tout de moi ]

Fredonnant les derniers paroles sur nos bouches entrouvertes, je les buvais telle un ivrogne devant de la vodka. L'esprit embué par une délicieuse chaleur, j'admirais la nouvelle lueur qui brillait dans les yeux marrons de Thimoé. Il me berçait doucement contre son torse chaud, il m'enfermais dans un nouveau monde minutieusement créé par nos soins. Ce n'était qu'une chanson pour d'autres, j'avais l'intime conviction que c'était la partie visible de notre histoire qui était transcrite.

You're my end and my beginnin'
Even when I lose, I'm winnin'

[ Tu es ma fin et mon commencement
Même quand je perds je gagne ]

Et nous avons chanté ensemble, dans le blanc des yeux, toutes barrières envolées, tous masques brisés, nous n'étions que Thimoé et Yanaëlle. Yanaëlle et Thimoé. Sans plus, ni moins. Juste deux ados un peu paumés qui avaient l'impression qu'un des tubes les plus connus au monde venait de changer une chose en eux :

Cause I give you all of me
And you give me all of you. I give you all of me
And you give me all of you, oh-oh.

[ Parce que je te donne tout... de moi
Et tu me donnes tout... de toi
Je te donne tout... de moi
Et tu me donnes tout... de toi ]

Les paupières closes, Thimoé a continué à chantonner la mélodie qui s'est éteinte peu à peu. Dans ses bras, je continuais d'être légèrement balancé, apaisée, reposée, tout en étant troublée. Ce n'était pas une simple danse, ni une simple chanson, c'était nous, dans toute notre splendeur. De la maladresse, des jeux, ce côté enfantin, cette légère séduction, ce mélange d'un peu n'importe quoi, un fouillis. Voilà ce que nous étions. Si souvent je doutais de mon identité, avec lui, je savais qui j'étais.

Sous mes paumes, j'ai massé délicatement ses épaules tendus. J'ai senti ses lèvres s'étirer une dernière fois sur ma bouche, avant qu'il ne me fasse le plus doux câlin qu'on ne m'avais fait. Le nez dans ses cheveux, j'ai respiré pleinement son odeur sucrée, le serrant de tout mon être contre moi, lui laissant le loisir de découvrir le raffut que faisait mon muscle cardiaque. Mes frissons n'étaient plus du au vent d'été, mais bien à Thimoé. J'ai plongé dans cette partie si délicate entre son cou et sa clavicule pour la recouvrir de tendre baisers, cherchant à calmer ma faim de lui.

— Tu sais, c'était vrai, a-t-il murmuré dans mes cheveux. Donne moi tout de toi, j'te donnerai tout de moi.

Il a raffermi son câlin.

— D'accord.

— Je crois que je n'ai jamais ressenti quelque chose comme ça.

— Pas encore, Thimoé, je crois que ça ne fait que commencer.

Dans la vie, les bons souvenirs n'ont pas vraiment de goûts. Les rires d'hier peuvent sembler fade et dépourvus de leur beauté, demain. Le sentiment de plénitude qu'ils ont provoqué auraient disparu, nous laissant un goût de " ça avait été bon à un moment ". À l'opposé des mauvais souvenirs qui nous terrorisent toujours. Un goût amère qui nous prévient que le bonheur est éphémère. J'ai eu peur que cet instant dans les bras de Thimoé ne devienne qu'un vulgaire souvenir sans couleur, insipide et privé de sa beauté, donc, j'ai essayé de décupler mes sens. De me rappeler de la douceur des mèches de cheveux de Thimoé, de son parfum qui me retournait la tête, des tâches de rousseurs sur sa clavicule, du cris des criquets, de la lumière de la lune dans la tignasse de Thim, de la faible odeur de terre, du bien-être que j'ai éprouvé. Il n'était pas facile à décrire, cette émotion qui t'isole du monde, qui te met dans un état second, c'était dur à décrire. Elle faisait partie des sensations qu'on devait ressentir pour comprendre.

Je me suis gorgée de ses nouvelles sensations, des frissons sur nos peaux, des faibles battements qui ont rythmé notre slow, de la douceur des doigts de Thim, de tous ces petits détails qui donnaient la beauté aux souvenirs. J'ai pris une inspiration, à défaut de prendre une photo, j'ai mis ce souvenir dans un bocal avec tous ceux que j'avais avec lui, Thimoé Davinson.

Salut cher journal.

Écoute, je déteste être ces adolescentes qui courent raconter à leur journal intime le moindre rapprochement avec leur crush ou autre bêtise puérile. C'est hors de question que je me rabaisse à ce point, c'est pour ça que ce que je vais écrire doit rester plus que confidentiel, salut cher journal : OH MON DIEU J'AI DANSÉ ALL OF ME AVEC THIMOÉ DAVINSON ! AVEC THIMOÉ, NOM D'UN CHIEN !
Bien, la moindre information divulguée et tu es mort.

Yanaëlle Cox, 17ans.

·   ✧ ✵   · ✵

Heeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeey mes grands poids violet et vert 😩

Wow, ça fait un bail, non ?😂

Soooo vous allez bien ?

Perso, ça va, en tout cas je suis contente parce que j'ai enfin écrit l'un de mes chapitres préférés !

Aloooooors, je vous avais promis un chapitre doux comme du miel, cuuuuute et adooorable🥺 j'espère que vous n'êtes pas déçus🥺 j'ai trop aimé l'écrire, j'ai l'impression que John Legend a fait cette chanson pour Thim et Yanaëlle 🥺 vous voyez ? Genre chaque parole ! Vous voyez ??????!!?!?! Dîtes moi que vous voyez 😭😭

♡ Il vous a plu donc ?

☆ 👉🏾👈🏾 n'était-ce pas choupidoubidou 🥺 ?

¤ Vous l'imaginez comment la suite ?

° On se demande quand ces petits nigauds vont se mettre en couple hein... faut juste que Thimoé se rende compte que Yanaëlle lui plaît 😂 ( ps : ça va pas être du gâteau 👀 )

En tout cas, profitez de ce moment tout doux câlin, je suis pas trop sûre que ça va durer🤔 ou peut-être que si😂

Bon, j'arrête de parler sinon je vous spoilerai😂

J'espère que votre lecture a été agréable ! J'ai trop hâte de vous écrire la suite🥺😔❤

QUESTION POUR APPRENDRE À SE CONNAÎTRE :

Votre chanson d'amour préférée ???

Sur ce, je vous salue honorables lectrices/eurs et je vous dis à la revoyure !

Grooooos bisooous😔❤

Gentiment,

Phanou 👉🏾👈🏾❤

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