Vingt et un.
CHAPITRE NON CORRIGÉ
— Thimoé ouvre cette porte ! ai-je dit en tapant la porte de sa chambre, pas assez fort pour alerter les autres, mais assez pour lui, l'alerter.
Il ne m'a pas répondu, pourtant, cela devait faire à peu près une dizaine de minutes qu'il y était. Est-ce qu'il me boudait ? Il ne prenait donc pas en compte que j'avais mis mon égo de côté pour venir lui parler ?
— Rufus, ai-je alors grogné. Allez, ouvre ! Je n'ai pas envie de me faire surprendre.
Aucune réponse. Ma patience a commencé à s'effriter tandis que mon agacement est monté d'un cran. Le vent frais de minuit m'a caressé le bras et ma peau s'est couverte de chair de poule. Kana près de moi a claqué la langue. Contrairement à moi, elle trouvait le comportement de Thimoé puéril et idiot. Comme si nos émotions étaient reliées, j'arrivais à percevoir son irritation face à la situation. Si ça ne tenait qu'à elle, j'aurais laissé mon p'tit chat roux bouder dans son coin. Mais ça ne tenait pas à elle, c'était moi la patronne.
— Tu es vraiment désespérée, Yanaëlle. Laisse le ! Imagine si quelqu'un t'entends ou te vois, finit notre réputation et tout ce qu'on a construit !
Elle a jeté ses cheveux en l'air alors que j'analysait ses paroles. Kana avait peut-être raison. Peut-être que je prenais trop de risque pour lui. Peut-être que j'étais désespérée. Peut-être qu'on nous surprendrait et que le masque de la parfaite fille se briserait. Mais, peut-être que j'étais trop attachée à Thimoé pour ne pas lui parler... seulement s'il se décidait à ouvrir la porte !
— Les gars, vous êtes réveillés, ouvrez sur le champs !
— Tsss ! Tu leur donnes trop d'importance !
Je me suis contentée de fermer les yeux en posant ma tête sur le bois ferme. De cette façon, j'avais compris Kana. J'étais Yanaëlle Cox, je manipulais le monde et ses habitants depuis que je connaissais la définition du mot " manipulation ". Même si certaines personnes pensaient me contrôler, elles étaient juste des marionnettes à ma botte. Je n'étais pas de ceux qui quémandait l'attention et le pardon des autres. Non. Moi, je poussais autrui à devenir mon esclave tout en lui donnant l'impression d'être le maître. Mais qui aurait cru qu'un jour je serais là à supplier un petit schizophrène au sourire inoubliable à m'ouvrir ? Même moi, j'ai peiné à le croire. Il fallait le dire, Thimoé Davinson détenait un pouvoir sur ma personne, mes décisions, mon comportement. J'en étais effrayée.
Puis, doucement, la porte s'est ouverte, mon équilibre s'est brisé et finalement c'était un torse couvert d'un pull qui a envahie ma vision. Le pull de Thimoé. Son odeur sucrée m'a fait tourner la tête. Mon cœur a légèrement augmenté son rythme afin de permettre à un frisson de parsemer ma peau. J'ai d'abord regardé les pieds nus de Thimoé avant de doucement encré mon regard au sien.
Il ne souriait pas. Il n'avait pas aussi son expression habituelle. C'était une nouvelle image qu'il m'a renvoyée. C'était celle d'un garçon triste et désespéré qui avait sûrement versé quelques larmes pour moi. Il avait l'air trahi et en colère, mélange surprenant venant de sa part.
L'obscurité ne m'a pas empêché de distinguer la brillance particulière dans la mer marron de ses iris. Son visage froissé, son nez rougi et ses cernes m'ont serré la gorge. J'avais vu des choses émouvantes, j'avais regardé Le Titanic, Nos Étoiles Contraires, Me Before You, et rien ne m'a paru si percutant que l'expression qu'avait Thimoé Davinson. Un sentiment inconnu a brûlé en mon être si fort qu'il a fait fondre mon cœur, si ardent que je me suis sentie réveillée, si puissant que quelque chose en moi est né. Je n'étais pas particulièrement sensible, mais ce garçon à la couleur de cheveux affreuse et aux multiples taches de rousseurs m'a attendrie.
Il m'a aussi fait me sentir coupable.
Sans plus de cérémonie, guidée par une pulsion, équivalente à celle qui m'avait piquée dans l'infirmerie, je me suis jetée au cou de Thimoé. Littéralement. Au sens le plus propre du terme.
Mes bras ont serré son cou et mes doigts ont agrippe l'étoffe de son haut. Légèrement sur la pointe des pieds, ma tête a trouvé un parfait refuge dans ce coin entre son cou et sa clavicule, lisse d'imperfections et enduit de son odeur de miel. J'ai inspiré et la velouté de son parfum m'a propulsée loin, très loin. Dans un endroit lumineux au beau milieu d'une prairie regorgeant de vie où les fleurs dégageaient une senteur sans pareille. C'était ainsi que je l'ai ressenti et j'avais peur. Moi, Yanaëlle Cox, je tremblais de peur. Peur que Thimoé me repousse, peur que ce sentiment de sécurité et de paix était juste un fruit de mon imagination, peur d'être le pion sur l'échiquier. Mais quand il passé son bras sur ma hanche, m'a rapproché de lui et a enfoui son nez sur le sommet de mon crâne, j'ai décollé. Du genre, je n'étais plus sur terre mais sur une autre planète parce que ressentir autant de plaisir dans un geste aussi simple n'était pas normal. C'était extraordinaire. C'était intergalactique. C'était magnifique. Et mon cœur le savait, pressé ainsi contre Thimoé, il ne savait plus comment se comporter, lui aussi a commencé à péter un câble.
— Je suis désolée, je ne voulais pas te blesser, Thim, ai-je murmuré sur sa peau glacée en la recouvrant de baisers, admirative de la chair de poule qui y est apparue.
Il m'a serré plus fort.
— C'est pas grave. Tu es venue t'excuser. Tu es venue vers moi. Moi aussi je suis désolé.
Sa voix était étouffé sûrement car sa bouche était dans mes cheveux. Je me suis détachée à regret de lui afin que nos yeux se croisent pour lui montrer à quel point j'étais sincère. Aujourd'hui, pour la première fois je crois, j'ai laissé tomber tous les masques, tout se suite à cet instant, j'étais une fille dans les bras du garçon qui lui plaisait et rien d'autre. Et tout à la fois.
— Écoute moi bien, P'tit chat, tu n'es pas coupable okay ? C'est moi qui ait menti en disant que tu n'étais pas la seule personne que je voyais tard dans la nuit. J'espère que tu comprends parfaitement que c'est juste toi, juste toi que je vois. Tu ne pouvais même pas imaginer à quel point c'était chiant avec Arte puisque tout ce que je voulais, c'était être avec toi.
Mes paumes ont tenu ses joues chaudes pendant qu'il semblait fouillé en moi. Ses froncements de sourcils ont traduit de son trouble et sa réflexion profonde.
— Je... je te crois. Mais, Yanaëlle, ça m'a fait très mal quand tu m'as dit ça pour me faire souffrir, a-t-il commencé sur un ton comparable au mien, c'est-à-dire très bas. Mais... mais moi aussi je me suis pas bien comporté ! J'ai dit que je regrettais d'être devenu ami avec toi alors que ça ne fait même pas une journée ! Tu vois bien que tu n'es pas la seule méchante ici...
— Tu n'as fait que dire la vérité, je ne peux pas t'en en vouloir. Bon, on va tout oublié okay ? Tu me pardonnes, n'est-ce pas ?
Son expression faciale s'est éclairée d'un sourire éclatant qui a fait grandir ce sentiment inconnu en moi. Il était simplet tout de même, d'être heureux juste pour une réconciliation. Pourtant, tout aussi heureuse que lui, je me suis mise sur la pointe des pieds avant d'embrasser tendrement son front brillant. Sa réaction a été immédiate, il a brusquement reculé, rouge jusqu'à la pointe de ses cheveux cuivrés. J'ai aussitôt retenu un rire, incapable d'être indifférente face aux réactions disproportionnées de Thimoé.
Et puisque son bond l'avait conduit à l'intérieur, je suis entrée dans sa chambre en fermant derrière moi. La nuit ne m'a pas permis de détailler parfaitement la pièce, cependant, j'ai vite repéré des vêtements par terre.
— Tu es dans ma chambre, a dit Thimoé.
Nos regards se sont rencontrés. J'aie esquissé un sourire.
— Ouais. C'est fantastique hein ?
— Ce qui est fantastique c'est que il y a quelques minutes auparavant on était fâché, plus maintenant. Ça aurait du prendre un peu plus du temps, non ?
Il s'est assis sur son lit, la main tendu vers moi. Cette fois-ci, mon sourire a été plus grand. Mes doigts se sont liés aux siens, et pendant un moment, j'ai été fascinée par ce spectacle. J'ai fini par me placer tout près de lui, la tête contre son épaule tandis que j'ai senti son nez respirer l'odeur de mon shampoing dans ma chevelure. De sa main libre, Thimoé m'a rapproché de lui.
— Si tu veux on peut faire comme si on se boudait encore, ai-je proposé.
— Humm, ça va. Je crois que c'est plus la peine, tu vas trop me manquer.
— Si on se boudait vraiment, j'allais tellement te manquer que tu te serais déshydraté en moins de 24 heures.
— C'est pour ça qu'on s'est vite réconcilié ? Tu ne voulais pas je meure ?
— Ouais. Je suis géniale. N'est-ce pas ?
— Oui, tu es géniale.
Un doux silence s'est paisiblement installé. J'avais le temps d'ordonner à mon cœur de se calmer et de profiter de ce moment, de la peau glacée de Thim contre la mienne, de son souffle sur ma tête, de la douceur absolue dans cet instant. Cependant, la masse enveloppée dans un drap blanc en face a légèrement brisé notre bulle, dans mon cas.
— Ton chien dort ? ai-je demandé à Thimoé.
— Non, et ce n'est pas une raison pour que vous parlez comme s'il était midi, a préféré répondre le toutou.
— Tu me donnes envie de le faire.
— Dégueulasse, tu fais partie de ces gens qui font le contraire de ce qu'on leur dit de faire ? Dans ce cas, devient intelligente comme ça tu resteras bête !
— Tu es ridicule, tu le sais ? C'est un comportement de gamin que tu adoptes, et je me désengage à jouer à ça.
— Est-ce que vous vous désirez tous les deux ? nous a interrompu Thimoé, les sourcils froncés.
Hein ? Je me suis mieux tournée vers lui pour comprendre une question avec si peu de logique. Il avait l'air sérieux.
— Pourquoi tu dis des trucs aussi cons, mec ? s'est inquiété le clébard.
— Bah dans les livres, les gens qui se disputent le font pour refouler un désir ardent entre eux... c'est votre cas ?
— Thim, Thim, ai-je commencé. Ici, nous sommes dans la réalité et dans la vrai vie, les gens se détestent car ils ne se supportent pas. C'est la seule vérité. Évite d'écouter ce que disent les livres que ton chien te lit dans ton sommeil. C'est malsain.
— Je suis d'accord avec elle ! Et puis tu me vois sortir avec un crocodile ? Tu ne me connais pas si bien.
J'ai roulé des yeux en retenant un rire sarcastique.
— Jamais je ne sortirai avec un...
— C'est bon, j'ai compris, vous ne vous aimez pas ! J'aime pas les disputes...
Son ton s'est fait plus plaintif sur le dernier mot. Rufus a replongé sous sa couette et je me suis reconcentrée sur lui, lui et seulement lui. Même si je devinais qu'il allait mieux, peut-être l'infime partie noir qu'il avait vu de moi le choquait encore. Ou peut-être qu'il se sentait coupable des mots qu'ils m'avaient dit, surtout les derniers. A vrai dire, moi aussi ils m'étaient restée dans la gorge, impossible à digérer. Il y avait également cette crainte qui a commencé à grandir dans mon bas-ventre. Est-ce que si je montrais un peu plus de l'obscurité qui étreignait mon âme, prendrait-il ses jambes à son cou ? Serait-il prêt à finir englouti par ma noirceur ? Avait-il des chances qu'il finisse comme... comme Zayne ? Ces réponses, j'aurais aimé ne jamais les avoir.
— Si tu n'aimes pas les disputes, tu n'as qu'à tout faire pour les éviter, lui ai-je conseillé.
— C'est pas si facile. Tu sais, souvent, je crois qu'ils nous aident à nous améliorer. Tiens, si on ne s'était pas disputé, on ne serait pas si bien ici. Tu es bien ici, non ? J'ai pas envie de m'imaginer des trucs, comme la fois où j'ai cru que Rufus avait tué quelqu'un...
— Oula ! On s'éloigne du sujet et oui P'tit chat roux je suis bien là dans tes bras.
— Même si j'ai un nez cassé ? D'ailleurs tu as vu ? J'ai retiré le bandage pour dormir.
— J'avais vu, Thimoé, ai-je rit.
— J'aime beaucoup ton rire, mais j'adore ton sourire bien que je vénère tes cheveux.
Il a joint le geste à la parole et on fourré son nez bossu dans mes cheveux tout en me collant plus à lui. Je n'étais pas reste puisque j'avais le visage enfouie dans le creux de son cou, savourant l'odeur dont j'était devenue accro.
Nos yeux se sont croisés et finalement nous avons rigolé en se laissant glisser pour s'étendre sur son matelas, doigts noués.
— Parle moi de toi, Yanaëlle. Tu étais comment quand tu étais petite ? J'veux tout savoir. Ton plus beau souvenir.
— Même si tu apprends que je suis encore plus mauvaise que prévu ?
J'ai pu l'entendre déglutir difficilement.
— Je vais y penser quand ça viendra, aujourd'hui je veux profiter de ce moment et pas de toi. De toute manière, comment je pourrais profiter de toi ? Oh et je le dis dans le sens viol, même si je ne sais pas si c'est recommandé de parler de viol et du fait que je ne voudrais pas te violer alors que...
— Chuut ! Parle moins fort et pourquoi toutes tes pensées s'éparpillent ainsi ?
J'ai chuchoté sur le ton le plus bas que je puisse prendre en espérant qu'il m'aie entendue.
— Je suis schizophrène, peut-être que c'est pour ça. Ou possiblement parce que je suis bizarre en plus de l'être.
— Ta vie est compliquée, hein ? ai-je ironisé.
— Ça se peut. Maintenant parle moi de ton enfance !
J'ai retenu un soupire. Lorsque j'ai fouillé dans les souvenirs, mon enfance n'avait rien d'extraordinaire. J'aurais pu lui parler de toutes les fois où j'avais fait punir les enfants du primaire à ma place, ou chaque fois que je faisais exprès de faire se disputer mes parents. Pourtant, je ne voulais pas lui montrer cette facette de ma personnalité, surtout si Rufus pouvait nous entendre. J'ai donc cherché plus loin bercé par l'arôme enivrante de miel qui se dégageait de Thimoé et le souvenir parfait est apparu.
— Je l'ai trouvé ! Maintenant, rapproche-toi.
Il a fait comme je l'ai dit et nous étions très, très, très, proches. Nos visages étaient tournés l'un vers l'autre me permettant d'admirer ses traits et profiter de son souffle sur ma joue. C'était intime, pas dans le sens sexuel, mais... ça m'a paru plus bon que toutes les caresses sensuels que m'avait procuré Zayne. Thimoé réussissait à me faire tourner la tête sans même un baiser, juste avec son odeur, son souffle et nos mains entrelacées.
— Bon, concentre toi, ai-je débuté tandis qu'il a fermé ses paupières. J'ai toujours eu un faible pour les choses sucrées, que ce soit leurs parfums ou leurs goûts, j'en étais additive. Cependant, mes parents n'aimaient pas que leurs enfants se gavent de bonbons en tout genre. Même à Halloween. Ce qu'ils ne savaient pas, pourtant, c'était qu'après les tournées de maisons, je ne leur rendais qu'une partie minimale de mon butin, cachant le vrai dans un sac que je déposais dans ma chambre par la fenêtre. À l'heure d'aller dormir, j'attendais de voir toutes les lumières éteintes afin de me goinfrer de sucreries. Ce qui me plaisait le plus, c'était que l'odeur de sucre était comme un somnifère sur moi. J'avais l'impression que ces moments étaient magiques, tu vois ? Le lendemain j'étais recouverte de cette délicieuse substance, paniquée car je devais vite nettoyer le lieu du crime.
Ma confidence m'a ramené quelques années auparavant. J'adorais ces soirées, seule en mangeant mon petit pêché mignon, je me sentais bien, dépouillé de tous masques et de Kana. Un peu comme actuellement.
— J'aurais aimé être là, a fait Thimoé en ouvrant les yeux. Tu devais être aussi belle que maintenant. C'est pour ça que tu aimes mon shampoing ? Parce qu'il sent le miel ?
— Oui. Ça me rappelle de bons souvenirs.
— C'est génial ! Je me sens tout important maintenant.
— Parce que tu l'es.
Nous avons souri simultanément.
— À ton tour, lui ai-je dit.
— Humm, tu ne m'as pas tout dit.
— J'ai dit ce qui devait être dit. Ce sont ces moments de mon enfance qui me marquent le plus. C'est vrai qu'il y en a d'autres, mais ceux-là ont une place spéciale en moi. Je pense que j'en ai assez dit.
— J'aurais vraiment être là. Pour moi, j'en ai des tas ! Des bêtises, des moments de joies, un peu de tristesse, d'amusement. C'est dur de choisir.
— Qu'est-ce qui te faisait vraiment plaisir quand tu étais petit ?
Il m'a semblé qu'il a beaucoup réfléchir avant que son regard se voile et que ses lèvres s'étirent paresseusement.
— Le retour du papa de Ruf. Il était soldat, et partait la plus part du temps en mission. Mais quand il revenait, c'était comme s'il n'était jamais parti. J'avais pas de père et lui, c'était plus que ça. C'était un héro car il sauvait le monde, il était un père extraordinaire et un mari exceptionnel. Lorsqu'il revenait après des mois d'absence, il nous faisait jouer au base-ball dans la forêt. C'était difficile parce que j'étais nul en sport, du coup il a fini par nous faire visiter la forêt, nous faire reconnaître les trucs, sentir la nature, comme il le disait. Il était amérindien aussi. Il disait qu'il était devenu soldat pour protéger justement sa terre, celle de ses ancêtres même si maintenant ils vivent dans des réserves, il voulait continuer de protéger ce peuple qui a presque exterminé les siens. Tu comprends quand je dis qu'il était génial ? Les journées à manger des glaces avec lui dans la forêt sont mes souvenirs les plus beaux. Avant, je les trouvais juste normaux, mais après son décès même sa voix était quelque chose d'extraordinaire. J'adorais papa, il me manque affreusement.
Une grimace a déformé les traits de Thimoé. Son amour pour le géniteur de Rufus était palpable, et savoir qu'il avait du souffrir énormément à sa mort m'a chamboulée. Il avait connu le deuil, il avait perdu cette personne qui était devenu une figure paternelle pour lui. J'ai eu envie de l'envelopper de mes mains, l'enfermer dans un monde de douceur sans douleur et c'était étonnant. Moi qui me réjouissais de la souffrance des autres, je voulais protéger quelqu'un. Le problème, c'était que même Zayne n'avait pas réveillé ce sentiment en moi. C'était une nouvelle sensation et c'était trop fort, trop rapide, trop puissant. J'avais l'impression que semaine plutôt, je voulais le manipuler quitte à le blesser, désir qui m'avait déserté rapidement à présent. J'aurais donné ma main à coupé qu'il m'avait jeté un sort.
J'ai rapproché mes lèvres du front de Thimoé pour y déposer un baiser protecteur à défaut de vraiment l'embrasser. Il a de nouveau rougi, j'ai espéré que ce soit plus de joie que de gêne. Je me suis de nouveau placé près de lui, mon menton sur son épaule, le sien sur mes cheveux, sa main étreignait avec force la mienne.
— J'aime beaucoup discuter avec toi, Yanaëlle, a-t-il dit. Pourtant, j'aime bien ce genre de silence. Je le trouve super, hyper, méga, génial !
— Pour une fois que tu as raison.
Il a rit dans mes mèches noirs ordonnés et je le jure, j'avais senti les vibrations traverser mon corps et donner un coup bien placé à mon âme. Je n'aimais pas les disputes, mais j'adorais les réconciliations, surtout si elles étaient faites avec Thimoé. Si on continuait sur ce chemin, je l'ai pressentie, j'allais être foutue. Horriblement foutue.
**
— Hiiiiiiiiiiiiii ! Tu as fait ça ?! Vraiment ?! Oh mon Dieu, je veux des photos ! Je peux faire une association de vos prénoms ? Vous êtes adorables !
— Debby ! Ton but c'est d'alerter tout le monde ou quoi ?! Un peu de silence, voyons !
— Désolée, c'est que ce que tu me dis est juste d.é.m.e.n.t.i.e.l ! Yanaëlle, je suis genre super contente !
— Eh bien calme tes ardeurs, ai-je tempéré en souriant d'un air fier. Pourquoi tu es aussi contente déjà ?
— Je sais pas trop, ça me rend juste hyper heureuse. J'ai l'impression d'être dans ma série romance préférée où les héros se tournent autour et viennent enfin de se retrouver !
— Je ne sors pas avec Thimoé. Tu l'a saisi, au moins ?
Elle a fait une moue septique en secouant ses boucles brunes.
— Pour le moment. Et puis, vous vous comportez comme des gens en couple. C'que j'ai hâte que vous le faites vraiment ! Je vais sûrement mourir se joiiiie !
Son enthousiasme m'a fait chaud au coeur. En revanche, les mauvaises ombres qui se dégageaient de Kana m'ont un peu effrayée.
— Qui te dit qu'on le fera ?
— Pourquoi vous ne le ferez pas ? Il y a un truc entre vous. Je ne comprends même pas comment les autres campeurs ne le voient pas. Tu as vu comme Thimoé te dévore des yeux ?
J'ai tourné la tête vers lui pour surprendre son regard inquisiteur. Il me fixait de façon évidente sans cacher l'intérêt qu'il avait pour moi. Quand Thimoé Davinson me regardait, je me sentais encore plus puissante et extraordinaire que je ne l'étais déjà.
— Oui. Il n'est pas discret.
— Il ne peut pas l'être. Il est beaucoup trop... a cherché Debby avant de claquer les doigts, voilà ! Il est beaucoup trop brut, sauvage, pour savoir faire semblant.
— Je te donne raison.
Ma colocataire a souri. Nous étions installés à pique-niquer dans une prairie pour nous remettre du match de tennis, l'activité du jour. Debby et moi avions préféré nous mettre de côté pour discuter, surtout parce que depuis ce matin, elle remuait partout pour que je lui parle de ma soirée avec Thimoé. Au final, Rufus n'avait pas encore récupéré son ordinateur portable. Son excitation et ses yeux brillants m'ont rappelé ces jeunes filles obsédées d'amour dont j'aimais me moquer avec Kana. Aujourd'hui, je comprenais mieux. Parler de ce genre de trucs avec une personne qui s'en préoccupait vraiment, c'était amusant.
— Tu me critiques alors que je t'entends tes pensées, Yanaëlle ? Ce n'est pas malin ça.
— Kana, ferme-la sur le champ ! ai-je pensé très fort.
Elle s'est empourprée de colère en me toisant.
— Tu regardes quoi ? m'a questionné Debby en fronçant les sourcils.
— Eh, les jeunes ! a réclamé une monitrice. J'aimerais deux volontaires qui pourraient aller faire de petites courses pour moi au supermarché du village.
Des grognements et soupirs ont traversé l'assemblée. Le village dont parlait la monitrice était le seul endroit habité à quelques kilomètres à la ronde. Il était situé à au moins 10 kilometres et l'on devait se rendre chaque fois en vélo. D'où est-ce que je tenais toutes ces informations ? S'il avait des courses à faire, j'étais principalement celle qui le faisait. Le masque de la fille parfaite était véritablement chiant.
Mais je me suis encore désignée, la monitrice a eu les yeux brillants.
— Oh Yanaëlle et... et Thimoé ?
J'ai tourné vers lui et sa main levé. Ses joues étaient couvertes de rouge et il semblait gêné. Arte a aussitôt réagi :
— Je veux le faire aussi !
— Je suis désolée, Arte. Nous n'avons besoin que de deux personnes. C'est la première fois que Thimoé a ce genre de réaction, il ira donc avec Yanaëlle. Ça te vas, Yana ?
La question m'était donnée.
— Bien sûr ! ai-je affirmé en mettant débout. Et toi, Thim ?
Plusieurs mètres nous séparaient, il était facilement reconnaissable grâce aux bandage sur son nez.
— Euh, je crois. Oui, enfin peut...
— Et si vous y alliez ?
Rufus m'a jeté un coup d'oeil et d'un mouvement de la tête, j'ai compris que c'était lui qui avait poussé Thimoé à le faire. Tiens donc, depuis quand Lechien me faisait ce genre de faveur ?
Nous avions récupéré la liste des courses et pris les VTT donné par les moniteurs pour partir.
— Je ne savais pas que tu savais faire du vélo, ai-je constaté quand nous avons commencé à avancer.
Il n'y avait pas beaucoup d'effort à fournir, mais Thimoé était à l'aise dessus, ça se voyait à son grand sourire innocent qui arrivait quand même à me donner des papillons dans l'estomac.
— Ah bon ? Pourtant j'ai un super vélo à la maison. C'est papa qui m'a appris.
J'avais remarqué qu'il parlait du père de son chien comme du sien. Cette idée m'a plu. J'ai accéléré pour le rattraper.
— Je trouve, a-t-il continué, que c'est plus écologique, économique, amusant et sportif. C'est pour ça que je suis musclé.
— Qui te mets des idées pareilles en tête ? Tu n'es pas musclé.
— C'est parce que tu ne m'as jamais vu en manches courtes.
J'ai froncé les sourcils pour l'analyser et oui, il portait un énorme sweat bleu nuit. A y repenser, je n'avais jamais vu Thimoé les bras à découverts.
— C'est vrai. Pourquoi ?
— Tu as raison, je ne suis pas musclé. Mais j'ai de jolis mollets au moins ?
Mes yeux ont parcouru cette partie puisqu'il était en short et effectivement, ils étaient pas mal.
— Je les aime bien, l'ai-je complimenté en le dépassant cette fois ci.
J'ai pédalé plus vite et une vive bourrasque de vent a fouetté mon visage, me faisant frissonner. J'ai espéré que mes cheveux ne s'échapperaient pas de ma queue de cheval.
— Attends moi, Yanaëlle !
Derrière moi, Thimoé a accéléré pour venir me devancer, se retournant de temps en temps pour me narguer d'un sourire moqueur qui, jusqu'à présent, n'était jamais apparu. Mon coeur a fondu pour cette expression et ce sentiment que Thim me montrait un peu plus sa personnalité.
— Tu me provoques, P'tit chat ? ai-je dit en le rattrapant.
— Non, du tout, mam'zelle. Mais, il se peut bien que je gagne cette course.
— Quelle course ?
— Celle-là !
Avec dextérité, il m'a dépassé et a filé en zigzaguant sur le chemin décousu. Le soleil a fait passer sa crinière pour presque rousse tandis que la sueur se dessinait sur son haut. Sa réaction d'enfant a suscité une petite décharge électrique dans mon corps et j'ai éclaté de rire avant de pédaler à fond pour gagner cette course.
Un sentiment de paix et d'aise m'a abrité malgré la chaleur incroyable. J'étais en sueur en faisant une course débile sous une température de feu, et cela ne m'a pas empêchée d'être heureuse. Tout ça à cause d'un garçon schizophrène aux tâches de rousseurs et aux yeux couleurs caca.
**
— J'ai suuper chaud ! Tu me payes une glace ? a demandé Thimoé en prenant un article dans un rayon, suivant parfaitement la liste.
— En quelle honneur ?
— J'ai gagné la course ! Je mérite au moin une glace. Et il fait tellement chaud, malgré la climatisation.
— Retire ton sweat.
Il a blêmi.
— J'mourais de chaud alors. Je vais au rayon électronique pour les piles ?
— Ouais et dépêche toi.
Il a marmonné un " oui " en partant. Mon regard l'a suivi, encore fasciné par ce qu'une personne à l'apparence si banale était capable de provoquer. Il transpirait beaucoup et semblait être à bout de force, sachant qu'il avait du dépenser toute son énergie pour l'arrivée. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même... mais une force inconnu m'a poussé à prendre une glace sur bâtonnet, payé par mes propres sous. Bon, il se peut que cette force était juste le désir de voir Thimoé faire son sourire innocent et attendrissant. Il fallait le reconnaître, il n'était pas sexy, mais nom d'un chien ce qu'il pouvait être à tomber lorsqu'il souriait.
— Tu as acheté une glace ? s'est-il étonné tandis que nous étions à la caisse.
— Oui, elle est pour toi.
Qu'avais-je pensé ? Il n'était pas à tomber quand il souriait, c'était bien plus ! Une autre pulsion est né en moi à la vue de ses fines lèvres étirées et de ses pattes d'oies sous ses yeux. Je voulais, non, je désirais, ardemment posé ma bouche là, sur la sienne alors qu'elle manifestait sa joie. Je me suis pincée en réprimant ce désir. Ce n'était pas moi ça. Et depuis quand avais-je commencé à désirer Thimoé ?
— Merci, c'est grave sympa. J'ai aussi un cadeau pour toi.
J'ai hoché la tête, impatiente de voir la surprise. La caissière a pris nos articles et j'ai vu sous nos différents achats, un petit appareil photo vert fluo. Voilà comment il avait réussi à me donner envie de me jeter à son cou.
— Puisque tu es très observatrice, tu pourras prendre des photos des choses qui t'entourent. Ça te plaît ? Si ça te plaît pas je comprends. J'aurais dû prendre du maquillage ? Peut-être du gloss ? J'aime bien ton gloss, il rend tes lèvres magnifiques, encore plus qu'elles ne le sont déjà. Tu as vue comme elles sont pulpeuses ? C'est pas normal à ce stade.
Il s'est interrompu sous mon regard ardent et celui bien moins important de la femme devant nous. Il a rougi en rencontrant mes iris et j'ai prié pour ne pas qu'il sache que l'étincelle qui y brillait était du désir, brut, nouveau, fougueux pour lui. J'ai du puiser dans toutes mes forces pour ne pas me jeter sur lui.
— Merci, c'est parfait. Et oui, c'est vrai que j'ai de belles lèvres.
L'attention que je lui portais l'a encore plus embarrassé, je l'ai vu. Il a passé une main dans ses cheveux avant de dire qu'il m'attendait finalement dehors. Je crois qu'il a fuit, il ne devait pas savoir que je n'allais pas le laisser s'en aller.
— Votre petit ami est adorable. Surtout avec ce bandage sur le nez, un air de mauvais garçon attendrissant. Ça se voit qu'il est fou de vous. Je tuerais pour que mon fiancé me regarde comme ça.
Elle m'a souri affectueusement et je le lui aie rendu car j'étais de bonne humeur. Il y avait sûrement un rapport avec le fait qu'elle avait pensé que je sortais avec Thimoé.
— Merci. C'est vrai que j'ai de la chance.
J'ai réglé la facture.
— Énormément. Ne le laissez pas s'échapper ! Les hommes de nos jours oublient qu'on les aime pour leurs émotions, pas pour des abdos et un compte en banque garnie.
— En effet.
Je lui ai adressé un signe de main avant de sortir.
Thimoé se tenait sur le trottoir, assis sur son moyen de transport. Lorsque j'ai passé les portes, ses yeux se sont plantés dans les miens. Il m'a fixé avec toute l'intensité dont il pouvait, il m'a littéralement dévoré du regard. Je ne pense pas qu'il s'était rendu compte de son comportement. Est-ce qu'il savait qu'en faisant ça, j'avais l'impression que le soleil pâlissait ? Qu'il faisait comme si j'avais éclipsé toutes les étoiles ? Oh et pourquoi il me regardait ainsi ? Il faisait exprès ? Il voulait que... que... que je tombe amoureuse de lui ? En tout cas, il était sur le bon chemin.
J'ai posé les sacs au sol et aie pris mon appareil photo. Il fallait que je capture ce moment, cet instant où les plus belles merveilles du monde courbaient l'échine face à moi juste à cause de Thimoé et ses yeux. Je l'ai pris en photo.
— Humm non, je refuse, a-t-il objecté en venant m'aider. Je ne suis pas assez beau pour servir de mannequin.
— J'en fais ce que je veux et actuellement, je veux le remplir de tes différentes expressions.
— Non, j'veux pas. J'ai un nez tout pété !
— Cette excuse ne marche plus. Prends ta glace et nous pourrons partir.
Il a ronchonné tel un garçon en manque d'attention, mais à tout de même pris sa sucrerie.
— Tu en veux ?
Il me l'a tendu alors qu'il l'avait déjà croqué. J'ai lorgné dessus avec la conviction de la manger, pourtant à la dernière minute, je l'ai juste pris en photo.
— Ça ira, maintenant on y va.
Il a acquiescé et nous avons poussé nos VTT, nos corps se sont frôlés doucement, atténuant un peu mon besoin de le toucher. Nous n'avons pas émis le moindre son, profitant du moment comme on inspire profondément après avoir eu le souffle coupé pendant trop longtemps. C'était révélateur, cette sensation, je voulais la ressentir encore et encore.
— Décidément, a-t-il dit. J'adore nos silences, Yanaëlle Cox aux yeux verts sombres.
J'ai souri en le poussant légèrement de l'épaule. Son rire a résonné en moi jusqu'à ce que nous sommes arrivés au camp.
Salut Cher journal.
Aujourd'hui, parlons bien. Tu te rappelles du moment où tout a dérapé avec Zayne ? Parce qu'à un moment, je l'ai aimé, tu vois ? Et puis tout est parti en cacahuète et j'ai fini par détruire sa vie. Tu crois que je ferais pareil avec Thimoé ? Que je vais laisser ma noirceur dévorer mon amour et laisser ma méchanceté prendre possession de moi ? Tu crois... que je finirais par détruire Thimoé aussi ?
Yanaëlle Cox, 17ans.
┊✦ ┊✧ ✦ . ✫
Heeeeeeeeeeeeeeeey mes p'tits pégase aux pouvoirs magiques ⁉️
Çaaaa vaaaaa ????
La forme ?????
Comment se passe vos Coronavacances pour ceux qui en ont ⁉️
Prenez soin de vous, okay ?
Sooooo, maintenant qu'on a fini avec les nouvelles...
Que pensez vous de ce chapitre ?
Leurs réconciliations étaient plutôt cool hein ? ( bien qu'un peu trop rapide à mon goût)
Vous aimez la façon dont la romance, les sentiments et tout ça se forment ?
C'est lent ou un peu rapide ?
J'veux tout savoir !
En tout cas, si Kana n'est pas trop présente, sachez que son grand retour sera... humm assez sauvage😂 elle adore tourmenter les gens cette tarée !
Vos avis sur les personnages ?
L'avancée de l'histoire ?
Des idées pour la suite ?😏
Personnellement... je dis ça comme ça hein, mais mon petit doigt me dit qu'il y a de l'amour dans l'air😏 espérons que Arte, Kana et l'auteur ne viennent tout gâché 😂
Ce chapitre est tout mignon, c'est pas trop dans mes habitudes 😕 ne vous inquiétez pas, il y aura du piment et des problèmes bientôt, promis juré, craché !
QUESTION POUR APPRENDRE À SE CONNAÎTRE :
Parlez moi de votre pays, d'où vous venez, de comment vous voyez ses habitants, des fêtes de chez vous, des mentalités aussi, de la beauté et de la laideur qu'il y a. Dites moi tout ! Et je veux de la passion ! DE LA PASSION ‼‼‼‼ ( c'est à ce moment où vous m'imaginez crier à plein poumons )
Sur ce, je vous dis à la prochaine 🤸🏾♀️
Bisous à glacé 🥶
Virtuellement
Phanuelle 🥴 ( j'ai un kiff pour ce SMILEY) ❤
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