Vingt-cinq.

[CHAPITRE PAS CORRIGÉ]

La chambre de Zayne était rouge et grise. Son grand lit était couvert d'oreillers en forme de ballons de football américain. Sur ses murs se trouvaient des maillots de ses joueurs de basket et de foot préférés, tous signés. Zayne adorait le sport, lui même était un grand sportif. Il aimait me mettre sur son dos tandis qu'il faisait des tours de terrains, ou que je m'assaille sur ses pieds pendant ses abdominaux. Ça m'amusait énormément. Retracer des doigts ses muscles, rire de ses exercices, le distraire en l'embrassant, tout ça me plaisait affreusement. Le plus dur après les ruptures, c'est le manque de la routine. Ces moments étaient les plus beaux de ma relation avec lui, les plus lumineux, les meilleurs. Le reste... le reste n'était pas joli.

Notre relation était toxique, malsaine. Nous étions deux manipulateurs amoureux l'un de l'autre. Nos sentiments étaient vrais, mais pas assez pour qu'on se contente de sagement s'aimer. Zayne me faisait mal, j'adorais lui rendre le triple. Zayne me trompait et embrassait des filles et des hommes devant moi. La colère que je ressentais se mélangeait au désir de lui infliger plus. À la fin ? Nous finissons entre les draps après une énième dispute. Pour les autres nous étions le couple parfait, tellement ironique, nous n'avions rien de parfaits. Le lien qui nous unissait était dégoûtant, sale, obscène. Notre amour était hideux, laid, et si horrible ! Rien de ce que j'ai ressenti pour lui s'approchait de ce que je ressentais pour Thimoé. Thimoé n'était pas parfait, il n'était pas totalement lumineux, il avait sa part d'ombre, il était juste lui, et ça me suffisait. Je ne voulais pas briser Thim comme je l'avais fait avec Zayne, je voulais le protéger, je voulais qu'il me protège. Je n'avais pas envie de faire semblant avec lui, je voulais qu'il connaisse chaque partie de moi. C'était insensé. Je n'étais pas idiote, je savais bien que j'étais entrain de tomber amoureuse de lui. Ça ne m'effrayait pas, non, ce que je ressentais pour Thimoé me faisait trembler de joie. La chaleur qui m'habitait quand nos regards se croisaient était plus brûlante qu'un incendie dévorant une forêt entière.

En plus, j'étais addictive de Thim. De son odeur, de mes mains dans ses cheveux, de son rire, de ses yeux marrons. J'étais dans le pétrin. Mes sentiments m'ont ligotée, j'étais pieds et poings liés. S'il était malhonnête, Thimoé aurait pu me manipuler et je n'aurais rien compris, mais non. Il n'était pas Zayne. Il était le garçon le plus innocent que j'ai connu. J'étais dans le pétrin.

— Évidemment ! a craché Kana. Tu es devenue faible, Yanaëlle. Je ne sais même pas où est passé la vrai Yanaëlle.

Tu ne comprends pas, ai-je dit dans ma tête où elle tapait du pied. Je suis actuellement la meilleure version de moi-même.

Kana a lâché un rire froid, sans émotion, comme les yeux avec lesquelles elle me fusillait.

— Tu crois ? Je te connais, Yanaëlle... je suis toi ! Tu n'es pas cette fille que tu crois que tu es. Chasse le naturel et il reviendra au galop. Tu finiras vite par comprendre qui tu es et que ton cher petit Thimoé ne pourra jamais t'accepter.

Tu délires.

— Tu deviens un peu trop naïve.

J'ai accusé le coup fermement. Me battre mentalement contre Kana était la plus difficile des batailles. C'était lutter contre moi-même, me débattre dans une mer déchaînée des poids lourds aux chevilles. Un combat où la seule façon de gagner était la détermination... mais voulais-je vraiment remporter cette victoire au fond ? C'était toute la question.

— Yanaëlle ?

Je suis revenue sur terre. Les iris de Thimoé avaient volé la couleur du miel, elles étaient magnifiques et c'était sur moi qu'elles se concentraient.

— Oui ? Ça y est, tu es prêt ?

Dans sa chambre, sous le regard inquisiteur de son chien, je l'attendais depuis cinq minutes pour notre sortie nocturne. Il avait insisté pour enfiler un sweatshirt alors qu'il était en t-shirt. Je n'ai pas compris pourquoi il ne lâchait jamais ses vêtements à manches longues.

— Je cherche mes chaussettes, a-t-il dit en passant sa tête sous le lit. Mais et toi ? Tu faisais une tête bizarre.

— Elle se rend compte qu'elle est nulle.

— Le jour où on aura envie d'entendre ton avis, on te fera signe, LeChien. Quant à toi, Thim, les chaussettes sont obligatoires ?

Il a sorti sa tête, l'air surpris.

— Je suis frileux, Yanaëlle ! Les chaussettes, c'est super important. Elles ont un super pouvoir de réchauffer mes orteils, et sont si douces. C'est comme des câlins, tu vois ? Les chaussettes, c'est la vie.

Je n'ai pas pu empêcher mes lèvres de frémir.

— Tu es ridicule, a soufflé Kana en roulant des yeux.

— Tu n'as pas de sens, ai-je répondu à Thimoé. Dépêche-toi.

Il a acquiescé avant de disparaître à la recherche de ses chaussettes magiques. Je me suis assise sur son bureau, essayant de ne pas accorder de l'importance à son chien qui faisait le garde. Le bureau de Thimoé m'a rappelé celui de Zayne. Là encore, ils étaient différents. Zayne était très rangé, ses affaires étaient toutes à leur place, pas  comme celles de Thim. Des papiers se chevauchaient, des stylos et des crayons aussi. La poubelle à côté était remplie de feuilles froissées. Prise de curiosité, j'ai commencé à fouiller dans son bazar. La plus part était des dessins de la mer, de lac avec des forêts et c'était magnifique. Les détails des feuilles, des rayons de soleil, des animaux, rendaient chaque dessin très réel. Même sans couleur, j'ai eu l'impression de sentir la brise printanière. Je savais que Thimoé dessinait, mais il disait qu'il n'était pas particulièrement doué, or ça, c'était être complètement doué. J'ai retracé doucement les contours d'une vague qui s'apprêtait à engloutir un château de sable, étonnée par son talent. Puis, un feuille a attiré mon attention. Elle avait été ensevelie sous le reste. Je l'ai doucement tirée. Contrairement aux autres représentations, celle-ci était un portrait. Une jeune fille couchée dans une eau recouverte de fleurs. Ses cheveux qu'ils avait noirci au crayon semblaient l'amener plus bas, comme s'ils la faisaient couler. Les paupières closes, la demoiselle dormait, un sourire sur ses lèvres qu'il avait dessiné charnues. En regardant attentivement les traits souples de son visage, la courbe de son nez droit, ses oreilles, la manière dont ses yeux étaient placés, j'ai compris. C'était moi. Thimoé m'avait dessinée.

Mon cœur a commencé à frapper fort ma poitrine. En cherchant plus, j'ai découvert d'autres portraits me représentant. Tous différents. Tous sublimes et incroyablement bien transcrits. Je comprenais pourquoi il me regardait sans relâche, il revenait tout mettre ici. Un doux sentiment a fleuri en moi, m'enivrant comme le meilleur des alcools. Zayne n'avait jamais produit une telle chose en moi, non, ça, c'était signé Thimoé. J'aurais dû avoir peur qu'un mec me dessine autant... mais c'était Thimoé ! Et c'était si beau. C'était sa façon de me voir. J'étais belle — c'était un fait — dans ses yeux à lui, je me trouvais parfaite. Véritablement. Sans faux-semblants, sans masques, sans rien du tout.

— Tu te laisses avoir ! s'est exclamée Kana.

J'étais trop heureuse pour répliquer.

— Voila, j'ai porté mes chaussettes ! On peut y aller...

Thim s'est interrompu en voyant ce que je tenais entre mes mains. Il s'est aussitôt mis à rougir, en m'arrachant les papiers.

— Tu... tu les a vu ? a-t-il demandé en reculant, le regard braqué sur moi.

— Évidemment ! C'est magnifique Thimoé, tu as un vrai don. Tu le sais, n'est-ce pas ?

Il tourné la tête vers Rufus, et à la manière dont son chien a hoché la sienne, j'ai su qu'ils venaient de communiquer.

— Tu n'as pas peur ?

— Peur que tu sois très talentueux ? Non, ça va.

— Tu ne penses pas que je suis un psychopathe complètement malade mental de t'avoir dessiné par centaines ?

Il y en avait des dizaines.

— Centaines ?

— Ah oui, ceux que j'ai jeté ne compte pas.

Okay.

— D'accord, et si on partait ailleurs ? Tu pourras me parler de ta petite obsession.

— Petite ? a ri LeChien. Toi tu sais pas dans quoi tu t'es embarquée.

Je l'ai toisé, il a souri d'un air narquois.

— Je vais faire comme si cette conversation est normale et on met les voiles, OK ?

— Ça c'est une conversation normale entre Ruf et moi.

— J'ai peur de ne pas être étonnée. Allez on y va.

Rufus a continué à rire tandis que Thimoé m'a tendu sa main. Le naturel avec lequel nos doigts se sont entremêlés était agréable. Je les ai fixé, refoulant comme je le pouvais une vague de plaisir.

— À plus tard, Ruf !

— Reviens vite, je viens de trouver un livre complètement génial, tu dois à tout prix le lire !

— Tu veux dire qu'il doit à tout prix t'écouter le lui lire dans son sommeil, non ?

— C'est un détail.

— On y va, Thimoé.

Je l'ai tiré et nous sommes partis en catimini.

☆☆

— Tu es sérieux ? Attends, non, je suis sûre que tu mens ! me suis-je exclamée en retenant mon rire.

— Je te jure que c'est vrai ! C'était tellement bizarre, a-t-il pouffé en cachant ses joues cramoisies.

Je me suis esclaffée bruyamment en tombant sur ses genoux. Mon ventre s'est serré à force de rigoler des mésaventures de Thimoé et de son chien. Des larmes ont dévalé mes joues alors que je peinais à reprendre ma respiration. Le temps avec lui ne défilait pas de manière normale. De retour dans la clairière de la veille, il me relatait les trucs les plus bizarres qu'il avait vécu. Un jour alors qu'il devait avoir 10ans, il a malencontreusement découvert sa maîtresse de primaire en sous-vêtements multicolore dans le bureau du proviseur, lui-même portait une queue et des oreilles de chat. Il avait fui avant de tout raconter à Rufus qui avait décidé de voir ça aussi. Finalement, ils ont espionné leurs enseignants faire des trucs BDSM super bizarres. Ils avaient été traumatisés d'après ses dires.

— Tu ne dois pas rire, Yanaëlle ! C'était pas drôle.

— Non, c'était désopilant ! Oh mon Dieu je ne sens plus mon ventre.

Mon euphorie a augmenté devant sa bouille de boudeur. Même s'il tentait de réfréner son sourire, j'ai bien vu qu'il était amusé. Thimoé avait du sentir la tension qui m'habitait à cause des pensées indésirables de Kana, et il l'avait fait disparaître avec ses anecdotes plus drôles les unes que les autres. Il me connaissait, ou du moins une bonne partie de moi. Je refusais de lui montrer le côté sombre de ma personnalité, il n'aurait jamais assez d'amour pour ça.

Soudain, j'ai intercepté son regard sur moi. Il était si intense ! Ma tête sur ses genoux, il avait tout le loisir de me contempler. C'était pour mieux me reproduire qu'il me matait autant ? Mon sourire s'est estompé doucement quand j'ai braqué mon attention sur ses lèvres entrouvertes. Elles n'étaient pas pulpeuses et rouge cerise, juste fines, légèrement roses, et sèches. Si Thimoé était mon petit ami, j'aurais mis ma main sur sa nuque pour le rapprocher. Si Thimoé était mon petit ami, j'aurais passé ma langue sur sa bouche avant de l'embrasser. S'il était mon petit ami, j'aurais déjà enfoui mes doigts dans sa chevelure pour qu'on puisse approfondir le baiser... s'il était mon petit ami, tout aurait été si simple. Un feu s'est logé dans mon bas ventre, rendant ma peau ultra sensible, et ma respiration saccadée. Je me suis sentie enivrée par la saveur des sensations. J'ai tendu la main vers sa joue, pensant naïvement qu'un contact calmerait ma faim de lui.

— Pourquoi tu ne parles jamais de Kana ou de Zayne ?

Thimoé avait un don pour casser l'ambiance.

— Pourquoi le ferais-je ?

— Kana est une partie de toi d'après la page du journal que j'ai lu. Mais tu ne me parles jamais d'elle, même pas une allusion. Je sais rien d'elle, ça ne me plaît pas. Et Zayne... et Zayne est ton premier amour !

— Et alors ? Avec Zayne c'est du passé. Kana ne mérite pas qu'on parle d'elle.

Elle va te souiller, ai-je pensé très fort. 

— Non, je refuse. On parle du passé. Je veux que tu me parles d'eux. Pourquoi tu refuses ?

— Pourquoi tu insistes ?

— Je veux te connaître !

Je me redressée en le lorgnant : il était déterminé.

— Tu sais plus sur moi que quiconque, Thimoé. Je passe quasiment toutes mes journées et mes nuits avec toi.

Il a secoué la tête, des mèches lui ont barré la vue.

— Ce n'est pas vrai. Je ne connaissais pas Zayne. Et puis, j'étais sûr que lui, il savait tout.

— J'ai saisi, en fait tu es jaloux.

Je me suis attendue à ce qu'il nie comme tous les autres garçons. C'était le sous-estimé, il n'avait rien avoir avec les autres.

— Oui. Ça n'a pas trop de sens, comme du pop-corn salé. Comment on peut fabriquer maïs salé ? Tu trouves ça normal, toi ? Moi, non. C'est pareil. Ma jalousie n'a pas de sens... mais mon cœur me brûle, Yanaëlle. Tu as déjà eu un amoureux parfait qui devait tout savoir sur toi. Moi j'aime passer du temps avec toi, plus que manger des lasagnes ! Mais toi... tu avais déjà vécu tout ça, ça devait être ennuyant pour toi.

J'ai essayé de retirer les informations inutiles comme cette histoire de pop-corn et de lasagnes, et j'ai finalement compris. Il avait peur de ne pas être à la hauteur. Comment lui expliquer qu'il avait carrément dépassé Zayne ? Que s'il continuait sur sa lancée, il aurait mon cœur et plus encore ? Que c'était lui maintenant, ce gars qu'aucun autre ne pourrait me faire oublier ?

— Ce n'est pas ça, ai-je réfuté. J'aime être avec toi, ce n'est ni ennuyant, ni du déjà vu. Je ne veux juste pas parler de Kana et de Zayne.

— Pourquoi ? Pourquoi tu veux pas ? De quoi tu as peur ?

— Je n'ai pas peur ! me suis-je exclamée, vexée.

Je n'avais pas peur ! Je voulais juste le préserver. S'il savait à quel point je pouvais être toxique, il n'aurait plus envie de me parler. Qu'est-ce qu'il voulait savoir sur Kana ? Qu'elle et moi aimions faire du mal à mes proches ? Que nous avons passé des soirées à rire de la stupidité des gens car leur ennemi était en fait leur ami ? Personne ne voulait être amie avec le méchant de l'histoire.

— Parle moi, a-t-il murmuré en m'enfermant dans son regard.

La tristesse dans ses yeux était un coup de poignard. Je n'aimais pas le faire souffrir. Je n'en tirais aucune satisfaction, au contraire. J'avais l'impression qu'un fil liait nos émotions. J'aurais pu pleurer s'il le faisait. Comme j'aurais pu rire avec lui. Ce n'était pas pareil avec Zayne, non, c'était beaucoup trop opposé. Ce sentiment m'a fait peur. Je n'étais pas habituée à me soucier des gens. Là, j'étais prise de court.

— D'accord. Qu'est-ce que tu veux savoir sur Kana et Zayne ?

J'étais faible face à Thimoé.

— Carrément, a surenchéri Kana en me toisant.

— Tout ce que tu veux bien me dire. Comment est ta relation avec Kana ? Et avec Zayne ?

J'ai soufflé, refrénant comme je le pouvais mon angoisse. Mes paupières se sont closes et le sourire narquois de mon amie imaginaire est apparu.

— Kana, c'est une partie de moi, mais souvent, j'ai l'impression qu'elle est une entité à part, qu'elle n'est pas moi. Je crois que Kana est cette partie de ma personnalité que je refuse d'affronter. Imagine que ton côté obscur, noir, celui que tu essayes de cacher, prenne la forme d'une personne. Elle te connaît, tu la connais aussi. Elle est ta meilleure amie et ta pire ennemie à la fois. On s'entend bien par moment, d'autre non. Et on adore manipuler les gens, rire des problèmes que nous avons nous-mêmes fait.

— C'est-à-dire ?

Sa voix était plus proche, son souffle a caressé ma peau.

— Il y a cette fille, Nancy, une de mes fausses meilleures aimes. Elle avait un copain, son premier amour, et elle était folle de lui. C'était l'homme de sa vie, ai-je ricané. Elle nous a avoué l'avoir trompé avec un mec et qu'elle continuait. Elle l'aimait son copain, mais n'arrêtait pas de le tromper. C'était juste... insensé. Bref, j'ai pris une photo d'elle et son amant pour l'envoyer de manière anonyme à son petit ami. Il a rompu et cette conne a pensé que c'était l'ex de son ex qui l'avait fait. Sauf que c'était moi, et... et j'ai trouvé ça génial ! Je la consolais alors que je me retenais de rire.

— Ça te faisait rire ?

— Tu ne trouves pas ça drôle ? J'étais celle qui l'avait trahi, j'ai épongé ses larmes et après je l'ai critiqué avec Kana parce qu'elle était conne et faisait pitié. C'était tellement ironique que j'en riais ! Tu ne comprends pas, n'est-ce pas ?

J'ai ouvert les yeux pour croiser les siens. J'ai eu peur de ce qu'il pouvait penser de moi. À cet instant, je n'étais plus la Yanaëlle qu'il connaissait. Pourtant, mes doutes se sont envolés en voyant la façon dont il m'a observée. Thimoé ne savait pas juger les gens.

— Humm, pas complètement. Ce qui te plaît c'est le fait de manipuler les gens et de devoir les consoler alors que tu étais la coupable de leur maux, c'est ça ?

— Dit comme ça, on dirait qu'on est des psychopathes ! a rigolé Kana.

— Oui, exactement.

Il a froncé les sourcils, réfléchissant sérieusement à ce qu'il devait dire.

— C'est bizarre... mais je ne t'en veux pas. Même si ce que tu fais n'est pas du bien, je te vois toujours comme ma Yanaëlle.

Sa Yanaëlle. J'ai ri.

— Je ne t'appartiens, Thim !

— Mais tu étais à Zayne.

— Ce n'est pas parce que je suis sortie avec lui que j'étais devenue sa propriété.

Mon ton sec l'a fait rougir avant qu'il ne secoue la tête.

— Je ne veux pas dire que tu étais sa chose, mais tu étais un peu à lui, comme lui il était un peu à toi. Vous vous apparteniez mutuellement. Même si c'est vrai que c'est bizarre dit comme ça parce que vous êtes des humains et que les humains sont pas des objets.

— Je crois te comprendre.

— Et ta relation avec lui ? Tu l'aimais ? Il savait qui tu étais vraiment ? Parle, Yanaëlle.

— Oui, vas-y, Yanaëlle ! Dis à Thimoé le type de relation que tu entretenais avec ton premier amour, a jubilé Kana.

J'ai inspiré pour calmer mes tremblements. Parler de mon ex était plus compliqué. J'ai maudit Arte de l'avoir mentionné. Des flashbacks ont envahi ma mémoire. Je me suis rappelé son parfum légèrement salé, le son de ses baisers sur ma peau, ses caresses dans mes cheveux, ses sourires, ses taquineries. Tout est revenu comme une vague, mais sans les dégâts. Les papillons dans le ventre, le palpitant qui bougeait dans tous les sens, les frissons, je ne ressentais plus rien de cela en pensant à lui. Zayne était devenu un souvenir, une photo en noir et blanc, un verre sans saveur. J'ai alors plongé dans les pupilles marrons de Thimoé et les symptômes ont réapparu. Tout ce qui était éteint en moi se réveillait brusquement. Comme une fleur qui éclora. La graine était entrain de germer.

— Zayne a été mon premier véritable amour, ai-je commencé. Il était gentil sans être naïf, intelligent sans être intello, dévoué sans être trop serviable... parfait. Seulement, la perfection n'existe pas. Dans le fond, il était comme moi. Lui aussi cachait sa laideur. Au premier regard, je crois que nous avons compris. Un jour il m'a confrontée et mes soupçons ont été confirmés. Nous avons commencé à sortir ensemble aussi simplement. Dans le dos des gens, nous adorions jouer, sa taquiner, se blesser psychologiquement, se manipuler. Le but du jeu c'était de voir qui allait plus blesser l'autre. Dans toute cette merde, nous sommes tombés amoureux, c'est là qu'il a baissé la garde, ai-je ri. Il pensait que j'avais oublié le principe de notre relation, il ne s'attendait pas à mon coup de poignard, ma victoire en était que plus délicieuse.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Disons que si tu parles de Zayne Storm aux policiers de la ville... ils sauront de quoi tu parles.

Il n'a pas caché sa surprise tandis que Kana s'amusait à grogner de satisfaction. Je ne me sentais pas coupable vis-à-vis de mon ex, je ne voulais juste pas que Thim me déteste. Tout mais pas lui ! Il pouvait prendre peur— c'était logique. Il pouvait comprendre à quel point j'étais cassée. Que je n'étais clairement pas la gentille de l'histoire.

— Je ne lui ai jamais parlé de Kana, ai-je continué en le fixant. Il sait juste que j'ai un journal intime et qui je suis, ce que je suis. Personne ne sait pour Kana à part toi, Thimoé. Tu te rends comptes que tu n'es clairement pas au même niveau que lui, non ? Je n'ai jamais pris le risque de le faire, mais avec toi, je l'ai fait. Tu comprends maintenant que tu n'es absolument pas n'importe qui pour moi ? Ça te va ou tu veux que je continue ?

Il a secoué la tête. Thimoé était un livre ouvert quand il le voulait, actuellement, c'était parfaitement facile de lire en lui. Sa joie, son incompréhension, sa surprise, et ce sentiment brillant dans ses pupilles. Il n'a rien répondu. Quoi répondre ? J'avais fait tomber le masque, les barrières. J'étais nue face à lui, exposant mes faiblesses, me montrant pour la première fois sous une apparence que je ne connaissais pas. Pouvait-il comprendre comment ça me coûtait au coeur ? Comment j'étais dans le doute ? Qu'il brisait tous mes ramparts ? Qu'il m'avait mis en conflit avec Kana ? Thimoé savait-il à quel point il bouleversait mon univers ? Était-ce pareil pour lui ?

— Je peux vérifier un truc ? a-t-il dit en brisant le silence.

J'ai levé un sourcil, surprise.

— Que j'ai un cœur ?

— Mais non. Tu serais morte sans cœur, je suis pas stupide tu sais. Je veux savoir si je connais très bien ton visage.

D'accord, je venais de me confier et lui, il voulait faire une expérience chelou, ai-je pensé.

— OK. Et tu fais ça comment ?

— Assieds toi en tailleur et laisse-toi faire.

— On dirait un pervers.

— Ah non, c'est le rôle de Ruf, ça !

— Vous pouvez aisément interchanger.

— C'est une rumeur, allez maintenant fais le !

J'étais faible face à lui, alors je me suis exécutée. Il s'est agenouillé devant moi, les yeux fermés, et a apporté ses doigts sur mes joues. Leur fraîcheur m'a fait frissonner. J'ai aussi clos mes paupières, profitant au maximum de cette caresse. Ses doigts ont migré vers mes yeux.

— Tes yeux ont une joli forme, comme s'ils étaient plissés, c'est vraiment beau. J'ai eu beaucoup de mal à bien les représenter.

J'ai souri, j'ai eu l'impression qu'il me dessinait.

— Et puis tes cils sont si longs ! Ils sont aussi parfaits que tes cheveux, ça c'est sûr, a-t-il continué en les touchant.

Mes pommettes ont aussi été lentement retracées et mon dos s'est tendu. J'ai retenu ma respiration.

— Tes pommettes sont hautes. Tu ressembles à une duchesse super distinguée et riche, Yanaëlle.

— Évidemment, monseigneur. Avez-vous ôté de votre esprit mes origines aristocratiques ?

— Il semblerait que oui, très chère et magnifique mademoiselle. Je vous promets de ne plus reproduire une telle erreur.

— Eh bien, monseigneur, si vous...

Mais ma phrase est morte. J'ai immédiatement ouvert mes yeux pour suivre ses doigts qui ont retracé le contour de mes lèvres. Ses sourcils étaient froncés mais ses joues rougies. Il avait une telle expression que je me suis retenue de sauter sur lui pour l'embrasser.

— Tu as une très jolie bouche, Yanaëlle. Tes lèvres sont parfaites, j'ai adoré les dessiner.

Je n'ai pas pu répliquer, Thimoé venait de me couper le souffle. Et il a continué à retracer mon visage, mon cou, mes doigts, mes bras, mes oreilles, comme s'il connaissait mon corps mieux que moi-même. Il commentait comme il le pouvait, sans réussir à cacher sa voix rauque, le rouge sur son cou à lui, ses tremblements. J'ai ri d'un souffle court. J'ai frémi, la peau recouverte de frissons. J'ai cru revivre un instant sous ses caresses. Il avait brisé la réalité, et avec ses morceaux avait fabriqué notre monde à nous. Il avait fait taire mes angoisses, les avait bâillonné et jeté loin. J'ai juste profité du moment. À un tel point où j'ai commencé à craindre le retour à la normale. Kana qui dans un coin de ma tête foutait la pagaille. Les répercussions allaient être terribles, mais j'avais besoin de les oublier le temps de milles caresses.

— Pourquoi tu as fait ça ? ai-je dit après qu'il ait arrêté.

— Pour que tu te sentes bien, pour que tu ris, et pour que tu saches que moi aussi j'ai vécu pleins de première fois avec toi ! Tu n'es absolument pas n'importe qui pour moi. Tu comprends ?

Il a penché sa tête sur le côté, l'air sérieux. Je me suis mordue les lèvres à sang pour m'empêcher de l'embrasser.

— Oui.

— C'est cool.

— C'est super.

— C'est génial.

— Tu veux que te racontes comment Rufus a fini dans un poste de police à 12ans avec une gentille fille de joie ?

J'ai éclaté de rire et jamais, je pouvais le jurer, quelqu'un ne m'avait regardé ainsi. Comme si j'avais le soleil dans les mains.

Salut cher journal.

Rien à signaler que tu ne saches pas déjà. Je m'enfonce dans les sables mouvants j'ai nommé Thimoé Davinson. Mais je crois bien que ce n'est pas le plus effrayant. Tu sais ce qui est plus éloquent que les critiques de Kana ? Son silence synonyme de manigances.

❁ೋ

Heeeeeeeeeeeeeeeey mes oisillons tout choupinous( vous croyez que ce mot existe ? )

Ça vaaaaaaaaaaa ?

Eh oui, je suis de retour avec un chapitre de 4000 mots👀 faut dire aussi que les confessions de Yanaëlle sont longues et intéressantes !

Vous en pensez quoi justement ?

Vous apprenez plus sur Zayne, sooo vos avis ? C'est quoi son histoire d'après vous ?

Yanaëlle se confie beaucoup, beaucoup, c'est un bon signe ?

Et l'information capitale du chapitre YANAËLLE RECONNAÎT QU'ELLE TOMBE AMOUREUSE DE THIMOÉ !

Si ce n'est pas génial 😻

Profitez en car vous allez sûrement me détester au prochain chapitre 🚶🏽‍♀️

Donc vos avis sur le chapitre en général ?

Vous avez remarqué des incohérences, des coquilles, des trucs à signaler ?

Héhé merci d'avoir lu, on se retrouve très bientôt pour la suite !

QUESTION POUR APPRENDRE À SE CONNAÎTRE :

Si vous écrivez des histoires, pourquoi aimez-vous vos personnages principaux ou secondaires ? Et pour ceux qui n'écrivent pas, quels sont vos personnages préférés tous livres compris et pourquoi ?

J'espère que vous avez passé une bonne lecture !

Bisous visqueux 😔❤

Gentiment

Phanou 🍇❤

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