Six.
Deux semaines. Quatorze jours.
Trois cents trente six heures. Et beaucoup de seconde. Des millions de seconde. Ça faisait des millions de seconde que j'étais dans un camp de vacances pourri mais pas tant que ça. C'était long. Enfin, je pense. Pour tout dire je m'en rappelais plus, mais je me souviens que cela avait passé à une allure folle. Entre les différentes activités, les feux de camp et les jeux, le temps avait décliné rapidement. Vite. Très vite. Si vite que souvent avant de dormir j'avais l'impression d'être normal. Mais c'était une impression. Thimoé Davinson ne pouvait pas être normal. C'était écrit. Prédestiné. Imaginé. Réglé. J'étais une montre réglée pour être bizarre. Pour être détracté, pour être abîmé. Je n'avais pas d'heures précises pour ça, juste chaque jour de ma vie.
Si j'avais eu un enfant comme moi, je l'aurais abandonné à la première décharge. J'étais un poids. Lourd. Pesant et immonde. Je ne comprenais pas comment on pouvait me supporter. J'étouffais dans mon propre corps. Dans ma propre tête. Dans mes propres pensées. J'étais assez bizarre pour être différent, mais assez banale pour être normal. Paradoxale. Paradoxe. J'étais un paradoxe et si un jour j'avais un enfant, j'allais l'abandonné faute de ne pas pouvoir aimer quelqu'un comme moi. Mais qui pourrait aimer quelqu'un comme soi ?
J'ai suivi des yeux Rufus qui prenait ma frite pour la manger. Rufus était un voleur de frite, mais aussi mon meilleur ami. Il savait tout de moi, ou presque. Il ne pouvait pas savoir ce que moi-même je ne savais pas. Je pensais trop. Beaucoup trop. Je n'aimais pas ça. Penser me ramenait à entendre leur voix. Pas celles des campeurs dans la cafétéria mais de ceux qui n'existent pas. M. Jefferson, mon psy, disait que dans ce genre de cas, je devais me mettre de côté et me calmer. Je devais être normal. Je devais être un humain parfait pour mériter ceux qui ne m'ont pas abandonné à la décharge. Et fuir parce que j'entendais des gens et voyais des choses qu'on ne devait pas voir ou entendre, c'était être moi. Bizarre. Paradoxale. Idiot. Crétin. Thimoé Davinson dans ce cas. Pourquoi pour rendre heureux, je devais cacher MOI ? personne n'aimait MOI. Donc, personne ne m'aimait. Sauf Rufus. Et maman. Et grand mère. Mais eux aussi voulaient que je prenne les médocs qui tuent MOI. Donc personne n'aimait MOI. Cette pensée a troublé mon humeur, plus qu'elle ne l'a été ce jour-là.
— Thim ? Rufus te pique toutes tes frites, m'a dit l'un des campeurs dont le nom rimait avec couilles.
On avait passé ces millions de seconde ensemble, mais impossible de me rappeler de son nom. Je crois que son rimait avec bisous ?
— T'as pas très faim ? Tu es anorexique ? Tu ne manges jamais beaucoup, a continué un avec un nez aplati.
— Il a juste pas d'appétit. L'anorexie c'est un truc de meuf, a ricané le mec couille. Non, ouille. Aïe. Pas couilleman. Le prénom qui rime avec couille. Andouille ?
Peu importait son nom aussi. Je n'ai jamais sû retenir les noms. Et les cours. Et les dates. Mais les discours étaient durs à partir. Surtout si quelqu'un disait que l'anorexie était un truc de meuf. C'était quoi déjà être anorexique ? Des gens qui n'aimaient pas manger ? Pourquoi c'est seulement pour les filles ? Ce n'était pas gentil de dire ça. Un peu comme le garçon au club qui s'est fait harceler et que personne n'a aidé car un garçon ne pouvait pas être harcelé. Ou la fille au club qui était maigre comme mon petit doigt, elle avait quoi déjà ? Ah oui ! Anorexie. Elle l'était. Je ne croyais pas vu sa souffrance qu'elle soit limité qu'à un genre ou un sexe, n'est-ce pas?
— Ce n'est pas gentil de dire ça, ai-je finalement dit.
— Quoi ? Y'a que les meufs pour refuser de bouffer.
— Y'a que des salauds comme toi qui méritent de mourir comme des rats.
Les discussions à notre table se sont tûes. Seuls les bruits de la bouche de Rufus continuaient. Les autres étaient étonnés. Pas moi. Rufus disait ce qu'il pensait. Rufus pensait ce qu'il disait. Il n'aimait pas aussi les injustices, il en a beaucoup été victime à cause de sa couleur de peau. Rufus était indien. Personne n'aimait les indiens. Les filles voulaient se venter d'avoir fait des choses cochonnes avec, là où les garçons voulaient se venter d'en avoir tabassé. Rufus détestait les discriminations. Et les pensées discriminantes. Un peu comme celles-là.
— Hein ? Tu te prends pour qui Yakari ?
— Rufus, a repris mon pote. Je trouve juste que c'est salaud de dire ça, surtout que cette maladie est plus psychologique que physique.
— On s'en cale ! Je dis ce que je veux et si tu es trop en colère, ton copain et toi pouvez dégager !
Pour une raison que j'ai sû évidente mais que j'ai préféré ne pas prendre en compte maintenant, les campeurs pensaient que j'étais le copain de Rufus. Ou que Rufus était mon copain. Pas copain du genre Thimoé Davinson était le copain d'une fille parce qu'il n'aurait jamais été son petit ami, mais copain-copain. Copains qui se pelotent dans le placard et font des trucs sexuels dans la voiture. Beurk. Beurk. Beurk. Embrasser Rufus c'était dégoutant même dans la pensée. C'était un pervers. Un pervers franc. Un pervers qui faisait des blagues douteuses avec des références sexuelles. Beurk !
Maman et le salaud ont fait de références sexuelles aussi. Et des trucs érotiques aussi. Je les entendais les soirs alors qu'ils pensaient que je dormais chez Rufus parce que chaque fois que Clément venait, je partais. Et je partais en pleine nuit de chez Rufus car souvent il était mélancolique et divaguait en disant des phrases idiotes et elles commençaient toutes par : "si Thimoé Davinson était cool alors...". C'était effrayant et j'ai jamais voulu dormir avec lui quand il devenait comme ça. Donc... j'ai froncé les sourcils. Je pensais à quoi déjà ? Rufus qui dit des choses bizarres ? Ou couilleman qui cassait celles de mon pote ? Non ! Non ! Non ! Non ! Pas lui, pas couilleman. C'était quoi son prénom déjà ? Arnouille ? Nouille ? Merde. Merde. Pourquoi je pense à lui, encore ?
— Thim, file moi tes frites.
Hein ? J'ai levé les yeux vers Rufus qui semblait calme alors que l'autre avec un prénom vénérien était énervé.
— Tes frites, Thim. Donne-les. Tu es bien dans ton mois "j'aime pas les frites", non ?
— Pas vraiment. Il est passé, mais tu peux les prendre si tu veux.
Il a haussé les épaules avant de manger mon repas. J'aimais l'appétit de Rufus. Il mangeait beaucoup, il savourait chaque bouché comme si elle était la dernière. C'était hallucinant. Ha. Llu. Ci. Nant. Moi aussi je mangeais assez. En fonction des mois. En fonction de mon humeur ou de la luminosité. Si elle permettait que je sois brun alors j'avais faim, si j'étais potentiellement roux ? Les repas devenaient fades à mes yeux.
— Je vous parle les blaireaux ! Dégagez !
Jacqouille continuait de crier, mais mon pote-âme-sœur-faux-frére était un pro dans le snobisme. Il disait que c'était un don. Comme sa beauté. Moi je dirais comme sa stupidité.
— Il nous parle, Rufus.
— Et nous l'ignorons. Qu'il parte, lui ! Personne ne dit rien alors que ce qu'il dit est clairement sexiste ! Vous saviez que deux pourcent des anorexiques sont des hommes ?
— C'est vrai ? me suis-je étonné.
— Chut ! Tu te tais quand je mens, Thim ! Bref. On ne bougera pas.
Jacqouille a fusillé Rufus qui lui a rendu la pareille... Jacqouille ? Oui ! Oui ! Le mec au nom vénérien s'appelait Jacqouille... pourquoi ? Ses parents ne l'aimaient pas ? Ce n'est pas très gentil de faire ça.
Un grand bruit s'est fait entendre. Il venait de notre table. Jacqouille était en colère, ses poings serrés et son regard noir, ténébreux, méchant, pas content, en témoignait. Sa bande était aussi aux aguets au cas où une bagarre aurait lieu entre leur pote et le mien. Moi, me battre ? Non. Jamais. Ça faisait mal. Très. Et encore plus quand cette douleur, ce n'est pas toi qui te la donne. Et je ne savais pas me battre ou faire du mal intentionnellement. C'était compliqué d'être méchant.
— Calmez-vous, a exigé la douce voix de Debby O'brien avec des cheveux imparfaits et qui était la voisine de chambre de Yanaëlle en short soi-disante parfaite.
Elle était venue de nulle part et commençait déjà à parler, quoique malgré le fait qu'elle soit plus jeune que nous, sa silhouette laissait penser le contraire. Grande. Fine. Fluette.
— Mais il m'a cherché l'indien !
— Et tu l'as trouvé la couille molle.
— Couilleman, ai-je gloussé.
— Je vais te refaire le portrait le roux !
- Non! A de nouveau intervenu Debby jolie. Jacque...
— Jacqouille, l'a-t-il repris.
— Quel nom de merde aussi, a rigolé Rufus.
— Rufus ! s'est indigné Debby. J'essaye de t'aider n'agrave pas ton cas ! S'il te plaît... Jacqouille, tu peux changer de table ?
— Pourquoi pas lui ?!
— Parce que c'est impossible de faire changer d'avis Rufus, ai-je dit simultanément avec Debby.
On s'est souris avec un regard complice. En des millions de secondes, elle avait passé beaucoup de temps avec nous, le Thifus. Elle avait supporté ma bizarrerie et la bêtise de mon ami. Je crois qu'elle était un peu notre pote. Un peu parce qu'elle continuait de rougir lorsque Rufus disait un truc con. Quatre vingt pourcent du temps de nos conversations, conversations qui nous a permis de savoir qu'elle partageait sa chambre avec Yanaëlle aux yeux verts sombres.
— C'est de la discrimination, Deb's ! T'es amie avec eux !
— S'il te plaît ?
Le mec au nez plat et les autres ont calmé couilleman. Ce dernier était vraiment pas content. Je me suis demandé comment la situation avait tourné comme ça, mais c'était aussi une habitude. Ce n'était pas nouveau avec mon meilleur-ami-âme-sœur, tout le monde n'aimait pas quand il disait ce qu'il pensait avec des mots manquant d'euphémisme.
— Okay, on se tire, mais promis les tourtereaux vous allez me le payer.
Sa menace a planné dans l'air tandis qu'ils partaient. Pas de manière effrayante et frissonante, juste comme ça. Pour l'expression. Il ne nous faisait pas peur, des gens qui nous ont menacé, on en avait connu des tonnes. Des gens qui n'aimaient pas Rufus il y en aura des milliers. Quelqu'un comme lui ? La terre ne supporterais pas un deuxième.
— Et ben dis donc ! Dites moi merci, a dit Debby en s'asseillant sur une chaise.
— On aurait pût se débrouiller sans toi, tu sais.
- Ouais, c'est ça ! À peine arrivés et déjà des ennemis.
— Des millions de seconde.
— Quoi ?
J'ai levé la tête de mon assiette afin de répéter ma phrase à notre un peu pote :
— Ça fait des millions de seconde que nous sommes ici. C'est pas déjà.
— Humm, pas faux. Vous connaissez l'activité d'aujourd'hui ?
Nous avions des activités chaque semaine. Souvent en solo, souvent en équipe. C'était amusant et tout le monde se devait d'y participer. Je ne les aimais pas tant que ça. Devoir parler avec les autres, devenir un minimum sociale. C'était à ces activités que nous avions rencontré Jacqouille et sa bande.
— Non, mais Yanaëlle la connais, non ? D'ailleurs elle est où ?
Rufus était toujours aussi admiratif devant Yanaëlle, il faisait tout pour lui parler alors que moi, cela faisait des millions de seconde qu'on n'avait pas échangé de mot. Pas que j'étais triste, mais j'étais quelque chose d'autre dont je n'avais pas le nom. Je pensais un peu à elle. Beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Entre les jeux, dans la cafétéria, durant le feu de camp à la fin de la semaine. Je l'observait passionnément, aussi. Quand elle discutait avec Debby jolie, quand le mec blond qui ressemble à Zack Efron la draguait, quand Rufus lui racontait des blagues. Pourtant je ne lui avais pas parlé. Me contentant de l'avoir dans mes pensées. Comme un fou. Je l'étais, c'est vrai. Thimoé Davinson, fou, potentiellement roux et presque obsédé par Yanaëlle en short avec des yeux verts sombres.
— Elle s'en occupe, a répondu Debby. Vu que les moniteurs l'ont choisi pour être leur second, elle les aide. Souvent, je me dis qu'être autant parfaite est un défaut.
— Elle est la seule à être une aide ? ai-je demandé.
— Pas du tout. Il y en a d'autres, pas comme elle heureusement. Cette fille est parfaite.
— Pas ses cheveux.
— Même ses cheveux le sont ! ont dit Rufus et Debby à l'unisson.
— Pas les vôtres.
— Ça aussi on le sait, ils ont dit encore en cœur.
— Tu es vraiment taré, Thim, a rit Debby. Pour en revenir à l'activité d'aujourd'hui, ce sera une chasse au trésor dans la forêt par équipe de deux ! Vous le ferais ensemble, non ? Puisque vous êtes en couples.
— Couple ? a demandé Rufus. Couple couple ou couple couple.
Je me suis demandé s'il savait qu'il venait de dire la même chose sauf que la tonalité avait changé avant de laissé tomber. Il disait toujours n'importe quoi après tout.
— Couple du genre, petit ami. Pourquoi ?
Rufus m'a regardé. Je lui ai rendu son regard. C'était le geste que nous faisions chaque fois que quelqu'un pensait qu'on sortait ensemble. Je crois que c'était parce que je passais tout mon temps avec lui et que nous étions complices. Comme des frères. Sauf que l'un était presque roux et l'autre indien.
— Ça fait deux semaines que nous sommes amis, Deb's, et tu ne savais pas que la seule relation qui puisse me lier à lui est une amitié ? Mais regarde Thim ! Je le vois mal sortir avec moi.
— Sérieux ? Tout le monde pense ça, vous savez, je crois que j'ai dû mal comprendre les signaux.
— Carrément. Tiens pour te faire pardonner t'as qu'à faire la chasse au trésor avec lui, j'ai repéré une jolie fille la bas, je vais le lui proposer.
— Non ! ai-je refusé. Je veux le faire avec toi, avec quelqu'un d'autre ça ne sera pas pareil. Pas aussi bien.
— Je sais, mais je suis persuadé que Debby te fera du bien. Elle est si bonne.
— Peut-être...
— Vous vous rendez compte que votre conversation a des connotations sexuelles ? Et Rufus pas la peine d'insister, si Thim ne veut pas le faire avec moi, c'est pas grave.
Je crois qu'à cet instant j'aurais dû comprendre quelque chose. J'aurais parié si j'avais de l'argent que je devais dire un truc. Oui mais quoi ? J'aimais bien Debby jolie, elle était drôle et gentille. Pourtant, rester seul avec elle était audacieux et je n'étais pas audacieux. Elle aurait pu voir à n'importe quel moment que j'avais un problème. Que j'étais fou. Que j'étais tout simplement Thimoé Davinson. Fou. Bizarre. Pas audacieux. Idiot. Idiot. Irresponsable. Voilà. Voilà.
Je devais agir, les yeux de Rufus me l'ont dit. Pour une fois j'ai compris ce qu'ils traduisaient. Je n'étais pas très doué pour les subtilités. Et puis... si j'étais le partenaire de Debby jolie, je pourrais parler avec Yanaëlle aux yeux verts sombres ? Lui parler pour de vrai et pas parler aux dessins que j'avais fait d'elle. Je pourrais aussi plongé dans ses yeux couleurs feuilles. Et voir de plus près ses lèvres se plisser quand elle parlait ou souriait. Ou observer attentivement ses cheveux noirs pour savoir s'ils étaient parfaits. Si elle était parfaite. Par contre, faire ça c'est utiliser Debby ? Un peu comme Si je profitais d'elle. Je n'étais pas un profiteur. Mais si je donnais un autre sens à profiteur cela faisait de moi un mec qui a utilisé une un peu pote pour être avec la fille qui hantait ses rêves. Je crois que peu importe comment je le voyais... j'étais un profiteur.
— Thim ? Tu acceptes ?
Je suis revenu à la réalité. Dire oui ou non. Oui ? Non ? Non ? Oui ?
— J'aimerais bien, Debby, lui ai-je dit en pensant que je vais devoir passer plusieurs heures avec elle tout en cachant le mieux possible ma folie parce que même si elle était notre presque pote, Rufus parlait tant qu'elle ne voyait pas mon anomalie.
Mon meilleur ami m'a lancé un regard plein de fierté. Enfin, j'espérais qu'il signifiait cela. Je me montrais social. Aïe ça a sonné faux même dans ma tête.
Le sourire de ma nouvelle presque amie était vraiment grand. On aurait dit qu'elle était heureuse de passer du temps avec moi. Thimoé Davinson. Ça aussi ça a sonné faux dans ma tête.
Rufus et Debby ont parlé encore beaucoup en attendant l'heure de l'activité. J'étais stressé. J'allais parler avec Yanaëlle. Entendre le son de sa voix rauque et douce à la fois. Étrange mixage et pourtant je me suis senti recouvert de chair de poule rien qu'en l'imaginant. Je devenais de plus en plus idiot. Ou amoureux. Merde. Mince. J'aimais la silhouette de la maison jaune et blanche du quartier des riches. Je crois que j'ai confondu.
Le soleil était haut dans le ciel. Il nous surplombait tout en nous agressant de ses rayons surpuissants. Pas très agréable, il fallait l'avouer. Cependant, tout le monde semblaient être contents, même le mec au nom qui rime avec couille et sa bande. Je regardais partout à la recherche de Yanaëlle en short. Elle était facile à reconnaître, j'étais sur que je l'a trouverais même les yeux fermés. Mais rien. Pas de signe d'elle, comme si un vortex intersidéral l'avait avalé. C'était impossible. Enfin, n'est-ce pas ?
— Merde ! Je l'ai raté ! s'est exclamé Rufus.
— Qui ? lui ai-je demandé.
— Yanaëlle Cox ! Paraît-il qu'elle est partie faire le tour de la piste du jeu avec Arte.
— Sans nous ?
— Ouais, ils devaient vérifier qu'une dernière zone était bien pour le jeu.
Oh. J'étais déçu. La déception était un sentiment que je connaissais bien. Je l'ai ressenti pleins de fois, je l'ai vu plein de fois dans les yeux de maman, alors c'était facile de l'identifier. Pourquoi étais-je déçu, déjà ? Des millions de seconde que la voix rauque et douce de Yanaëlle ne s'était pas adressée à moi. Tout d'un coup, ces deux semaines m'ont paru longues et difficile. Très.
J'aurais pû continuer à broyer du noir, sauf que Debby était venue et nous sommes partis à la ligne de départ. Elle avait pris chez les moniteurs la liste des trésors à récupérer, une boussole et un sifflet au cas où on se perdrait. Qui aurait été assez con pour se perdre dans la forêt ? Sûrement un idiot.
●●●
J'étais perdu dans la forêt. J'avais les pensées embrouillées et incontrôlables. Il m'a été difficile de suivre ma partenaire. Ou même de savoir où se trouvait le prochain trésor. J'étais un véritable idiot. J'étais juste Thimoé Davinson. Ce n'était pas nouveau, mon idiotie. Je ne savais pas quoi faire. J'étais paniqué. Personne ne savait où j'étais et Debby avait disparu avec le sifflet.
Je me suis senti tout bête, arrêté parmi les arbres et la végétation. Les voix se moquaient de moi en disant que j'étais fou. C'était tellement vrai. J'avais honte d'être moi. Si je le pouvais, je me serais jeté du haut d'une cascade. Les bruits de mon cœur, je les ai entendu nettement. La sueur dans mes mains aussi. Le nœud dans mon estomac s'est fait plus pressant. J'aurais pû parier n'importe quoi que j'étais le seul à être perdu. C'était tellement con, aussi. Se perdre comme ça. Juste parce que je pensais trop. Beaucoup trop. Idiot de Thimoé Davinson.
J'ai arrêté de faire les cents pas sur le sol sec et poussiéreux. Une voix. Je venais d'entendre un voix. Elle criait à l'aide. Une voix demandait de l'aide ! Mais qui allait l'aider ? Et si cette personne avait mal ? Et si c'était Debby ? Et si ce n'était pas elle ? Je devais partir voir ? Non. Cette personne pouvait se débrouiller seule. Je ne vois pas en quoi je serais une aide précieuse. La voix pourrait se débrouiller seule, non ?
Sinon pourquoi aurait-elle crié au secours? a raillé ma conscience. Ou mon ça. Ou un truc dans ma tête. Techniquement, le mot "secours" n'a pas été employé. Peut-être que ce quelqu'un aimait juste crier à tu tête ? Ce n'était même pas crédible en plus.
J'ai soupiré en suivant la tonalité que j'avais précédemment entendu et plus je m'enfonçais dans la végétation. J'avais peur. Pas la peur que je me coltinais tout le temps. Un autre genre. Celle de l'appréhension. Ou un truc comme ça. Je ne savais pas bien distinguer les sentiments. Surtout les nouveaux. Toutefois, je savais que j'aimais la silhouette de la maison jaune et blanche du quartier des riches, alors que l'amour était nouveau pour moi. Comment je savais ? Peut-être que...
Mes interrogations se sont tues d'elles-mêmes lorsque j'ai vu à qui appartenait cette voix. Automatiquement, comme un mécanisme, comme le déplacement de l'aiguille d'une montre, comme un geste mille fois répété, mes yeux à la couleur aussi étrange que mes cheveux se sont accrochés aux siens. Naturellement. Comme si c'était écrit. Écrit tel un conte de fée. Tel une prémonition. Mon cœur n'a jamais été aussi perturbé.
Et c'était la première fois après deux semaines. Après quatorze jours. Après trois cent trente six heures. Après vingt mille cent soixante minutes. Après un million deux cent neuf mille six cents secondes, c'était la première fois en des millions de secondes, que mon regard plongeait dans le sien.
À l'aube d'un nouveau jour, dans le secret de l'échange entre la lune et le soleil, à la fin de ces millions de secondes, je me suis réveillé avec la douce sensation de voir tes yeux dans les miens lorsque j'ai fait face à ton portrait gravé sur ma feuille.
┊┊┊ ┊┊┊☆ ┊┊🌙 * ┊┊ ┊☆ ° 🌙*
Heeeeeeeeeeeeeeeey mes crêpes à la fraise et à la moutarde !!!!
( savez vous que j'ai créé la journée officielle de la crêpe aujourd'hui ? )
Comment allez vooooous ???
Bon ben... voici le chapitre 6 ! Youhouuuuuuuu. Perso, je sais pas trop, j'aime pas trop ce chapitre, je le trouve ennuyant mais j'ai beaucoup beaucoup aimé l'écrire. Être dans la tête de Thimoé c'est juste démentiel !
En plus, j'avoue que j'ai ri lors de la dispute entre Rufus et Couilleman 😂
D'après vous, qui Thim a-t-il rencontré dans la forêt ? ( un câlin virtuel à celui ou celle qui trouve ! )
Que pensez vous de Debby ?
Ou entre de mon Rufus adoré 😻 vous cerner maintenant comment il est ?
Et Thim, il vous plaît toujours ?
Le prochain chapitre sera signe de... disons de révélation !
Mouahhahahaha !
Question pour apprendre à se CONNAÎTRE
Si vous étiez vos propres parents, comment vous vous comporterais avec vos enfants ( genre vous) en fait je sais pas trop si la question est clair, pour faire plus simple, supporterais vous d'avoir un enfant comme vous ?
Voila c'est tout pour aujourd'hui, j'espère que vous avez passé un agréable moment ☺️
PS : vous trouvez l'histoire ennuyante ? ( soyez sincère et si vous avez des remarques et des conseils ou des points négatifs à relever)
Bref, sur ce, bisous métallique ! 😽🖤
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