Quatre.
~•°~ IMAGINE DRAGONS, THUNDER ~°•
Nous étions arrivés au camp. Les grands immeubles avaient laissé place à une végétation luxuriante et une odeur de boue. J'étais pas très à l'aise, surtout que le soleil frappait plus que d'ordinaire et brûlait ma peau fragile. Pourtant, j'ai continué de porter un sweat beaucoup trop grand pour moi.
Nous venions de finir de visiter l'endroit lorsque Rufus et moi avons rejoins notre chambre. On avait eu la chance en ne restant que nous deux. J'ai soupçonné les moniteurs d'être au courant que j'étais fou. J'avais besoin de mon espace. Je ne voulais pas le partager. Et Rufus en tant que meilleur ami âme sœur avait le droit d'être avec moi. Pas que je changeais lorsque j'étais avec lui, avec lui j'étais plus MOI que lorsque j'étais seul. Rufus acceptait MOI. Il le préférait. Il le supportait. Alors vivre avec lui pendant deux mois dans une chambre toute petite, c'était pas mal.
Rufus parlait. Beaucoup. Il avait des étoiles d'espoirs qui m'inspirent le désespoir dans les yeux. Il a fait de grands gestes pour décrire cette personne. Cette fille. Rufus n'est tombé amoureux que d'une seule fille. Elle était devenue son eau. On aurait dit qu'il vivait pour elle. Il passait plus de temps avec elle qu'avec moi. C'était douloureux. Difficile. Insupportable. Très. Très. Mais ils avaient rompu et les étoiles s'étaient éteintes. Un peu comme lorsqu'il a pissé sur une petite braise pour l'éteindre.
Pourtant, les yeux de Rufus ont brillé ce jour là, le jour de l'arrivée au camp. Ils ont brillé depuis qu'ils ont vu cette fille. Yanaëlle Cox, je crois qu'elle s'appellait. Ou Anaëlle. Ou Abigaëlle. Ou Carène. Non. C'était un nom qui rimait avec abeille. Enfin. Non. Je crois. Je ne savais plus. J'avais oublié. N'empêche qu'il parlait d'elle. Il disait qu'elle était parfaite et que nous étions dans le même lycée sauf qu'elle était plus âgée que nous d'un an. Il disait qu'elle était gentille, douce, intelligente, agréable et d'autres adjectifs que j'avais décidé d'ignorer.
J'avais laissé mes médocs à la maison. Je devais prouvé que MOI pouvait être Lui sans prendre des trucs. Je devais être responsable. Si maman l'avait sû, elle aurait répondu qu'être responsable et inconscient étaient deux choses différentes. Et elle aurait raison. Je n'étais pas inconscient. Juste responsable. Juste idiot. Juste Thimoé. Donc si j'étais Thimoé alors j'étais idiot, presque roux, bizarre et responsable ? Non Thimoé n'était pas responsable. Il était inconscient. Aïe. Je venais de trouver un paradoxe dans mon comportement.
- Thim ! Mais tu fous quoi ?
J'ai tourné la tête vers Rufus. Il venait de s'affaler sur un lit. Un lit au pied du lit que j'avais choisi. Il avait attaché ses cheveux en une queue de cheval. Les mèches partaient dans tout les sens. Lui aussi n'avait pas des cheveux parfaits. Beurk.
- Tes cheveux ne sont pas parfaits, je lui ai dit.
- Je sais, tu me le dis assez souvent, mec. Tu m'écoutes ? Je te parlais.
- Tu parlais de Carène ?
- Carène ? a-t-il répété.
- Non, la fille dont le prénom rime avec abeille.
- De quoi tu parles ? Moi je te parle de la fille que nous avons rencontré à la sortie des bus. Yanaëlle.
Yanaëlle ! Bingo ! C'était vrai. C'était son nom, c'était elle. Elle a été la plus gentille avec nous, même si j'ai laissé Rufus faire la conversation. Tout le monde semblait nous bouder car nous étions arrivés en retard. C'était de ma faute. Moi. Moi. Parce que j'étais trop stupide. Parce que je me suis caché dans le placard de Rufus. Parce que je ne voulais pas venir et laisser maman avec le salaud.
- Ses cheveux ne sont pas parfaits, ai-je dit à Ruffus en m'asseyant sur le lit.
- Ils le sont ! Tout chez cette fille est parfait, je te jure ! T'as vu comme elle était sympa tout à l'heure ? J'ai toujours voulu la voir et voila qu'on se retrouve dans le même camp d'été !
- Mais tu n'es pas un mec totalement pété de la tête, presque roux, asociable, bizarre et pas du tout son genre.
- Hein ? Oui je sais, ça c'est toi.
- Oui, je sais, ai-je répondu en plissant le nez. Mais tu as dit que la fille parfaite de la jolie maison blanche et jaune va tomber amoureuse d'un mec totalement pété de la tête, un mec presque roux, bizarre, associable et pas du tout son genre.
Rufus a froncé les sourcils en levant les yeux au plafond. Souvent, il n'arrivait pas à me suivre quand on discutait. Moi aussi ça m'arrivais de me perdre dans mes pensées. Au sens propre de l'action. Je pouvais penser au chocolat et l'instant d'après me demander si mon père n'était pas un descendant d'une tribue de lâche et de mauvais père tout en me disant que ce genre de tribue ne pouvait pas exister. J'étais idiot. Idiot. Idiot et inconscient. Je n'avais pas mes médocs. J'étais un idiot pas parfait avec des cheveux bizarres et un inconscient qui avait oublié ses médocs qui lui permettent d'être Lui à la maison.
- Je m'en rappelle ! s'est soudainement exclamé Rufus. Non, impossible que Yanaëlle soit la fille de la maison blanche et jaune. Encore plus impossible qu'elle tombe amoureuse de toi.
- Toi, tu l'aimes?
- Hein ? Pas du tout. Je l'admire, c'est tout. Elle est mon modèle... voila! C'est ça.
- Personne ne m'admire, ai-je constaté en plissant les yeux.
- Tu n'es pas quelqu'un qu'on peut admirer.
- C'est vrai, je suis fou.
- T'es ouf ! T'es le mec le plus ouf au monde et t'es mon meilleur pote.
- Je suis un idiot de ouf de meilleur pote.
Rufus a éclaté de rire en me donnant un coup de pied dans le tibia. Ça faisait mal, mais c'était drôle de le voir rire. Rufus avait un super beau rire. Non. Non. Son rire était bizarre, mais son rire était contagieux...
Toc, toc, a-t-on entendu. Je me suis tendu. Quelqu'un était là. Quelqu'un avait peut-être entendu ma conversation avec Rufus. Alors quelqu'un aurait sû que nous étions étranges. Surtout moi. Encore moi. Plus moi. Moi. MOI. MOI. Thimoé Davinson, meilleur pote de ouf super idiot. Ou super idiot de meilleur pote de ouf. Ou encore...
- Entrez ! a crié mon pote.
La porte s'est ouverte sur une fille. Elle était belle. Mais vraiment belle. Mais elle n'était pas parfaite. Ses cheveux étaient en bataille sur sa tête. Tout le monde sait que la personne parfaite à des cheveux parfaits. Parfaits. Perfection. Perfectionner. Cheveux parfaits. Pas les miens. Roux. Bruns. Un mélange très étrange des deux. Peut-être même les deux à la fois.
La belle fille était grande et mince. On aurait dit un mannequin. Un mannequin avec des cheveux pas parfaits. Elle a souri gentiment de petites rougeurs sur les joues. C'était mignon, agréable. Elle donnait envie de lui rendre ce rictus.
- Bonjour ! Je suis Debby O'Brien...
- Ah ! Tu es la retardataire ! s'est exclamé Ruffus.
- Vous aussi, a-t-elle répondu en rougissant. En fait, on fait un feu de camp et vous êtes les seuls absents.
- Ah bon ? On n'a pas été prévenus, a continué mon pote en se levant.
- Ils l'ont dit pendant la visite.
Rufus m'a regardé, j'ai compris. Il a parlé tout le long de la visite, là où moi j'étais dans mes pensées. C'était commun dans notre duo. Ça devait avoir un rapport avec le fait que nous n'entendions jamais lorsqu'il avait des devoirs de maison. On était un peu distrait.
- Bah on savait pas. On y va ? a-t-il dit en mon intention.
Je me suis levé préférant ignorer le regard de Debby. Je me suis demandé ce qu'elle pensait de moi et ce qu'elle voyait.
- Mais... nous ne nous sommes pas présentés ! a remarqué Rufus lorsque nous étions dans le couloir. Moi c'est Rufus et lui Thimoé.
- Tu peux m'appeler Thim.
Ça c'était moi. J'aimais bien mon prénom. Les gens froncaient toujours les sourcils lorsque je le disais, le répétaient et s'étonnaient qu'il ne soit pas Thimoté. J'étais différent. Encore. Le simple fait d'être malade, bizarre, asocial ne suffisait pas. Il fallait que je m'appelle Thimoé. Thim était mieux. Nettement.
- Drôle de prénom, a-t-elle commenté avant de rougir. Je ne veux pas dire qu'il est ridicule hein ! Juste particulier... différent et...
- Et bizarre. Je sais. Le plus bizarre serait que tout ce qui fait partir de ma vie ne le soit pas.
- Je ne suis pas bizarre et pourtant je fais parti de ta vie, s'est défendu Rufus.
J'ai froncé les sourcils. Rufus normal ? C'était comme dire que j'étais blond. Ou beau. Ou intelligent. Ou normal. Bien-sûr, j'étais plus étrange que lui, plus fou, une case en manque, mais lui aussi ne rentrait pas dans les moules. Rufus défiait tout les stéréotypes en étant juste lui même. Juste lui et son franc-parler. Il pouvait te dire que tu étais un connard et dans la seconde déclarait que tu étais drôle. Il n'a jamais su se taire. En plus, c'était pervers. Un Socrate aussi. Un mélange entre un philosophe et un drogué.
- Bien-sûr que si !
- N'importe quoi !
- Tu te rappelles quand tu m'as forcé à espionner la maîtresse pour voir si elle avait un petit copain au primaire ?
- J'étais jeune !
- Tu as toujours les photos d'elle en sous-vêtements !
Debby aux cheveux imparfaits a rougi. Très mignon, même si je ne voyais pas ce qui pouvait la faire réagir comme ça.
- Okay, avoue-t-il. Pervers, je veux bien, mais bizarre ? Thim si tu me trouves bizarre c'est que j'ai sûrement une case en moins !
J'ai souri en mordant ma lèvre pour me retenir de rire. Mon regard a dévié vers Debby adorable qui nous regardait avec tendresse. Non. Non. Tendresse ? Je ne savais pas vraiment. Je ne savais pas lire l'expression faciale des gens autres que ceux de mamie, maman, Rufus et les regards mauvais du salaud, alors je ne savais pas. Peut-être nous a-t-elle regardé avec méfiance, avec pitié. Peut-être qu'elle nous a trouvé ridicule. Surtout moi. Je devais l'être. Après tout, Thimoé Davinson était ridicule. Le simple fait d'être moi était ridicule. Je ne valais rien. Idiot. Idiot. Idiot. Pourquoi Rufus était-il ami avec moi, déjà ? J'étais bête. Une bête de foire. Un fou. Merde. Merde.
J'ai rentré ma tête dans mes épaules. Je ne parlais plus. J'évitais de respirer. Debby a froncé les sourcils, les yeux plissés à cause de l'atmosphère froide que j'ai créé. J'avais été moi devant elle. Une partie de moi.
Nous sommes sortis des dortoirs pour tomber sur un ciel noir chargé d'étoiles. Un peu comme ceux de mon quartier. La fille de derrière le rideau. Sa silhouette s'est imposé à mon esprit, j'en ai frémi. Même sans la connaître, penser à elle me donnait le tournis. J'ai fantasmé sur elle. Moi. J'en avais des fantasmes, des rêves avec une personne dont je serais devenu l'eau. Mais c'était faux. Un peu comme les étoiles d'espoirs qui me faisaient désespérer. Même moi je ne m'aimais pas, Rufus l'a fait car il était mon pote-âme-sœur-faux-frére. Alors qui pourrait le faire ? Aimer Thimoé Davinson, schizophrène, bizarre, idiot, inconscient, dépressif sans pour autant rester normal ? Personne.
- Toujours en retard à ce que je vois, a dit une voix rauque.
Tous les regards se sont tournés vers nous. Nous détaillant, nous dévisageant comme s'ils savaient qui nous étions. Qui j'étais. Ils l'ont sû, je me suis dit. Ils savaient qu'il y a pas toute les lumières dans ma tête. Que j'étais fou. Ils l'ont sû. Je le voyais. Ils me regardaient. Moi. MOI. Ils le voyaient. Je les entendais, malgré les pulsations de mon cœur, les voix. Je les voyaient aussi. Assis avec les campeurs autour du feu de bois. Ils étaient là. C'étaient eux. Ils leur avaient dit. Maintenant tout le monde le savait. Ils savaient que j'étais moi. Thimoé roux. Thimoé brun. Bizarre. Zut. Merde. Merde. Merde. Leurs pensées étaient les miennes. Putain. La fille du rideau. Elle ne pouvait pas aimer un fou. Fou. Ouf. Pote de ouf. Taré. Fermez la. Chut. Chut. Chut. À l'aide. Ils m'avalent. Ils me tirent. Thimoé. Thimoé. Thimoé. Thimoé. Thimoé. Je les ai entendu. Putain de merde bordel!
- Calmes-toi, Thim ! m'a chuchoté Rufus. Tu es plus fort qu'eux !
Ma vision s'est troublée. Non. Pas pleurer. Non. J'avais peur. Ils étaient là. Ils devaient rester à Indianapolis. Pas ici. Ici. Pas. Ici.
- Thimoé ? Tu vas bien ?
La voix rauque. Carène avait parlé. Elle s'était aussi approchée. Elle portait un short. Non. Attend. Pas Carène. La fille au nom qui rime avec Abeille. Isabelle ? Anaëlle ? Sybelle ?
- Oui, n'est-ce pas, Thim ?
La voix de Rufus était insistante. Il voulait me faire passer un message, mais j'étais trop idiot. Idiot de Thim!
- Non ça va pas. Non... si... Je sais pas, que dois-je répondre Rufus?
Il a tapé sa main contre son front. Ah. Oui. Un secret ! S'était un message secret ! Secret que j'ai dévoilé. Merde.
- Je dois y aller.
Yanaëlle s'est approchée, encore. Oui c'était ça ! Pas Carène ou abeille, mais Yanaëlle ! Yanaëlle en short et au regard presque noir où les flammes aimaient bien danser. Comme le lac ! Le lac qui reproduit le ciel, les yeux de Yanaëlle en short reproduisent les flammes oranges!
J'étais ébloui. Puis j'ai remarqué les regards dont j'étais la cible. Puis les gestes de Rufus qui semblaient me dire : "va-t-en, va te calmer". A moins que c'étaient : " reste idiot, tu vas te faire remarquer !". La première proposition. J'étais certain que c'était elle.
- Désolé, mais je dois y aller.
J'ai fait un pas en arrière tandis que Rufus avait la tête de maman lorsque je lui parlais de Clément. Celle qui dit clairement que je l'agaçais. J'étais agaçant.
Sans un regard pour les autres, j'ai fui à reculons vers les dortoirs. J'avais peur. Je voyais ce que je ne devais pas voir. C'était dur. C'était dur de savoir que MOI me faisait souffrir. Il m'a empêché de me faire des amis car personne n'aimait MOI. Même moi.
- Thimoé !
Thim. Thim. Je me suis arrêté. Des pas. Des pas qui venaient vers moi. Une voix différente de celle de Rufus, mais à part lui, qui pouvait bien vouloir me parler?
Je me suis retourné. Yanaëlle. Oui c'était ça. Pas Abigaëlle ou Anaëlle. Mais Yanaëlle. Yanaëlle en short. Et elle venait vers moi. Trop près. Espace personnel. Près. Trop près.
- Ne t'approche pas !
Elle a cessé de bouger. Ses yeux ont parcouru rapidement la distance qui nous séparais avant de se poser avec douceur sur moi. Mes tripes se sont tournées. Retournées. Serrées. Compressées. Je ne savais pas lire les expressions faciales, pourtant, j'aurais juré que c'était de la douceur qui plissait ses yeux. Ses pupilles sont devenues plus sombres. Et j'ai remarqué leur couleur. Leur couleur vertes. Vertes. Vertes. Vertes comme la couleur des arbres. Sombres, mais vertes. Magnifiques. Ses pupilles étaient magnifiques.
- Okay, je vais rester ici, a-t-elle dit doucement.
- Ne parle pas comme si j'étais un animal !
- Je ne le fais pas parce que tu ne l'es pas. Tu es Thimoé Davinson.
- Continue, lui ai-je dit. Qui est Thimoé Davinson ?
- Je ne sais pas. À toi de me laisser le découvrir, a-t-elle souri. Pour le moment tu es Thimoé Davinson et ça me suffit.
Thimoé Davinson était idiot. Presque roux. Amoureux d'une silhouette derrière le rideau de la grande maison jaune et blanche du quartier des riches. Il était aussi schizophrénique. Bizarre. Na...
- Ça va ? Tu peux revenir ? On s'apprêtait à se présenter et à passer une bonne soirée ensemble.
- J'ai peur. Je peux pas y aller.
- Tu n'as rien à craindre, d'accord ? Tu pourras t'assoir près de moi, si tu veux.
- J'ai peur, ai-je dis en reculant.
Yanaëlle aux yeux verts sombres n'a pas bougé. Elle a gardé une bonne distance, pourtant, quelque chose en elle m'enveloppait. J'avais chaud. Pas à cause du sweat, pas à cause de la chaleur abominable de cet été, mais je crois que la présence de Yanaëlle en short était bien plus forte et envoûtante que prévue.
- Si tu as peur, fais comme moi, m'a-t-elle dit. Inspire en fermant les yeux et expire. Pense à quelque chose qui te calmes. Okay ?
Sa voix était rauque. Pas aussi douce que celle de Debby aux cheveux imparfaits, suffisamment pour ricocher contre les parois de mon âme. Pourquoi me faisait-elle de l'effet maintenant ? Parce que j'étais dans ma période de démence, donc fragile à chaque battement d'ailes de papillons ? Ou serait-ce parce que les contours de la forme de Yanaëlle m'ont rappelé celle de mon amoureuse ? N'empêche que j'ai aimé le fait qu'elle respecte mes conditions et j'étais persuadé que sa voix me calmait.
Du coup, j'ai inspiré en l'imaginant. Pas Yanaëlle, mais la silhouette de la maison jaune et blanche du quartier des riches. Ses courbes qui devaient être voluptueuses. Son sourire que j'avais passé des heures à dessiner sans le connaître. Ses cheveux parfaits dont j'humerais le doux parfum. Ses yeux, même s'ils m'étaient inconnus, dont l'intérieur clamerait son amour pour moi. J'ai inspiré en pensant à tout ça.
Puis j'ai expiré en laissant ses divagations brûler comme le feu de camp où tout le monde était réuni. Car c'étaient le fruit de mon imagination. De simples chimères. Des rêves. Cette fille ne m'aimerait jamais. Aucunes d'ailleurs. Et si par le plus grand des hasards, une en viendrait à m'aimer, alors je saurais que c'est la bonne ou une idiote désespérée. Personne ne peut aimer de l'amour qui te fait devenir l'eau Thimoé Davinson.
- Hey ? Tu vas mieux ?
Yanaëlle. Pas Carène.
- Oui, je crois. Je ne sais pas.
- Tu pourrais venir avec moi ? S'il te plaît.
Personne ne m'avait dit s'il te plaît à part Rufus et c'était juste pour regarder des filmes cochons sur mon ordinateur car il ne voulait pas souiller le sien. Cette fois-ci, c'était différent.
- Je pourrais m'asseoir près de toi?
Yanaëlle a acquiescé avant de tourner les talons. Je l'ai suivi sans parler, le regard braqué sur son dos. Elle était magnifique. Un peu comme le grand arbre. Fort. Robuste. Majestueux. Elle étincelait là où moi, Thimoé Davinson bizarre, roux en fonction de l'éclairage, idiot, inconscient, désespéré, était noyé par les ténèbres.
Quand nous sommes arrivés, personne n'a fait un commentaire. Les moniteurs ne m'ont pas grondé, Rufus n'a pas fait de scandale et je me suis placé près de Yanaëlle à ma gauche et à ma droite Debby. La peur était tout de même présente dans chacune de mes respirations, à moins que ce c'était de savoir Yanaëlle aussi près qui m'a noué la gorge. Son bras a frôlé plusieurs fois le mien, me donnant des frissons, laissant une brûlure à chaque friction. Le tissus de mon sweat semblait avoir disparu. Seul avec la chaleur de Yanaëlle aux yeux verts sombres, à la queue de cheval, dont aucunes mèches ne s'échappaient, et en short. Elle s'est levée et a tapé dans ses mains, un joli sourire aux lèvres.
- Bon ! Je crois que nous sommes prêts à continuer ce feu de camp. Les moniteurs ont vraiment été adorables de me laisser le diriger et en plus, on pourra faire ce que l'on veut... à la limite du raisonnable, a-t-elle ajouté en riant. Mais, je me suis dit que se présenter avant tout ça serait formidable !
Quelques chuchotements se sont fait entendre, montrant leur mécontentement. Moi aussi j'ai ronchonné contrairement à Rufus en face de moi qui semblait être heureux de parler en public. Il n'a jamais sû se taire en disant tout haut ce que tout le monde pense plus bas. Il m'avait déjà dit que même la honte avait honte de lui tellement il s'en fichait de s'humilier tant qu'il pensait ce qu'il disait.
- Je sais que certains sont timides, a continué Yanaëlle en me lançant un regard décoré d'un sourire, mais faite juste un petit effort... le nom et le prénom suffiront... S'il vous plaît !
Comme personne ne voulait répondre, notre interlocutrice s'est résignée.
- Je comprends, désolée je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise. Pardon.
Ses lèvres roses ont pris une moue triste faisant taire le brouhaha.
- On pourrait faire un effort, a dit Debby.
- Vraiment ? s'est extasiée Yanaëlle. Je suis super contente... mais je ne veux pas vous forcer.
- Tu nous forces pas ! a dit un gars près de Yanaëlle avec plein de gel sur la tête. N'est-ce pas ?
Personne n'a osé dire non. Ni oui, d'ailleurs. Pourtant, j'étais persuadé que le sourire de Yanaëlle a sû nous convaincre que nous avons fais le bon choix.
- Génial ! Alors commençons par moi. Je me nomme Yanaëlle Cox, j'ai dix sept ans et l'an prochain je serais en terminal. J'ai un peu peur. J'ai pas de plat préféré car j'aime tout ! Surtout les trucs salés. J'espère qu'on sera tous amis !
Puis le tour de Arte Davenport. Le mec assis à côté de Carène. Non pas Carène. Yanaëlle. Puis, plusieurs personnes y sont passées. Tantôt timides, tantôt extraverties. Même Rufus l'a fait. Il a fait éclaté de rire la galerie et m'a fait un clin d'oeil. J'avoue que je n'ai pas compris le sens de son geste. Pour terminer Debby et moi restons les derniers. Elle s'est levée, méfiante et nerveuse tout en jetant des coups d'œil à Yanaëlle qu'elle paraissait connaître et admirer. De toute façon, personne ne peut admirer Thimoé. Même moi je ne me prendrais jamais pour modèle.
- Bonsoir ! Je suis Debby O'Brien, j'ai euh... quatorze ans et après cet été j'irais en seconde. J'aime bien danser, pas en pro, hein! Juste comme ça... Je ne suis pas très douée... bref ! Ravie de faire votre connaissance !
Elle s'est rassise au moment où je me suis levé. J'avais des crampes d'estomac, pourtant j'ai tenu bon. Juste me présenter.
- Bonsoir. Thimoé Davinson. Seize ans, première l'année scolaire prochaine. Je dessine, mais juste en amateur, hein. Pas que je dessine mal, juste comme ça... en fait je suis pas très doué. Enfin ! Je ne sais pas si je suis ravi de vous connaître, mais je suis content d'être ici avec Rufus...
Personne ne parlait. Les criquets chantaient. Un son d'eau qui coule avait atteint mon ouï, ensuite, un gloussement a fendu l'air, suivie par des rires. Des rires graves et cristallins, des rires aigüs et sinistres. Une symphonie différente de celle que j'entendais habituellement. J'ai aimé. J'étais le clown de service. C'était mieux que le fou de l'asile.
- En tout cas, moi je suis contente de t'avoir rencontré, Thimoé.
Je me suis senti bien. Yanaëlle en short m'a souri et une sensation de brûlure a envahi mon visage. Différent. Agréable. J'aimais bien ça. Moi Thimoé Davinson, roux et brun, irresponsable, meilleur pote de ouf, bizarre, mauvais fils et heureux.
J'avais pris mon crayon. Les rayons de la lune ont été témoins lorsque la mine a dessiné sa taille de guêpe. Ils ont assisté à la formation de son regard sur le papier. Ils m'ont vu dessiné dans le plus grand des secrets, ses doigts fins qui ont touché les miens, son bras qui a touché le mien, ses yeux qui m'ont regardé avec une lueur nouvelle. Ils m'ont aussi vu plier et jeter le dessin lorsque je me suis rendu compte que je dessinais la mauvaise personne. La mauvaise fille.
✷ · ˚ * . * * ⋆ . · ⋆ ˚ ˚ ✦ ⋆ · * ⋆ ✧ · ✧ ✵ · ✵
Heeeeeeeeeeeeeeeey mes licornes en gélatine violet !
Comment allez vooooous ?????
Me revoici pour un chapitre que j'ai bien aimé écrire !
Ici, nous voyons plus la relation Thifus et nous avons la première conversation entre Thim et Yanaëlle !
♡ Un nom d'ailleurs pour la relation Thimoé/Yanaëlle ???
Et vous avez fait la connaissance de Debby, un personnage qui compte autant dans le livre que dans ma vie ( je ne laisserai jamais ma Debby voire ça)
Bref, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?!
☆ L'hypocrisie de Yanaëlle est encore bien mis en jeux !
Dire que Thim pense qu'elle est bien alors qu'en fait...
Oh et ça m'a fait trop rire de voir que Thimoé ne souvient pas de son nom alors qu'elle, elle a été fascinée par lui dès le premier regard. J'avoue qu'il exagère 😂
Je suis entrain d'écrire le chapitre 7... et croyez moi, vous allez l'a.d.o.r.é 😏 mais je dis ça... je dis rien 🙃
QUESTION POUR APPRENDRE À SE CONNAÎTRE ( je crois que je dois donner un autre nom)
Présenté vous en quelques mots ( prénom, passe-temps, âge peut-être, amoureux imaginaire du moment)
Ah et je me demandais, vous supporter de lire des chapitres de 3000 mots ? Si c'est trop je vais... je vais diviser. 😑
Bref, je vous dis à bientôt pour la suite !
Phanou qui devrait dormir au lieu de poster un chapitre ❤
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top