Huit.

CHAPITRE NON CORRIGÉ ✖

↬ Aᴏ̈ᴍᴇ﹐ Mɪʟʟᴇ Cᴏᴜʀᴏɴɴᴇs ༄

J'aimais l'eau. Je la trouvais gracieuse, cette manière de se mouvoir comme une danseuse. Son scintillement lorsque les rayons du soleil la traversaient. Sa couleur claire et fascinante. J'aimais encore plus l'eau la nuit, pendant un clair de lune, une demie lune, cette manière de refléter exactement le Ciel. Comme si l'eau me défiait, elle disait : Thim, serais-tu capable de représenter avec autant d'exactitude le Ciel comme moi ?

L'eau était aussi prétentieuse. Mais je l'aimais bien, pas autant que la silhouette de la maison jaune et blanche, elle, c'était comme la femme de ma vie. J'exagérais et j'étais idiot, c'est que Rufus a dit quand je lui ai parlé de la silhouette. Je n'étais pas surpris, mais je ne pouvais m'en empêcher. De la dessiner, de l'imaginer, d'en rêver, de fantasmer. C'était ça l'amour. Alors étais-tu amoureux de Yanaëlle ? Non, juste un peu obsédé. Tu es de plus en plus fou, Thim ! Oui, souvent, je le sais. Et tu me fais la conversation... d'ailleurs, qui es-tu ? A toi de me le dire, monsieur je vois, entends et parle à des choses inexistantes, monsieur Davinson le schizophrène.

Thim ? Que fais-tu ?

J'ai regardé, une main en visière, Debby qui me souriait. Nous étions un samedi ensoleillé devant le lac du camp. Les gens nageaient, d'autres glandaient, et tout ça. Debby avait un ballon en main et faisait une partie d' " un jeu de balle qui ne m'intéressait tellement pas que j'ai oublié le nom " avec Rufus et un autre groupe de personne. Évidemment, je n'ai pas voulu y participer. J'avais une peau fragile, les moustiques, le soleil et l'humidité n'étaient pas mes amis. Déjà que je n'avais pas beaucoup d'amis, ça m'étonnerait que ceux-là voulaient l'être. Je ne savais plus comment, mais je me rappelle avoir pensé à l'eau avant de penser à autre chose et maintenant j'ai pensé à ce que je pensais en me gardant dans mes pensées, sans penser à ce que je ne devais pas penser.

— Thim ? Ça va ? Tu es à l'abri ? j'ai l'impression que tu as beaucoup la tête dans les nuages.

Si seulement mes pensées pouvaient être dans les nuages, alors je n'aurais plus à les garder dans ma tête.

— Je crois que je...

Ma phrase a mourut dans l'air à l'instant où la paume chaude et calleuses de Debby s'est posée sur mon front. J'aimais bien Debby jolie, elle était douce et gentille, elle me taquinait et me faisait souvent rire. Cependant, elle était tactile. Pas comme Ruf qui me donnait des coups tout le temps, incapable d'être délicat, ce pervers. Mais plutôt des gestes attentionnés. Je les avais précieusement noté dans ma tête, oubliant que ma mémoire faisait ce qu'elle voulait. Résultat ? La liste sur les gestes de Debby avait disparu de mon esprit. Le plus important c'était sûrement que j'ai retenu qu'elle était tactile. Et bien que sa paume dégoulinante de sueur aurait pu être rassurante, ou encore que je savais qu'elle avait de bonnes intentions, ou encore que ce n'était pas la première fois, j'ai eu la même réaction que chaque fois. À savoir, je me souvenais bien de mes réactions :

* Pas en arrière

* Regard hagard

* Silence

J'aimais bien Debby, mais je ne supportais pas d'être touché. Avec Rufus et grand mère et maman, ça allait, mais avec les autres ? C'était une autre histoire. Non, non, ne pense pas encore une fois à la chaleur des cuisses de Yanaëlle aux cheveux parfaits entre tes doigts frêles.

— Désolée, a dit Debby et j'étais tellement dans mes pensées que j'avais momentanément oublié de quoi elle parlait. Tu n'aimes pas être touché, je voulais voir si tu avais de la fièvre.

— Je comprends, pas d'inquiétude, je vais bien. Les idiots n'attrape pas la fièvre.

— Rufus n'est jamais tombé malade, hein, a-t-elle ri.

J'ai ri aussi et on a simultanément regardé par dessus son épaule Rufus qui faisait... bah qui faisait le Rufus. C'est-à-dire qu'il lançait le ballon dans le but de jongler avec la tête, mais celui-ci finissait dans sur son visage. Oui, c'était à peu près normal. Mais cela faisait plusieurs minutes qu'il recommençait encore et encore sans réussir. Souvent, je me disais comment nous étions amis, mais il m'a souri et je m'en suis souvenu : l'amitié ne se limite pas au QI, sinon moi aussi je n'aurais personne. Mais au-delà d'être idiot ou pervers, Ruf était extraordinaire. Tellement. J'étais ébloui par lui, son franc-parler ( c'était inné et pas dû à une maladie mentale ), son humour ( les gens idiots sont drôles ), son intelligence ( je ne mentais pas, il arrivait à égaler les plus grands philosophes, souvent).

— Mais il est génial, a-t-elle continué. Un peu bizarre mais génial.

— Je sais.

— Toi aussi tu as génial, super bizarre mais génial quand même.

J'ai souri sans répondre. Être bizarre pour moi c'était être normal. Alors pourquoi avais-je toujours ce goût amer dans la bouche quand on me qualifiait ainsi ? Peut-être parce que tout ça était lié à MOI ? MOI, le schizophrène. Je n'étais rien d'autre qu'un schizophrène. Ma personnalité, mon comportement, mes manières, mes tics, tout était lié à ma maladie. C'était comme si je n'étais que ça. MOI. Je suis un humain fabriqué avec pour matière principale : la schizophrénie. Je détestais cela. Je le voulais tellement. Être normal. Être comme les autres. Être moi, autre chose que Thimoé Davinson, et lui se résumait ça cela : idiot, mauvais fils, inconscient, naïf, manipulable, fou, bizarre. Et tout ça pour le résumer en un mot : s.c.h.i.z.o.p.h.r.è.n.e.

J'ai ouvert la bouche pour parler, mais Debby m'a devancé :

— Regarde, Yanaëlle !

J'ai tourné la tête vers la gauche en même temps qu'elle a sprinté jusqu'à la nouvelle arrivée. Yanaëlle Cox aux cheveux parfaits avait à un bras une béquille et à l'autre le mec artistique. Tout le monde — ou presque — ont couru vers elle. C'était juste hier qu'elle s'était fait mal à la cheville, pourtant elle était cajolée de partout, malgré ses protestations. Moi, je suis resté à ma place, me contentant de la regarder encore et encore, analysant les détails en me demandant si je les ai bien reproduits sur ma feuille de dessin. Debby lui parlait les yeux brillants, Rufus avait une balle sous les aisselles et la regardait tendrement, près d'elle. Je crois qu'à cet instant, j'ai pris conscience de la perfection qu'elle incarnait, celle dont parlait Ruf au début, avant les millions de secondes. Yanaëlle était aussi gentille que Debby, pourtant, elle n'était pas naïve. Yanaëlle était aussi drôle que Rufus, sans pour autant être bizarre. Aussi belle que le mec artistique, sans pour autant impressionner. Elle dégageait une atmosphère douce qui mettait à l'aise. Tout le monde sauf moi.

J'avais peur d'elle. Pas parce qu'elle représentait mon idéal de personne parfaite avec ses cheveux parfaits, mais j'étouffais près d'elle. Mon cœur devenait si gros, si grand, que je croyais qu'il allait sortir de ma poitrine. Et puis, elle m'embarrassait avec ses attentions. Sa manière de se comporter. Ses sourires. Pas comme ceux de Debby. Les siens étaient... je ne sais pas, différents. Je n'avais pas de sixième sens, j'en étais sûr, alors quelle était cet étau qui empoisonnait mon cœur ? Qui le faisait s'accélérer doucement ? Qui me troublait plus que je ne voulais l'avouer ?

J'ai laissé un souffle s'échapper de ma bouche lorsque les acolytes de Yanaëlle se sont éclipsés, à présent, elle venait vers moi, de sa démarche bancale. J'entendais déjà les réprimandes de ma grande-mère : " Thimy ! Va-donc aider cette jeune demoiselle, ne t'ais-je pas appris la politesse ? Aussi peu galant comme son père ! ". Normalement, c'était la dernière partie qui me poussait à aider les jeune demoiselle en détresse. Je ne voulais pas ressembler à mon lâche de père qui n'assumait pas ses responsabilités. Imaginez : schizophrénie et irresponsable, non merci.

Plus Yanaëlle s'approchait, plus ce truc dans mon ventre augmentait. J'ai fermé les yeux en imaginant ma vraie amoureuse : la silhouette de la maison blanche et jaune. Ce simple souvenir m'a fait frissonner. Ce simple souvenir à apaisé mon cœur. Ce simple souvenir m'a fait tellement de bien. Est-ce que j'étais superficiel parce que je suis tombé amoureux d'une silhouette ?

— Thimoé, ai-je entendu.

La voix de Yanaëlle avait beau être rauque, elle sonnait toujours douce.

— Salut, ai-je répondu.

J'ai essayé d'oublier le souvenir de la chaleur de son corps pendant qu'elle s'est adossée sur l'arbre sous lequel j'étais.

— Comment vas-tu ? ai-je demandé en fixant sa jambe plâtrée. J'imagine que tu ne vas pas bien avec la douleur et la chaleur et tout ça, mais c'est juste que je suis un peu stressé...

— Je vais bien et je comprends ce que tu veux dire, a-t-elle ri. Alors, dis-moi, quelle est ton excuse ?

— Mon excuse ?

— Moi j'ai une béquille et toi tu es bien portant, il doit bien avoir une raison pour laquelle tu ne t'amuses pas avec les autres.

— Rufus s'amuse c'est déjà ça et puis, il fait chaud et je... en fait, je voulais rester là, ici je veux dire.

Elle n'a pas répondu, mais j'ai senti son regard encore braqué sur moi. J'aurais voulu dire quelque chose, mais j'étais paralysé par son regard. Vert. Vert comme la couleur des arbres pendant le printemps lorsque la pluie et les gouttes décoraient subtilement les feuilles. Lorsque l'odeur âcre du feuillage empestait l'endroit. C'était étrange comme un simple regard pouvait éveiller mes autres sens.

— Je ne t'ai pas remercié pour hier...

— Oui.

Je ne l'ai pas vu tiquer.

— Donc, ce soir, retrouve-moi devant le dortoir des filles, j'ai une surprise !

— C'est obligé ?

Ses yeux se sont plissés et j'aurais juré, malgré ma nullité pour distinguer les émotions, une lueur malicieuse briller dans ce vert forêt. À moins que je délirais à cause de sa langue qui est passée sur ses lèvres. Non, Thim, les lèvres de la silhouette sont plus belles, même si tu ne les a jamais vu.

— Thim ! Ramènes-toi ! 

J'ai tourné la tête vers Rufus, il me faisait de grands gestes sous le soleil ardent.

— Non ! Je vais avoir des coups de soleil !

— Mec ! Arrête d'être peureux, regarde moi !

— Ta peau est mate...

— Et je te parle pas de cul pendant trois jours.

Rufus s'était approché et a lancé un coup d'oeil à Yanaëlle qui écoutait notre conversation. La proposition de Rufus était très tentante. Chaque soir, au bord de la frontière avec Morphée et notre monde, Rufus racontait des histoires cochonnes, genre vraiment beaucoup. Il disait que c'était pour me transformer en un garçon pervers et aussi pour m'emmerder. Donc, dans ces cas la, Morphée me fuyait et je faisais des cauchemars où mon meilleur-pote-ame-sœur-faux-frère portait un soutien-gorge rose fluo et chevauchait la tête de Debby avec des paires de seins inconnus en fond. Très étrange, je sais. Alors si je pouvais me priver de ces rêves bizarres pour des coups de soleil et un peu de socialisation, j'étais pour.

— D'accord, ai-je répondu. Mais tu me le jures ?

— Sur ta tête !

— Non autre chose.

— Sur ma collection privée de DVD secret.

— Okay !

Je me suis décollé de l'arbre avant de suivre Rufus. Son large dos mate devant moi, je n'ai pas pu m'empêcher de me retourner pour regarder Yanaëlle, j'avais momentanément oublié sa présence. Elle me regardait en souriant et peu importe à quel point j'étais nul en devinette et traduction de sourire, je savais reconnaître un sourire mauvais quand j'en voyais un.

✷  ·   ˚ * .  * ⋆   . ⋆

— Tu vas où ? m'a demandé Rufus en retirant son t-shirt pour se coucher bruyamment sur son lit en soupirant.

— Voir Yanaëlle.

— Un rendez-vous secret en amoureux transie ? Une escapade secrète ? Une relation secrète...

— Est-ce que toutes tes hypothèses vont tourner autour d'une liaison secrète ?

— Ça dépend, tu vas me dire le pourquoi où m'écouter raconter n'importe quoi ?

J'ai souri.

— Elle veut me remercier de l'avoir aidée et m'a demandé de l'attendre devant le dortoir des filles.

— Hein ? Mais il se fait tard... imagine que tu la violes !

— Non ! Pourquoi je ferais ça ?

— Pourquoi pas ?

Il a plissé les yeux, j'ai agrandi les miens et nous nous sommes défiés du regard, juste cinq secondes avant que je n'éclate de rire en secouant la tête suivie par le son dévoilant la joie de Ruf.

Je suis sorti de notre chambre en montant la fermeture Éclair de mon sweat à capuche. Je ne savais pas où était situé le lieu de rendez-vous il y a quelques heures. Heureusement, Yanaëlle me l'a indiqué avec l'heure en prime. J'avais les mains moites et le coeur en vrac. Les voix dans ma tête doublaient de volume à cause du stresse. Elles parlaient ensemble et embrouillaient mes idées déjà pas très organisées. J'ai regardé le papier dans mes mains contenant les indications pour trouver le dortoir des filles. Après quelques carrefours et portes dépassés, je suis arrivé devant une petite cabane ressemblant à la notre avec Rufus. Je crois que c'est celle où dort Yanaëlle parce qu'elle m'attendait sur le bord de la petite terrasse, les mains dans la poche de son short.

Je me suis approché et arrivé à quelques pas d'elle, j'ai dit :

— Salut.

Elle a répondu :

— Thimoé ! Tu es un peu en retard, non ?

— Vraiment ? Je ne savais pas, je n'ai pas une bonne notion de l'heure et tout ça, mais c'est pas grave tu sais parce que...

— Je blague, tu es pile à l'heure ! Allez, prend place !

Yanaëlle était un peu euphorique. Je me suis demandé si c'était le sourire angélique de cette même fille dont un soupçon mauvais étirait les lèvres ce matin. J'aurais pu me tromper, après tout, j'étais nul pour ce genre de chose et Yanaëlle ne pouvait pas être méchante.

Je me suis assis.

— Dit, Thim, comment me vois-tu ? Comme une fille parfaite ? La fameuse Perfect Girl dont on parle ?

J'ai pris une seconde pour la regarder. Ses cheveux étaient toujours parfaitement coiffés avec leur parfaite couleur sombre.

— Oui. Tu es parfaite. Pourquoi tu demandes ? Et ma surprise ?

Elle s'est levée, son sourire s'est fait plus étrange. Comme celui de ce matin.

— C'est vrai que je t'ai promis une surprise, mais je suis étonnée que dans ton esprit de schizophrène aussi tu me vois parfaite.

Mon coeur a cessé de battre trois secondes.

— Pardon ?

— Tu es surpris ? Eh bien surprise !

— Je ne...

— Ça va, calmes-toi, je sais bien que t'es schizophrène. Ils l'ont détecté à tes huit ans, je sais ça aussi. Et je sais aussi que Monsieur Davinson le schizophrène ne veut pas que quelque sache ça....

Je ne savais pas comment, mais dans la précipitation et la surprise, je m'étais levé, et Yanaëlle murmurait ces mots dans mon oreille avec le même ton avec lequel elle m'a toujours parlé. Pourtant aujourd'hui il était venimeux. Horrible. Dégoûtant. Effrayant. Tellement, tellement monstrueux. J'ai ouvert la bouche, mais rien n'est sorti si ce n'est ma respiration saccadée.

— Surpris ?

Une main sur mon épaule, elle la caressait et je voulais vomir et mourir dans mon vomis.

— Qui es-tu ?! ai-je enfin dit, véritablement surpris.

Elle s'est éloignée, ses iris vertes plongées dans les miennes. Ce que je voyais était différent de tout ce que j'ai pu voir. Au-delà des œillades que je lui ai lancé durant les millions de secondes. Au-delà, de la tendresse lorsqu'elle m'a calmé. Au-delà de cet air euphorique dans ses yeux il y a quelques minutes. Je ne voulais pas croire les gens quand ils affirmaient que les regards parlaient plus que les mots. C'était un peu bête, les regard ne parlent pas. Cependant, celui de Yanaëlle m'a parlé, il a brisé tous mes remparts, il m'a mis nu et j'ai compris quelque chose d'important : on pouvait montrer un regard faux de nous aux autres. J'ai aussi compris que Yanaëlle me laissait voir la vrai elle. Elle n'a pas eu besoin de parler. Son regard l'a dit pour moi. J'étais en face de la vrai Yanaëlle Cox. Et celle-ci était à des années lumières de celle que j'ai aidé hier. Elle y était tellement loin.

°•°•°•

— Tu vas la manger ta tartine ? m'a demandé Rufus.

— Ouais. J'ai super faim, t'es pas rassasié ? ai-je répondu, surpris.

— Bien sûr que non, alors je peux la manger ?

— Non !

Il a soupiré.

J'ai encore un peu fixé ma tartine avant de zieuter une fois encore le monde dans le réfectoire. Aujourd'hui Dimanche, je mangeais seul avec mon meilleur pote à une table. C'était bien comme ça et même si le petit déjeuner était agréable, les paroles de Yanaëlle-parfaite-mais-en-fait-non tournaient dans mon cerveau depuis hier. Un peu comme la mélodie d'une chanson que tu n'apprécies pas forcément, mais qui pourtant, continuait de te hanter. Hier, Yanaëlle m'a fait deux grandes surprises. La première étant qu'elle connaissait MOI à présent. Et la deuxième, la plus surprenante, était qu'elle n'était pas parfaite. Elle m'a fait lire un journal intime, une seule page qui datait de quand elle avait dix ans.

Yanaëlle Cox était méchante, sarcastique, hautaine et hypocrite. Elle avait une meilleure amie imaginaire avec qui elle fait des sales coups. Yanaëlle Cox était une manipulatrice de première, tellement que tout son entourage, toutes les personnes qu'elle côtoyait étaient ses pions. Yanaëlle Cox n'avait vraiment rien d'une bonne fille. Elle était un diable. Et comme le diable, elle se faisait passer pour un ange de lumière.

Et si seulement les révélations s'arrêtaient là, Yanaëlle Cox m'a proposé un pacte. Elle veut que je devienne son jouet personnel. D'après elle, les jouets sont plus importants que les simples pions car il savent qui elle est vraiment. En fait, je suis trompé, elle m'a plutôt fait chanter. Devenir son jouet ou tout le monde saura que je suis schizophrène et j'avais jusqu'à aujourd'hui pour me décider.

Alors, j'étais dans un état catastrophique. Je me demandais s'il en existait beaucoup, de personnes comme Yanaëlle. Ceux qui portaient un masque et n'étaient rien de ce qu'on pensait. Je me suis demandé comment faire pour les reconnaître lorsque un morceau de ma discussion avec Yanaëlle a resurgi :

Il est si facile de tromper l'Etre Humain et de lui faire croire le contraire, a-t-elle souri. 

— Alors qu'est-ce qui peut me faire croire que t'es sincère? ai-je demandé, méfiant.

— Rien, juste la certitude que si tu finis blessé, c'est que je ne l'ai pas été.

Était-ce vrai ? Il fallait vraiment finir blesser pour savoir si quelqu'un était vrai ? Il y a vraiment des gens comme elle ? Et s'ils étaient là ? À côté de moi ? Rufus en était-il un ? Un faux cul ? Un hypocrite ? Et Debby ? Sa gentillesse était aussi fausse, laide, horrible et hypocrite ? Je ne voulais pas finir blesser, moi.

— Thim ! Je te connais depuis seize putain d'années, tu es mon meilleur frère depuis notre naissance, alors quand tu vas mal, je le vois, tu parles ou je te fais chanter ?

J'ai cligné des yeux. Rufus n'était-il quand même pas celui qu'il prétendait être ? Était-il vraiment idiot, pervers, Socrate et intelligent ? J'ai soufflé. Il fallait que j'en parle, au moins à Ruf. Au moins à lui. Alors j'ai tout balancé sans m'arrêter. Tout ce que Yanaëlle m'a dit, je n'ai rien oublié, je l'ai dit vite, comme si j'étais poursuivi, avec la peur vicieuse que Rufs ne me croira pas. En même temps, comment croire que cette fille représente de la perfection soit en fait, le diable en personne ? Et aussi, pourquoi ce constat ne me faisait pas si peur que ça ? Pourquoi étais-je un peu soulagé ? Pour moi, elle restait parfaite, car quand son véritable regard a rencontré le mien, le vent qui a fait valser ses cheveux ne les a rendus que plus parfaits.

— Voila ce qui s'est passé.

J'attendais. J'attendais que Ruf me dise que je suis fou, que j'ai tord, qu'il doute de mes paroles parce que moi aussi je commençais à ne plus trop croire en elles.

— Wahou ! Elle a véritablement une amie imaginaire ?

— Heu... oui... tu me crois ?

— Bien sûr ! T'es pas un menteur et ça explique beaucoup de choses ! Que comptes-tu faire ? Ce n'est pas comme si on peut le dire à tout le monde, les gens ne te croiront pas.

Je l'ai fixé sans répondre. Rufus Chayton, me croyais. Lui qui était fan de Yanaëlle, il me croyait moi.

— Je t'aime Rufus, et ça me fait mal que nous ne soyons pas frères, ai-je préféré déclarer.

Il a souri.

— Moi aussi, je t'aime mec ! Et puis c'est pas grave si on n'a pas le même sang, tant que nos cœurs sont en accord... pas de problème, n'est-ce pas ?

J'ai souri.

— Ouais. Du coup, on fait quoi ?

— Bonne question. Je suis en colère envers elle, si tu savais, une vrai faux cul cette fille ! Comment j'ai fait pour ne pas reconnaître son sourire factice ?

— Elle joue bien la comédie, c'est tout.

Il a acquiescé et j'ai croqué dans ma tartine. Me confier m'avait donné faim, donc j'ai tout mangé, comme si la bouffe pouvait fermer le trou dans mon coeur. Je ne me sentais pas trahi, puisque le trou dans mon muscle cardiaque était la cause de ma peur. Je ne voulais pas que quelqu'un sache qui j'étais. MOI devait rester caché jusqu'à la fin des temps ! Si les gens le savaient alors... alors je serais mort !

— On débarrasse ? a dit Rufus quand j'ai bu la dernière gorgée de mon jus d'orange.

J'ai fait oui de la tête et nous nous sommes levés. Il me lançait des coup d'oeil inquiets et lorsque j'ai regardé dans sa direction, j'ai vu Yanaëlle avec un petit garçon. Elle lui parlait gentiment, une main tendre lui caressant les cheveux. La même qu'hier qui m'a fait trembler de peur. En la voyant ainsi, douce et gentille, j'ai douté de mes propres dires. J'ai vraiment douté. J'étais schizophrène, peut-être avais-je imaginé des choses ?

J'a tourné la tête simultanément avec mon pote lorsqu'on a vu qu'elle venait vers nous.

— Tu sais, Thim, t'es mon frangin et crois pas que je te crois pas, mais... on parle de la même fille ?

— T'inquiète pas, moi aussi je doute de ça. Je suis fou, après tout.

Nous avons acquiescé ensemble, content de cette entente. J'avais sûrement tout imaginé à cause de mes trouble mentaux, c'était la seule solution. Quelqu'un ne pouvait pas autant bien jouer la comédie.

Nous avons continué notre avancée jusqu'à elle et au moment où Ruf a ouvert la bouche pour parler, un froid s'est abattu sur nous. Les pupilles de Yanaëlle ont revêtu une sorte de voile noir et profond. Nous n'avons pas bougé ni réagir quand des lèvres se sont étirées en un sourire mesquin pendant qu'elle a dit :

— Bonjour, les garçons.

C'était fou comme une seule phrase débordait de sarcasme et d'ironie. Quand elle est partie, nous avons pris une minute pour reparler.

— Une règle dans notre amitié bien qu'il n'a jamais eu de règles, toujours te croire, même si cela semble invraisemblable, a déclaré Rufus.

— Comment elle a fait pour passer d'une personne tendre à ça ? Et comment elle savait que tu savais ?

— Soit elle a un don pour tout savoir, soit puisqu'elle nous manipule à sa guise, elle prévoit nos réactions, du coup elle a su que tu allais me parler de tout.

Nous nous sommes regardés avant d'affirmer d'une même voix :

— Elle a un don pour tout savoir !

— N'empêche que c'est extraordinaire ce qu'elle fait, a continué mon pote. En tout cas, elle n'a plus rien de parfait.

J'ai hoché la tête en me disant que pour moi, tant qu'elle avait des cheveux parfaits, elle continuait de l'être.


Le soir est vite arrivé et je me suis retrouvé à la même place que hier avec Yanaëlle. À la forme qu'avait ses lèvres, j'ai su qu'elle savait déjà ce que j'allais dire.

— J'accepte d'être ton jouet. Mais échange tu ne dis rien sur ma maladie, okay ?

— Promis ! Fais-moi confiance.

— On ne peut pas faire confiance à l'Être Humain sans prendre le risque de finir blessé.

— Alors, prend ce risque.

— D'ailleurs, en quoi consiste le rôle de jouet.

— Déjà, a-t-elle dit, tu m'appartiens, tu m'es obéissant, tu m'es fidèle, et tu es honnête avec moi. Ensuite tu fais tout ce que je dis, le reste on fera avec.

— Je peux te poser une question ?

— Vas y.

— Pourquoi moi ?

— Tu ne seras pas mon seul jouet, t'en fait pas, mais tu seras le principal et pour répondre à ta préoccupation c'est que ça ne peut qu'être toi.

Sous les rayons lunaires, la légère brise d'été a caressé ma peau, ainsi, je n'ai pas su déterminer ce qui a provoqué ces frissons : le regard de Yanaëlle ou le vent.

— À partir de maintenant, tu es mon jouet. Un dernier mot ? a-t-elle demandé

— En fait, ton surnom c'était la fille sont le nom rime avec abeille. J'avais menti.

Elle était un peu comme un dessin compliqué.
Elle était un peu comme le défi de l'eau.
Elle était un peu comme ces cheveux parfaits que j'ai cherché.
Mais au fond,
Elle était pour moi, ce jour là, la raison de mon insomnie. La cause de mes dessins à minuit.


:・゚✧ *:・゚✧ *:・゚✧ *:・゚.✧:・゚.✧ *:・.

Heeeeeeeeeeeeeeeey mes lapins garous mutés en abeille bleus !

Comment allez voooooooooooooooooooooous ?!

Je suis désolée du retard, entre le camp, ma flemme d'écrire, et ma vie, ce chapitre a été dur à écrire surtout que vous voyez je l'ai écrit petit à petit goutte par goutte avant d'écrire 2000 mots en un coup pour le terminer.

D'ailleurs, désolée pour la longueur, mais le diviser ne m'arrangerait pas 😑🙃

Soooooooooooo que pensez vous de ce chapitre ?

Un jeu malsain est lancé entre nos protagonistes ! Qu'en pensez vous ?

Et de mon cher Thimoé, qu'auriez-vous faire à sa place ?

Je sais que c'est trop tôt pour demander ça, mais vous trouvez mes perso attachants ? Si oui pourquoi ? Et si non, pourquoi aussi ( c'est vachement important).

Hâte d'être à la suite ?

En lisant le résumé, vous attendiez à ça ?

Des conseils ou avis ? Ou autre ?

Et notre Rufus ?

Bon ! J'espère que vous avez aimé ce moment passé en présence de mes personnages un peu bizarre !

QUESTION POUR APPRENDRE À NOUS CONNAITRE

Qu'est-ce qui vois fait craquer chez un mec ou une fille ?

Je vous dis à bientôt mes lapins mauves aux oreilles de chats ! Et n'hésitez pas à partager, commentez et votez l'histoire si elle vous plaît encore ! Ça fait toujours du bien de discuter avec vous ou d'avoir de nouveau lecteurs pour agrandir la communauté !

PS : pour les lecteurs de Jusqu'à l'infini, si j'écris des bonus sur les enfants de Maya et Ewan vous les lirez ?

PS 2 : j'ai eu un crush au camp avec qui j'ai pleins de points communs mais c'est un vrai idiot cet imbécile 😍

PS 3 : j'oublie toujours de demander mais en fait je dois mettre des citations au début des chapitres mais j'ai oublié, vous voulez que j'en mette ?

Instagram : phanou_67

Bisous à la noix de coco pailleté ☺️😚

Phanou qui doit être en train de dessiner au lieu d'écrire ❤🧚🏽‍♀️

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top