Deux.

Ce jour là, dans ma chambre face au miroir alors que Rufus jouait à Cale of duty, je me suis regardé attentivement. Mais pas avec le même regard. J'ai voulu voir ce que les autres voyaient, pas seulement mon physique, pas seulement ce qui est à l'intérieur, pas seulement ce que j'ai voulu qu'on voie, mais un ensemble parfait de tout ça. Est-ce que quand les gens me regardaient ils voyaient le vrai Thim? Celui que j'ai cherché désespérément dans cette glace ? Celui que j'ai toujours voulu être ? Ou juste ce mec bizarre, celui qui est facilement manipulable?

Je n'ai pas eu la réponse et fatigué de chercher ce que je ne trouverais peut-être jamais, j'ai baissé les yeux.

- Tu me trouves beau ? ai-je demandé à Rufus.

- Wahou ! T'es en manque ou quoi ? Je connais un excellent site si tu veux.

J'ai soufflé, un peu agacé. Rufus avait le don de détourner mes questions et de ne pas répondre, s'amusant même à jouer avec elles.

- Qu'est-ce-que tu vois quand tu me regardes ? ai-je continué.

Il a arrêté le jeu et s'est tourné vers moi, un brin curieux.

- T'as quoi mec ? Tu es sûr d'être complètement rétabli? Tu prends toujours tes médocs, non?

- Arrête, je suis sérieux.

- Okay... tu me fais flipper. T'as vu l'heure ? Mon rencard m'attend, à plus mec !

Il s'est levé et m'a donné une tape sur l'épaule en partant vers la fenêtre. Je n'aimais pas les contacts, mais Rufus se sentait obligé de me toucher. J'étais habitué, enfin je pensais, pourtant mon corps se crispait toujours autant. Je l'ai suivi du regard, ne sachant pas trop comment interpréter sa réaction. Il avait fui, Rufus fuyait chaque fois qu'il sentait que j'avais besoin d'être seul, et même si je n'ai pas compris, j'ai su bien plus tard qu'il avait raison de partir. Rufus a toujours raison.

- Au fait, a-t-il repris en passant la moitié de son corps par la fenêtre, pour moi tu es Thimoé Davinson, un gars un peu trop fou dans notre monde de timbré. Cherche pas loin mec, t'es anormal, donc t'es normal, arrête de t'inventer des problèmes.

Et il est parti. Rufus n'a jamais eu de problèmes, il ne se pose jamais de questions et agit au jour le jour, j'ai essayé de faire pareil, mais j'y arrivais pas. J'étais MOI, et MOI se posais toujours des questions avec ses doutes. J'y pouvais rien.

Rufus était comme Lechien, il avait sa propre philosophie et s'en foutait du regard des autres. Il vivait pour lui, il disait que ce n'était pas égoïste, juste très malin de ne pas compter sur quelqu'un pour être heureux. Je me suis allongé sur le lit, enfermé dans ces pensées encombrantes et certaines images, qui j'ai sû, n'existaient pas. J'aurais dû pendre mes médocs, ceux qui me faisaient croire quelques instants que j'étais normal, que j'avais encore toute ma tête, mais je ne l'ai pas fait. Pourquoi prendre des trucs pour être MOI ? Et si MOI était justement celui que j'étais ? Et si en fait j'ai toujours été MOI, et qu'effectivement Rufus avait raison. Peut-être que MOI c'était justement Thimoé Davinson, schizophrène et asocial. Peut-être bien.

Rufus et moi étions amis depuis le ventre de nos mères, elles-mêmes meilleures amies. Nous sommes nés dans la même année, le même mois, et le même jour. J'ai longtemps pensé qu'il était mon frère, malgré ses origines et je continuerais de le penser. Maman disait souvent que si l'amour unissait des personnes faites l'une pour l'autre, l'amitié faisait pareille. Rufus était alors mon ami-âme-sœur. Cette pensée m'a donné la nausée. Pas besoin de donner un nom à l'amitié Thifus.

J'avais beau être dans ma période de rétablissement, j'ai pas pû m'empêcher de chercher ce que je ne devais pas voir. Ces voix qui m'obsedaient, ces images qui me contrôlaient, ce tout que je ne devais plus voir. Hey Thim... je suis là, tu me vois? Ferme là. Tu n'existes pas. Mais tu me vois et tu m'entends, non ? Non c'est faux, je divague, va-t-en. Tu dis que je n'existe pas, pourtant tu me fais la conversation, et tu me demandes de partir. Arrête ! Je te l'ai dit, tu ne me contrôles pas ! Alors ouvre les yeux et prouve moi que je ne suis pas... aller Thim, ouvre les yeux et ne me vois pas... je ne veux pas... je ne peux pas... Oui, tu me vois toujours, tu es plus atteint hein.

J'ai fermement maintenu mes paupières closes, refusant d'obéir à cette voix sinon je serais cui. Mais si je l'ai entendu, ça signifiait que je l'étais déjà ?

Un bruit venant de l'extérieur s'est fait entendre, faisant sursauter LeChien, mon chat. Je me suis levé et de la fenêtre j'ai vu le prétendant de ma mère avec sa grosse bagnole. Maman est sortie en courant, toute heureuse et s'est jettée dans ses bras, l'embrassant langoureusement. J'ai toujours détesté les prétendants de maman, tout simplement parce que ma mère et moi, c'était spéciale, nous étions biens tout les deux, une paire, un duo. Alors quand elle a ramené des mecs à mon entrée au collège, parait-il que j'étais assez mature, je l'ai détestée. Elle venait de briser notre lien, de me dire à sa manière que je ne lui suffisais pas, qu'elle avait besoin d'amour, un amour que celui d'un fils ne pouvait pas lui donner. La nourriture de la cantine était infecte, et cette année aussi j'avais chopé des bactéries.

Les années ont passé et j'avais appris à m'habituer que je ne serais plus le seul homme de la vie de maman, de toute manière ses relations ne duraient que trois mois, pourtant, ça faisait dix mois qu'elle sortait avec Clément, un monsieur au ventre dodu, et au compte bancaire bien garni. Je me suis dit alors que je ferais tout pour les séparer, mais maman était si heureuse, comme les filles dans les films, celles qui sont si amoureuses qu'elles en deviennent aveugles. Ma mère était très aveugle car ce Clément était salaud, je ne le supportais pas; mamie m'a dit que j'étais jaloux. C'était pas vrai.

- Mon chéri ? Descends s'il te plait, a chantonné ma mère de sa voix un peu trop aiguë.

J'ai soupiré, ne voulant pas passer cette soirée entre eux. Mais je suis descendu parce que j'avais faim et que les cours étaient terminés et finis la bouffe dégeulasse de la cantine quand je ne voulais pas diner avec maman et le salaud.

Un regard abjecte de la part de Clément m'a accueilli. Il a renforcé sa main sur la hanche de ma mère, comme si elle était à lui, comme si elle était une chose. Sa chose à lui. Parce que "sa", pronom possessif, définissait bien ce que le salaud a voulu me prouver. Qu'il était possessif et que maman était sa possession. C'est cela que j'ai diner avec eux, la cantine étant fermée comme les cours, et mon argent était juste disposé à payer mes études, si jamais j'en faisais.

- Chéri, regarde un peu ce que Clément a envoyé ! Je nous ferai un super repas !

Son enthousiasme m'a soulevé l'estomac. Maman a voulu nous Clémentiser, mamie et moi. D'abord par les petites sorties, ensuite les dimanches avec lui, et maintenant chaque soir pour manger. Il s'était initié dans notre univers comme un monstre visqueux ou une bactérie de la cantine, rongeant tout ce qui est bon chez nous. Dévorant jusqu'à la moelle épinière l'amour et la force. C'était exactement ce qu'il a fait à ma mère. Mais il ne m'a pas eu, moi non, un peu mamie, mais moi jamais.

- Alors et ta journée, Thimy ? m'a demandé maman quand nous mangeions.

- Bien, ai-je répondu.

- Ton fils n'est pas très loquace, a commenté le salaud.

- C'est justement ce qui fait son charme. Il est tellement mignon.

- Il est roux. En plus son physique n'étant pas un grand atout, il devrait plus se consacrer à ses études au lieu de flâner. Tu lui as parlé du camp dont on a discuté ?

Maman n'a pas répondu. Elle a continué de manger sous le regard de Clément. Mamie l'a lorgné mais n'a pas répliqué à croire que personne n'avait compris le sous-entendu.

- Un camp ? Que vient faire un camp dans tout ça ? ai-je réclamé.

- Tu as goûté à la salade de choux de Bruxelles ? a demandé mamie avec entrain, avec de la may...

- J'ai posé une question !

Mon changement brusque de ton a fait sursauter ma génitrice, geste qui lui a valu un regard noir de la part de son prétendant.

- Explique lui, mon amour, a dit Clément d'un ton mielleux. Venimeux. Épineux. Monstrueux. Autre adjectif péjoratif en eux.

- En fait... a entamé maman, on se disait... on se disait que tu passes un peu trop de temps à l'intérieur. Comme si tu n'as pas de vie, tu dois t'épanouir dans la société et ce n'est pas en jouant les hermites que tu y arriveras.

- Nous sommes en vacances.

- Justement ! Tu ne pars que chez Rufus, à croire que c'est ton seul ami !

Le plus ironique c'était qu'il était mon seul ami et potentiellement mon voisin. Ma mère le savait, mais peut-être que sur le coup de l'exaspération, elle l'a oublié. Elle a surtout oublié pourquoi il était mon seul ami.

- Viens en aux faits, maman, lui ai-je dit fatigué de cette dispute.

- Eh bien, il y'a un camp de vacance cet été. Il a vraiment l'air très intéressant, plein de programmes qui te permettront de t'adapter au monde ! Tu seras plus sociable et tu bronzeras !

- Ma peau est très fragile.

- Thim ! C'est une occasion en or ! Ça te fera du bien, mon grand !

Son entrain m'a coupé l'appétit, déjà que mon plat de brocolis avec une salade de choux de Bruxelles n'avait rien de bon, j'avais soudain la nausée.

- Je n'irai pas dans un camp de vacance, ai-je dit posément.

- Ce n'était pas une proposition, Thim, tu iras, point.

Le ton de maman était sec et dur, mais le regard qu'elle et le salaud ont échangé m'a donné envie de me tirer une balle en pleine tête.

- Très bien, a déclaré Clément. Les inscriptions se terminent dans deux jours, je l'inscrirai demain. Ça lui fera du bien.

- Merci beaucoup de m'aider avec Thim, Clément. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi.

Leur conversation sonnait méprisante, un peu comme si je n'étais rien devant eux. Personne ne m'a demandé mon avis, personne ne s'est dit que Thimoé aimait bien être asocial. Personne ne voulait que je reste MOI.

- Je ne partirais pas, ai-je dit plus fort.

- Mais...

- Non ! Je n'irai nulle part !

- Ne crie pas sur ta mère, Thimoé !

- Ne me crie pas dessus !

- Ne crie pas sur Clément, Thim !

Maman s'était levée. Ses points serrés et son regard vis-à-vis de moi, sévère. Vénère. Colère. En colère. Clément a posé une main sur son épaule, ils se sont regardés longtemps, assez pour que je puisse voir cette lueur dans les yeux de maman. Celle qui disait qu'elle était soulagée de ne plus être seule.

- Tu iras dans ce camp, Thim, que tu le veuilles ou non. Tu m'as bien comprise ?

J'ai grogné, j'ai soufflé d'agacement quand la chaleur de la colère a commencé à prendre racine dans mon être. Je n'ai jamais été lent en colère, ce n'était pas délibéré, la maladie, les médocs, la pression, tout ça me rendait étonnamment sensible à tout. Je pouvais passer d'un vent doux et calme, à une tempête froide et violente. Ce jeudi-là, je n'avais pas pris mes médocs.

Je me suis levé précipitamment de ma chaise, la faisant tomber en arrière dans un grand bruit sourd. Mamie a passé une main sur son front, comprenant sûrement que j'allais me disputer avec maman.

- Thimoé Davinson ! Je t'ordonne de te rasseoir immédiatement !

Je lui ai lancé un regard noir avant de prendre la fuite. Mes pas resonnaient sur le parquet comme une sorte de mélodie annonçant ma fin. Arrivé devant la porte d'entrée, j'ai tendu l'oreille, j'ai stoppé tout mouvement en imaginant que maman me courrait après, comme quand j'étais gosse, qu'elle me crierait dessus pour que je raplique. Mais rien de tout cela ne s'est produit. Donc, c'était le cœur chargé de colère que je suis sorti en claquant la porte.

Il faisait assez chaud pour une nuit d'été. Dans notre quartier, nous avions la chance que le ciel était souvent dégagé, on pouvait voir la voie lactée, des milliers d'étoiles scintiller dans le ciel noir. C'était un peu comme si les étoiles voulaient dire que même si ça ne va pas, il y'a toujours une lueur d'espoir. J'ai inspiré un grand coup en regardant les lumières dans le voile de la nuit. Je n'étais jamais arrivé à penser que mes problèmes semblaient petits devant l'immensité du ciel. J'avais, au contraire, l'impression que mes soucis n'étaient que plus vastes. Je n'arrivais jamais à me calmer quand j'étais en colère en regardant le ciel. Après tout c'était juste un ciel. Un ciel rempli d'étoiles qui donnent de l'espoir. Espoir. Putain. Désespoir. Merde. Étoiles d'espoir qui me font penser au désespoir. Putain de merde.

J'ai tourné la tête vers la maison voisine, celle de Rufus. Nos deux maisons étaient assez proches pour que chaque conversation chez nous se faisse entendre chez eux. C'était réciproque. Il devait m'avoir entendu. Il allait sûrement venir. Rappliquer. Se ramener. Ici. Ici. Avec moi. Moi. Thimoé. Thim. Thim. La lumière de la chambre de mon pote était allumée, j'ai fait sortir mon vélo du garage, je l'ai enfourché et je suis parti.

Je n'ai jamais été cet adolescent avec la dernière voiture de luxe à seize ans. Pas parce que maman en n'avait pas les moyens, plutôt qu'un fou qui conduit une voiture ça le faisait pas. Mais j'aimais bien mon vélo, je ne payais pas d'essence, je faisais du sport, je profitais de l'air et en plus c'était très écologique. Le vélo est le meilleur moyen de transport au monde. Je donnais peut-être des arguments pas très valables, parce que finir couvert de sueur, c'est sexy que dans les films, mais quand je le conduisais, j'avais comme l'impression d'avoir le pouvoir de l'air. De contrôler ce qui se passait autour de moi. Lorsque le vent a tapé mes cheveux, qu'il a soulevé légèrement mon pull quand j'accélérerais ou descendais une colline, j'avais l'impression d'être le roi du monde et pas juste Thimoé Davinson, schizophrène, asocial et potentiellement roux.

J'ai pédalé jusqu'au pont qui séparait mon quartier de l'autre quartier. L'autre quartier, c'était un quartier particulier, des gens riches et hautains y résidaient. Les maisons ressemblaient à des châteaux et paraissaient toujours narguer les personnes modestes comme moi. Pourtant, il était mon préféré parce qu'en bas du pont se tenait un magnifique lac qui brillait chaque nuit. Il brillait comme les étoiles qui donnent de l'espoir mais me font penser au désespoir. Merde. Putain.

Je suis descendu de mon fidèle destrier pour m'avancer vers le bord de l'eau. Comme chaque fois, elle était comme le miroir du ciel, reflétant le moindre petits détails, en passant par les étoiles, et l'embelissant encore plus, en terminant avec le croissant de lune, quand elle dansait doucement au gré du vent. J'étais captivé par cette beauté. L'eau me soulageait. La voir bouger comme si elle était une vie était fascinant. Un peu comme si elle savait que sans elle nous ne serions rien. J'ai espéré ce jour-là être l'eau d'une personne. Mais ça aussi c'était des faux-semblants. Des faux-espoirs. Les Thimoé ne deviennent pas l'eau de quelqu'un. Je le savais. Je le savais. Je le savais.

Près du pont se tenait un arbre. Grand, robuste et fort. Il se tenait fièrement et ses feuilles couvraient une bonne partie du lac, ce qui n'empêchait pas ce dernier de refléter les moindres détails du ciel. Cet arbre m'a rappelé ce qu'un père devait être. Tout ce que mon père n'a pas été.

Je me suis couché sur ses grandes racines, le bruit de l'eau a sonné comme une mélodie venue me réconforter. Comme le jour où j'ai découvert cet endroit.

Je venais encore de me faire persécuter à cause des reflets roux dans mes cheveux. Je suis rentré à la maison en pleurs. J'ai marché, marché, marché, espérant me calmer jusqu'à tomber sur le pont et son grand arbre. Aussitôt, je me suis endormi au pied de celui-ci, épuisé par cette course. C'était apaisant. Je me suis sentis...

- Thim ! Hé, mec, lève-toi!

Je me suis redressé. Rufus portait son sweat bleu à capuche fétiche. Il a regardé aux environs avant de me sourire gentiment.

- C'est maman qui t'a envoyé ? ai-je demandé dans l'espoir de recompter pour elle.

- Pas du tout ! Je vous ai entendu vous engueuler, alors j'ai glandé, le temps de te laisser t'apitoyer. Allez viens, ramène-toi !

- Je veux pas rentrer.

- Et moi je veux pas avoir un pote qui fugue à vingt heure mais tu vois je l'ai. On a pas tout ce qu'on veut. Ramène-toi, mec, je veux pas descendre.

J'ai grogné en montant la légère colline pour atteindre la route. Rufus était la seule personne sur cette terre à savoir où je me rendais quand je déprimais. C'est lui, quelques années auparavant qui m'a retrouvé.

Armé aussi de son vélo, il est monté dessus et nous nous sommes avancés vers le quartier de riche. On aurait pu se retourner, surtout que ça allait nous faire un grand tour, mais j'ai compris ce qu'il voulait faire, comme s'il avait lu dans mes pensées. Il aimait bien le faire aussi, lire dans mes pensées, deviner ce que pensait Thimoé Davinson, asocial, potentiellement roux et mauvais fils.

- Tu vas y aller à ce camp de vacances ? a-t-il demandé.

- Sûrement. Ça me dit trop rien. Et toi?

Il m'a souri tandis que les lumières de la lune ont caressé sa peau mate.

- Partout où tu iras, j'irai. Tu te rappelles ?

- T'es un super pote.

- Ouais, on me le dit souvent.

Il a lâché son guidon pour me coller une tape sur l'épaule. J'ai éclaté de rire, l'humilité et Rufus faisait pas bon ménage.

- Plus sérieusement, a-t-il repris. Ça devrait être top ! Je veux dire on va bien s'éclater, non ? Bon okay, la plus part du temps se sont les enfants bizarres ou à problèmes qu'on envoie la bas, mais ça fait rien non ?

- J'sais pas trop.

- Tu sais rien toi ! Je te dis que ça sera cooool ! Tu vois, on a seize ans, c'est l'été, les filles seront à gogos ! Tu trouveras une meuf !

- C'est pas trop mon délire.

- Si tu restes ta mère te forcera à passer du temps avec le salaud, a-t-il soufflé.

- Ok, je viens.

Il m'a de nouveau tapé sur l'épaule. On s'est approchés d'une grande maison blanche et jaune. C'était l'une de nos préférées lorsqu'on venait s'affairer dans le quartier. L'architecte était un pro.

Ruffus m'a souri de son sourire espiègle avant de déclarer d'un ton de cérémonie :

- Que notre imagination prenne vie!

Je suis descendu de mon vélo pour pouvoir écouter les divagations de mon pote.

- Tu entends ces bruits ? m'a-t-il demandé.

- Ouais.

- C'est le signe qu'un gosse se dispute avec ses parents ! Mais pourquoi ? À nous de décider ! D'après moi, dans cette maison vit une fille parfaite sur tout les aspects, mais le truc c'est que c'est elle-même qui s'est imposée cette étiquette et souvent elle en a marre! Comme aujourd'hui tiens.

- Et pourquoi elle en a marre?

- Parce que sa perfection l'empêche de s'éclater! Du coup elle est obligée d'être une autre personne à longueur de journée, contrôlant chaque paroles prononcées, chaque battements de paupières. Elle n'est plus elle.

- Mais pourquoi elle arrête pas si elle souffre?

- Eh bien... t'as oublié ton cerveau sur le pont, Thim ? Elle a passé plus de la moitié de sa vie à mentir au monde, tout changer sur un coup de tête, c'est comme dire que tout ce qu'elle a sacrifié vallait pas la peine.

- Wahou ! Sa vie doit pas être de tout repos, ai-je soufflé.

Mon regard s'est posé sur une fenêtre de la grande maison. Malgré le temps que nous avons passé dans ce quartier à imaginer la vie de leurs habitants, nous n'avons jamais rencontré l'un d'entre eux. Ce n'était pas comme si on le désirait, juste que souvent j'ai eu envie de frapper à l'une des portes pour voir si l'une de nos hypothèses était vrai. Juste une fois. Pour voir. Surtout pour rencontrer cette fille parfaite.

- Pourquoi elle se dispute avec ses parents déjà ? ai-je continué.

- Toi et tes pourquoi... bah... humm parce qu'ils veulent lui pourrir l'été en l'envoyant dans un camp nul à chier.

- C'est merdique comme situation aussi, ai-je souri.

- Tu l'as dit mon p'tit ! Mais attention, sa galère s'arrête pas là ! Elle va tomber amoureuse d'un mec totalement pété de la tête ! Un mec presque roux, bizarre, asocial, pas du tout son genre.

- Hé !

- Bah quoi, a-t-il dit en haussant les épaules. Faut faire rêver les gens, Thim ! Et puis...

J'ai quitté terre quand devant la fenêtre que je regardais une silhouette est passée. Bien-sûr, il y avait un rideau, cependant, j'ai été transporté par la forme de la soi-disante fille. Une taille moyenne, des cheveux en queue de cheval, un bassin un peu large.... Elle m'a semblé parfaite, elle m'a rappelé les sirènes des contes pour enfant. Derrière ce mur, sous ce bout de tissus se trouvait, sûrement, la créature la plus envoûtante que J'avais rencontré. Je me souviens que mon cœur a raté un battement, que mon ventre s'est tordu quand elle s'est arrêté devant la fenêtre. Mon souffle était rapide et j'ai eu du mal à respirer. C'était idiot. C'était idiot. C'était idiot. J'ai pris peur et j'ai reculé. La silhouette a aussitôt disparu. J'étais idiot, je le savais, mais tomber amoureux d'une forme par delà un rideau ? Non. C'était insensé.

- Elle se finit comment ton histoire? ai-je dit en me tournant vers Ruffus.

- Hein ? Heu... bah la fille et le mec vont s'aimer et puis la meuf va se suicider.

- Quoi?!

- Quoi quoi ? J'aime les fins dramatiques.

J'ai roulé des yeux. Rufus m'a tendu une sucette, je l'ai prise et nous avons continué à avancer.

Pourtant, je me suis retourné plusieurs fois. J'ai attendu un signe, un truc qui m'aurait dit que je pouvais pas aimer une inconnue. Alors j'ai regardé, mais une mélodie a commencé et j'ai su que je devais tendre l'oreille.

All of me a résonné comme une sentence. Donc, la sucette entre les lèvres, j'ai esquissé un sourire.

J'allais peut être tombé amoureux d'une inconnue. Idiot. Stupide Thimoé Davinson, asocial, potentiellement roux, schizophrène, mauvais fils et adolescent amoureux d'une silhouette du quartier des riches de la jolie et grande maison jaune et blanche.

J'ai imaginé ses courbes, ses cheveux parfaits, la forme de ses lèvres quand elle souriait. Quand elle me souriait.
J'ai rêvé de sa peau sur la mienne, la sensation de savoir qu'elle m'aimait.
J'ai souhaité que le temps se prolonge tandis qu'elle passait une main dans ma tignasse.

J'ai dessiné, ce jour là, la fille que j'espérais trouvé derrière ce rideau. Je pensais la reconnaître même les yeux fermés. En fait, c'était elle qui les tenait couvers.

┊┊┊┊ ┊┊┊☆ ┊┊🌙 * ┊┊ ┊☆ ° 🌙*

Heeeeeeeeeeeeeeeey mes étoiles bleues du firmament !

Comment allez vooooous en ce beau vendredi ? ( nous sommes vendredi, hein ? J'ai toujours du mal avec les jours quand je ne vais plus en cours )

Bref !

Qu'avez vous pensé de ce chapitre ?!

Vous remarquez qu'il est un peu bizarre non ? Un peu mélangé, étrange, confondu eh bien c'est normal ! Vous êtes dans la tête de Thimoé Davinson après tout !

☆ D'ailleurs que pensez vous de mon petit Thim ?

♡ Il vous plaît ?

◇ D'après vous, comment sera la rencontre Yanaëlle-Thimoé ?

♤ Hâte d'être au chapitre suivant ?

♧ Et Rufus ( le pote de Thim)? Je suis sûre que vous allez l'a.d.o.r.e.r.

Bon ! J'espère que vois avez passé un bon moment !

‼ QUESTION POUR APPRENDRE À SE CONNAÎTRE ‼

Quelle est votre chanson du moment ?

Sur ce bye bye !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top