48 - Une autre vie

Je m'appelle Katalina, mais je préfère que l'on m'appelle Kat. J'ai 23 ans, bientôt 24, et je vis dans une des résidences du roi de Solistis. Pourquoi ? En tant qu'élémentaliste de feu, je suis une de ces meilleures combattantes. Je suis arrivé l'été dernier à Solistis... j'ai peu de souvenirs de cette période jusqu'à début janvier mais je sais que j'ai travaillé dans un bar. Le Crépuscule il me semble. Je me suis fait des amis : Lou, Mery, Orion, Silver et Marcus. Depuis que j'ai quitté le bar, je ne les ai malheureusement pas revus, c'est dommage. Le roi Arthur m'a engagé pour faire partie des forces protégeant la capitale de Solistis mais également pour servir le pays sur quelques missions délicates à la frontière entre notre pays et la république Nuoveo. Cela fait quatre mois que je suis au service du prince Helyon, je fais partie de sa garde rapprochée depuis qu'il a perdu l'usage magique de son bras droit... Il parait qu'il s'est fait dévorer par un démon.

Je ne devrais pas me plaindre de mon existence mais... je me sens vide. J'ai l'impression qu'il me manque quelque chose. Quelqu'un. À chaque fois que j'essaie d'y penser, un violent mal de tête me submerge et tout devient flou, alors je n'y pense pas trop.

*TOC TOC TOC*

« Bouge-toi Phénix ! »

Mon partenaire, « Iron ». Aucune idée de son vrai prénom mais entre élémentaliste de feu, nous nous appelons que par nos surnoms. Nous sommes les deux seuls de notre espèce assez expérimenté à être autorisé à vivre dans la résidence du roi et à servir les membres de la famille royale. Iron sert Irina et moi Helyon.

Je m'habille rapidement et descends dans l'immense salon de la résidence. Plusieurs autres mages sont présents mais discutent entre eux et n'osent pas s'approcher d'Iron. Ils ont raison, c'est un sociopathe. Il a été attrapé par la garde royale il y a quatre ans pour avoir incendié une ville entière « pour le fun ». Des milliers de gens ont péri et il ne semble avoir aucun remords lorsque quelqu'un lui en parle.

« On va prendre le jet », me dit-il en engloutissant une barre de céréale. « Mission de pacification à la frontière. »


Nous arrivons à Fortbrio, une ville frontalière. Nous avons reçu l'ordre d'assister les mages sur place dans leur mission de « pacification ». La ville a été reprise il y a quelques jours par nos forces armées à un groupe de démon. Ce fameux groupe désirait monter leurs petits commerces magiques ici, sans la permission de notre roi. La sanction n'a pas tardé.

— Tiens ! Voilà « les finisseurs » ! nous crie un mage en uniforme.

— Vous avez tellement fait de la merde qu'on était obligé de terminer votre travail, s'exclame Iron. Phénix tu vas à l'ouest voir s'il y a des survivants, moi je finis cette zone.

Je me dirige vers les maisons bordées d'un grand champ de coquelicot. Ce paysage est magnifique. Je rêve d'une vie tranquille, dans la banlieue de Solistis, dans une maison entourée de coquelicots...

*CRAC*

Je cours jusqu'au bruit et repère trois-quatre démons tentant de s'enfuir. Tant pis pour le champ de coquelicot. Je crée une énorme barrière de feu, brûlant les fleurs et les maisons, entre moi et les fugitifs.

« Vous vous êtes installé illégalement sur le territoire de Solis. Le roi Arthur applique une tolérance zéro face à ses détracteurs, par conséquent, soit vous vous soumettez à la volonté du roi en devenant ses serviteurs, soit vous serez exécuté ici même. »

Les démons se regardent puis commencent à courir vers moi. Quelle bande d'idiots. Je fais apparaitre un énorme phénix de flamme ainsi que plusieurs centaines de petits oiseaux de feu se jetant sur eux. Les trois démons se font attraper et brûler, leurs cris de douleurs sont perçants. Le dernier arrive à m'atteindre et j'esquive ses attaques au corps à corps : il est tellement lent. J'arrive à l'attraper et à le faire brûler de l'intérieur, il disparait en une fumée nauséabonde.

Après avoir fait le tour du village, je retourne à notre point de ralliement mais suis rattrapé par une personne me tenant l'épaule. Je me retourne méfiante et tombe sur Orion, mon ancien ami... Il a l'air d'avoir vieilli, ou la fatigue lui est néfaste.

— Kat ! Oh mon dieu ça fait tellement longtemps ! Az n'est pas avec toi ?

— Euh qui ?

Il me regarde stupéfait mais continue à me parler de son travail à la frontière, qu'il progresse en tant qu'élémentaliste d'air mais que la capitale lui manque, etc.

— Est-ce que tu as des nouvelles de Mery et Lou ? me demande-t-il.

— Non mais j'imagine qu'elles vont bien.

— Que fais-tu ici si tu n'es pas avec Az ? C'est Marcus qui t'a emmené ?

Nous sommes interrompus par mon collègue qui me tend son holophone avant de jeter un regard curieux à Orion.

— Helyon en communication....... Phénix ? Est-ce que la pacification est terminée ?

— Oui mon prince. Nous serons de retour à la base dans moins d'une heure.

— Parfait. Viens me voir directement en rentrant. Fin de transmission.

Je raccroche et rends l'holophone à Iron qui toise toujours Orion. Ce dernier semble médusé et complètement perdu.

— Je travaille pour Helyon maintenant. Je fais partie de sa garde rapprochée.

— Mais... tu... et Max ?

— Qui ?

Orion tombe sur ses genoux, ce qui me surprend un peu mais je n'ai pas de temps à lui accorder.

— Écoute, on se reverra peut-être plus tard, nous sommes pressés. Au revoir Orion.

— Kat attend ! Tu l'as vraiment oublié ? Tu es finalement du côté d'Helyon ?!

— Je serai toujours du côté du prince.

Il semble déboussolé et je décide de le laisser en plan afin de retourner vers le jet. De qui parlait-il ?


Mes talons claquent sur le sol du grand hall du palais royal. Je déteste ces foutues chaussures mais Helyon insiste pour que j'aie une tenue présentable à chacun de mes passages au palais. Talons noir, pantalon noir et chemise blanche, le tout majoré par un chignon et d'une broche rouge carmin en forme de flamme. Je croise sur mon chemin vers les appartements du prince quelques mages que je salue de la tête.

Je frappe sur la grande porte argentée du prince qui me prie d'entrer. Helyon est assis sur son canapé noir, des documents dans sa main bionique. Sa chambre est aussi grande qu'un appartement et digne de la royauté. Il lève les yeux vers moi et me fait signe d'avancer puis se lève de son canapé et se rapproche. Il enlève le ruban noir qui attache mon chignon et passe une main dans mes longs cheveux roux.

« Tu devrais te les couper », me murmure-t-il. « Vas-tu satisfaire les besoins de ton prince ? »

Je fais un sourire forcé. Je n'aime pas quand il agit comme ça avec moi, quand il me touche. Je devrai être flattée, honorée, que le prince qui est un très bel homme m'accorde autant d'intérêt... mais impossible de me retirer le sentiment qu'il se moque de moi, que je ne dois pas lui faire confiance et qu'il est mauvais.

Il me saisit par la taille et pose ses lèvres sur les miennes. Je ne ressens rien. Il passe sa main sous ma chemise, sur mon soutien-gorge. Vraiment rien. Il malaxe mon sein. Aucune excitation, le néant. Il arrête de m'embrasser et me regarde avec un sourire malsain. On dirait que ce petit jeu l'amuse...

« Que dirais-tu de devenir ma femme, Katalina ? »

Je déglutis. Je suis dégouté par ses mots mais sans vraiment savoir pourquoi. C'est censé être un honneur de recevoir ce genre de demande de la part d'un membre de la famille royale... pourquoi est-ce que je préférerai être maudite alors ?

— Nous en parlerons plus tard, finit-il par dire. Je t'ai mis tes feuilles de rapports à compléter sur le bureau. Essaie de finir avant ce soir, il faudra les apporter au roi.

— Très bien mon prince.


J'ai rattaché négligemment mes cheveux avec mon ruban noir et me dirige vers la salle du trône. J'ai toujours un étrange sentiment quand j'emprunte le couloir principal et que j'entre dans cette immense pièce, comme si elle aspirait toute vie en moi. Je frappe doucement à la porte et entre : le roi Arthur est en plein rendez-vous holographique. Je me fais discrète en attendant un signe de sa part. Il me remarque enfin et me demande de m'approcher.

« Ce n'est pas compliqué. J'ai besoin de voir ce fameux « seigneur de l'ouest » donc arrangez-vous pour nous organiser une rencontre.... peu importe où ! ».

Il continue sa conversation pendant que je dépose les rapports sur un guéridon près de son trône. Il termine et commence à me détailler.

— Est-ce que votre travail vous plait Katalina ?

— Oui votre Majesté.

— Est-ce que Helyon vous plait ?

— Suis-je obligé de répondre votre majesté ?

Il se met à rire franchement. Lui aussi est très bel homme mais tout autant qu'Helyon, je me méfie de lui sans aucune raison valable, juste à l'instinct.

— Vous savez, je vais bientôt atteindre la quarantaine et le peuple s'étonne d'avoir un nouveau roi toujours célibataire. Sans descendance.

— Vous avez encore quelques années devant vous avant d'avoir 40 ans mon roi. Vous trouverez rapidement une épouse.

— Oui. Bien sûr.

Il me lance un regard entendu. Quoi ? Ils se sont tous passé le mot pour me mettre mal à l'aise ? Je fais une rapide révérence et fuis littéralement la salle du trône.

Je me retrouve dans les couloirs extérieurs de palais. J'observe le ciel tout en marchant, il est teinté de rose et bleu. L'heure dorée. Tiens ? Qu'est-ce que ça veut dire « heure dorée » ? Pourquoi est-ce que je viens de me souvenir de ça ?

Mon cœur se met à battre de plus en plus vite, ma température augmente et mes mains deviennent moites. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je sens l'air se rafraichir subitement et m'arrête pour observer les environs.

Soudain, mes yeux sont attirés par une forme sombre, une aura démoniaque... et de la fumée noire ? La « chose » me remarque et avance dans ma direction. Elle est encapuchonnée et est semblable à une ombre... un démon.

Bonsoir Kat.



Note de l'auteure : Pardoooon ! Je m'excuse d'avoir utilisé le cliché de la perte de la mémoire 😅 Pour ceux que ça dérange, ça ne va pas durer très longtemps ! 

Et vous, qu'est-ce que vous en pensez de ce cliché ? N'hésitez pas à donner votre avis !

[Deuxième correction - 11 avril 2019]    

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