44 - Mon cœur est en feu
Je suis amoureuse. Je suis tombée sous le charme de l'homme le plus compliqué et détestable de la capitale. Je suis tombée amoureuse d'un bel homme sexy, gentil avec ses proches, attentionné et ayant les mêmes centres d'intérêt que moi. J'aime un homme, un mage sombre et un démon, tout à la fois. J'ai dû perdre petit à petit mon humanité pour ressentir de tels sentiments qui me poussent à faire la pire des choses qu'il soit : faire un pacte avec un démon. Pourquoi je ne me suis pas rendu compte avant ? Si. Je le savais au plus profond de moi, je ne faisais que mentir, comme d'habitude. Quand je lui ai dit que je ne l'aimerai jamais, il avait déjà conquis mon cœur. Quel enfoiré. Je le déteste et je me déteste.
J'ai décidé de rester à ses côtés, dans son lit, jusqu'à son réveil. Je dois tout lui dire... enfin pas tout. Je sais qu'il ne m'aime pas, en tout cas pas comme moi je l'aime et je n'ai pas envie de me prendre un autre râteau. Je dois avant tout lui parler du pacte. Pacte qui est une quasi-déclaration d'amour vu ce que j'ai cédé.
Max fait de petits grognements, signe que le moment fatidique arrive. Il étire tout son corps, ouvre les yeux et il tourne la tête vers moi avant de sursauter.
« Kat ? Euh... Je n'ai pas le souvenir de m'être couché avec toi. »
Avant que je ne puisse répondre il se colle à moi et met ses bras autour de mon corps. Comment est-ce que je peux résister à ça ? C'est encore plus dur quand on se rend compte que l'on aime l'autre...
« Je vais prendre une douche » dis-je en me libérant de son emprise.
Je me lève doucement du lit et commence à sortir lorsqu'il m'interrompt.
« Stop. »
Je ne me retourne pas et reste immobile, dos à lui. Je sens de l'électricité dans l'air.
— Qu'est-ce que tu as fait Kat...
— Rien.
— ARRÊTE DE ME MENTIR !
Je sursaute, c'est la première fois que je l'entends crier contre moi.
« Ce tatouage derrière ton épaule n'était pas là hier soir. »
Je touche la zone dont il parle et sens encore des picotements. Je me tourne vers lui qui me montre son épaule à son tour : il a le même tatouage, un tatouage de pissenlit qui s'envole. Je ne l'avais aperçu qu'une fois et à la va-vite et n'avais pas prêté plus d'attention.
« Kat, est-ce que tu as fait un pacte avec ce démon ? »
Je ne réponds rien, c'était une question purement rhétorique, ce tatouage en est la preuve ultime. Max met sa tête dans ses mains, comme pour essayer de se souvenir de ce que son double m'a fait subir. Quelques minutes extrêmement gênantes où je me prépare à sa réaction. Il se lève d'un coup et se plante devant moi.
— PUTAIN KAT ! Pourquoi tu as fait ça ?!
— Je n'avais pas le choix ! crié-je. Je ne pouvais pas me défendre ! Je n'allais pas le laisser me violer !
— Bordel !
Il s'éloigne de moi pour regarder par la fenêtre. Sa colère se matérialise en ombre, en fumée noire qui ronge le peu de lumière présente. Je suis sûre de ma décision. C'était la seule chose à faire. Je sors de sa chambre, passe par la salle de bain pour récupérer mon collier et pars me changer dans la mienne mais il me suit tout en proférant des injures : il m'en veut mais celui à qui il en veut le plus, c'est lui-même.
— Putain... Pourquoi est-ce tu ne le portais pas ? Ça devait te protéger !
— Tu aurais dû me le dire dès le début que c'était un artéfact de protection...
— Pourquoi tu ne m'as pas brûlé comme l'autre fois ? Pourquoi tu n'as pas essayé de me faire revenir ?!
— MAX ! Je t'ai dit que j'avais les mains liées ! Et il avait toute l'emprise sur toi ! Jamais tu ne serais revenu !
— Je refuse que tu deviennes son « goûter ».
Je le regarde, il est adossé à ma porte, les bras croisés et le regard le plus sérieux du monde.
— Je viens de passer un pacte, tu crois vraiment que j'ai le choix ?
— Tu n'as qu'à t'en aller.
J'ouvre grand les yeux, je n'arrive pas à croire qu'il ait dit ça... Je murmure « Tu veux que je parte ? ». Il ne répond pas et reste stoïque. Comment est-ce qu'il peut dire ça avec tout ce qu'on a vécu ?
— Je dis ça pour ton bien.
— Mais va te faire foutre Max ! MOI j'ai fait ça pour ton bien !
Il reste impassible. Où est l'homme dont je suis tombée amoureuse ? Je suis face à une statue de pierre. Je referme les boutons de ma chemise et de mon jean et enfile mes chaussures. Je me tiens droite devant lui, les bras ballants, et tentant de retenir des sanglots.
— Redis-le-moi encore une fois. Dis-le et je m'en vais. Dis-le et ne viens plus jamais me chercher. Dis-le et notre relation sera finie.
— Nous n'avons jamais eu de relation. Nous avons juste couché ensemble une fois. Je te le répète : je ne t'aime pas Kat, je ne t'aimerais jamais. C'est ton patron qui te parle, je dois selon notre contrat, m'assurer de ta sécurité mais si tu restes près de moi, tu restes près de lui et je ne veux pas que tu te fasses dévorer petit à petit.
— DIS-LE MAX !
— Va-t'en.
Des larmes coulent sur mon visage mais je continue de le regarder avec toute la haine du monde. Il reste imperturbable. Parfait... Je passe devant lui, ouvre la fenêtre et décide de partir le plus magistralement possible pour montrer que je suis plus forte que ça, que ces paroles ne m'ont pas blessée au plus profond de mon cœur. Je laisse la colère mêlée à la tristesse se matérialiser en immense flamme, en phénix, qui me transporte hors de l'appartement, loin dans le ciel, qui m'éloigne le plus possible de celui qui m'a brisé le cœur.
☲
J'atterris dans un parc, fatiguée d'avoir utilisé autant de pouvoir, exténuée d'avoir fait sortir toute ma colère. L'heure dorée pointe son nez et sublime les couches de neiges de différentes teintes magnifiques. Je regarde l'horizon avec mélancolie et sèche une larme avec ma manche.
Il doit faire 0° mais je ne ressens pas le froid. Je déambule dans le parc, sans but, en jouant avec la neige à mes pieds. J'ai l'esprit trop chamboulé pour penser à la suite. Je me pose sur un banc pour profiter du crépuscule lorsque mon holophone sonne : Marcus.
« Kat... où es-tu ? »
Vu la voix qu'il prend il a dû croiser Max. Je ne lui réponds pas.
— Écoute Kat, j'ai parlé à Max et je crois que tu ferais mieux de rentrer. Il a réagi sous la colère, je pense que vous devriez vous expliquer à froid.
— Marcus ? Est-ce qu'un démon peut aimer un humain ?
Il hésite un instant à me répondre mais hoche la tête de haut en bas.
« Alors pourquoi un amour aussi compliqué est possible alors que lui... Pourquoi est-ce qu'il ne m'aime pas, Marcus !? »
Et voilà, les sanglots repartent.
— Tu es amoureuse de Max ?
— Ben oui ! De qui d'autre abruti !
— Kat, je crois que tu te trompes sur son compte, il-
*BAM*
Une explosion juste à côté de moi. Je lève la tête de mon holophone et vois trois mages arriver sur moi. J'esquive de justesse une autre attaque mais mon holophone a pris cher. Merde, ce n'est vraiment pas le jour pour m'emmerder.
Je fais apparaître mon phénix avec toujours plus de facilité à chaque fois et m'en sers comme barrière de protection. Je concentre mon énergie, ma colère et expulse des flammes du sol sur les mages ce qui les perturbe suffisamment longtemps pour que je prenne la fuite. Je me dirige vers le centre du parc, pour espérer atteindre la petite forêt qui le borde et m'enfuir mais je me retrouve nez à nez avec une grande femme aux cheveux blonds portant les couleurs de la garde royale.
« Le phénix ! Je te voyais plus grande. »
Elle tend les bras vers moi mais je suis plus rapide qu'elle et lui lance quelques boules de feu. Avant même qu'elles ne l'atteignent, elles s'évaporent en fumée dans l'incompréhension la plus totale. Des lames d'eau sortent du sol et forment une vague qu'elle dirige de ses bras à la perfection.
B.O.R.D.E.L.
« Je suis Irina Sol, chef de la garde royale de la capitale Solistis, seconde héritière au trône de Solis et grande élémentaliste d'eau. Tu n'as aucune chance face à moi. »
Pas le temps de réfléchir, je tente le tout pour le tout et cours vers elle en tentant d'esquiver ses vagues mais l'une d'elles arrive à m'attraper par le pied et à me jeter en l'air. Je m'écrase violemment sur le sol et peine à me relever. Je regarde autour de moi, plusieurs mages de la garde royale sont présents pour empêcher ma fuite. La princesse Irina agite ses bras et de grandes vagues d'eau m'entourent mais je décide de riposter avec mes flammes, ce qui n'a aucun effet.
Il faut que j'aille plus loin. Les élémentalistes de feu puissent leur force dans la colère et la passion. Je concentre différemment mon énergie et mon corps se met à brûler ardemment. Concentration. Les vagues se rapprochent de plus en plus de moi... Un phénix. Je dois devenir un phénix pour pouvoir m'échapper. On ne peut plus me distinguer, je ne suis qu'une torche humaine qui commence à se transformer en oiseau. Je sens les ailes se matérialiser, je sens tout mon corps changer, je sens que je peux m'envoler.
Je suis transformée en oiseau de feu et commence à m'envoler pour échapper aux vagues. Je vais pouvoir m'en sor- Quoi ?
Dans le ciel, des milliers d'aiguilles m'attendent et tombent d'un coup sur mon corps ce qui provoque une douleur indescriptible et me fait tomber dans les vagues d'Irina.
Je suis prisonnière d'une bulle d'eau avec des aiguilles encore plantées dans le corps. Je vois les mages se rapprocher de moi mais surtout Irina qui me regarde, très fière de son travail.
« Ah ! Ma Katalina ! Mon phénix ! »
Cette voix... et ces aiguilles. Helyon. Mon ancien employeur s'approche de la bulle pour admirer son œuvre et explose de rire. Un rire bien malsain. Je remarque derrière lui une carrure familière mais un visage presque inconnu... Arthur ? Le prince du bal de Noël ?... Ah oui tout s'explique. Il s'en était bien rendu compte... Mais comment m'ont-ils retrouvé ? Je suis très loin du bar Crépuscule...
« Remercie-le ! »
Arthur tire sur une chaîne en métal d'où est attaché... Alexandre ?! Le copain de Lou ?
« C'est lui qui a vendu la mèche. Il a placé un traceur dans ton holophone en échange de sa liberté. Les élémentalistes de feu sont très égoïstes ! Et il croyait que j'allais le laisser libre ! Quel idiot ! »
Alexandre ne lève pas la tête, il est complètement soumis au prince. Comment a-t-il pu faire ça à une de ses semblables ? C'est vraiment une journée de merde.
« Bien, on a attrapé le phénix. Passons à la phase suivante du plan : détrôner notre traître de père, ce roi impur ! Et quoi de mieux pour détrôner un roi qu'un mage sombre incontrôlable avec un passif d'assassin ? »
Oh non. Max.
Photo de couverture : © Paul Bulai
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[Deuxième correction - 11 avril 2019]
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