Sans Nom #9 (2/2)

Avant, 27 ans


partie deux : L'UNIVERS N'EST PAS TOUT NOIR


Musicographie :

- Peur de l'Echec, de Orelsan

- Mad World, de Gary Jules

Source des paroles : LyricFind.



[NdA : moi, en retard ? Pfffff mais pas du tout ! 😛😉😚]


PDV Hizashi Yamada :

J'ouvre la fenêtre et avise le sol. Un, deux, trois, quatre, cinq étages. Chute mortelle.

Non.

Je suis figé, incapable de bouger, effrayé par mes propres pensées. Soudain, j'entends un énorme BOUM ! qui me sors de ma léthargie. Des pas précipités, une voix que je connais bien.

Shota Aizawa.

Il ne doit surtout pas me voir ainsi ; personne ne doit me voir dans cet état. Je me précipite sur l'entrée de ma chambre pour plaquer mon dos contre la porte. Au passage, j'ai attrapé mon téléphone et, quand je veux monter le son pour étouffer la voix du brun, je me stoppe face à l'écran.

Il est 12h54, j'ai 13 nouveaux messages et 5 appels manqués.

Donc... Ça fait près de six heures que je broie du noir ? Je fronce les sourcils et essaie de me souvenir à quelle heure j'ai lancé la musique. Je ne m'en rappelle pas. Je sens la porte trembler sous les coups de mon collègue. Pourquoi insiste-t-il ? Je ne veux pas qu'il sache la vérité ! Mais il a toujours eu plus de force que moi et finit par réussir à ouvrir la porte. Je recule vers la fenêtre et referme complètements les volets pour replonger la pièce dans l'obscurité. Il ne doit pas me voir.

- C'est quoi ton problème Bon Sang ??

Je me tais, la musique parle à ma place :

Tous les jours j'fais l'acteur, j'fais semblant
J'maquille la peur en plaisantant
J'perds mon temps à m'poser des questions au lieu d'agir
J'ai peur de la dépression, j'ai peur de l'avenir et ses déceptions...

Je sens qu'il m'observe alors que je lui tourne le dos. S'il te plaît va-t-en...

- Si t'as des problèmes tu peux m'en parler, tu sais ?

Non ! Ne soit pas sympa, ne t'inquiètes pas ! Sois comme d'habitude, ignore moi et rentre chez toi ! Je tremble, il s'approche. Je suis tellement paralysé que j'ai pas la force de le repousser lorsqu'il me tourne vers lui. Je veux juste être seul, que plus personne n'ait à me reprocher quoi que ce soit. Même s'il ne dit rien, je lis dans son regard que ça ne va pas. Comme les autres, il pense que je ne suis qu'un sourire sur pattes, il ne connait que cette part de moi. Il va me détester. A moins que ça ne soit déjà le cas ?

- Midnight a dit que tu ne répondais pas au téléphone, et tu ne voyais pas mes messages non plus. On s'est inquiété.

Il dit ça mais je sais qu'ils ne m'aiment pas, lui, Nemuri, et tous les autres. Que ce soient les héros ou bien ceux qui travaillent à la radio, aucun d'eux ne m'aiment ; comment pourraient-ils ? Ils ne me connaissent pas ! Ils ne savent rien de moi, Hizashi Yamada. Non, ils apprécient l'autre, l'acteur, le rôle, celui que je m'efforce d'être pour leur plaire. Enfin, ils le supportent, tout au plus. Mais s'ils voyaient ce qu'il y a derrière, ils le détesteraient. Ils m'accuseraient d'avoir menti, d'être faux, d'être nul. Le moi entier, sans artifice, est si peu intéressant... En plus de m'en vouloir de la tromperie, ils seraient déçus de la vérité.

J'ai peur de mes proches parce qu'ils connaissant mes faiblesses,

Mes talons d'Achille, ils savent à quel point mes fondations sont fragiles.

Ils m'font confiance pour l'instant...

Mais quand j'les décevrai, ils seront près de moi prêts à frapper les premiers

Quand ils sauront qui je suis vraiment, ils m'abandonneront comme un chien. Qui voudrait d'un abruti dépressif ? Tant qu'ils ne savent pas j'ai encore ma place parmi eux. Je dois continuer de jouer le rôle de Present Mic, sinon je perdrai tout.

- Hizashi, personne va te laisser tomber, n'aie pas peur de parler !

Je secoue énergiquement la tête et le repousse. Il ne comprend pas ! Il est encore dans son illusion, il ne me voit pas ! Je veux disparaître, je veux qu'il disparaisse. Je ne veux parler à personne. Je veux me laisser dépérir sous ces musiques déprimantes.

Eux croient qu'ils m'aiment, moi j'crois qu'ils se voilent la face

J'crois qu'ils aiment celui qu'ils rêvent de voir à ma place

Parce qu'ils savent pas c'qu'il s'passe derrière le masque

Qui s'cache derrière l'image, parce qu'ils connaissent pas mon vrai visage

L'idée qu'ils puissent un jour le découvrir me donne un haut-le-cœur. Je m'effondre par terre, pose ma tête sur mes genoux et mes bras sur mes oreilles. Je ne veux plus rien entendre, plus voir personne. Je sais que je suis faible et lâche, mais jusqu'ici j'étais le seul à le savoir...

Ouais, je suis un imbécile qui rit de tout pendant que d'autres pleurent sûrement ; je mérite carrément cette peine. Toute cette douleur, toute cette tristesse, tout ce vide. C'est ma faute, j'aurais du réfléchir avant de parler. Pourquoi tout est si compliqué ? Les gens disent que j'étais génial, mais ça se voit qu'ils exagéraient. Ils exagèrent toujours, moi aussi d'ailleurs. Je suis juste un idiot qui ne sait qu'amuser la galerie, mais un jour je ne ferais plus rire personne. Qu'est ce que je ferais alors ? J'ai toujours vécu pour ça ; je ne sais faire que ça. Un jour ils en auront marre et me jetteront aux ordures. Et si c'était déjà la cas ? Peut-être qu'ils sont en train de me critiquer... Le directeur et l'opératrice son étaient encore en train de parler quand je suis parti ; qu'est ce qui me prouve qu'ils ne se sont pas mis à me cracher dessus ? Et la technicienne aussi... Est ce qu'elle le prend mal quand je refuse de monter dans sa voiture ? Elle doit penser que je suis prétentieux... Ils doivent tous penser que je suis un idiot prétentieux égocentrique. Ils me détestent peut-être. Sûrement.

- C'est ça Hizashi ? T'as peur que les gens découvrent que Present Mic n'est qu'un masque derrière lequel tu te caches ? Tu crois qu'ils vont t'abandonner s'ils découvrent la vérité ?

Les mots se bloques dans ma gorge, mon cœur se serre tellement que j'ai l'impression qu'il va exploser. J'aimerais pouvoir dire quelque chose mais ma poitrine me fait horriblement souffrir ; de toute façon je ne sais pas quoi lui répondre. Bon sang, que j'ai mal... Je veux juste que ça s'arrête . . . Quelqu'un... s'il vous plaît... aidez-moi...

- C'est stupide !

Il me force à relever la tête, et plonge son regard dans le mien. Je reconnais ces sentiments dans ses yeux : colère et déception. J'avais raison, il me déteste maintenant. Il doit tellement me haïr d'être moi . . .

- Pourquoi n'as-tu rien dit ? Pourquoi tu ne parles toujours pas ? Dis quelque chose !

Je ne peux pas soutenir ce regard, je ferme les yeux. Est-ce que je peux encore fuir ? J'ai pas la force de détourner la conversation sur un sujet plus léger. Tout mon corps tremble mais mes larmes ne coulent plus. J'attends ma sentence.

J'ai comme envie d'sauter dans l'vide, d'me passer la corde au cou,

D'me noyer, d'm'entailler les veines du coude au poignet !

J'ai comme envie d'me mettre une balle dans le crâne mais j'ai pas de flingue ;

Regarde moi dans les yeux tu comprendras qu'j'suis qu'une baltringue...

Exactement : je veux juste crever mais j'ai pas le courage de le faire. Après le départ de Shota, quand il m'aura convaincu que je ne suis qu'une loque idiote, inutile et honteuse, peut-être que j'aurais assez de force ? Quand il aura raconté à tout le monde ce qu'il s'est passé aujourd'hui, et que je n'aurais plus personne, alors rien ne me retiendra. Allez, dépêche-toi de m'insulter, je sais que t'en a envie...

Soudain, je ne sens plus la chaleur de ses mains sur mon visage. Il s'éloigne... Il part ? J'étais sûr qu'il allait m'abandonner, mais je pensais qu'il allait au moins me cracher mes quatre vérités d'abord . . . Bah, c'est Shota, c'est pas son genre de perdre son temps avec des choses sans intérêts. Mais au lieu de l'entendre claquer la porte, c'est le silence qui envahit à nouveau mes oreilles. J'ouvre les yeux et le vois à l'autre bout de la chambre, mon enceinte dans les mains.

- Non !

L'exclamation qui sort de ma bouche me surprend ; ce sont les premiers mots que je prononce depuis quelques heures. Le héro underground se tourne vers moi dans un sursaut, lui aussi étonné par le son de ma voix. Sans réfléchir, je continue :

- L-la... la musique... Ne-ne l'arrête... pas . . .

Ma voix est faible et tremble, elle est méconnaissable. Chaque mot qui sort me racle la gorge, c'est la première fois que parler me fait aussi mal.

- Je ne veux plus entendre ça, me dit l'homme aux cheveux noirs

Il revient vers moi en tenant toujours l'enceinte.

- Tu n'es pas comme ça, ajouta-t-il en me regardant dans les yeux

Je détourne le regard et retient un soupir. Ces mots sont bien la preuve qu'il ne me connaît pas . . .

- Hizashi.

Il est de nouveau juste en face de moi, mais je refuse de le regarder. Il ne comprend pas, il ne pourra jamais comprendre ! Il a toujours été franc et honnête -au point d'en être méchant. Il dit ce qu'il pense sans aucun tact, il n'a jamais menti sur ses sentiments ! Comment pourrait-il comprendre ce que je ressens ? Il n'a pas la moindre idée du combat intérieur que je mène chaque matin !!

- . . . Ce n'est pas grave.

Surpris, je relève les yeux vers lui.

- Tu n'es pas obligé de sourire tout le temps. Ce n'est pas grave, tu as le droit d'être triste ou en colère parfois. Personne ne t'oblige à être Present Mic 24H/24.

J'ouvre la bouche mais ne dit rien. Qu'est ce que c'est censé vouloir dire ? Il s'assoit à genoux pour être à ma hauteur. Il . . . Sourit ? Non, je suis le mieux placé pour savoir que le sourire ne veut rien dire. On peut éclater de rire avec certaines personnes et éclater de rage après qu'elles aient tourné dos ; j'ai des années d'expérience là dedans. Je détourne encore la tête.

- Remet la musique.

Cette fois, ma voix ne tremble pas, mais elle semble cassée.

- Non.

J'essaie de récupérer mon enceinte mais il l'éloigne de moi.

- Tu as une voix. Si tu veux dire quelque chose, parle moi, n'utilise pas ces chansons déprimantes.

- Tu ne comprends pas . . .

- Alors explique moi !

- . . .

- Explique moi pourquoi tu te forces à passer pour un mec marrant et hyperactif devant tout le monde, alors qu'à l'intérieur tu es totalement brisé ! Explique moi à quoi ça te sert d'avoir des contacts et des amis si tu ne les appelles pas quand ça ne va pas ! Explique moi pourquoi tu t'enfermes dans ton mutisme, toi qui d'habitude as tant de mal à te taire . . .

- Je . . .

- . . . Je t'écoute. Je suis là et je t'écoute Hizashi. Je ne m'en irai pas.

Je sens mon corps bouillir ; j'ai chaud, beaucoup trop chaud. Pourquoi est-il toujours là ? Pourquoi est-il aussi proche ? S'il te plaît, arrête de me regarder avec ces yeux là.

- Mais tu vois pas que c'est ça le problème ?! je m'exclame dans un sanglot étranglé. Je ne veux pas que tu sois là ; je veux que tu t'en ailles, laisse moi tranquille !

- Vraiment ? Est-ce réellement ce que tu veux ?

Oui !

- . . . non...

Mais qu'est ce que je raconte ?

Je le repousse quand il veut s'approcher de moi, mon comportement est complètement contradictoire. Le bourdonnement dans ma tête devient assourdissant, je n'arrive plus à penser correctement.

- Je veux juste que ça cesse . . .

Je n'ai même pas conscience de dire cette phrase à voix haute. Enfin, "voix haute" est une exagération, car mon murmure est si bas que je ne l'ai moi-même pas entendu. Ma tête est baissée, mes lèvres tremblent, mon âme est brisée. Je ne sais plus quoi faire, à part pleurer, mais je refuse de me montrer aussi faible devant lui. Je rassemble mon énergie et calme ma respiration pour souffler une simple question, à peine audible :

- Pourquoi es-tu ici ?

Il ne répond pas immédiatement. Il reste immobile, devant moi, en silence.

- Je suis ici pour t'aider, finit-il par répondre

- . . . Je n'ai pas besoin d'aide.

- Tu ne vas pas bien, Hizashi. Et je ne partirai pas tant que je ne serai pas sûr que tu es hors de danger.

Je ne réponds rien. Je ne supporte pas être vu ainsi, je donne l'impression d'être un jouet cassé. Je ne suis pas brisé, je suis simplement... Je ne sais pas, mais je n'ai pas besoin de son aide ! J'ai toujours vaincu ces sentiments seuls ; ce n'est que périodique, ça va me passer. Il n'a pas besoin d'être là, il ne doit pas voir cet Hizashi-là !

- Je n'aime pas te voir dans cet état, continua-t-il

Moi non plus, crois-moi.

- Je ne peux pas te laisser comme ça, enchaîna le brun

- Qu'est ce qui t'en empêche ?

Ma voix rauque et mon ton froid nous surprennent tous les deux. Je ne le laisse pas reprendre la parole et me mets à crier :

- Mais pars ! Tu ne vois pas que ça me fait du mal ? Que TU me fais du mal ? Je sais, Shota ! Je sais que tu m'as toujours détesté, que tu me trouves chiant et bruyant, insupportable même ! Je le sais ! Alors arrête de vouloir te donner bonne conscience en restant là, arrête de te voiler la face en prétendant me connaître !

Je m'arrête à la fois pour reprendre mon souffle, et pour reposer mes cordes vocales. Je lève vers lui mon regard plein de douleur et, le cœur au bord des lèvres, j'explose.

- C'EST ÇA LE VRAI MOI, SHOTA ! Une putain de tapette dépressive qui a si peur du jugement des autres qu'elle parle tout le temps beaucoup trop fort pour ne pas les entendre ! Un lâche incapable d'exprimer ce qu'il ressent ! Tu veux savoir pourquoi je crie tout le temps, pourquoi je ris aussi souvent ? Pas parce que je suis un imbécile heureux, non, mais parce que sinon je serais comme ça tout le temps !!!

J'ouvre les bras pour désigner ma situation. Je crois que mon alter est actif parce que les meubles tremblent et que ma voix résonne beaucoup trop. Je ne contrôle plus rien.

- Parce que sinon, je me laisserai envahir par cette putain de dépression ! Parce que si je ne le faisais pas, alors le silence gagnera ! Mon sourire, c'est ce qui m'aide à tenir ; ma Voice, c'est ma force ! Mais je ne peux pas combattre éternellement, Sho, c'est trop dur. Je suis si fatigué, quand je rentre du boulot . . . Parce que Present Mic n'est qu'une infime part de moi, et que je m'efforce de le faire ressortir à son meilleur jour à chaque fois ! Mais tout cela n'est pas la réalité. Laisse moi dans ma solitude, parce que c'est la seule chose vraie dans mon monde. "Je ne suis pas comme ça" ?! Mais bien sûr que si Shota, et c'est là tout le problème ! Tu es persuadé que Mic est moi, que je suis pas du genre à penser à des choses aussi sinistres, que mon surplus d'énergie et mon sourire constant me définissent entièrement ! Tu es juste incapable d'accepter que je puisse aussi être déprimé, il ne t'est jamais venu à l'idée que je sois un pauvre bougre qui souffre constamment de qui il est ! Et tu sais pourquoi ? Parce que tu ne t'es jamais vraiment intéressé à moi ! Parce que je ne t'ai jamais laissé apercevoir quoique ce soit... N'imagine pas comprendre, ne prétend pas vouloir m'aider, parce que ce genre de choses m'arrive tout le temps ! Rester enfermé les volets fermés à écouter des musiques toutes la journée, à ruminer des idées noires, c'est ça ce que je suis. Je suis Hizashi Yamada, ET TU NE SAIS RIEN DE MOI !

Les larmes ont fini par revenir et je ne les ai pas empêché de couler. Je ne ressemble probablement à rien, avec mes cheveux gras et emmêlés -dont des mèches blondes collent à mes joues mouillées- tombant chaotiquement sur mes épaules, mes yeux humides au regard rempli de tristesse, mes sourcils froncés pour appuyer ma colère, mes lèvres tremblantes articulant à peine, et mes vêtements débraillés laissant mon épaule droite à nu. Pathétique. Je suis sûrement horrible à voir, et ma voix enraillée ne sauve rien. Essoufflé, je crache quelques toussotements douloureux. Pitoyable. Je regarde mon interlocuteur, il ne s'attendait probablement pas à une telle "explication". Il est clairement choqué par mes propos : la bouche entrouverte, les yeux écarquillés, il me fixe de ses iris noires. La pièce est plongée dans l'obscurité, mais son regard sombre semble briller dans l'absence de lumière. Un phénomène étrange, mais envoûtant. Je suis incapable de lire les sentiments peints sur son visage, alors j'attends. Une réponse, un geste, j'attends une réaction de sa part.

Rien ne vient.

Alors je me lève, et reprends mon téléphone que je ne me souvenais pas avoir lâché. Étrangement, j'ai peur que le silence revienne. Mes désirs font des montagnes russes et je ne sais plus trop où j'en suis, mais je refuse de laisser le vide avoir encore le dessus. Maintenant que je l'ai chassé, je ne veux pas le laisser reprendre sa place. Je relance ma playlist. Aux premières notes de piano, on sait tout de suite que c'est une musique triste. Après quelques secondes de douce mélodie, la voix de Gary Jules s'élève dans la salle, chantant sa reprise de Mad World :

All around me are familiar faces

Worn out places, worn out faces

Bright and early for their daily races

Going nowhere, going nowhere

Their tears are filling up their glasses

No expression, no expression

Hide my head, I want to drown my sorrow

No tomorrow, no tomorrow

Je ferme les yeux et le refrain commence :

And I find it kinda funny, I find it kinda sad

The dreams in which I'm dying are the best I've ever had

I find it hard to tell you, I find it hard to take

When people run in circles it's a very very

Mad world, mad world

J'entends les pas hésitants de mon ami. Il semble vouloir s'approcher, mais piétine sur place.

Children waiting for the day they feel good

Happy birthday, happy birthday

Je rouvre les yeux. Il finit par s'avancer sans trop d'assurance, il est mal à l'aise.

Made to feel the way that every child should

Sit and listen, sit and listen

Went to school and I was very nervous

No one knew me, no one knew me

Il est maintenant à moins d'un mètre de moi. Je le fixe, mais lui ne sait pas ou poser son regard.

Hello teacher, tell me what's my lesson

Look right through me, look right through me

Il attrape mes mains et la fraîcheur de sa peau me fait frissonner. Ses yeux glissent sur mon cellulaire.

And I find it kinda funny, I find it kinda sad

The dreams in which I'm dying are the best I've ever had

I find it hard to tell you, I find it hard to take

When people run in circles it's a very very

Mad world, mad world

Enlarge your world

Mad world

Il attends que le piano s'arrête pour mettre pause. Le silence a à peine le temps de retomber qu'il prend la parole :

- Je sais.

Sa voix est grave, basse, et douce. Je ne l'ai jamais entendu parler comme ça. C'est . . . relaxant. Je me détends inconsciemment.

- Tu es bien plus qu'un DJ souriant ou un Héro bruyant. Je sais, Hizashi.

Ses mots sont à peine parlés, juste un souffle s'échappant rapidement de ses lèvres. Il prend une grande inspiration.

- Ta couleur favorite est le orange. Ton plat préféré est le poulet frit. Ton héro préféré est All Might et tu as plusieurs goodies de lui chez toi. Ta citation favorite est <<laisse ton sourire changer le monde, mais ne laisse pas le monde changer ton sourire>>. Tu aimes les Karaokés, la musique, les marshmallow, les vestes en cuir, et les séries américaines. Tu adores regarder des jeux télévisés, que ce soit des parcours d'obstacles ou bien des quizz de culture générale. Tu aimes la Grande Bretagne, dont est originaire ta mère, bien que tu te sentes japonais. Tu as décidé d'être Animateur Radio parce que tu adores le pouvoir du divertissement. Tu veux faire oublier aux gens leurs problèmes en racontant des faits divers peu importants. Tu trouves génial qu'une profession consiste à raconter pleins de bêtises et créer des playlists musicales. Tu as peur des insectes, tu les déteste plus que tout au monde. Tu es mal à l'aise avec les animaux en général, même si tu trouves mignons les chats et les chiots. Tu détestes qu'on vole ton travail, tu aimes accaparer la parole. Tu adores parler, raconter des histoires et commenter des choses, mais tu parles rarement de ton ressenti personnel. Tu te donnes l'apparence d'un rockeur et parle souvent comme un rappeur, mais tu aimes toutes sortes de musiques -bien que tu aies une préférence pour ces deux styles. Tu pleures facilement devant un film, tu possède une playlist pour chaque "mood", comme tu dis, et tu détournes toujours les conversations que tu juges trop personnelles en racontant une anecdote quelconque.

Il plonge enfin son regard dans le mien et j'ai le souffle coupé.

- Je te connais Hizashi. Mieux que tu ne le penses.

Les mots me manquent pour décrire ce que je ressens en ce moment. Un trop-plein ou un vide absolu, je ne sais pas. Je me sens soudain débarrassé d'une lourde charge mais, paradoxalement, mes jambes ne sont plus capables de me porter et je tombe à genoux. Aizawa se baisse à ma hauteur et pose ses mains sur mes épaules. Je ne sais même plus si j'ai encore mal ou non ; je suis complètement paumé. Ses mots étaient si sincères, mais j'ai trop peur d'y croire... Je ne sais pas à quoi m'accrocher, alors j'agrippe les manches de son sweat-shirt. J'étouffe alors que mes poumons sont remplis d'air.

- Calme toi, me murmure le héro underground

J'essaie de l'écouter, je me concentre sur ma respiration. Je sens la pression de ses mains sur les épaules et la chaleur de son souffle près de mon visage. Je rassemble mes pensées et parviens à formuler une phrase, quoique difficilement :

- M-mais... ce n'est p-pas... ce n'est pas tout, je... suis aussi comme...ça . . .

- . . . Est ce que je peux allumer la lumière ?

- . . . Non.

- Et les volets ? Juste un peu ? On ne voit rien...

Je sais, et c'est fait exprès.

J'hésite. Est ce que j'ai envie qu'il me voit comme ça ? Je suis totalement effrayé à l'idée de ce qui va suivre. Des pensées contradictoires fusent dans ma tête, je n'arrive pas à décider quelque chose. Alors, sans réfléchir, je hoche lentement la tête. Il discerne le mouvement malgré l'obscurité et se lève. Trente secondes plus tard, il est de nouveau devant moi et me dévisage. J'arrive aussi à le voir, maintenant. Ses cheveux noirs ont l'air encore plus chaotiques que d'habitude, ses cernes sont toujours autant marquées et soulignent ses iris sombres qui brillent d'inquiétude. On dirait un clochard épuisé, même si je suis sûr que mon apparence est pire que la sienne.

Pourtant. . .

Pourtant, il irradie d'une beauté indescriptible, je ne peux pas le lâcher du regard.

- Je sais bien que tu n'es pas que ça, dit-il en posant une main sur ma joue, mais ça ne veut pas dire que tu n'es pas ça. Present Mic n'est pas un rôle que tu joues, c'est une part de toi, c'est toi. Les rires, les commentaires, les remarques, rien n'était un mensonge. N'est-ce pas Hizashi ?

Je ne sais plus quoi penser. Je sais qu'il a raison, mais je pense aussi qu'il a tord. Si mes sourires étaient sincères, alors pourquoi j'ai fini par ouvrir cette fenêtre ?

- Plus la lumière est forte et plus l'ombre est sombre.

Je ne sais même pas lequel de nous deux a parlé, je le regarde avec incompréhension.

- Ce n'est pas parce que tu vas mal que tu ne peux pas sourire, reprend Shota. Réfléchis et dis moi : tout n'était que de cinéma ?

Non, ça ne l'étais pas, je pense immédiatement. Je ne faisais pas semblant, j'aime vraiment ce que je fais ! J'étais heureux lors de l'émission radio de cette nuit, je me sentais vraiment bien ! L'espace de quelques heures, j'avais oublié la dépression, le doute, la peur. Quand j'y repense, je m'amusais toujours sincèrement, peu importe à quel point les sentiments qui m'assaillaient lorsque je rentrais étaient forts. Et dire que j'ai pensé à mettre fin à ça ! J'ouvre enfin les yeux sur la réalité.

- Non, je finis par répondre. Je suis... Je suis à la fois Present Mic et Hizashi Yamada. Je suis DJ, prof, héro, et humain. Je ne mentais pas quand je disais qu'il faut aimer la vie, j'exagérais pas quand je faisais le clown...

- Ecoute, tout le monde cache une part sombre. On a tous des pensées néfastes parfois, mais ça ne veut pas dire qu'on déteste notre vie. Tu as mal aujourd'hui, mais ce soir ou demain ça ira mieux. Ne pense pas qu'aux mauvaises choses, souviens toi aussi des bons moments. C'est ça, la sincérité, c'est accepter la vérité dans son entièreté. Ne retiens pas tes larmes et ne force pas ton sourire, tu es très bien comme tu es, Hizashi.

-Mais... mais... tu disais que . . .

- Je sais ce que je disais Hizashi. Et c'est vrai, parfois -souvent même- tu es chiant, tu m'énerves. Tu es beaucoup trop bruyant et vraiment immature, c'est fatiguant de te supporter une journée entière... Il y a des jours où j'ai juste envie que tu me laisses tranquille.

Voilà, je le savais. Comment ai-je pu espérer que-

- Mais ça n'est pas tout. Hizashi, si je continue d'être ton ami depuis tout ce temps, c'est que je sais que tu as aussi de bons côtés. Tu sais être drôle sans exagérer, tu es toujours volontaire pour m'aider lorsque j'ai une difficulté -même si ton aide serait plus encombrante qu'utile-, tu cuisines bien, tu es bienveillant avec tes proches, et tu sais comment remonter le moral aux gens -du moins tu fais de ton mieux. Tu n'abandonnes jamais un ami parce qu'il est dans une "mauvaise phase" tout comme tu continues d'être là lorsque c'est toi qui vis un mauvais moment. A vrai dire, je trouve ça admirable, bien qu'assez égoïste. Tu t'incrustes toujours dans la vie des autres pour leur imposer ton idée du bonheur, mais tu refuses toujours de montrer ton propre malheur... Au final tu souffres seul, pendant que tu encourages les gens à parler de leurs problèmes. D'une certaine manière, c'est de l'altruisme, et c'est une belle qualité. Tu as de belles qualités, Hizashi, je le pense sincèrement. Désolé de ne pas te le dire assez souvent.

J'ai du mal à croire ce que j'entends. A-t-il réellement dit toutes ces choses ? Mon cœur se serre encore, mais c'est moins douloureux. Ces paroles que j'ai besoin d'entendre me font mal et me soulagent en même temps. Mais je ne suis toujours pas convaincu, est-ce qu'il acceptera ce "moi" négatif et incertain ? Comme s'il lisait dans mes pensées, il reprend la parole :

- Et je suis désolé de ne pas avoir remarqué tout ce que tu traînais derrière ce sourire idiot. C'était stupide de ma part de penser que tu es un imbécile heureux qu'aucun malheur ne touche. C'est évident que tu souffres, parfois ! Mais il ne faut pas que tu gardes ça pour toi. Quoique je dise, je suis prêt à t'écouter te plaindre, alors ne t'arrête pas à mes soupirs agacés et à mes regards fatigués. Tu n'as jamais été d'accord avec mon attitude mais tu la supportes depuis plus de dix ans, alors, même si je t'évite quand tu es trop surexcité, même si je me plains souvent du bruit que tu fais, je serais l'épaule sur laquelle tu pourras te poser. Je ne veux pas te voir t'effondrer sur le poids de tes propres sentiments.

- . . . Tu . . . Je . . . Mais . . . Je... je ne peux pas . . .

- Tu ne peux pas quoi ?

- Etre... être "honnête" . . . arrêter de faire semblant...

- Je n'aime pas me répéter : tu ne fais pas semblant.

- Oui, désolé, je voulais dire... montrer "ça" aux autres...

- Eh bien ne le fait pas. Je ne t'ai pas demander de t'ouvrir au monde entier, mais au moins à moi . . . Ou bien un psy, ou tes collègues, ou quelqu'un d'autre si tu préfères.

- Non !

Shota pousse un soupir. Il tente d'arranger un peu mes cheveux en écartant mes mèches blondes de mon visage. Sa peau est douce, je n'ai pas envie qu'il s'éloigne. Inconsciemment, je penche ma tête sur sa main pour approfondir le contact. Je ferme les yeux.

- Juste moi alors, reprend le héro underground. D'accord ?

- Mmh...

Il me caresse calmement la joue pendant quelques secondes, puis retire sa main. Son absence se fait sentir et j'ouvre les yeux, tentant d'ignorer la disparition de sa chaleur. Son visage n'est qu'à quelques dizaines de centimètres du mien et je ne peux pas m'empêcher de le dévorer du regard : sa barbe négligée, ses cernes appuyées, ses cheveux emmêlés, ses yeux fatigués, ses joues pâles, ses fines lèvres, ses petites cicatrices... J'ai l'impression de le redécouvrir alors que je le connais déjà par cœur. Il se lève et me tends sa main pour que je fasse de même. Je l'attrape et il me tire vers lui. A présent tous les deux debout dans cette semi-obscurité, nous nous regardons dans les yeux sans rien dire pendant ce qui semble être une éternité. Il est le premier à briser le silence.

- Tu peux me promettre une chose ? me demande mon vis-à-vis

- Mmh ?

- Ne reste pas seul lorsque tu es dans cet état-là. Quand tu te sens mal, appelle-moi et je viendrais.

- Et si tu travailles ?

- Alors appelle Nemuri, ou n'importe qui, mais ne reste pas seul à broyer du noir.

Je me crispe et recule d'un pas.

- Mais . . . Je ne . . .

Il avance vers moi et me saisit les mains.

- Tu ne seras pas obligé de leur dire ce que tu as. Tu pourrais juste leur proposer une partie de bowling, un karaoké ou une simple sortie au café. N'importe quoi qui justifierait ton appel, je sais que tu es un champion en excuses.

Il resserre sa prise sur mes doigts et la température monte encore.

- Tu peux me promettre ça ?

Au lieu de répondre simplement "oui", je ne peux pas m'empêcher de lui demander pourquoi. Il soupire.

- Parce que tes chansons parlaient de suicide.

J'écarquille les yeux, puis détourne le regard. Je me souviens de ce à quoi je pensais juste avant qu'il n'arrive. S'il n'était pas entré à ce moment-là,alors peut-être que . . . Je secoue la tête, dégoûté par cette idée. Je m'en veux d'avoir pesé à un truc pareil.

- Hizashi, m'appelle le brun

Je garde les yeux rivés sur la fenêtre que j'avais ouverte précédemment.

- Hizashi, est ce que ça t'es déjà arrivé ? D'y penser . . . au suicide.

Je déglutis, incapable de répondre. Il penche sa tête pour capter mon regard, mais je l'évite. Je ne peux pas lui mentir, mais je ne peux pas lui dire la vérité. Mon silence est une réponse éloquente et il comprends alors la puissance de mes sentiments.

- Tu...

Il ne finit pas sa phrase. Tant mieux car je ne veux pas connaître la suite. Je baisse les yeux, honteux d'être aussi faible.

- Désolé . . . je murmure en liant nos doigts

Shota hésite mais finit par affermir la prise, et m'approche de lui de sorte à se que nos deux fronts se frôlent.

- L'important est que tu ne l'ai pas fait. Juste, promet moi de ne pas rester seul.

Sa proximité me fait rougir et je plonge ma tête dans le creux de son épaule pour ne plus lui faire face.

- Je te le promets.

Mon souffle dans son cou le fait frissonner. Je n'ai pas envie de quitter ses bras. Je sais maintenant que je n'aurais plus à me battre seul, et ça me rassure. Je me sens enfin bien.

J'ai compris maintenant : Present Mic n'est pas un masque pour tromper les gens, c'est une armure qui préserve mon cœur. Mais je n'ai pas besoin de me protéger d'un ami. Je n'aurais plus peur d'être Hizashi Yamada devant Shota.

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Il y a beaucoup de dialogues dans cette deuxième partie, ça contraste vachement avec le chapitre précédant. A la base ça devait être un One Shot, mais il devenait beaucoup trop long (j'atteignais les 9000 mots alors que je ne l'avais pas fini) donc j'ai choisi de le couper. Dites vous que la première partie fait 5000 mots et que celle-ci en fait plus de 6000 . . . Ouais, c'est énorme. Je me demande sincèrement comment je peux écrire des trucs pareils... Le fait est que j'aime les phrases à rallonge remplies d'adverbes, j'aime les métaphores et les comparaisons, j'ai un esprit alambiqué qui adore compliquer les descriptions et les dialogues. Du coup, ouais, j'atteins facilement les 1500 mots pour la simple introduction de l'histoire (présenter les persos, le contexte, l'endroit, et le problème), et ajoutons à cela ma grande difficulté à conclure les choses. Je suis vraiment naze pour les fins, j'ai toujours envie de continuer, d'ajouter quelque chose. . . Je déteste ça en fait. Que ce soit des adieux, un débat, ou une histoire, je n'aime pas me dire "ça y est, c'est terminé, passons à autre chose". Mais bon, il faut savoir s'arrêter . . . même si c'est douloureux.

Alors voilà, je suis parvenue à finir ce chapitre. Les gens qui sourient ne sont pas toujours les plus heureux, et la douleur psychologique qu'on s'inflige nous-même peut sembler insurmontable, mais on peut aller mieux. Aussi difficile la remontée soit, elle n'est pas impossible. Et c'est dur de croire que certaines personnes nous accepteront, c'est douloureux de se montrer devant ses proches. Il faut se forcer, il faut être forcé pour arriver à parler, à accepter l'aide qu'on nous propose.

J'aurais voulu avoir ça, moi aussi. Hizashi a eu la chance d'avoir un ami qui s'est inquiété de son état au point de défoncer la porte de son appart, et il a eu la force de surmonter sa peur pour s'ouvrir à Shota. Moi, je n'ai jamais réussi à dire que je vais mal, que j'ai besoin d'aide, à exprimer ma peine, à parler aux autres. Et personne ne m'a jamais secoué par les épaules pour me hurler "réveille-toi !!" ; personne n'a jamais chercher à creuser plus loin que "mmh" que je répondais quand on me demandais si ça allait. Et la seule fois où j'ai eu le courage de dire "bof, je ne suis pas d'humeur", parce que j'en pouvais plus de cette situation et que j'avais désespérément besoin d'en parler, tout ce que mon amie a dit est "vraiment ? Même pas pour le volley ?". J'aurais voulu qu'elle me demande pourquoi, j'aurais tout donné pour qu'elle me demande pourquoi, mais elle a simplement enfilé ses basket en balançant qu'on est toujours d'humeur pour jouer au Volley, que ça allait me remonter le moral. Bien sûr que j'adore ce sport, et cette séance-là a été aussi géniale que les autres ; mais dès que j'ai quitté le gymnase, j'ai perdu mon sourire. Une playlist de musique triste dans mes oreilles, je suis rentrée à pied, dans la fraîcheur de l'hiver, pestant contre mes larmes qui ne voulaient pas couler et contre cette fille qui n'a pas cherché à en savoir plus. D'un autre côté, c'est aussi de ma faute, de ne pas avoir su en parler. Dire "je suis fatiguée" est tellement plus facile que d'avouer sa douleur ! Pourquoi est-ce si compliqué de dire "je me sens mal, je n'en peux plus" ? Je ne suis pas vraiment le genre de personne qui cache ses sentiments pour ensuite se plaindre que personne ne la remarque, au contraire. Cette fois là, j'avais volontairement exagéré mon expression de fatigue, je me forçais à ne pas sourire lorsqu'il se passait quelque chose de drôle, j'ai fait la tête toute la journée en attendant que quelqu'un me demande si ça va. Et quand, vint l'heure du volley -un des seuls rayons de soleil de ma semaine- une de mes amies a remarqué que je restais allongée sur un banc des vestiaires sans me changer. Et alors, enfin, elle me posa la question que j'attendais tant, celle qui est plus polie que sincère mais qui, je l'espérais, me permettrait de me libérer d'un poids que je me traînais depuis bien trop longtemps. Je m'étais tellement préparée à déclarer cet aveu . . . Mais ce fut un terrible échec que je n'ai même pas pu pleurer. L'inintérêt que me portais mes camarades n'a fait que m'enfoncer dans cette dépression, mais je n'ai jamais abandonné l'idée de leur en parler -bien que je n'ai jamais réussi.

Heureusement, aujourd'hui ça va mieux. Mais j'ai peur que ça revienne, parce que je ne pourrais compter sur personne. Parce que je n'ai personne à qui parler à la Fac, parce que je n'ai jamais su parler à ma famille, et parce que je ne parle plus à mes amis. Et même si je m'en suis toujours sortie seule, c'est chaque fois plus fort et j'ai mes limites. J'ai failli craquer, la dernière fois, et je crains que la prochaine vague m'achève. Et je n'aurais personne pour m'aider à me relever.

Aujourd'hui ça va, et je veux que ça continue d'aller bien le plus longtemps possible. Je vais sourire sans me forcer et râler sans me retenir. Je vais profiter de l'étendue de mon Bonheur et supporter la puissance de ma douleur. J'accepte juste que je suis faible, mais que ça ne m'empêche pas d'être heureuse.

S'il vous plaît, ne vous noyez pas bêtement parce que vous refusez de porter une bouée. Vous n'êtes peut-être pas si bon nageur que vous ne le croyiez.

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