NdA : j'ai la flemme d'écrire le 16.2 vous l'aurez une autre fois.
[ 6700 mots]

D'avant à Maintenant

Ils avaient 16 ans.

Il devait être entre midi et treize heure, vu comment le Soleil était haut dans le ciel. Ils avaient décidé de se positionner à l'ombre pour éviter l'astre diurne. Pas qu'ils détestaient ses rayons, mais plutôt car l'étoile se montrait particulièrement agressive ce jour-là. Sa lumière était si chaude que même sous la projection obscure de la réserve d'eau du lycée qui se trouvait sur le toit de l'établissement scolaire, les deux adolescents avaient dû retirer leurs vestes d'uniforme et remonter les manches de leurs chemises. Le plus idiot des deux avait même déboutonné le haut de son vêtement, laissant transparaître un torse peu musclé et totalement imberbe.

Le second lycéen, plus discret, se cachait silencieusement sous ses longues mèches noires, fusionnant presque avec sa propre ombre. Il grignotait par petites bouchées des pocky goûts matcha-thé vert en regardant dans le vide. Ses genoux étaient repliés vers sa poitrine, et il piochait ses biscuits bâtonnets dans une boite en carton tenue par sa seconde main. A côté de lui, son sac de cours était ouvert et une bouteille d'eau ainsi que trois compotes pomme-poires en dépassaient.

Aucun des deux ne parlait, ce qui était rare car habituellement celui à la chevelure dorée trouvait toujours une absurdité à dire, peu importe la situation. Yamada était un véritable moulin à parole sans filtre qui ne ratait jamais une occasion d'exprimer son ressenti. Mais aujourd'hui il se contentait de manger dans le calme en profitant de la douce brise qui apaisait la température. L'été touchait à sa fin, mais il faisait encore chaud.

Non loin d'eux, au-delà du bord du bâtiment, on pouvait voir la colline sur laquelle était perchée l'académie des héros. Et plus loin il y avait la ville de Musutafu avec ses quartiers piétons et ses grands boulevards bondés de voitures. L'horizon tracé par les immeubles de différentes hauteurs, sur lesquels se reflétaient les puissants rayons de soleil, marquait une frontière irrégulière entre le ciel et la terre.

- J'aime bien ça... chuchota le blond comme s'il avait peur de briser leur bulle.

Aizawa mit un peu de temps à réagir. Il termina tranquillement son snack avant de tourner son regard ténébreux vers son camarade qui avait laissé sa phrase en suspens. Voyant qu'il ne reprenait pas, il se sentit obligé de l'encourager à continuer :

- Quoi donc ? demanda le noiraud sur le même ton.

Hizashi afficha un sourire, et ses yeux brillèrent encore plus d'une lueur indéfinissable. Shota eut la secrète pensée de le trouver beau.

- Etre là, avec toi, à faire comme s'il n'y avait que nous deux et que le reste n'existait pas.

En dessous d'eux, des étudiants et des professeurs allaient et venaient en parlant et riant, mais leurs voix ne leur parvenaient pas. La vie grouillait sous eux, et rien ne les atteignaient. Ils volaient par-dessus tout ceci.
L'adolescent au flegme légendaire suivit le regard de son aîné et laissa ses yeux dériver sur cette animation qui semblait si éloignée d'eux, mais qu'ils allaient pourtant devoir rejoindre dans moins d'une heure.

- J'aime bien avoir l'impression de régner sur le monde en t'ayant à mes côtés, conclut Yamada.

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Ils avaient 17 ans.

C'était une journée banale, Aizawa s'était réveillé pile à l'heure, il avait tout juste eu le temps d'enfiler son uniforme, d'avaler un jus de fruit et de fourrer ses affaires dans son sac en ignorant la dizaine de notifications que signalait son téléphone, avant de sortir en vitesse de chez lui pour tomber nez à nez avec un adolescent blond à l'air joueur.

C'était un matin comme les autres : Yamada s'était réveillé tôt pour avoir le temps de se préparer correctement et de vérifier deux fois qu'il était prêt avant de sortir, sans avoir bien sûr oublié de remercier ses parents pour le copieux petit-déjeuner ainsi que le le bento qu'ils lui avaient préparé. Il avait envoyé, pour la troisième fois en ce début de journée, un sms à son ami avant de sauter sur son vélo et de rouler à pleine vitesse vers la maison de ce dernier.

Et comme d'habitude, le bilingue dut attendre cinq bonnes minutes avant de voir la porte s'ouvrir sur le corps frêle du noiraud. Noiraud qui fit une expression surprise en voyant le sourire extravagant de son camarade. Les deux garçons se saluèrent, et malgré la tentative de négociation du blasé, Hizashi parvint à le faire monter à l'arrière de son deux-roues. Et c'est ainsi qu'ils se dirigèrent ensemble vers le lycée où ils étaient inscrits.

- Tu sais que t'es pas obligé de m'accompagner tous les jours, lâcha Shota, un peu embarrassé.

- Je sais, répliqua son chauffeur, mais j'aime bien faire ce trajet avec toi !

L'introverti jeta un coup d'œil à son cellulaire, sans même lire les messages que son ami lui avait envoyé plus tôt. Ils allaient arriver pile à l'heure.

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Ils avaient 18 ans.

Pour être plus précis, Aizawa Shota venait d'avoir 18 ans. C'était son anniversaire, et pour fêter ce jour particulier, le métissé nippo-anglais avait insisté pour aller dans un cat-coffee. Il savait que son camarade adorait ces félins, alors ce fut sans surprise que l'ébène céda à cette invitation.

Ils étaient donc tous deux assis à même le sol, de part et d'autre d'une table chauffante dans un coin de la pièce. Hizashi avait les yeux rivés sur Shota, qui lui avait le regard fixé sur les chats. L'habituel blasé était tout simplement aux anges. Il avait du mal à retenir son extase, ses iris obsidiennes brillaient d'amour. Le blond pourrait presque en être jaloux, lui qui devait toujours batailler à mort pour arracher ne serait-ce que l'ombre d'un sourire au brun.

Mais, à sa grande surprise, ça ne le dérangeait pas tant que ça de voir son ami aussi heureux face à ces animaux. Il était simplement content que son cadeau lui plaise. Et les expressions euphoriques du lycéen à l'alter d'effacement étaient trop rares pour ne pas en profiter. Alors Yamada se contentait d'observait l'émerveillement de son vis-à-vis en affichant lui aussi un large sourire amusé. Il le trouvait mignon, ainsi.

Dans l'idée d'immortaliser ce souvenir —bien qu'il était persuadé qu'il n'oublierait jamais ce jour-là— l'adolescent bilingue sortit son téléphone portable et pointa la caméra intégrée sur le garçon en face de lui.

Au même moment, un félin au pelage blanc et roux sauta sur les genoux d'Aizawa. Il fit deux tours sur lui-même avant de poser son derrière pour se passer un coup de langue sur sa patte avant, lissant ainsi sa fourrure bicolore.

A cet instant, les petites pépites de joie qu'il y avait dans les yeux de l'amoureux des chats se transformèrent en un véritable feu d'artifice d'exultation. Un sourire béat avait prit possession de son visage. Il rayonnait, littéralement. Hizashi dût fermer un instant les paupières tant il était ébloui, mais il ne manqua pas de capturer cette scène.

Incrédule de ce qui était en train de se passer, Shota releva ses yeux brillants vers son ami comme pour lui demander silencieusement «Je rêve pas, hein ?? Tu vois ce que je vois ?!». Il exhalait une gaieté telle qu'on ne lui avait jamais connu ; il en tremblerait presque. Mic n'avait jamais eu la capacité de voir les auras des gens, mais en cette seconde précise il pouvait sans conteste affirmer qu'il percevait clairement celle de son ami frétiller. Inconsciemment, il appuya encore une fois sur la touche ronde immatérielle de son cellulaire qui permettait d'enregistrer les clichés. Eraser remarqua l'appareil électronique, et son sourire s'affaiblit.

- EH, ne me prends pas en photo !!!

Il regretta immédiatement d'avoir crié et baissa rapidement les yeux sur ses cuisses pour constater avec soulagement que son énervement soudain n'avait pas fait fuir le chat.

- Mais j'aime bien les expression que tu fais, rit le bilingue en prenant une nouvelle photo.

Aizawa grommela quelque chose d'incompréhensible, mais son attention fut à nouveau détournée par un second félin qui vint se frotter à lui. Son esprit s'envola vers le septième ciel. Il était aux anges.

So cute, pensa celui qui ne regrettait définitivement pas d'avoir proposé cette sortie. Ils s'accordèrent tous deux sur le fait que c'était le meilleur anniversaire qu'ils avaient jamais fêté.

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Ils avaient 19 ans.

EraserHead était vêtu de son costume de héros, une tenue souple entièrement noire accompagnée que des lunettes d'aviateurs jaunâtres ayant pour but de protéger ses yeux. Son arme de capture, une écharpe de rubans blancs-gris très solide, était enroulée autour d'un duo de criminels qu'il venait d'arrêter à l'aide de son collègue à l'alter vocal.

Present Mic possédait une tenue en cuir noir, avec une ceinture bordeaux et des épaulettes beiges, ainsi que de fines mitaines couleur ébène et une large enceinte stéréo grise autour de son cou. Il avait lui aussi des lunettes —oranges et triangulaires par contre—, mais elles servaient plus pour le style qu'autre chose. Pour compléter son costume, il portait un casque audio au pied de la tour de cheveux que formaient ses mèches blondes.

Ils étaient un duo extravagant, c'était le moins que l'on pouvait dire. Ensemble, ils étaient venus à bout de deux cambrioleurs qui sévissaient dans la ville depuis plusieurs mois maintenant. L'arrestation s'était faite sans trop de problèmes, les deux amis se connaissaient depuis assez longtemps pour que leur travail de groupe soit efficace.

- J'ai appelé la police, elle est en chemin, lança le noiraud.

Le blond leva son pouce en l'air.

- J'aime bien quand on travaille en équipe !

Les hors-la-loi, eux, devaient sans doute un peu moins apprécier...

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Ils avaient 20 ans.

Ils étaient tous deux dans une chambre affreusement colorée, l'air maussade. L'unique fenêtre de la pièce ne laissait passer qu'un infime rai de lumière, qui s'était infiltré à travers les rideaux fermés.

- C'est nul, lâcha fâcheusement un homme à la chevelure ébène.

Son ami releva ses yeux émeraude vers lui en affichant un sourire de travers. Une lueur d'inquiétude faisait briller ses iris.

- Ne dis pas ça...

- Mais c'est vrai, répliqua le noiraud d'un ton qu'il n'employait que rarement. Je suis nul.

Il serra rageusement les poings, agrippant sans le vouloir le drap cyan du lit d'hôpital dans lequel il était assis. Une mission avait mal tourné. Très mal tourné. Et il n'arrivait pas à se pardonner.

- Tu as fait ce que tu as pu...

Mais ce n'étaient pas des mots que Eraser Head avait envie d'entendre. Il avait été incapable de faire son job de héros, et des pertes humaines avaient été comptées suite à son échec.

- Des gens sont MORTS à cause de ma faiblesse, Mic !! "Ce que je peux", c'est pas assez !!!

Le surnommé Mic se mordit la lèvre inférieure. Bien sûr qu'il le savait, mais que pouvait-il dire ? Le groupe de vilain était trop fort pour le noiraud, c'était compréhensible qu'il n'ait pas pu agir comme il le devait. Il ne pouvait que perdre ce combat.

- Ce n'est pas à cause de toi, marmonna le bilingue d'un air désolé.

Il n'aimait pas voir son collègue dans un tel état.

- Bien sûr que si !! Si j'étais plus fort, j'aurais pu les sauver. Je suis tellement inutile... "Héros" ? tu parles !

- Hey, stop it !

Hizashi posa ses mains sur les poings d'Aizawa. Il tenta de croiser le regard colérique de celui qui avait été blessé dans l'intervention. Shota avait eu la chance de s'en sortir, lui, ses blessures étaient toutes guérissables. Mais il ne se pardonnerait jamais d'avoir échoué à protéger des civils.

- Ne me contredis pas, Mic. A quoi bon avoir un pouvoir et un permis d'utilisation d'alter si c'est pour en arriver là ?

L'anglophone crispa ses doigts sur les mains de son interlocuteur. Il lui envoya un léger sourire, amical et compatissant.

- Moi, j'aime bien ton alter, Shota. Je trouve que t'es un héros incroyable.

Eraser Head fit une moue sceptique. Il n'y croyait pas du tout, mais il choisit de ne pas argumenter. Il avait déjà perdu un combat aujourd'hui, il ne voulait pas s'élancer dans un autre... Il était juste tellement en colère contre lui-même !
Alors quand le DJ se redressa pour le prendre dans ses bras, Aizawa tenta d'abord de le repousser, mais finit par céder à l'étreinte consolatrice. Il se laissa aller, la tête calée dans le creux de l'épaule de son ami. Ses mains hésitantes et tremblantes vinrent s'accrocher à la veste en tissus du héros vocal.
Un soupir désespéré traversa ses lèvres, et Hizashi le serra plus fort contre lui.

- You did nothing wrong, Shota. Tu n'as rien fait de mal.

Il le répéta dans ses deux langues maternelles en caressant doucement le dos du brun. Ce dernier retint un sanglot.

Finalement, c'était exactement ce dont il avait besoin d'entendre.

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Ils avaient 21 ans.

Ils étaient allongés dans l'herbe, perdus au milieu de nulle part. Au prix d'une insistance qui relevait du harcèlement, Yamada avait réussi à traîner son collègue et ami dans une auberge en montagne. Aizawa n'aimait pas prendre des vacances, et même quand il le faisait, il n'aimait pas bouger. Ou plutôt, il n'en voyait pas l'intérêt.

Mais Hizashi finissait toujours par obtenir ce qu'il voilà. Alors Shota avait fini par céder car c'était le seul moyen de faire taire le DJ, et au final, il ne regrettait pas tant que ça d'avoir accepté. L'auberge était isolée, et à cette période de l'année ils étaient presque les seuls clients. En plus, les propriétaires les laissaient faire ce qu'ils voulaient, alors les deux héros n'étaient absolument pas dérangés.

Il devait être trois heures de l'après-midi environ. Ils avaient pique-niqué dehors car le temps était bon. L'homme aux yeux obsidienne se redressa d'abord sur ses coudes, puis en position assise. Il s'étira lentement, puis laissa son regard dérivé à l'horizon. Il se sentait bien. Si bien que les lèvres se courbèrent légèrement vers le haut. Un sourire franc, simple, et sincère. C'était plus que rare chez cet homme pragmatique.

A côté de lui, l'anglophone était toujours allongé, ses lunettes sur le nez. Quand il sentit son ami bouger, il ouvrit les yeux et l'observa. Bien sûr, il ne manqua pas de noter l'expression douce et sereine du noiraud.

- J'aime bien ton sourire, lâcha distraitement le blond.

Immédiatement, l'étirement des lèvres du héros effaceur s'affaiblit. Shota détourna le regard, ne sachant pas trop comment prendre ce compliment. Ce n'était pas la première fois qu'Hizashi disait quelque chose du genre, mais le brun n'arrivait pas vraiment à s'y habituer.

- On dirait que tu aimes bien beaucoup de choses, chez moi...

Ce n'était pas un reproche, mais plutôt une remarque neutre qui lui vint à l'esprit comme ça. Son interlocuteur souffla du nez, amusé d'être pris la main dans le sac.

- Perhaps I just like you, répondit-il en fermant à nouveau les paupières.

Aizawa roula des yeux, blasé. Il savait bien que Yamada ne faisait que rigoler, alors mieux valait ne pas répondre. Le blond était du genre chiant quand on entrait dans son jeu. Heureusement pour l'homme à l'alter d'effacement, le bilingue n'ajouta rien non plus. Mais Eraser resta perdu dans ses pensées...

C'était bien une blague, non ?

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Ils avaient 22 ans.

Ils sortaient tous les deux d'un grand bâtiment qui appartenait à une célèbre entreprise de fabrication de costumes de héros. Ils y avaient envoyé leurs tenues quelques jours auparavant pour demander quelques modifications. Ils avaient grandi depuis le lycée, et avaient de nouvelles attentes dorénavant. Et ce jour-là, ils avaient été conviés par le personnel pour récupérer leurs costumes, avec leurs mises à jours.

Ils les avaient essayé sur place, et avaient décidé de les garder sur eux lorsqu'ils quittèrent le bâtiment. Ils n'oublièrent évidemment pas de remercier ceux qui avaient travaillé sur leurs accessoires.

Present Mic s'étira pour tenter de s'habituer à la nouvelle enceinte autour de son cou. L'objet électronique captait les vibration de ses cordes vocales dès que son alter s'activait, et servait à diriger sa voix vers une direction précise. Il avait aussi demandé des épaulettes plus "rock'n'roll" et il était très heureux du résultat.

De son côté, Aizawa ne semblait pas avoir changé grand chose —d'apparence et tout cas. Le seul détail physiquement repérable était ses lunettes, dont les verres transparents avaient été retirés et remplacés par des barreaux de fer jaunâtres verticaux. Mais ce qui était invisible était que l'alliage de son arme de capture avait été modifié pour quelque chose de plus solide. Elle était aussi devenue plus maniable et plus longue.

- I like your hero outfit ! s'exclama le bilingue en faisant un finger gun en direction de son collègue.

Eraser Head haussa les épaules, insensible au compliment.

- L'important c'est surtout que ce soit pratique.

- Toujours aussi pragmatique à ce que je vois !

- Et toi, toujours aussi bruyant.

Le blond éclata de rire, pas le moins du monde vexé. Il donna une tape amicale dans le dos de son collègue, qui grogna en réponse. 

- Laisse-moi tranquille.

- Sorry dude, mais j'aime trop t'embêter !

Shota fit claquer sa langue contre son palais en enfonça sa tête dans ses rubans pour mettre un terme à la conversation. Il bifurqua à droite, lançant un "je rentre chez moi" froid qui ne laissait pas place à la négociation. Hizashi le laissa partir et continua son chemin.

Il aurait bien le temps de le taquiner plus tard.

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Ils avaient 23 ans.

Après avoir fait le compte-rendu d'une mission qui s'était bien passée au poste de police, Present Mic et Eraser Head marchaient tranquillement dans la rue en direction du studio où vivait le plus jeune des deux. Le blond parlait de tout et de rien sans trop faire attention à si son ami l'écoutait —ce qu'il ne faisait pas. C'était plutôt une conversation à sens unique, un mur aurait été plus chaleureux que le silence insensible du brun.

Une fois arrivé au pied du bâtiment hébergeant le blasé, Hizashi retint son ami par le bras. Ce dernier se retourna et lui lança un regard interrogateur, souhaitant comprendre pour quelle raison le DJ l'empêchait de monter faire sa sieste.

- Hey, tu veux pas qu'on aille déjeuner au resto chinois ?

Aizawa le toisa sans répondre, prêt à claquer sa porte à tout moment.

- Allez, je sais que t'aimes leurs raviolis !

- Ce n'est que de la nourriture.

- Mais de la BONNE nourriture ! Ca fait pas de mal de changer des compotes multivitaminées, de temps en temps...

Shota se tourna vers sa porte. Entre dormir et manger, son choix était vite fait.

- Je veux juste aller me reposer, vas-y tout seul.

- HEY NO ! Tu pourras dormir après, come on dude !

Le noiraud soupira. Ses yeux trahissaient sa fatigue, mais son estomac grognait sa faim. Cependant, il avait déjà de quoi se sustenter dans ses placards ; à savoir une réserve incroyable de compotes à boire.

- La prochaine fois, marmonna-t-il.

- Pleeaaaaaaaase, supplia l'anglophone en faisant des yeux de chiot. Allez, je t'invite !

Le héros effaceur hésita encore un peu, puis accepta enfin. Hizashi lui montra un large sourire et passa un bras autour des épaules de son collègue pour commencer à se diriger vers le restaurant.

- COOL ! Let's eat !

Eraser Head se laissa entraîner en montrant beaucoup moins d'enthousiasme. Mais il ne repoussa pas le contact physique.

Une fois arrivés au lieu de restauration, ils s'installèrent à table et passèrent commande. En attendant que le serveur leur rapporte leurs plats, Yamada retirait les accessoires qui le dérangeaient. Son nouveau costume était bien encombrant.

- Au fait Mic, questionna le noiraud, t'as pas d'autres amis avec qui déjeuner ?

Hizashi était un héros de plus en plus connu, et il avait toujours été très sociable. Il était toujours bien entouré, mais pourtant il passait la plupart de son temps avec la froide et discrète personne d'Aizawa.

- Of course I have, rit le blond, mais j'aime bien manger avec toi ! You're my best friend, je te rappelle !

Flatté mais aussi gêné, Shota baissa les yeux. Leur commande arriva et le blond saisit immédiatement ses baguettes pour enfourner l'appétissante nourriture dans sa bouche.

- Itadakimasu ! s'écria-t-il avant d'avaler une bouchée de raviolis au porc.

- Itadakimasu, répéta le noiraud, plus faiblement.

Il ne l'avoua pas ce jour-là, mais Aizawa appréciait lui aussi partager son repas avec le blond trop bruyant.

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Ils avaient 24 ans.

Le plus âgé des deux tanguait nerveusement d'une jambe à l'autre, le regard sur toutes les formes qui constituaient le paysage qui l'entourait. Ses yeux comme ses pensées n'arrivaient pas à se focaliser sur un sujet précis. Pour la sixième fois en trois minutes, il se passa une main dans ses cheveux blonds, qu'il avait laissé détachés pour l'occasion.

Il portait une tenue sobre, mais classe. Il avait fait attention à ne pas être trop bling-bling sachant que ce style dérangeait le héros effaceur. Mais il avait quand même passé deux bonnes heures à choisir sa tenue, avant de tout enlever et d'enfiler des vêtements civils classiques, se disant que de toute façon Eraser n'y ferait même pas attention. Au fond, ce n'était qu'un jour comme un autre, non ?

Shota soupira. Cela faisait un moment qu'Hizashi était maintenant silencieux, et ça l'irritait un peu. Pas qu'il préférait se faire agresser du surplus de paroles du bilingue, mais plutôt que l'attitude stressée du DJ le mettait mal à l'aise. Mic avait l'air complètement ailleurs, et le noiraud ne savait pas trop comment réagir à cela.

- Accouche, lâcha froidement le blasé. Tu veux quoi ?

L'interpellé sursauta, ne s'attendant pas à se faire hâter par son ami. Était-ce si évident qu'il voulait lui parler ? Bon, il était maintenant trop tard pour les réflexions, il devait prendre son courage à deux mains.

- Hum... Shota ?

- Ouais ?

Après avoir soufflé profondément puis inspiré longuement, l'anglophone releva la tête et plongea son regard dans les yeux inexpressifs de son interlocuteur.

- Uh... I-I think, commença-t-il d'une voix hésitante, Hum, je crois que je t'aime . . . bien.

Le silence de dix secondes qui en suivit fut insoutenable pour celui qui venait de se déclarer. L'antipathique afficha une expression mi-intriguée, mi-blasée, qui était assez difficile à interpréter.

- Moi ?

La question paraissait absurde. Comme s'il y avait qui que ce soit d'autre avec eux ! Mais Present Mic était trop tendu pour s'offusquer extérieurement. Il hocha la tête pour approuver.

- Tu "crois" ? releva celui aux yeux noirs

- Euhm . . . J-je... Enfin, uuuhh . . . I-I don't know . . . Well, I-I d-do l-like yo-you a-and, ahem, i-it's...

Totalement paniqué, il s'arrêta de bégayer des mots insensés lorsqu'il aperçut l'ombre d'un sourire sur le visage normalement inexpressif d'Aizawa.

- Je sais.

Hizashi était abasourdi. Il resta là, pantois, incapable d'aligner le moindre mot ou de réaliser le moindre geste. Mais lorsqu'il vit Eraser Head pouffer de rire avant de tourner les talons et de reprendre sa marche ; lorsqu'il vit son amour s'éloigner de lui sans avoir répondu à ses sentiments, le bilingue reprit le contrôle de son corps et s'élança à sa poursuite.

- Mangeons des sushis ce soir, lança Shota quand le blond arriva à sa hauteur.

Il ne le regardait pas.

- Ca te va ? continua-t-il en mettant ses mains dans ses poches.

- Euh... ye-yeah.... okay, bredouilla Mic, incertain.

- Cool.

Et ils continuèrent leur chemin comme si de rien n'était. 

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Ils avaient 25 ans.

Plusieurs mois s'étaient passés depuis la déclaration hésitante du DJ, et ils n'en avaient jamais vraiment reparlé. Bien sûr cette histoire tracassait énormément le blond, qui ne comprenait pas le "je sais" qu'avait répondu son ami. Depuis combien de temps savait-il ? Pourquoi n'avait-il rien dit ? Etait-ce là son unique réaction ? Un millier d'interrogations tourbillonnaient dans l'esprit du bilingue, qui ne savait plus trop où il en était.

Où ils en étaient.

Car, depuis ce jour, les deux amis s'étaient sensiblement rapprochés. Shota acceptait de mieux en mieux le côté tactile et envahisseur du blond, et faisait parfois même le premier pas en lui proposant de déjeuner ensemble, par exemple. Il était plus doux, plus ouvert, mais il restait tout de même Eraser Head.

Fidèle à lui-même, très souvent inexpressif, blasé et pragmatique. Il ne parlait jamais pour ne rien dire. Et visiblement, avoir des sentiments, ou juste répondre à un amour, c'était futile. Hizashi ne comprenait pas vraiment, voire même pas du tout, mais avec le temps il avait fini par s'y accommoder. Il ne savait pas s'ils sortaient ensemble dorénavant et n'avait pas non plus le courage de demander, de peur de se prendre un violent râteau ou de recevoir des moqueries blessantes. Alors il préférait profiter de sa proximité inexpliquée avec le noiraud.

Ils avaient dormi ensemble, cette nuit-là. Dans le même lit, car Aizawa s'y était endormi sans crier gare alors que Mic travaillait encore sur la playlist de sa prochaine émission. Quand il eut fini, le blond se contenta de se glisser sous les draps sans virer le héros effaceur, qui réagit à peine à son arrivée.

Au cours de leur sommeil, les deux collègues se réveillèrent et bougèrent quelques fois, si bien qu'au petit matin ils étaient presque enlacés. Aizawa était allongé sur le dos, en débardeur et short car il faisait chaud dans la chambre. Il regardait le plafond, la main plongée dans la chevelure dorée de Present Mic. L'hôte de la maison avait la tête posée sur le bras musclée de son ami de longue date, une main posée sur le torse à peine couvert du noiraud et les jambes emmêlées à celles de son invité, sous les draps.

Hizashi dévorait son vis-à-vis du regard, un sourire niais au lèvres. Il n'avait rien fait d'étrange, leur relation était purement platonique, mais il adorait le lien qui les unissait. Il aimait ces matins-là où Shota était encore à moitié endormi et qu'il se montrait un peu plus expressif qu'à l'usuelle. L'éternel blasé ne faisait pas attention à ce qu'il faisait, et c'était totalement inconsciemment que ses doigts s'enroulaient autour des mèches douces et dorées de l'anglophone, qui savourait cet instant comme si c'était le plus délicieux des mets.

- J'aime bien dormir avec toi, chuchota tout bas celui à l'alter vocal.

Il ne se rendit même pas compte des mots qui venaient de traverser ses lèvres. Il se sentait comme dans un rêve, flottant au-dessus d'une réalité brumeuse dans un nuage multicolore.

Aizawa tourna légèrement la tête pour croiser le regard infiniment amoureux de l'homme aux yeux verts. Un sourire lui échappa —la fatigue sans aucun doute.

- Vraiment ?

- Ouais....

Les iris émeraude du héros dérivèrent sur la mâchoire, le cou, puis le buste musclé de son ami. Sa main caressa le pectoral droit par dessus le fin tissus de vêtement, tandis que son nez huma discrètement et involontairement l'odeur unique qui émanait du corps si beau du brun.

- I mean . . . plutôt . . . j'aime bien me réveiller à tes côtés.

Est-ce qu'ils étaient en couple ? Il n'en avait aucune idée. Mais si ça pouvait être ainsi tous les matins, il serait absolument comblé.

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Ils avaient 26 ans.

Ils enseignaient tous deux à la prestigieuse académie de Yuei, le lycée où ils avaient eux-mêmes été formés pour devenir les héros qu'ils étaient aujourd'hui. Mic en tant qu'enseignant de la langue anglaise, et Eraser en tant que professeur de Hero 101.

C'était la pause déjeuner et ils s'étaient installés dans un coin de la salle des profs pour manger. Hizashi leur avait préparé chacun un bento pour ne pas qu'ils aient à se battre pour avoir quelque chose à la cafétéria.

- Il paraît que t'as renvoyé deux élèves ? interrogea le blond entre deux bouchées.

Son interlocuteur haussa les épaules. Ca ne faisait que trois mois qu'ils enseignaient, mais il avait déjà une terrible réputation.

- You'll never change, rit l'anglophone, Always taciturn and ruthless !

- Tu vas me réprimander parce que je suis trop sévère ?

- Nah, j'aime bien ta sévérité avec tes élèves. Ca me fait passer pour un prof cool, du coup !

Le noiraud roula des yeux face à cette justification dont il n'approuvait pas la légitimité.

- Ce sont de futurs héros. Nous ne sommes pas là pour "être cools", mais pour leur apprendre la vie.

- Yeah yeah, blah blah blah, I know ! Mais justement, on va travailler avec eux dans quelques années, alors mieux vaut déjà avoir de bonnes relations, tu penses pas ?

- Faudrait déjà qu'ils passent l'année, grommela Aizawa.

Le DJ blond pouffa de rire avant d'avaler une autre bouchée de son repas. Leur conversation s'arrêta là, et chacun continua d'agir comme il aimait le faire. Ils avaient beau aimer faire semblant de se disputer, en réalité, ils n'essayaient jamais de changer la manière d'être de l'autre.

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Ils avaient 27 ans.

Il devait être aux alentours de onze heures ou midi. Ils avaient fait une grasse matinée après une soirée qui s'était allongée. Une soirée pour le moins torride, car lorsque l'anglophone releva la couverture pour se lever du lit, quelques suçons étaient visibles sur son cou, la base de son épaule et même le bas de son torse dont une parcelle n'était pas couverte par son sweat bleu cyan.

Le blond s'assit sur le rebord du matelas afin de s'étirer, et son haut dévoila un peu plus de son corps parsemé de marques de plaisir. Il jeta un coup d'œil par dessus son épaule et vit que son compagnon était encore bien confortablement dans les bras de Morphée. Yamada sourit, amusé, et sortit de la chambre.

L'homme aux cheveux noirs, lui, grogna de mécontentement en sentant l'absence de corps à ses côtés. Il se retourna et remonta la couverture pour couvrir ses yeux, car l'heure tardive faisait que malgré les volets fermés, la lumière du jour parvenait quand même dans la pièce. Or, Shota n'en avait pas fini de dormir. Mais sans sa peluche humaine qui lui servait de petit-ami, c'était quand même moins agréable.

Hizashi revint une vingtaine de minutes plus tard avec un plateau qui supportait un bon petit-déjeuner. Il posa l'objet sur la table de chevet et ouvrit un peu plus les volets, au grand dam d'Aizawa qui fut obligé d'ouvrir les yeux.

- Hey love, bien dormi ?

En toute réponse, le professeur d'anglais reçut un râle endormi, qui le fit ricaner.

- D'accord d'accord, tu peux dormir encore un peu si tu veux, c'est jour de repos aujourd'hui !

Le bilingue se glissa à nouveau dans le lit et reprit son plateau pour le poser sur ses genoux. Il saisit la tasse de thé qu'il s'était préparé en faisant attention à ne rien renverser, et en avala quelques gorgées. Il laissa échapper un soupir de bien-être. Il commença à manger son petit-déjeuner tranquillement, dans le silence de la fin de matinée.

Aizawa sembla ravi que son copain revienne à ses côtés, et se tourna à nouveau pour se coller au héros vocal. L'homme à l'alter d'effacement passa son bras autour des hanches de celui avec qui il partageait le lit, et posa sa tête contre le buste de ce dernier. Il ferma à nouveau les yeux contre le corps de l'homme aux yeux verts en grognant quelque chose comme "mmh lumière gneuh". Yamada se pencha pour déposer un baiser sur son front avant de reprendre son repas.

Le DJ avait aussi ramené une tasse de café pour son compagnon, et l'odeur de cette dernière acheva de réveiller le plus blasé des deux. Eraser Head se redressa alors pour pouvoir s'asseoir aux côtés d'Hizashi et posa sa tête sur son épaule.

- Coffee ? demanda le blond qui connaissait déjà la réponse.

- Mmoui, affirma le noiraud d'une voix endormie.

Mic lui donna le mug encore fumant, vérifiant bien que le semi-réveillé pouvait la tenir correctement avant de la lâcher. Shota vida le café assez rapidement, comme à son habitude. Et, comme d'habitude, Hizashi avait prévu une seconde tasse pour lui. Le noiraud avait toujours eu besoin d'au moins trois doses le matin.

- Are you okay ?

- Moui... 'toi ?

- Ca va aussi !

- Mmh.

Yamada sourit, et embrassa les lèvres de son amant, qui sourit à son tour. Le blond se donna quelques secondes pour observer le visage qu'il aimait tant. Il le trouvait magnifique.

- J'aime bien ta tête au réveil, lâcha-t-il avant de l'embrasser à nouveau.

- 'Ai une tête normale, répliqua faiblement le brun.

- Une tête mignonne !

- 'Suis pas mignon.

- Yes you are, my dear !

- Non...

- Siiiiii ~

- Non.

- Tu veux encore du café ?

- Oui.

Le blond lui donna la seconde tasse. Shota la saisit sans se plaindre, étant en fait plutôt heureux.

- You're cute.

- Mmh.

Cette fois, il ne le contredit pas, trop occupé à sustenter son besoin quotidien en caféine. Mic afficha un sourire victorieux et lui colla un smack sur la joue. Il gagnait toujours ce genre de petits jeux.
Et bon Dieu, qu'il aimait ces petits matins tranquilles comme ça.

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Ils avaient 28 ans.

Eraser était assis en tailleur à même le sol, tenant en main une liasse de feuilles A4 noircies d'encre. Sur son oreille droite, un feutre rouge était en équilibre précaire. Pour mieux dégager sa vue et son visage, le héros effaceur avait relevé ses cheveux en un chignon haut désorganisé, mais son apparence lui importait peu.

Cette coiffure était pratique, et ça lui suffisait. Il fallait avouer qu'il s'était un peu laissé aller ces dernières années et que sa crinière noire s'était largement développée, au point qu'elle venait à le gêner assez souvent. Il en venait à songer à se couper les cheveux, car même si l'activation de son alter libérait automatiquement sa vue, cette touffe ébène restait embêtante.

A côté de lui, ou plutôt au-dessus de lui, était installé son compagnon, le DJ radio, professeur d'anglais et héros vocal Present Mic. Ce dernier se trouvait plus ou moins affalé sur le canapé, en train de tapoter sur son téléphone avec des écouteurs dans les oreilles. Dans son autre main il tenait une tasse de café tiède, qu'il avait laissé refroidir sans trop s'en rendre compte.

Ils vaquaient donc tous deux à leurs occupations, lorsque le blond sembla se lasser de son écran et ferma les yeux pour les reposer un peu. Quand il les rouvrit une dizaine de secondes plus tard, il fit dériver son regard vers l'homme avec qui il partageait cet appartement. Hizashi le relooka silencieusement, appréciant avec délice le physique attrayant du noiraud. Il sourit, et articula assez fort pour distraire le blasé de ses copies :

- J'aime bien cette coiffure, tu devrais la faire plus souvent !

Aizawa tourna la tête vers son petit-ami et leva un sourcil.

- You're handsome, continua l'anglophone en lui envoyant un clin d'oeil.

Le complimenté se sentit rosir légèrement, et il secoua la tête en grommelant un "OK" presque inaudible. Il fallait qu'il se reconcentre sur son travail. Il avait une tonne de feuilles à corriger, et ce n'était pas le moment d'être touché par le sourire goguenard de l'imbécile aux cheveux blonds.

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Ils avaient 29 ans.

Les vacances d'hiver avaient commencé depuis quatre jours. Malgré le chauffage allumé, il ne faisait pas assez chaud à l'intérieur pour rester en manches courtes  — Hizashi n'était pas du genre à gaspiller l'électricité. Le bilingue avait alors prêté un gros sweatshirt à son copain, qui s'était lové contre lui à la recherche d'un peu plus de chaleur.

Les deux amants étaient allongés sur le canapé, les jambes emmêlées, et leurs corps couverts par un grand plaid très doux. Aizawa était sur le dos, la tête posée contre l'accoudoir, une main glissée sous le haut de Mic en caressant doucement la peau brûlante du DJ. Sa seconde main s'était perdue dans les longues mèches dorées qui constituaient la fière chevelure de l'anglophone.

L'hyperactif s'était étalé sur l'ébène, la tête contre son torse, il pouvait distinctement entendre les battements du coeur de son amoureux. Et c'était une merveilleuse mélodie à ses oreilles. Il regardait la télé, où une série animée sur les enfers et un hôtel était diffusée. Il n'écoutait qu'à moitié, connaissant déjà par coeur les dialogues et chansons du programme.

- J'aime bien cette position, chuchota le blond alors qu'un démon venait de se prendre une bombe en pleine tête, sur l'écran.

Shota posa son regard sur le téléviseur et fronça les sourcils, ne comprenant pas vraiment de quoi Mic parlait. Le DJ rit doucement en levant les yeux au ciel.

- Pas dans la série, je parle de nous, silly.

- Ah ? Moui, ça a plus de sens...

- You're so dumb sometimes... Je voulais juste dire que j'aimais être dans tes bras.

Eraser Head déposa affectueusement ses lèvres sur le front de son petit-ami, et le tint un peu plus fermement contre lui. L'anglophone soupira de bien-être.

- Moi aussi, répondit l'ébène en étirant ses lèvres pour afficher un micro sourire. J'aime bien.

Et ils restèrent ainsi le reste de l'après-midi.

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Ils avaient 30 ans.

Present Mic faisait les cent pas dans la pièce emplie de machines dont il commençait à comprendre un peu trop bien les fonctions. Une veine pulsait sur son front, relevant une colère à peine camouflée. Il portait la moitié de sa tenue de héros, ayant jeté certains accessoires sous la rage.

- J'aimerais juste que tu restes en vie, tu comprends ça ou faut que je te le dise en anglais ??

Grimaçant, Aizawa se releva tant bien que mal sur le lit d'hôpital sur lequel on l'avait foutu. On l'avait complètement shooté aux anti-douleurs, alors il ne sentait pas trop les membres de son corps, et c'était plutôt tant mieux, car il était dans un très mauvais état.

- 'Za'hi . . .

Il n'arrivait même pas à articuler correctement. Des bandages recouvraient son corps entier, si bien qu'il ressemblait à une véritable momie.

- I can't, Shota ! I-I'm sorry, but I can't... Je peux pas accepter que tu te mettes en danger comme ça ! Et si je te perdais, hein ? Je vis comment, moi, sans toi ??? TELL ME !

La voix du bilingue était brisée par la peur et la tristesse. Le groupe de super-vilain qui avait attaqué la classe 1-A était reparti sans laisser de trace, mais en abandonnant derrière eux deux professeurs gravement blessés. Et celui qui avait le plus pris cher portait le pseudonyme d'Eraser Head.

- He chui là, 'Za'hi . . . Regarde moi...

Le blond se tourna vers son interlocuteur, mais ce qu'il vit lui déchira le coeur. Ce n'était pas le visage de l'homme qu'il aimait. C'était un héros en lambeau, à peine reconnaissable sous les tonnes de bandes grises et blanches tachetées de sang. Yamada n'osait même pas imaginer de quoi il avait l'air en dessous de ça.

- Les enfants–

Le noiraud fut pris d'une quinte de toux au milieu de sa phrase. Mic, inquiet au possible, courut dans le couloir appeler un médecin.

- Les en-enfants vont bien, c'est . . . c'est le plus important, réussit à dire l'ébène.

Des larmes montèrent aux yeux du héros vocal. Alors qu'un médecin était en train de s'assurer qu'Aizawa allait toujours bien, le blond aux yeux verts vint saisir la main momifiée de son amant entre ses dix doigts.

- J'aime bien quand tu t'inquiètes pour tes élèves, mais s'il te plait Shota, fais attention à toi . . .

L'habituel blasé se pencha en avant pour coller son front à celui de son compagnon.

- Dé'olé...

- Je t'aime tellement... Ne me laisse pas... Promets moi que tu ne me laisseras pas.

- Jamais, za'hi... Promis.

Si l'intégrité physique du brun n'était pas autant compromise, et s'il n'y avait pas tous ces bandages qui recouvraient sa bouche, il n'aurait pas hésité à embrasser Yamada pour le lui prouver. Il ne savait pas comment lui faire comprendre à quel point il l'aimait, mais il se jura de ne plus jamais le faire pleurer.

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J'aime ce chapitre. J'ai aimé l'imaginer, j'ai aimé l'écrire, j'ai aimé le corriger, j'ai aimé le publié, et je suis certaine que j'aimerai vos commentaires.

J'ai l'impression que ça fait un moment que je n'ai pas été fière d'un OS de cette fanfic... Bon, en même temps, ça fait longtemps que j'ai pas publié d'OS (le dernier ne compte pas, c'était la faute de RM, je voulais pas le poster moi). Donc voilà j'espère que ça vous a comblé ! Il est assez long, j'ai préféré ne pas le couper parce que j'aime bien sa dynamique.

Bien, c'est tout pour moi ! Je vous aime très fort mes adorables potatoes ~

Cho