Sans Nom #12
Pour info, ceci était censé être le chap 10, mais il ne voulait pas se finir.
😴😴😴
Avant, 16 ans
Ils étaient en plein cours d'histoire, le professeur parlait depuis vingt minutes déjà sans interruption. Il avait balayé les interrogations des élèves d'un simple geste de la main, continuant son discours sur les premières guerres d'alter. Un cours des plus banal, une leçon des plus barbantes. La voix de l'adulte était soporifique. Il récitait ses lignes comme un mauvais acteur qui lisait son texte pour la première fois. Sans jeter un regard à la classe qui l'écoutait à peine, il détaillait sans enthousiasme les terribles dégâts matériaux et humains qu'avaient causés les affrontements.
Shota Aizawa, un jeune homme capable d'annuler les pouvoirs des personnes qu'il regarde, ne suivait plus depuis longtemps. Il connaissait déjà ce cours ; les documentaires et les bouquins sur ces guerres ne manquaient pas. Jugeant déjà savoir tout ce qu'il avait besoin de savoir, et ayant de nombreuses heures de sommeil à rattraper, il avait entamé une sieste sur son bureau. Ses cheveux bruns tombaient sur ses yeux alors que sa tête reposait sur ses bras croisés. Un sommeil sans rêve le berçait tandis qu'autour de lui, l'agitation régnait.
En effet, son voisin de table, un bilingue nippo-anglais portant le nom de Hizashi Yamada, bavardait sans discrétion avec ses camarades de classe. Le jeune blond ne faisait même pas semblant d'écouter le professeur, n'en voyant pas l'intérêt. La discussion qu'il menait avec ses amis était bien plus intéressante que ce cours qu'il pourrait lire n'importe quand dans son livre d'histoire. Il avait toujours préféré parler plutôt que d'écouter.
Au bout d'un certain temps, la voix nonchalante de l'enseignant fut couverte par un éclat de rire provenant du fond de la classe. L'homme releva les yeux de sa feuille de cours et posa son regard sur un adolescent blond qui se balançait sur sa chaise, son visage souriant tourné vers ses camarades.
- Yamada-kun, le génocide de personnes possédant un alter vous fait tant rire ? lança le prof en fronçant les sourcils.
- Hein?! Euh nan, c'est pas à cause de ça-
- Quelle est la cause de votre hilarité alors ?
Le blond jeta un regard à ses amis et se retint de rire encore une fois. Ses lèvres scellées étaient déformées par un sourire gigantesque qu'il ne parvenait pas à cacher.
- Yamada-kun, veuillez cesser de vous balancer sur votre chaise et chasser cet air amusé de votre visage. Nous sommes en plein cours, faites preuve d'un peu de sérieux !
Malgré lui, Hizashi pouffa de rire. La blague que lui avait fait son camarade lui restait en tête. Le regard de l'enseignant se fit plus sévère, et son ton devint plus menaçant.
- Ça vous fait rire !?
L'anglophone plaque ses mains sur sa bouche en secouant la tête de gauche à droite. Le silence régnait à nouveau dans la salle. Tous les élèves avaient les yeux rivés sur l'adolescent à l'alter vocal qui allait probablement se faire sévèrement punir. Hizashi était incapable de se calmer, même en prenant de profondes respirations.
- Ça suffit, votre comportement est inadmissible ! Non seulement vous n'écoutez rien, mais en plus vous me manquez de respect ! Et ce n'est pas la première fois ! Combien d'heures de colle je dois vous mettre pour que vous appreniez enfin la discipline ?!
- Mais c'est injuste ! s'indigna l'élève. Shota dort depuis tout à l'heure et vous ne lui dites rie-
Il regretta immédiatement ses paroles. Il venait de vendre son ami, Aizawa allait prendre cher. Les iris dorées du professeur se posèrent sur le dénommé Shota, qui continuait sa sieste malgré les perturbations sonores. L'adulte s'avança entre les rangées de tables à grandes enjambées et frappa ses mains sur le bureau du brun.
- AIZAWA-KUN !
L'interpellé se réveilla en sursaut et se redressa sur sa chaise. Il se frotta brièvement les yeux avant de poser un regard incompréhensif et un peu paniqué sur son professeur.
- . . . Ennoshita-sensei ?
Le héro fulminait de rage. Shota se tourna vers Hizashi pour l'interroger silencieusement, et ce dernier lui fit une grimace maladroite signifiant "oups..."
- Désolé Sho... chuchota le blond.
- Aizawa-kun et Yamada-kun, vous vous moquez de moi tous les deux !??
Les deux adolescents de tournèrent à nouveau vers le héro professionnel qui leur servait de professeur. Ce fut le brun qui prit la parole pour dire, d'un air totalement blasé malgré son réveil brutal :
- Absolument pas sensei.
- Ne me répond pas !!! Garde cet air condescendant pour tes adversaires !
- Je ne suis pas condescendant, je parlais no-
- TAIS TOI ! Tu oses répliquer après avoir été pris en flagrant délit ?!? Mais pour qui tu te prends ? Respecte tes professeurs, gamin !
Shota fronça les sourcils. Il jugea inutile de reprendre la parole. Il soupira simplement et ouvrit son cahier d'histoire, prêt à suivre le cours. Mais l'adulte ne le voyait pas de cet œil.
- Tu penses réellement t'en sortir comme ça ? Mais quel enfant arrogant !
- Sensei, intervint Hizashi, on est désolé, on va écouter maintenant.
- Toi, tu m'interromps pendant mon cours et tu te permets d'intervenir encore ?!? Savez vous au moins que vous serez évalués dans deux semaines ?
- Of course we know it, but it's not our fault if you're so boring ! marmonna le blond plus fort que prévu en levant les yeux au ciel.
Un murmure de surprise se répandit dans la classe suite aux dires de l'anglophone. Les lycéens le dévisagèrent avec de gros yeux, se demandant comment il avait put avoir l'audace de dire une chose pareille.
- PARDON ?!?
- Evitez de crier dans mes oreilles s'il vous plaît, demanda calmement Shota.
Les pupilles de Mr Ennoshita faisaient des allers-retours entre Aizawa et Yamada, qui semblaient n'avoir aucune considération pour son statut de professeur. Il était censé avoir de l'autorité sur eux ! Ils étaient censés le respecter ! Comment ces gamins osaient-ils lui parler sur ce ton ?! C'était tout bonnement inadmissible pour cet adepte de la discipline.
- J'AI PARFAITEMENT LE DROIT DE CRIER QUAND MES ÉLÈVES ONT UNE ATTITUDE AUSSI ABERRANTE ! J'ai jamais vu ça, depuis quand Yuei est devenu un cirque ?
- Marrant, j'ai toujours cru que c'était une école de super-héros !
La plaisanterie de Hizashi fit pouffer de rire quelques élèves, et rouler des yeux à d'autre adolescents. Mais le seul adulte de la salle, lui, n'était ni amusé, ni exaspéré par cette réplique ; elle n'avait fait qu'attiser sa colère déjà brûlante. Le blond posa son regard émeraude sur le héro.
- Allons, calmez vous sensei, c'est mauvais pour votre cœur de vous énerver comme ça !
- Hizashi, tais-toi, tu vas te prendre des heures de colle, lui intima Aizawa en lui jetant un regard blasé.
- Vous allez TOUS LES DEUX vous prendre des heures de colles !!!
- Quoi ? Mais c'est pas juste !
Ennoshita se pencha au dessus de la table du jeune blond.
- Qu'est ce qui n'est pas juste mon garçon ? Que tu parles pendant mon cours ? Que ton ami préfère dormir ? Que vous me répondez tous les deux au lieu de vous taire et vous excuser ? Que vous m'empêchez de faire mon travail ???
L'élève, pas vraiment intimidé, leva la main pour prendre la parole.
- Si je peux me permettre, personne ne vous empêche de faire votre cours, c'est vous qui vous êtes interrompu tout seul.
Le professeur frappa du poing sur la table de Yamada, qui baissa lentement sa main en déglutissant.
- Vous êtes mes élèves, Yamada Hizashi, vous êtes censés vous taire et m'écouter ! Prendre des notes et apprendre ! Comment veux-tu que je continue ma leçon avec le brouhaha incessant que tu fais !!
Mais c'est pas comme si je parlais tout seul, pensa Hizashi. Heureusement, il eut l'intelligence de garder cette pensée pour lui. Il n'allait pas rejeter la faute sur ses camarades. Déjà que Shota s'était fait attraper à cause de lui...
- Tu ne fais que parler, tout le temps ! Tu empêches tes camarades de suivre ! Foire ton année si ça te fais plaisir, mais n'entraîne pas les autres dans ta décadence !!!
- Je..
- NE. ME. REPONDS. PAS !!!
Le bilingue grimaça et n'ajouta rien. Il détourna le regard en soupirant, laissant le professeur crier à sa guise. Ce dernier se retourna ensuite vers Aizawa pour continuer son sermon.
- Quant à toi....
Les mots lui manquaient pour décrire son ressentiment envers Shota. Le garçon leva les yeux vers son professeur, attendant sa sentence.
- Ce n'est pas en cours qu'il faut dormir !! Comment comptes-tu devenir un héro en étant si peu attentif ?! Je ne comprends pas ce que tu fais dans cette école, ta place n'est clairement pas ici !!!
Aizawa baissa les yeux, non pas par signe de soumission, mais parce qu'il ne voulait pas que Ennoshita-sensei capte l'éclat de colère qui s'était mis à briller dans son regard. Le brun détestait ça. Se faire juger inapte à devenir héro. Pourquoi aurait-il moins de chances que les autres de réussir ? Il dormait en cours, oui, mais lui au moins ne le dérangeait pas. De quoi ce prof se mêlait ? Il avait réussit l'examen d'entrée et ses notes étaient acceptables. Pourquoi est ce que l'enseignant ne continuaient pas simplement son cours en ignorant ceux qui ne l'écoutent pas ? C'était stupide, leur hurler dessus était une grosse perte de temps et d'énergie. Ce sermon était contre-productif. Le comble de l'irrationalité.
Le professeur souffla bruyamment du nez, semblant s'être un peu calmé. Il reprit, d'une voix plus exaspérée que colérique.
- Vous m'épuisez, je ne sais plus quoi faire de vous... Bon, puisque mon cours vous intéresse si peu, je ne vous retiens pas ici.
- Attendez, ça veut dire quoi ça ? interrogea Yamada
- Ca veut dire : DEHORS ! Je ne veux plus vous voir !
L'ensemble de la classe sursauta au soudain haussement de voix.
- Mais..
- PAS DE MAIS ! J'en ai assez entendu ! Prenez vos affaires et quittez ma salle de classe !!!
Shota n'attendit pas que le professeur se répète. Il rangea son cahier dans son sac et se leva de sa chaise. L'anglophone, lui, mit un peu plus de temps à réagir. Il observa d'abord son ami se préparer à sortir de la salle, puis le professeur qui les fusillaient tous les deux du regard. Ennoshita tremblait presque de rage. Le blond baissa ensuite les yeux sur sa table, rassembla ses affaires et les enfourna rapidement dans son sac. Aizawa était déjà en train d'ouvrir la porte.
- Oh, et vous resterez tous les soirs de la semaine pendant 2h après les cours !
Hizashi s'arrêta et dévisagea son professeur.
- Faut savoir, vous ne voulez plus nous voir ou bien vous voulez qu'on reste ?!
- 'Zashi.
- Non mais Sho, écoute le, c'est pas logi-
- Tais toi, viens.
Le brun attrapa le bras de son ami et le traîna à l'extérieur sous les cris de leur professeur d'histoire.
- C'est ça, écoute ton camarade et obéit ! N'empire pas ton cas ! Vos dossiers scolaires sont déjà fichus !!
La porte de la salle se referma et le calme revint. Aizawa continua de tirer Yamada loin de la salle tandis que ce dernier protestait.
- Mais tu te rends compte, c'est n'importe quoi !! Il nous dit de dégager et après il nous force à rester plus longtemps au lycée ! Tout ce qu'il dit n'a aucun sens ! T'as remarqué comment il s'acharne sur nous ?! C'est pas comme si on était les seuls à ne pas suivre les cours ! Je rigolais pas tout seul enfin, pourtant c'est moi qu'on a puni ! Je sais pas pourquoi il nous en veut autant, mais moi j'aime vraiment pas ce prof. Tu te rends compte qu'il nous a viré de cours juste parce que j'ai rigolé ?!?
- Ouais, mais on n'y peut rien. On a de la chance qu'il ne nous aie pas envoyé chez le proviseur quand même.
- Pourquoi il ferait un truc pareil ?!? On n'a strictement rien fait !
- Je pense que c'est ça le problème, Hizashi. On ne faisait rien. En cours, on est censé travailler.
Le blond s'arrêta au milieu du couloir. Shota le lacha enfin.
- Bold of you to say that, Sho-chan !
Le brun se tourna vers le bilingue et le dévisagea, n'ayant pas compris un traitre mot de ce que son ami venait de dire.
- Quoi ?
Hizashi eu un rire froid avant de reprendre, en japonais cette fois :
- "En cours on est censé travailler" Dixit celui qui se tapait sa meilleure sieste sur sa table ! C'est vachement ironique de ta part ! Je suis censé te prendre au sérieux ?
- . . . Je dis juste ce que le prof attend de nous, ce n'est pas-
- Yeah yeah Okay ! I totally understand. We have to work and to listen this boring teacher who hates us for no reasons. To your mind, would it be the lessons or the punishments which will kill us ? We'll die in the classroom before to become legendaries heroes ! Yeah, pretty cool idea, let's do that !
Aizawa fronça un peu plus les sourcils. Pas besoin d'être bilingue pour déceler le sarcasme dans la voix de Yamada.
- Est ce que tu peux arrêter de parler anglais, s'il te plait ?
- Yes I can but I'm not sure that I want.
Cette phrase, Shota parvint à la comprendre. Il soupira.
- Bon, on y va alors..
- Where ?
Le brun s'était remis à marcher, suivit de son ami anglophone.
- J'sais pas. T'as une idée ?
- On the roof !
- Ça veut dire quoi ce truc ?
Le dénommé Hizashi pouffa de rire et dépassa son camarade en lui lançant un clin d'oeil. Ce dernier grommela, comprenant que le blond n'avait pas l'intention de lui expliquer où il voulait aller dans des termes compréhensibles par le brun. Aizawa suivit donc le bilingue à travers les couloirs du lycée. Il semblait avoir mit l'anglophone en colère et ça le mettait mal à l'aise. Il soupira. Ca finira bien par lui passer...
- Hurry up Sho-chan, if someone see us, we're dead !
L'interpellé fronça les sourcils, n'étant pas sûr d'avoir bien compris la signification de ces mots. Il vit Mic accélérer le pas sans lui jeter un regard, et décida de soutenir son rythme. Puis, soudainement, le blond s'arrêta et plaqua son camarade contre le mur. L'adolescent rationnaliste n'eut même pas le temps de pousser un grognement de surprise que Yamada lui intima de se taire en posant son index sur sa bouche. Ses iris émeraudes étaient dirigées vers le couloir qu'ils s'apprêtaient à emprunter. En tendant l'oreille, Shota entendit le bruit familier d'un robot qui se déplace. Il y en avait assez peu dans l'école à l'époque où ces deux là étaient encore adolescents, mais l'Académie des Héros restait à la pointe de la technologie et possédait quelques machines pour parfaire son organisation. Hizashi retint sa respiration en maintenant son ami contre le mur puis, quand le bruit s'éloigna, il se détendit.
- Okay, they're gone, we're safe. Let's continue now.
Le blond reprit son chemin sans remarquer le regard interrogatif que lui lançait le blasé. Shota soupira puis se résigna à suivre sagement son ami. C'était la meilleure solution après tout. Il laissa donc l'hyperactif le guider à travers le bâtiment principal, qu'ils commençaient tous les deux à bien connaître. Au bout d'un certain moment, de longues minutes durant lesquelles le garçon aux cheveux noirs commençait à soupçonner son ami de le faire tourner en bourrique sciemment, les deux lycéens se retrouvèrent au dernier étage, interdit normalement aux élèves. Celui à l'alter d'effacement se demandait où Hizashi avait l'intention de les mener, car ils semblaient tourner un peu en rond. Après avoir fait discrètement le tour de l'étage, Aizawa confirma sa pensée selon laquelle l'anglophone faisait exprès d'allonger leur trajet, alors que lui-même avait dit qu'ils devaient se dépêcher afin de ne pas se faire prendre.
- Hizashi...
Le jeune blond continua son chemin sans faire mine de ralentir. Il parcourait les couloirs comme un espion en mission d'infiltration, s'arrêtant à chaque tournant, verifiant chaque allée. Le brun trouvait cela vraiment pas nécessaire, mais il eut l'intelligence de ne pas vexer encore plus son ami.
- Hizashi.
L'anglophone ne lui répondait toujours pas. Il semblait à fond dans son univers et faisait à peine attention à la présence de Shota. Pour une raison qui lui échappait, ce dernier sentit son coeur se serrer. Ce sentiment ressemblait à de la frustration.. C'était désagréable de se faire ignorer ainsi par son ami.
- Hizashi, s'il te plait, dis moi au moins ce qu'on fait..
- Be quiet !
Ca, Aizawa savait ce que ça signifiait. C'était même probablement une des premières choses qu'il avait appris en cours, vu sa classe de dégénérés. C'était un appel au calme. Ou plutôt, un ordre de se calmer et de rester silencieux. Sûrement l'expression la plus utilisée de tous les enseignants en anglais.
Eraser n'aimait pas cette situation. Ils venaient de faire le tour du dernier étage, ils avaient parcourus le lycée de haut en bas, et pouvaient se faire attraper à n'importe quel moment. Ils étaient peut-être même déjà repérés... Mais le blond continuait de lui tourner dos et de le trainer à travers le bâtiment scolaire.
- Hizashi !
- Shut up Sho, it's here.
Ils se trouvaient au pied d'un escalier. Un escalier qui montait. Au dernier étage ?! C'était impossible ! Aizawa ne comprenait pas. Où menait cet escalier ? Le jeune Yamada ne le laissa pas réfléchir plus longtemps, attrapa la main du brun et grimpa rapidement les marches avant de poser sa main sur la poignée. Il hésita un instant, puis appuya doucement afin d'ouvrir la porte. Encore une fois, son ami aux cheveux ébènes le suivit, et ils finirent tous les deux sur le toit de l'immense Académie Yuei.
Un air satisfait sur le visage, l'adolescent anglophone s'avança se la plateforme en ouvrant grand ses bras.
- Here we are !!! The roof !
Shota percuta enfin. Roof. C'était "toit". Il nota cette information dans un coin de sa tête, persuadé de s'en souvenir la prochaine fois. Si jamais il y avait une prochaine fois. Ils pourraient se faire renvoyer de l'école qui on les trouvait ici . . . Mais, en l'instant, ça importait peu au brun. La vue depuis cet endroit était incroyable. Le lycée héroïque surplombait déjà la ville de Musutafu depuis la petite montagne sur laquelle il avait été bâti, mais là, sur le toit, on se sentait encore plus grand. Ou, au contraire, tout petit... Les deux impressions se mélangeaient. Toujours était-il qu'ils avaient une vision imprenable de leur petit monde. Tout Yuei était sous leurs pieds, littéralement.
- So ? Pretty cool, isn't it ? Do you like it ? Tell me truth, that's amazing, yeah ?
Hizashi s'était tourné vers son camarade pour le regarder avec des yeux pétillants. Un énorme sourire traversait son visage enfantin. Aizawa se surpris à le trouver admirablement beau. Il n'avait compris que la moitié de ce que le blond avait dit, mais il hocha positivement la tête sans le quitter des yeux. Assurément, cette vue là était magnifique.
- Look at this Sho-chan ! All the city !
Le blond se rapprocha du bord, désignant le paysage devant eux.
- Fais gaffe 'Zashi-
Il n'y avait pas de barrière qui pourrait les empêcher de basculer dans le vide.
- Don't worry my friend, it's okay !
Hizashi était plus prudent qu'il en avait l'air. Il restait à une distance raisonnable de la bordure du toit. Il tira doucement la main d'Aizawa pour qu'il le rejoigne. Le brun hésitait, mais finit par s'avancer lui aussi en serrant les doigts de l'anglophone.
- Pourquoi tu agis comme si c'était la première fois qu'on venait ici ?
Ils avaient pourtant l'habitude de se retrouver sur le toit pour discuter et manger. Parfois, Nemuri les rejoignait, bien que cet endroit soit interdit aux élèves. Il fallait avouer qu'ils n'étaient pas vraiment des étudiants exemplaires.
- Don't know... I like the view. And it's the first time we come during courses !
Le jeune Eraser fronça les sourcils en essayant de traduire mentalement les mots du bilingue.
- "courses" ça veut dire "cours" ?
- Yes, it is !
- OK . . . Alors... c'est vrai que d'habitude on vient que pendant la pause déjeuner... Mais c'est pas bien différent des autres fois, je pense.
L'autre haussa les épaules sans perdre son sourire. Il ouvrit la bouche, la referma, souffla un coup puis reprit :
- Other times, you didn't take my hand.
A cette phrase, Aizawa baissa les yeux et remarqua que ses doigts étaient toujours liés à ceux de son ami. Il rougit brusquement et lâcha son camarade en reculant de trois pas. Yamada éclata de rire en voyant la réaction de l'apprenti héro effaceur. En même temps, le blond priait pour que les légères rougeurs qui avaient aussi taché ses joues passent inaperçues.
- You're so funny Sho-chan ! I was joking, calm down ! It's okay, don't worry.
Shota détourna le regard, gêné au possible. Il était peu tactile, et ce geste habituellement affilié à une relation sentimentale le mettait mal à l'aise. Surtout qu'il ne s'était pas rendu compte qu'il tenait la main du blond depuis un moment.
Hizashi trouvait cela adorable, mais il se garda bien de le dire. Dans un geste théâtrale, il remonta ses lunettes sur son nez, se passa une main dans ses cheveux dorés et tendit à nouveau la main vers son meilleur ami, le tout en lui offrant un magnifique sourire ; quoique un peu embarrassé.
L'ébène regarda ladite main avec incompréhension et hésitation. Devait-il la saisir ? Non, c'était étrange... Pourquoi le blond faisait-il cela ? Pourquoi étaient-ils sur ce toit ? Mais le plus étrange était surtout que la situation ne dérangeait pas tant Aizawa. L'illogique total ne l'exaspérait pas, pour une fois.
- You ponder too much.
Shota fixa le visage de l'hyperactif, totalement paumé. Ce dernier rit à nouveau et ramena sa main vers lui pour se gratter nerveusement la nuque. Il s'était mis dans une position un peu compliquée . . . Aizawa devait se poser des questions. Ce n'est pas normal de proposer à son meilleur ami de tenir sa main, n'est ce pas ? L'adolescent aux yeux émeraudes avait parlé impulsivement, croisant les doigts pour que le noiraud ne relève pas. C'était un peu idiot de sa part connaissant la personnalité du blasé.
Le fait était que Shota lui plaisait. Il s'en était rendu compte en le retrouvant à la rentrée en seconde année. Mais Hizashi avait peur de montrer ses sentiments, alors il avait continué d'agir comme d'habitude tout en guettant les réactions du brun lorsque le bilingue se montrait tactile. Enfin, là, il devait avouer que sa technique d'approche n'avait pas été très discrète. Un fiasco total, même.
- Nevermind.
Le bilingue laissa tomber sa main le long de son corps. Il lâcha un rire gêné et reposa ses iris de jade sur la forêt entourant l'Académie. Un lourd silence tomba entre les deux adolescents, chacun perdu dans ses pensées. Aizawa cherchait quelque chose à dire, mais rien ne lui vint. Il n'était pas doué pour démarrer les conversations. Et il n'avait pas l'habitude de voir Yamada nerveux. L'ébène ne savait pas quoi faire. Est ce qu'Hizashi était toujours fâché contre lui à cause de ce qu'il avait dit en sortant de la classe ? D'ailleurs, pourquoi s'était-il énervé ? Shota ne comprenait vraiment pas comment fonctionnait son ami.
L'adolescent à l'alter d'effacement retournait le problème encore et encore dans sa tête sans vraiment trouver de solution. Hizashi ne disait rien, et cela le perturbait encore plus. Il n'avait jamais vu le blond aussi silencieux, et il lui semblait déceler une pointe de tristesse dans son regard fuyant. On aurait dit qu'un énorme gouffre séparait à présent les deux apprentis héros. Mais malgré tout, malgré le silence, malgré la distance, malgré la gêne, Shota Aizawa trouvait le jeune Present Mic incroyablement beau. Et il se l'avoua difficilement : il avait envie de reprendre sa main.
Ses doigts lui semblaient glacés. Le souvenir du contact avec la peau douce et chaude du bilingue l'appelait à s'avancer à nouveau vers son camarade de classe. La vérité, dont il se rendit compte après-coup, était qu'il avait apprécié le geste. S'il n'avait pas retiré sa main jusqu'à ce que Yamada le lui fasse remarquer, c'etait parce que Shota se sentait bien. Et il ne comprenait pas vraiment pourquoi, mais il voulait connaître cette sensation à nouveau.
Alors, coupant court à ses reflexions qui commençaient à lui embrouiller la tête, Aizawa fit deux pas vers son meilleur ami et frôla son index. Ce dernier sursauta et tourna son regard surpris et interrogateur vers le brun. EraserHead détourna immédiatement les yeux, le visage rouge jusqu'aux oreilles. Ses dents plantées dans sa lèvre inférieure, son regard fixé sur la main d'Hizashi, Shota essayait de calmer la course de son cœur. Son organe vital courait un marathon dans sa cage thoracique. Il était probablement ridicule au possible. Il se sentait terriblement idiot. Yamada allait sûrement se moquer de lui, comme à son habitude . . .
Mais, à la grande surprise du noiraud, l'hyperactif blond joignit leurs mains d'un geste rapide. Aizawa releva la tête, les yeux écarquillés, et remarqua que son ami avait choisi de baisser la sienne. Après quelques autres secondes de silence et d'incompréhension, Hizashi finit par lever les yeux et offrir un timide sourire embarrassé à Shota.
Le cœur du brun se stoppa net dans sa course. Hizashi Yamada était adorablement mignon. Trop mignon pour être réel. Ce garçon ne pouvait pas être un simple mortel. Comment pouvait-on être aussi-
- Hum... J-je... Ça ne te derange pas . . ? demanda le bilingue, coupant court les pensées de son ami.
- Oh euh hein ? fut la chose la plus intelligente qui vint à la bouche de l'ébène.
Le sourire de Yamada s'agrandit. Il leva doucement leurs mains liées pour les mettre sous les yeux du blasé. Ce dernier les regarda, puis regarda Hizashi, puis à nouveaux leurs mains, et ce fut ce moment que l'organe dans sa poitrine choisit pour se taper un sprint. Aizawa secoua énergiquement la tête de gauche à droite, à la fois pour remettre ses idées au clair et pour répondre à Hizashi. Le jeune blond soupira de soulagement et resserra un peu plus les doigts du noiraud.
- Tant mieux alors...
Un nouveau silence s'installa sur le toit. Pas aussi lourd que le premier, mais il pesait quand même son poids d'embarras.
C'est alors que Shota se rendit compte que le blond s'était remis à parler en japonais.
- Euh.. Hi-Hizashi ?
- Yes ?
Ou pas.
- T-tu... Hum... Non, rien.
Yamada fronça les sourcils.
- Qu'est ce qu'il y a ?
- Je... Je me demandais si, tout à l'heure, tu étais vraiment fâché contre moi . . .
Le bilingue réfléchit un instant à la phrase. Puis son regard s'illumina.
- Oh non, pas du tout ! C'était le prof qui m'avait énervé, pas toi. Toi, tu m'avais juste légèrement saoulé, mais je n'étais pas fâché.
Shota parut soulagé. Ses iris noires derivèrent sur le paysage tandis que son esprit était toujours concentré sur le contact avec l'hyperactif.
- Et... Qu'est ce qui t'avais saoulé, exactement ?
Hizashi fit un petit bruit avec sa langue, synonyme d'agacement, et Aizawa eut peur de l'avoir à nouveau irrité.
- T'es pas mieux que moi, au niveau du comportement, pourtant tu te permets de faire la leçon... "C'est ce que le prof attend de nous" c'est tellement hypocrite de ta part ! Depuis quand tu t'intéresses à ce que les autres attendent de toi ?
- Je ne m'y intéresse pas spécialement... Je crois que tu as mal compris. Ce que je dis, ce n'est pas forcément ce que je pense.
- C'est quoi alors ?
- J'essaie juste de voire les choses de façon rationnelle-
L'anglophone leva les yeux au ciel.
- Au diable, le rationalisme, Shota !
Le garçon aux cheveux ébènes secoua la tête, les sourcils légèrement froncés.
- Je ne suis pas d'accord. C'est utile et important de savoir voir les choses d'un point de vue objectif.
- Et à quoi ça te sert, vue que tu continues de ne pas suivre les cours ?
- À ne pas me plaindre des conséquences de mes actes.
Yamada n'ajouta rien. Il soupira et passa sa main libre dans ses cheveux dorés. Parfois, le raisonnement de son ami lui échappait complètement. Mais il ne lui en voulait pas. Il essayait juste de comprendre. Et surtout, il voulait que Shota le comprenne.
Hizashi avait beau être une personne très expressive, son ami demeurait insensible à ses pensées. Certains jours, le blond croyait parler à un mur. Et Aizawa lui en faisait voir de toutes les couleurs, Mic ne savait pas trop comment interpréter son comportement. Tout à l'heure, il avait parlé en moralisateur, ensuite il l'avait suivit plus ou moins sagement, puis il avait adorablement saisit sa main, et maintenant il avait reprit cet air blasé qui le caractérisait... Le blond se sentait perdu. Laquelle de ces faces était le vrai Shota ? Qu'est ce qui se cachait au fond du coeur du noiraud ? Il voulait juste qu'ils s'entendent, qu'ils s'alignent, sur la même longueur d'onde. Que leurs étoiles se rencontrent. Les deux adolescents étaient infiniment différents, et n'arrivaient absolument pas à comprendre l'ensemble de la personnalité de l'autre. Pourtant, ils essayaient.
- Je ne me plains pas des conséquences de mes actes, je me plains de l'injustice et de l'abus de pouvoir.
Le jeune EraserHead secoua négativement la tête.
- Sa réaction était effectivement exagérée, mais sa colère reste légitime. Il n'est peut-être pas le meilleur prof, mais ce n'est pas comme si on avait un bon comportement non plus... C'est ça, rationnaliser.
- Et donc, parce que je suis un peu turbulent, je dois me laisser marcher sur les pieds par un adultes pas capable de gérer sa classe ?
- Tu ne comprends pas...
- Nan, c'est vrai, je ne te comprends pas.
- Cette discussion ne mène à rien.
Ils tournaient en rond, encore et encore et encore. Mais ils n'abandonnaient pas.
- Je ne suis pas d'accord, objecta celui aux lunettes. On avance. Lentement, imperceptiblement, mais je pense qu'on arrive à quelque chose.
- Mais quoi ? Moi, je ne vois rien.
- Il y a plein de choses qui m'échappent encore dans ton raisonnement, mais je pense que je parviens à percevoir les grandes lignes de ta manière de réfléchir.
Shota ne répondit pas. Il pivota son corps pour faire face à son interlocuteur. Il le détailla du regard. Hizashi était plus grand que lui, ses cheveux couleur blé étaient relevés par une couche de gel, et ses magnifiques yeux verts étaient malheureusement camouflés par des verres teintés d'orange qui reposaient sur son nez. Yamada portait l'uniforme gris du lycée, qui soulignait bien son corps svelte et secrètement robuste. Son éternel sourire décorait toujours son visage, bien qu'il soit moins remarquable aujourd'hui.
Aizawa plongea finalement son regard dans les orbes de jade de son ami. Il sentit son coeur trembler. Il n'avait jamais été matérialiste ni attaché à la beauté ou à d'autres valeurs de ce genre, mais il trouvait ces iris sincèrement magnifiques. Les yeux de Mic étaient les plus beaux qui lui avaient été donné de voir. Malgré tout le rationalisme dont il pouvait faire preuve, même en se répétant que ça n'était qu'une simple pigmentation, il ne pouvait se retenir de se noyer dans cette couleur. Mais il s'efforça de ne pas trop laisser paraître son admiration pour le blond.
- Je pense... Je pense que c'est impossible de comprendre véritablement quelqu'un, finit par dire le noiraud.
Yamada avait remarqué la profondeur du regard que lui portait le rationaliste, et il ne savait pas s'il devait se sentir flatté ou gêné. Il connaissait cette expression. Combien de personnes déjà étaient tombées sous le charme de ses yeux ? Il était jeune, beau, et métissé. Il le savait. Il l'avait rapidement appris. Mais il se demanda si Shota était, comme les autres, aussi obnubilé par ces détails de sa personne.
- Alors quoi, on est condamné à parler dans le vide, à s'expliquer en vain, à rester des étrangers ?
Le brun essayait de s'arracher à ces orbes uniques, mais elles étaient encore plus attrayantes que le noyau d'une planète.
- Ce n'est pas ce que je veux dire...
Sa voix n'était pas plus haute qu'un murmure. Imperceptiblement, la tension montait entre les deux lycéens.
- On peut... On peut s'expliquer. Donner son point de vue, exposer sa manière de penser . Je ne dis pas qu'on ne peut absolument pas se comprendre-
- C'est exactement ce que tu as dis.
- Laisse moi finir.
- . . OK, Je te laisse...
Aizawa lâcha un soupir et serra un peu plus les doigts du blond.
- On peut percevoir dans les grandes lignes la personnalité des autres. Mais tu ne pourras jamais réellement comprendre l'ensemble des sentiments qu'ils ressentent. Parce que vous êtes deux être différents, tu vois ? On peut... Se caler l'un sur l'autre, se mettre sur la même longueur d'onde, mais il y a une limite à la compassion et l'empathie. Parfois, il faut juste accepter que certaines choses nous echappe... Ça ne signifie pas abandonner.
Mic soupira lui aussi.
- Je veux qu'on arrête de se disputer pour ça...
- Est ce réellement une dispute ?
- Je sais pas, ça en a l'air, non ?
- Pas forcément... Etre en désaccord ne signifie pas toujours se disputer. Nous avons juste deux points de vue différents que nous confrontons, c'est inutile d'en faire une histoire.
Le bilingue fit une moue peu convaincu mais décida de ne pas répliquer. Le brun avait probablement raison sur un point : continuer sur cette voie ne les avancerait pas. Hizashi choisit alors de penser à autre chose. Il laissa son esprit dériver en pensées abstraites comme on se laisse emporter par le courant d'un fleuve. C'était bien plus agréable que de s'embrouiller la tête à s'efforcer de comprendre son camarade. D'ailleurs, tout portait à croire que ce dernier pensait la même chose. Shota n'ajoutait rien non plus et son regard se promenait rêveusement à l'horizon. La tension entre les deux adolescents s'effaça peu à peu jusqu'à complètement disparaître.
Toujours main dans la main les deux amis profitaient du calme prodigué par la hauteur ainsi que de la proximité entre leurs corps. Malgré une matinée assez forte en cris et menaces, aujourd'hui semblait être une belle journée. Malheureusement, leur bulle à peine formée fut brisée par la sonnerie de l'établissement. Il était l'heure de retourner en classe. Mais aucun des deux apprentis héros ne bougea. Ils ne voulaient pas redescendre parmi le bruit et la foule. Même si leurs débats tournaient en rond et qu'ils ne parvenaient pas à s'entendre, ils aiment être ensemble. Rien que tous les deux.
Dehors, ils virent un groupe d'élève traverser l'immense terrain du lycée en direction du gymnase Gamma. Shota et Hizashi étaient au dessus de tout ça. Ou presque. Le blond finit par rompre le silence.
- On est censé avoir quoi, maintenant ?
- Littérature japonaise.
- On reste ici ?
- T'as envie d'y retourner ?
- Pas vraiment. Même si la prof est cool.
- On va se prendre des retenues...
- Si on y vas on en prendra car on suit pas le cours, si on y va pas on en prendra car on sera pas en cours. Autant rester, non ?
- Je savais pas que la définition de lycée était "se prendre le plus d'heures de colle en une journée" . . .
Mic rit au sarcasme de son ami. Ils étaient loin d'être des élèves exemplaires. Peut-être qu'ils devraient arrêter d'être aussi dissipés. Ils allaient avoir de sérieux problèmes à force.
- Du coup....
- On bouge.
- T'es sérieux ?
- Bah non, t'es con. Viens on se pose ici jusqu'à la pause déjeuner.
Aizawa lança un regard sceptique à son camarade.
- C'est ça ton but dans la vie ? Vivre sur ce toit ?
Le bilingue rit.
- Non, mon but est de créer un maximum de souvenirs avec toi.
Le brun haussa un sourcil. Un léger rictus moqueur déforma ses lèvres. Il remarqua que son camarade fuyait son regard.
- Comme c'est poétique.
- Thanks.
- C'était pas un compliment.
Yamada se tourna vers l'ébène, surpris.
- Ah ?
- Je ne te savais pas si fleur bleue.
Le blond fit une moue boudeuse qui ne fit qu'accentuer l'amusement de son meilleur ami.
- T'es sérieux là ?
- Ouais, t'es ridicule.
- Donc, moi, je balance un truc super kawaii et même carrément romantique, et toi en échange tu m'insultes ?!
Shota tenta de camoufler son rire derrière sa main.
- D'accord, tu es ridiculement mignon.
Hizashi était sceptique. Il était vexé et ne trouvait pas que Eraser s'était bien rattrapé. Est ce qu'il venait réellement de se prendre un râteau monumental ? L'adolescent aux cheveux d'or soupira. Ses doigts desserrèrent ceux du blasé.
- OK J'ai pigé, je ne te dirai plus aucun truc gentil.
Le noiraud observa son interlocuteur. Il ne comprenait pas trop sa réaction. Pourquoi Yamada semblait être blessé ? Il soupira.
- Je ne t'ai pas dis d'arrêter....
- Faut savoir ce que tu veux. Je suis ridicule ou tu aimes bien ?
- J'aime bien quand t'es ridicule.
Le bilingue grimaça. Encore une fois, leur conversation ne menait à rien. Il avait la désagréable impression que son interlocuteur se foutait de sa gueule.
- Peut être qu'on devrait aller en cours finalement...
L'ébène perçut que l'hyperactif allait relâcher sa main. Sans vraiment comprendre pourquoi, un vent de panique ébranla son esprit. Il ne voulait pas qu'il parte. Alors que le blond reculait d'un pas pour retourner dans le bâtiment, Aizawa affirma sa prise pour le retenir.
- Je croyais que tu voulais rester ?
Hizashi détourna le regard. Le reflet de ses verres orangés cachaient l'éclat de ses yeux.
- J'ai pas l'impression que tu veuilles rester... avec moi.
- Bien sûr que si ! répondit le noiraud avec véhémence
Il se rendit alors compte qu'il avait parlé trop vite et trop fort. Le chaleur lui monta aux joues et il adopta sa technique de fuite préférée : baisser les yeux et cacher sa gêne sous ses cheveux couleur nuit.
- Vraiment ?
Une lueur d'espoir brilla dans les iris vertes de l'anglophone. En même temps, sa voix trahissait ses doutes.
- Je.. J'aime me moquer de toi, mais ça veut pas dire que je t'aime pas...
Hizashi ne réussit pas à retenir son sourire. Shota gardait le regard fixé sur le sol -ou plutôt le toit- sous ses pieds.
- Alors . . . Tu m'aimes ?
Les cœurs des deux lycéens battaient à la chamade. Ils n'avaient pas prévu d'en venir là.
- Euh, je- disons que... Je... ne te déteste pas . . .
Aizawa se gratta nerveusement la nuque. Ses doigts jouaient avec la main à laquelle il était lié.
- C'est un oui ?
- Peut-être...
- Je veux pas un "peut-être" je veux une réponse claire !
L'ébène souhaitait juste disparaître. Qu'est ce qui lui avait pris ? La situation le dépassait complètement. Les réactions de Yamada avaient toujours été incontrôlables, mais là, ses questions étaient juste insensées. Quel genre de personne demanderait une telle chose après s'être fait insulté de ridicule par son meilleur ami ? Tout cela n'avait rien de logique.
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
- . . . Pourquoi tu me demandes ça ?
Le blond était pris au dépourvu. Voilà où leurs discussions sans queue ni tête les menaient. Sur le toit du lycée, main dans la main, à devoir se déclarer. Se sentant prisonnier, le bilingue lâcha son camarade et recula vers la porte. Le noiraud le suivit du regard en tentant de ne pas laisser paraître sa déception. Il serra le poing pour oublier le fourmillement de ses doigts en manque de chaleur.
- Why are you asking that ?
- C'est toi qui as commencé avec tes questions bizarres.
- Ugh... Yeah... But...
Shota fit un pas vers son ami.
- Hizashi ?
L'interpellé sursauta, puis releva les yeux. Il se passa la main dans ses cheveux comme pour se recoiffer.
- Moui ?
L'ébène se mordit la lèvre. Qui avait donné le droit à cet abruti d'être aussi adorable ?
- Je te l'ai dis : je ne déteste pas.
- Je sais...
- Tu comprends ?
- Hum... Qu'est ce que je suis censé comprendre ?
Dire que dix minutes avant ils se disputaient sur l'abus d'autorité de leur professeur . . .
- Tu le sais... Je... Quand je dis que t'es lourd et bruyant... Je le pense pas tout le temps...
La maladresse de l'ébène arracha un sourire amusé à l'anglophone.
- Moi aussi, Shota. Enfin, moi non plus... Je ne te déteste pas . . . Au contraire.
L'adolescent à l'alter vocal avala sa salive et trouva le courage de dire ce qu'il avait sur le coeur.
- Au contraire, moi je...
Son interlocuteur n'arrivait pas à détourner le regard de lui. Il était pendu à ses lèvres, attendant la suite.
- Je... Je t'aime, Shota !
La bombe était lâchée.
- Tu... Moi ?
- Oui toi abruti, qui d'autre ?! Je... Je t'aime. Je t'aime, je t'aime je t'aime... Oh mon dieu, j'ai cru que j'arriverai jamais à le dire ! Mais maintenant que c'est fait, je me sens plus léger... Je ne suis pas mort finalement. Bref. Oui, je t'aime toi, ton air blasé, ton obsession pour le rationalisme, ton manque d'estime de toi, ton regard ténébreux, tes cheveux de jais, tes rares sourires, tout ce qui fait que tu es toi ! Ca fait quelque temps déjà, mais j'avais peur... Je savais pas comment te le dire. Mais je suis on peut plus sincère !
Une fois que la machine était lancée, impossible de l'arrêter. Yamada était un véritable mou;in à parole. Il agitait ses bras dans tous les sens pendant qu'il monologuait, sous le regard subjuguée du destinataire de cette déclaration. L'hyperactif finit par joindre ses mains et baisser la tête en signe de supplication.
- Alors . . . S'il te plaît, accepte de sortir avec moi !
Il avait crié cette dernière phrase en transmettant tous ses sentiments dans sa voix. Aizawa ne savait pas ce qu'il devait en penser, et encore moins ce qu'il devait répondre. Tout se mélangeait en lui. Son organe vital battait beaucoup trop fort et ses joues chauffaient un peu trop. Pour couronner le tout, il sentait ses yeux s'humidifier. Jamais il n'aurait cru que quelqu'un tomberait amoureux de lui. Et jamais il n'aurait osé imaginer que ce quelqu'un serait une personne qu'il apprécie autant. Avait-il seulement le droit d'avoir autant de chance ?
La seconde sonnerie retentit, mais aucun des deux adolescents ne bougea. Au bout d'un silence interminable, celui qui avait ouvert son coeur finit par ouvrir un oeil et redresser légèrement la tête pour observer son interlocuteur.
- Sho-shota ?
L'ébène dut cligner de nombreuses fois ses yeux pour reprendre ses esprits. A la fois ému et embarrassé, il s'approcha de son ami et, avec toute la maladresse du monde, attrapa à nouveau les deux mains du blond.
- Je... je sais pas vraiment quoi dire, on ne m'avait jamais annoncé un truc pareil avant, mais... Je crois que... Je suis heureux... d'entendre ça.
Il plongea son regard incertain dans les orbes de jades du bilingue.
- Je... C'est d'accord.
Yamada écarquilla les yeux. Shota lui fit un timide sourire.
- Sortons ensemble, Hizashi.
Le dénommé Hizashi attira soudainement son vis-à-vis contre lui et le serra dans ses bras.
- OH MY GOD J'Y CROIS PAS YOU SAID "YES" !!!
- Ne crie pas dans mes oreilles...
Le garçons aux cheveux d'or relâcha son nouveau petit ami.
- Sorry !!! C'est juste que... Je suis tellement heureux !
- Hum... Je sais.
- C'est trop cool ! Euh...
- Quoi ?
- Je... Je peux t'embrasser ?
Le visage de l'ébène s'empourpra violemment, contrastant avec sa couleur de cheveux. Il alla enfouir sa tête dans le creux de l'épaule du blond.
- Oui...
Pendant un instant, l'anglophone cru mal entendre. Quand il se rendit compte de la réponse positive, il rougit lui aussi. Shota se redressa un peu pour faire face à son amoureux. Hizashi l'observa. Il était définitivement totalement sous le charme. Celui à l'alter vocal se pencha en avant, la tête légèrement penchée, et rencontra chastement les lèvres du garçon qu'il aimait. La sensation qu'il ressentit à son contact était indescriptible. Il sentit que le noiraud serrait ses doigts, et finit par rompre le smack.
Yamada avait l'impression de vivre un rêve éveillé. En sortant de son lit ce matin, jamais il n'aurait soupçonné que sa journée se passerait ainsi. Et pourtant, Aizawa parvint à embellir encore la situation déjà si parfaite.
- C'était bien... Tu peux recommencer ? S'il te plait ?
Le garçon aux lunettes cru que son cœur allait lâcher. Comme s'il pouvait dire non ! Un peu plus confiant cette fois, il embrassa à nouveau son camarade, qui y répondit. Le bilingue lâcha une main pour caresser la joue du brun de ses doigts. Sa peau était si douce... Le noiraud frissonna légèrement. L'échange dura un peu plus longtemps que le précédent, mais ils y mirent tout de même fin. Bien qu'aucun des deux n'en avait envie.
Hizashi colla son front à celui de son copain. Leurs souffles se mélangeaient, et leurs sourires se répondaient.
- I love you, dit à nouveau le blond
- Je sais.
Shota baissa fortement le ton, comme s'il avait honte de qu'il allait ajouter. Comme s'il avait peur que qui que ce soit d'autre que le semi-anglais entende ses sentiments.
- Moi aussi...
Le jeune Present Mic sourit.
Ils restèrent sur ce toit toute la matinée, dans les bras l'un de l'autre. Ils avaient fini par s'éloigner du bord pour s'asseoir, les doigts toujours liés. Ils allaient avoir de nombreux problèmes avec les responsables éducatifs au vu des cours qu'ils avaient manqué, mais les sanctions étaient le dernier de leurs problèmes.
Ils s'aimaient.
Et c'était tout ce qui comptait.
][][][
Je suis inspirée en ce moment, j'arrête pas d'écrire XD
Vous préférez quand je traduis les phrases en anglais dans les com' ou bien vous voulez que je vous laisse galérer à trouver la signification seuls ?
(j'ai l'impression d'avoir bâclé la fin)
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