Tomber de haut
Léo me tirait par le bras pour m'éloigner de l'autre abruti. Je ne comprenais pas pourquoi elle le laissait dire des horreurs pareilles.
- Pourquoi te laisses-tu insulter ? m'énervai-je.
- Il n'a pas tout à fait tort, dit-elle calmement.
Je m'arrêtai net en entendant sa phrase. Devant mon air surpris, elle m'attrapa le bras et s'expliqua, tout en marchant.
- Le monde des affaires est un monde misogyne, Adam. Si j'ai pu m'y faire ma place, ce n'est pas seulement grâce à mes idées et ma ténacité. J'ai su user de ce que la nature m'a pourvu.
J'avais du mal à assimiler ce qu'elle était en train de me dire. Elle n'était pas en train de suggérer que...
- Regarde tous ces hommes autour de nous, dit-elle à voix basse. Regarde comment ils me détaillent. Je ne suis pour eux qu'un morceau de viande. Ils ne voient pas en moi une femme d'affaires, avec des idées et qui se tue à la tâche. Ce qu'ils voient, c'est un corps qu'ils convoitent.
Chacune de ses paroles faisaient remonter un peu plus la bile dans ma gorge. Elle avait un telle opinion négative des hommes, que j'en avais la gerbe. C'était donc comme ça qu'elle m'avait perçu la première fois.
- Il est évident que je mets en avant mes idées, mon travail, mais le sexe reste une arme redoutable. Comme on dit, les affaires ne reposent pas sur les sentiments.
Il y avait une telle froideur dans sa façon de parler que je fus pris d'un doute. Où était passé la Léo qui me confiait ses peines, il n'y avait pas si longtemps ? Devant moi, je ne voyais plus qu'une femme aigrie, prête à tout pour réussir, quitte à utiliser son corps pour arriver à ses fins. Elle releva les yeux vers moi.
- Ne me regarde pas comme ça, bougonna-t-elle. On dirait Julian, quand on a rompu.
Je savais bien qu'il y avait eu quelque chose entre eux.
- Pourquoi avez-vous rompu ? demandai-je, de but en blanc.
- Il n'acceptait pas ma vision du travail, dit-elle en grimaçant.
Et je le comprenais. Savoir que ta petite amie s'envoyait en l'air avec quelqu'un d'autre juste pour le business, il y avait de quoi refroidir.
- Tous les hommes ne sont pas comme ça, Léo, dis-je à mi-voix.
Elle étira ses lèvres d'un sourire sarcastique.
- Il y a des exceptions, en effet. Julian, Stanford et toi. Mais, du coup, vous confirmez la règle.
Il me sembla qu'il était inutile de discuter avec elle sur ce point. Elle n'en démordait pas. Je décidai donc de stopper là la conversation. Nous continuâmes à arpenter le musée, sans rien dire. Tout à coup, Léo se détacha de moi. Je la regardai pour comprendre la raison soudaine de cet éloignement. Elle s'était redressée et bombai le torse. Léo était passée en mode séductrice.
- Je reviens, dit-elle d'une voix suave. Attends-moi.
Je suivis son regard et tombai sur un homme d'une vingtaine d'années, en grande conversation avec un groupe de femmes. Il leur servait de grands sourires d'un blanc éclatant, genre beau gosse des magazines. Un séducteur, sûr de lui, tout ce qu'exécrait Léo quelques minutes auparavant. Elle s'approcha avec sa démarche féline. Comme s'il l'avait senti arriver, l'homme releva la tête et s'arrêta de discuter pour l'observer. Un sourire concupiscent s'étala sur ses lèvres. Léo se glissa à l'intérieur du groupe. Les autres femmes lui lançaient des regards noirs, mais elle s'en fichait. Elle avait harponné sa proie et tout le reste n'avait plus d'importance, moi y compris. Je la voyais sourire, être mielleuse avec lui, lui susurrer à l'oreille. Je ne comprenais pas. Pire, ça m'énervait. Au bout d'une quinzaine de minutes, elle revint vers moi.
- Inutile de m'attendre, je vais rentrer avec Alex, expliqua-t-elle, tout sourire.
- Des affaires à régler, je suppose ! m'agaçai-je.
- Tu as tout compris, acquiesça-t-elle, me clouant sur place.
Elle se détourna aussi sec, me laissant seul avec ma rage. Elle partit au bras de ce Ken sur pattes, alors que je fulminais. Bordel ! Mais elle me faisait quoi ? Moi qui pensait qu'on commençait à se comprendre ! Cette femme me rendait dingue. Je me dirigeais à grandes enjambées vers un serveur, lui attrapa deux coupes de champagne et les avala coup sur coup. Qu'est-ce que je croyais ? Que j'avais trouvé quelqu'un à qui parler ? quelqu'un qui avait l'âme aussi blessée que la mienne et qui par conséquent aura pu me comprendre ? Tu parles !
C'est alors qu'une main délicate se posa sur moi. Je fis volte-face, particulièrement énervé qu'on vienne me parler dans un moment pareil. Mes yeux tombèrent sur une jolie brune. Elle me lançait le même regard langoureux que Léo avait posé sur l'autre mec. Très bien ! Puisqu'elle s'envoyait en l'air pour le business, je n'allais pas me priver pour me taper une jolie fille.
Une heure plus tard, je lui arrachai ses vêtements dans mon salon. Elle avait un corps magnifique, très excitant. Mais quand je la baisais, brutalement, presque machinalement, c'était son visage que je voyais. Ses grands yeux verts dont le regard me déstabilisait, ses courbes que je rêvais de caresser et sa bouche pulpeuse qui me faisait bander. Les cris de plaisir de la brune me poussaient jusqu'à l'extase, mais j'étais en colère. En colère contre moi, parce que j'avais été naïf de croire qu'elle aurait pu m'aider à sortir toute cette merde qui me polluait l'esprit. En colère contre elle, car elle commençait à prendre trop de place dans ma tête et qu'il y avait déjà assez de bordel là-haut.
Quand je finis enfin, je n'étais toujours pas apaisé. Je laissai la fille reprendre ses esprits et partis boire une bière. J'enrageais de me prendre la tête avec elle. Bordel ! On se connaissait à peine. Elle n'était rien pour moi. Il fallait que je me détache. C'était ma patronne, elle devait le rester. Qu'importe sa façon de vivre, c'était sa vie, pas la mienne. Je ferais mon job, point barre.
Deux heures et demi du matin, le téléphone sonna. Je l'attrapai, encore dans les vaps. La brune, à mes côtés, bougea à peine.
- Oui, vociférai-je.
- Tu es toujours aussi agréable au téléphone, se moqua une voix féminine.
Je retins un juron et consultai ma montre. Putain ! Elle faisait chier de me lever à une heure pareille !
- Que puis-je pour vous, Mlle Gallo, demandai-je, en serrant les dents.
Elle marqua un silence. Il semblait que mon ton n'était pas aussi neutre que je le voulais. La brune choisit ce moment-là pour émerger et me susurrer à l'oreille.
- Tu n'es pas seul ? s'indigna-t-elle.
- Pourquoi ? Ça vous pose problème ? la narguai-je.
Encore un silence.
- Venez me chercher à l'hôtel Hilton dans vingt minutes, lâcha-t-elle, sur un ton glacial.
Puiselle raccrocha. Merde ! Je réveillai définitivement la fille pour qu'elles'en aille. Elle me glissa son numéro avant de partir. Il fallait croirequ'elle aimait les salopards parce que ce soir, je m'étais comporté comme tel.Ce qui ne me ressemblait pas du tout. Je pris la voiture et partit rejoindreMlle Gallo, bien décidé à reprendre mon rôle de garde du corps. Et rien d'autres.
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