Soirée de promotion

Une nouvelle semaine de boulot commençait et une certaine routine s'installait. Lever aux aurores pour une petite séance de boxe avec Novac, histoire de se mettre en jambes. Puis journée de boulot à Gallo Incorporations, à végéter dans mon bureau, en lisant les dossiers de Stanford, ponctuée par les rares moments où je me retrouvais avec Léo. Et je finissais par une soirée de beuverie pour noyer ma mémoire, ou dans les bras d'une jolie fille.

Léo travaillait comme une dingue. Elle enchainait rendez-vous et visio-conférences, réunions avec ses différents chefs de service et débriefings sur l'avancement de ses projets. J'avais rarement vu quelqu'un aussi acharné dans son boulot. On passait peu de temps ensemble, mais dès qu'on était seuls, je retrouvais la Léo qui s'était confiée et qui avait su réveiller en moi une lueur d'espoir. Plus le temps passait, plus je me rendais compte que je m'accrochais à elle. Malheureusement, je sentais qu'elle n'avait pas la même vision des choses. Elle me répétait sans cesse qu'elle était heureuse qu'on soit amis. Et force est de constater que notre baiser échangé ne s'était pas renouvelé. Il fallait dire que je n'osais pas remettre le sujet sur le tapis, mais elle ne l'avait pas fait non plus. Parfois, j'avais l'impression qu'elle me regardait, sentant son regard brûlant sur ma nuque, mais dès que je tournai la tête vers elle, ses yeux me fuyaient.

Nous étions donc dans ce statu quo étrange, où nous étions amis, mais où une attirance mutuelle était évidente. De temps à autre, j'évacuai ma frustration en ramenant une belle femme dans mon lit, mais ce n'était plus aussi efficace sur mes cauchemars. Par contre, Léo avait eu un effet inattendu sur eux. Elle venait parfois les remplacer, donnant lieu à des rêves érotiques dont je me réveillais plus excité que jamais. Elle avait mis un bordel monstre dans ma tête. Encore plus qu'avant, même si je préférais la voir elle en rêve.

Je m'étais aussi lié d'amitié avec la réceptionniste, Amy. Elle était anglaise comme moi. Ça faisait du bien de parler avec quelqu'un de mon pays. Pas que je n'aimais pas les States, mais pouvoir échanger sur les petits riens qui fait qu'on soit de la même culture, ça me faisait un bien fou. Elle continuait à me draguer, mais avec retenue. Et je ne l'encourageai pas car j'aimais discuter avec elle de tout et de rien. Sans arrière-pensée.

Ce week-end-là, l'entreprise avait organisée un cocktail dans les locaux pour fêter la sortie du nouveau produit phare de la boite. Tous les employés avaient été conviés. Léo estimait que c'était grâce à leur dur labeur que cela avait été possible. C'était une patronne exigeante, mais elle savait montrer sa reconnaissance à ses employés.

Comme tous les autres fois qu'elle devait rencontrer du monde, j'étais à ses côtés pour assurer la sécurité. Les gardiens étaient un peu sur les dents, vu le monde présent dans le hall d'accueil pour cette petite sauterie. Difficile de contrôler les aller-et-venues. Du haut de l'escalier qui conduisait au premier étage, mon regard pouvait balayer la salle. Tout semblait en ordre.

Une main se posa alors sur mon dos. A son contact, je me compris qu'il s'agissait de Léo. Elle avait pris l'habitude de laisser glisser ses doigts le long de ma colonne vertébrale jusqu'à attraper mon bras et coller son corps chaud contre le mien. A chaque fois, ça me filait des frissons qui se répercutaient dans mon bas-ventre. Elle ne se rendait même pas compte à quel point elle m'excitait, rien que par ce geste. Je pris une grande respiration, avant de tourner la tête vers elle.

- Tu devrais aller profiter de cette soirée, Adam, dit-elle d'une voix douce. Les agents que tu as engagés semblent maîtriser la situation.

- Je suis ton garde-du-corps. Je ne peux me reposer que quand tu es dors, seule, dans ton appartement, expliquai-je.

- Rien ne t'empêche de me rejoindre à ce moment-là, susurra-t-elle à mon oreille.

Bordel ! Je me raidis aussitôt. Des pensées obscènes traversèrent instantanément mon esprit. Léo se mit à rigoler.

- Tu es tellement facile à déstabiliser, se moqua-t-elle.

- Je ne trouve pas ce jeu drôle, bougonnai-je.

- Moi j'adore te voir perdre tes moyens quand je te suggère des pensées indécentes, continua-t-elle en souriant contre mon oreille.

Puis elle s'éloigna, un sourire impudique aux lèvres. Avant de descendre dans la foule, elle s'écria.

- Arrête d'être aussi coincé ! Va boire quelque chose et mêle-toi aux autres.

Je secouai la tête. Décidemment, cette femme allait me rendre cinglé. Je la suivis d'un pas lourd. Léo passait de personne en personne pour les saluer, leur dire un petit mot et toujours avec le sourire. Chaque jour, je découvrais une nouvelle facette de sa personnalité. C'était une personne généreuse avec ses employés et toujours à l'écoute. Mais elle exigeait d'eux le meilleur, ce qui provoquait souvent des étincelles. En dessous de cette carapace de femme d'affaires impitoyable, je devinais quelqu'un de foncièrement gentil mais qui avait dû vivre des événements terribles qui avaient laissé des traces.

- Adam, tu es venu ? C'est génial !

Amy se jeta dans mes bras, avant même que je puisse réagir. Cette fille était légèrement trop enthousiaste par moments. Elle saisit au passage deux coupes de champagne et m'en tendit une.

- Allez ce soir, on se lâche ! dit-elle en rigolant. Pour une fois que la patronne nous laisse nous amuser, il faut en profiter.

Je n'eus pas le temps de répondre qu'elle avala à la hâte sa coupe et me tira vers la piste de danse improvisée. La musique n'était pas forte, mais suffisante pour imprimer une ambiance festive. Amy se déhanchait sur de la pop, tout en ondulant devant moi. Elle me faisait rire. Sa bonne humeur était communicative. Je descendis la coupe de champ' d'une traite et la rejoignit dans sa danse endiablée. J'étais un piètre danseur, mais elle s'en fichait. Alors que je riais de bon cœur, mon regard croisa celle de Léo. Ses yeux verts me lançaient des éclairs. A ses bras croisés et son corps tendu, je compris qu'elle n'approuva pas ma petite chorégraphie. Je ne comprenais pas son attitude. Elle venait de me dire de m'amuser et là maintenant, elle me fusillait du regard. J'allais partir lui parler quand Amy s'accrocha à mon cou.

- Amy, excuse-moi, dis-je en la repoussant gentiment. Je reviens tout de suite.

Quand je réussis à lui fausser compagnie, Léo avait disparu. Je parcourus la pièce du regard, mais elle était nulle part. Je partis donc à sa recherche. Au bout de cinq minutes, un éclat de rire attira mon attention. Quelques mètres plus loin, Léo était en pleine discussion avec un homme, qui était de dos. Lorsqu'il se retourna, je reconnus le bouffon avec qui elle avait quitté le gala du musée. Putain ! Qu'est-ce qu'il faisait là celui-là !


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