Révélations



Sa remarque me réchauffa le cœur plus que je ne le voulais. Décidément, je l'avais dans la peau.

- Je suis là à présent et si c'est ce que tu souhaites vraiment, je resterai.

Lentement, Léo se calma. Ses tremblements diminuèrent. Sa respiration ralentit. Je n'osai pas bouger. Etre là contre elle était merveilleusement bien.

- C'est lui, finit-elle par dire.

Il me fallût quelques secondes pour comprendre.

- Tu penses que c'est ton beau-père qui t'a envoyé ce message.

- J'en suis certaine.

- Pourquoi ?

- Adam, j'ai fait des choses horribles.

- De quoi parles-tu ?

Mes poils commençaient à se hérisser.

- C'est lui, je te dis. J'en suis sûr.

Je la repoussai légèrement pour la regarder dans les yeux.

- Bordel, Léo, arrête tes secrets. Si tu veux que je reste, tu dois me faire confiance, sinon ce n'est pas la peine.

Ses yeux se fermèrent quelques secondes et elle posa sa tête sur mon torse.

- Je vais te perdre.

- Tu ne me perdras jamais.

Elle se tut. Je savais que les mots que je venais de prononcer étaient forts, mais elle avait besoin de les entendre et je les pensais. J'étais en train de foncer tête baissée dans un piège, le plus délicieux des pièges. Et tant pis si j'y laissais quelques plumes.

- Quand je suis partie de chez moi, c'est Nigel qui m'a recueillie. Il m'a donné un job et un toit. A l'époque, il avait un bar et cherchait une serveuse. J'avais à peine dix-sept ans, j'étais mineure mais Nigel a tout de suite compris dans quelle galère j'étais. Il a fait comme si de rien n'était et m'a engagé. Il m'a même donné des cours d'auto-défense. Ma vie a changé, j'ai repris confiance, mais ma haine pour l'autre était là, enfouie en moi et elle me rongeait.

Léo fit une pause, contenant un nouveau sanglot.

- Dès que j'ai pu avoir un appartement, j'ai demandé à Julian de m'aider pour aller sortir ma mère de cet enfer. Il l'a ramené chez moi, tandis que je m'occupais de rassembler ses affaires. C'est à ce moment-là qu'il a débarqué.

Elle reprit son souffle avec difficulté. Je lui caressai le dos pour lui donner du courage.

- Il a tout de suite compris ce qu'il se passait et m'a traité de tous les noms. Quand il a tenté de me frapper, je lui ai rendu ses coups. Il a fini par s'évanouir. J'y ai vu une occasion en or de me venger. Je l'ai monté dans ma voiture et j'ai roulé jusqu'à un vieil entrepôt abandonné dans lequel on trainait quand on était petit. Je l'ai solidement attaché sur une chaise et j'ai attendu. J'ai attendu qu'il se réveille. Et quand enfin ce salop a daigné ouvrir les yeux, j'ai commencé.

Mon cœur se glaçait à chacun de ses mots. J'avais peur de ce qu'elle allait m'avouer.

- Pendant des mois, j'avais étudié les différentes manières de torturer quelqu'un, sans que personne ne le sache. Et j'avais préparé ma vengeance, en amassant petit à petit ce qu'il me fallait dans l'entrepôt. Ce jour-là, j'étais enfin arrivée au moment que j'attendais depuis des années. Mais ça ne s'est pas passé comme je l'avais prévu. Plus il souffrait, plus je pleurais. D'une certaine manière, ça me faisait du bien mais j'avais l'impression de devenir un monstre, comme celui qui était assis en face de moi. J'étais piégée dans une spirale infernale. Ma douleur répondait à sa douleur. Je m'écoeurais de trouver du plaisir à le voir souffrir. Heureusement, Nigel et Julian m'ont retrouvé à temps car je ne voyais pas comment j'allais m'en sortir. Ils l'ont pris avec eux et je n'ai plus jamais entendu parler de lui.

Un silence pesant s'installa. Ses aveux me firent un drôle d'effet. J'étais heureux qu'elle ait enfin confiance en moi et qu'elle me dise tout, et en même temps, j'étais horrifié de voir ce qu'elle était capable de faire. Dans un sens, je la comprenais. J'avais rêvé plus d'une fois de torturer le salopard qui avait tué mon ami. Heureusement pour moi, il avait succombé dans la fusillade qui avait suivi. Sinon qui sait ce que j'aurais pu faire. La haine et la tristesse peuvent de vous faire faire n'importe quoi. Elles vous aveuglent. Comme l'amour.

Et là, tout de suite, il me rendait aveugle. Je m'en fichais de ce qu'elle avait fait. La seule chose qui restait à mon esprit était sa douleur, sa peine. Je voulais juste l'effacer, la soigner du mieux que je pouvais.

- Est-ce que tu regrettes ?

- Absolument pas.

- Ce qui est fait est fait. Tu as fait des choses terribles, mais je te comprends. Je suis là et je ne partirai pas.

Elle leva des yeux reconnaissants vers moi et mon cœur fondit aussitôt. Mes lèvres s'écrasèrent sur les siennes. Notre baiser était passionné, avide, comme si on s'était quitté depuis des siècles. Bordel, ce que j'avais besoin d'elle, de sa peau, de son parfum. Elle me rendait fou. J'étais prêt à garder les pires secrets pour elle. J'étais prêt à tout pour elle. Ses mains me caressaient fébrilement. Les miennes osaient à peine la toucher de peur que tout ça s'arrête.

- Adam, dit-elle d'une voix encore tremblante.

Cet appel fiévreux me fit perdre encore plus les pédales. Je me redressai et entreprit de me déshabiller. Je retirai lentement ma veste. J'enlevai mes boutons, un par un. Mon corps bouillonnait tellement qu'il fallait que je me calme. Mes pulsions étaient trop fortes, mes envies trop pressantes. Léo, redressée sur ses coudes, me dévorait des yeux. Ses pupilles dilatées me montraient qu'elle aussi était au bord de la rupture. Je la désirais comme je n'avais jamais désiré une autre femme. J'étais un camé et je détestais cette idée. Mais je n'arrivais pas à me passer d'elle. Ces quelques heures où j'avais cru devoir renoncer à elle définitivement avait été un enfer.

- Adam, s'il te plait.

Ma queue tressaillit. Je fermais les yeux et tentais de calmer mon cœur. Léo se redressa et commença à caresser mon torse, me donnant des frissons descendant jusqu'à l'endroit qui concentrait toute mon attention.

- Qu'attends-tu ? Tu ne veux plus de moi ?

- Ce n'est pas la question, Léo. J'essaie juste de me contrôler, pour ne pas être brusque. Parce que, là, tout de suite, j'ai peur de ne pas être tendre.

Elle retint son souffle et ses yeux verts prirent en intensité.

- Alors ne le sois pas. J'ai confiance en toi, j'ai envie de toi. Jamais aucun homme n'a pris autant de précaution avec moi. Même pas Julian. Avec toi, j'ai l'impression de pouvoir être qui je suis. Pouvoir enfin vider mon cœur, tout te dire, et voir que tu veux encore rester auprès de moi... J'ai peur de me réveiller et de me rendre compte que tout ça n'était qu'une illusion.

- Ce n'est pas une illusion, Léo. Je suis là.

Je m'emparai de ses lèvres et m'allongeai sur elle, emporté par les mots qu'elle venait de prononcer, comme un aveu des sentiments qu'elle avait pour moi. 

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