Proposition indécente
Ma boss tourna les talons. Je m'excusai précipitamment auprès de la brune, balançai une poignée de billets sur la table et la rattrapai juste avant d'arriver à la sortie. Ses chaussures frappaient durement le carrelage du hall. Elle était furax. Pourquoi ? A cause de moi ? Parce que j'avais bu ou parce qu'une femme me draguait ? Je lui ouvris la porte, elle dévala les escaliers jusqu'à la voiture. Je dus courir pour la rattraper. Elle s'engouffra dans la voiture et se mura dans le silence. Elle resta muette jusqu'à qu'on soit arrivé devant le Penthouse. Elle ouvrit sa porte, toujours aussi froide. Qu'importe, c'était ma patronne, elle pouvait bien se comporter comme elle le voulait ! Je la saluai donc poliment avant de tourner les talons.
- Vous voulez boire un dernier verre ? me demanda-t-elle, d'une voix plus douce.
Quoi ? Je me retournai et fronçai les sourcils.
- Juste histoire que je m'excuse, pour tout à l'heure, continua-t-elle.
S'excuser ? Pour s'être emportée ou pour la petite scène exhibitionniste ?
- Je vous en prie, Adam, supplia-t-elle.
L'entendre prononcer mon nom, me supplier de cette voix chaude me donna des idées sulfureuses. Et, sans vraiment le vouloir, j'entrai. Je fis quelques pas et m'arrêtai. Mais qu'est-ce qui me prenait ? J'étais dans son appartement, chez elle, pour prendre un verre. Je me rendis compte que ça sonnait plus comme une invitation au sexe qu'à un calumet de la paix. Mauvaise idée, très mauvaise idée ! J'allais faire demi-tour quand je butais sur elle. Elle m'arrivait tout juste au milieu du visage. Ses cheveux touchaient presque mon nez. Ce qu'elle sentait bon ! J'eus un mouvement de recul.
- Vous avez peur de moi ? me demanda-t-elle, un sourire ironique sur le visage.
- Non, répondis-je du tac-o-tac.
Elle me contourna, sans me lâcher des yeux. Elle voulait me séduire, c'était évident. Je l'avais vu faire avec tous ces hommes. Elle était maîtresse dans l'art de faire tourner la tête. Elle m'avait déjà séduit, depuis longtemps, mais je résistai à la tentation. Ça devenait de plus en plus difficile d'ignorer mes pulsions. Elle revint avec deux verres.
- On trinque ? me demanda-t-elle, les yeux brillants.
- Je crois que j'ai assez bu pour ce soir, déclinai-je.
Elle déposa mon verre sur la table basse et se posa confortablement dans un fauteuil.
- Asseyez-vous, je ne vais pas vous manger, dit-elle en souriant.
Je m'exécutai, mais sans trop prendre mes aises, histoire qu'elle comprenne que je savais où était ma place. Elle m'observait en silence, faisant danser le liquide ambré dans son verre. Je ne savais pas ce qui me donnait le plus soif, l'alcool ou elle. Elle porta le verre à sa bouche et but une gorgée. Puis, ses yeux verts toujours plantés dans les miens, elle se lécha les lèvres, lentement, d'un geste plus que provocateur. Bordel ! Ma mâchoire se crispa et je dus prendre une grande respiration pour garder le contrôle.
- Le spectacle vous a plu ? me demanda-t-elle.
Je me raidis aussitôt. Merde ! Je savais qu'elle m'avait vu. Que lui répondre ? Bien sûr que j'avais aimé ! J'aurais aimé être à la place de cet homme. Elle se mit à sourire et vint s'asseoir sur la table basse face à moi, posant son verre à côté du mien. Je reculai légèrement dans mon siège.
- Adam, de quoi avez-vous peur ? me demanda-t-elle, en plaçant ses deux mains sur mes genoux.
- Je ne sais pas ce que vous attendez de moi, avouai-je.
- Que vous cédiez à la tentation, répliqua-t-elle en se penchant vers moi.
Bordel ! Ma queue enfla d'un coup. Cette femme, ma boss, voulait coucher avec moi. J'en mourrai d'envie. Mais, une petite voix, à l'intérieur, me hurlait de résister. C'était ma patronne, merde ! Je ne pouvais pas faire ça !
- Je ne peux pas, m'expliquai-je.
Elle fit glisser ses mains sur mes cuisses et se rapprocha encore plus de mon visage.
- Et si je vous l'ordonnai, dit-elle sur le ton de la provocation. Vous êtes à mes ordres après tout.
- Ce ne serait pas très professionnel, continuai-je. Et pas très moral non plus.
- Je me fiche de la morale, répliqua-t-elle.
- Pas moi, répondis-je au tac-o-tac.
Ma réponse la surprit. Elle n'avait pas l'air de comprendre pourquoi je ne voulais pas coucher avec elle.
- Je suis votre employé et je vous respecte, m'expliquai-je. Même si j'ai de l'attirance pour vous, je ne peux pas faire ça.
Elle se rassit aussitôt, complètement déboussolée. Je ne l'avais jamais vu aussi perdue. Elle qui maîtrisait toujours tout, elle qui ne perdait jamais le contrôle. Elle ressemblait alors à un petit animal effarouché, un peu comme l'adolescente de la photo. Qu'est-ce qui pouvait bien la mettre dans un état pareil ? Elle se leva alors et me tourna le dos.
- Allez-vous-en, dit-elle d'une voix à peine audible.
Je me levai mais j'hésitai à la laisser dans cet état de détresse. J'esquissai un geste vers elle.
- Je vous ai dit de partir, se mit-elle à crier, d'une voix étranglée.
Elle pleurait. Je l'avais fait pleurer. Je lui caressai l'épaule. Elle frissonna et me repoussa.
- Partez, je vous en prie.
Son corps était secoué de sanglots. Je ne pouvais pas la laisser. Je posai doucement mes mains sur elle et, voyant qu'elle ne me rejetait pas, la pris dans mes bras. Elle se laissa faire, continuant à pleurer, sans dire un mot. On resta ainsi un moment, son dos contre mon torse, mon menton posé sur sa tête. Quand enfin le flot fut tari, je la portai jusqu'à son lit et la déposai délicatement. Elle était épuisée. Cette femme si forte avait une faille et ce soir j'avais été témoin de ce qu'elle était à l'intérieur. Un petit oiseau fragile, blessé. Alors que je m'apprêtai à partir, elle me retint par la main.
- S'il vous plait, restez, me murmura-t-elle.
Ses yeux rougis me suppliaient. J'acquiesçai et vins m'asseoir à ses côtés. Elle posa sa tête sur moi et quelques secondes après, elle s'était endormie.
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