Ouvrir les yeux

Léo s'aperçut que je les regardais. Malgré moi, ma mâchoire était contractée et je serrais les poings. J'avais du mal à me contrôler. Elle afficha un large sourire de satisfaction. Ça lui plaisait que je sois jaloux. Car oui, j'étais jaloux. Jaloux de la voir se coller à cet abruti, lui caresser le bras, lui susurrer à l'oreille. Elle me rendait fou de jalousie et ça l'amusait. Je fis volte-face et me précipitai au bar. Je vociférai contre le pauvre barman pour avoir un whisky et lui confisquai la bouteille. Il me lança un regard apeuré et stupéfait. Evidemment, il savait que c'était moi qui m'occupait de la sécurité et que donc je devais rester sobre. Sauf que là, j'avais vraiment besoin d'un verre sous peine d'exploser. Voire même de plusieurs. J'avalai deux canons de suite, mais la rage était toujours là. Ce petit jeu du chat et de la souris commençait sérieusement à avoir raison de mon self-control. J'enchainai encore quelques verres, histoire d'embrumer assez mon esprit pour ne plus y penser.

- Te voilà de retour, lança Amy qui m'avait rejoint.

Sur le coup, j'avais oublié qu'elle était là. Elle me sourit et m'attrapa le bras pour me tirer de force sur la piste. Je n'avais plus le cœur à m'amuser. J'avais plus envie de frapper dans quelque chose, voire dans la gueule d'un certain connard à quelques mètres de nous. Mais Amy semblait tellement enthousiaste que je fis un effort pour ne pas la décevoir. Elle posa les mains sur mes hanches et je tentais tant bien que mal de suivre le rythme qu'elle imprimait. Je parvins même à esquisser un sourire, devant la crise de fou rire qui la prit face à ma piètre prestation. Je n'allais pas gâcher sa soirée à elle aussi. Je relevai alors la tête et vis Léo me toiser de son regard.

C'est alors qu'une idée germa dans ma tête. Elle voulait jouer à ce petit jeu. Je pouvais en faire de même. Je saisis alors Amy par la taille et vint coller son bassin au mien. Elle parut d'abord surprise, mais rapidement elle entra dans le jeu et devint plus tactile. Ses mains glissaient sur mon torse, caressaient mes bras. Elle se rapprocha encore et vint coller sa joue contre la mienne. Un tel rapprochement eut un effet immédiat sur mon corps. Je sentis alors son sourire s'élargir contre mon visage. Elle rapprocha ses lèvres de mon oreille et murmura une phrase sans équivoque. Ma queue tressaillit et j'acquiesçai aussitôt. Léo était toujours pétrifiée, regardant le spectacle qu'on lui offrait, sans montrer la moindre émotion. Ses yeux par contre brillaient de colère. Et cela me satisfaisait au plus haut point.

Amy me tira à l'écart jusqu'à une porte, en retrait. Elle l'ouvrit, s'assurant d'abord que personne ne nous avait vu. Je refermai la porte derrière nous et lui sautai dessus. J'avais accumulé une telle frustration ce soir que mes gestes étaient brutes et empressés. Je la soulevai et la posai sans douceur sur le bureau derrière elle, écartant ses jambes pour m'y glisser. Mes mains remontèrent le long de ses cuisses, tout en relevant sa robe, tandis que mes lèvres lui dévoraient le cou. Ses petits gémissements étouffés m'excitaient encore plus. Ses mains agrippaient sur mes cheveux avec force. Tout son corps se tendait vers moi. J'avais envie de la baiser, comme j'aurais pu baiser une autre fille. Qu'importe laquelle. En fait, non, j'avais envie d'une seule autre fille. Et ce n'était pas Amy. Je m'arrêtais aussitôt, me décrochant d'elle. Son souffle saccadé démontrait à quel point elle était excitée, mais je ne pouvais pas. J'allais lui faire inutilement du mal, car je tenais à elle, mais en tant qu'amie. Ses yeux accrochèrent mon regard à la recherche d'une explication.

- On ne peut pas faire ça, Amy, lâchai-je alors. Ce n'est pas une bonne idée. Tu es mon amie. Je ne peux pas.

Son visage passa du blanc au rouge. Elle descendit du bureau, se rhabilla et vint se planter devant moi. Elle était en colère. Et bien sûr, je reçus la récompense que je méritais. Une gifle magistrale en plein visage. Je baissai la tête, honteux de ce que j'avais fait. Elle sortit en trombe de la pièce, me laissant seul pour assumer mes actes. Putain ! je n'arrêtais pas de me comporter comme les connards que Léo fréquentait. Je faisais exactement ce qu'elle pensait des hommes. Profiter des femmes, abuser de leur corps, sans me soucier de ce qu'elles pouvaient ressentir.

Je sortis de la salle, la tête basse. Je retournai au bar réclamer ma bouteille. Désabusé, je parcourais la foule à la recherche de ces yeux verts qui avaient mis ma tête sens dessus dessous. Elle était nulle part. Ce qui me rassura, c'est que le playboy n'était pas avec elle non plus. Il était entouré de groupies et discutait avec entrain. Je commençai quand même à m'inquiéter. J'étais sensé veiller sur elle et je ne savais même pas où elle était. Je partis à la rencontre d'un des gardes pour avoir plus d'infos.

- Mlle Gallo est remontée dans ses appartements, dit-il. Elle ne semblait pas très bien.

Et merde ! J'étais en train de tout gâcher. Mon amitié avec Amy, ma relation avec Léo. Je parcourus la salle à grandes enjambées et m'engouffrait dans l'ascenseur. La montée me parut interminable. Quand enfin j'arrivais au Penthouse, j'étais à bout de nerfs. Je frappai à la porte énergiquement. Léo m'ouvrit la porte quelques secondes plus tard. Elle portait toujours sa petite robe noire qui, bien que très sage, me donnait des idées que ne l'étaient pas. Ses yeux étaient rouges. Elle avait pleuré. Non mais quel con j'avais été !

- Que veux-tu Adam ? vociféra-t-elle.

Je ne savais pas quoi lui répondre. Je voulais la voir, c'est tout. Voir comment elle allait. M'excuser de mon attitude stupide. Mais rien ne venait. Elle me scruta de ses beaux yeux.

- Adam, tu vas me répondre, oui ou non ? s'énerva-t-elle.

Devant mon état statique, Léo poussa un soupir d'agacement et commença à fermer la porte. Je la bloquais du pied.

- Excuse-moi, finis-je par sortir.

- Pourquoi ? demanda-t-elle, intriguée.

- Je me suis comporté comme un con. Je ne voulais pas te faire pleurer.

- Qui te dit que c'est de ta faute ? continua-t-elle, avec arrogance.

Je la dévisageai à mon tour. Ce qu'elle pouvait être fière ! elle n'admettait pas qu'un homme pouvait lui faire du mal. Elle voulait que tout le monde croit que c'était elle qui menait la danse. Mais je commençais à la comprendre. Ce n'était qu'une façade. Pour se protéger. Je posai la main sur sa joue, la caressant doucement du pouce.

- Te voir aussi triste me fait de la peine, expliquai-je simplement. Que ce soit à cause de moi ou non.

Ses yeux s'agrandirent, faisant des va-et-vient incessants. Puis elle se précipita dans mes bras, plaquant avidement ses lèvres sur les miennes. Je lui rendis son baiser avec autant de fougue. Je n'en pouvais plus d'attendre. Qu'il aille au diable mon sens de l'éthique ! J'avais furieusement envie d'elle. Je me rendais compte que c'était réciproque.


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