Léo


Lentement je me dégageais de son étreinte. Adam dormait à poings fermés après nos ébats tumultueux. Jamais je n'aurais cru pouvoir m'abandonner comme ça aux mains d'un homme. Lui accorder ma confiance, lui donner libre accès à mon corps, tout cela ne me ressemblait pas. Je m'étais jurée de ne jamais plus me laisser faire. Et pourtant, j'étais là, en train de l'admirer. Lui, cet homme sorti de nulle part et qui avait su briser ma carapace. Cet homme que j'avais, au départ, classé dans la même catégorie que ces autres gros porcs. Je m'étais bien trompée.

Pourtant, la première fois qu'on s'était vus, son regard concupiscent sur mon postérieur m'avait plus qu'irrité. J'avais dû me contenir pour ne pas lui cracher à la figure que je n'étais pas un morceau de viande. J'avais préféré adopter une autre stratégie. Jouer avec lui, comme je le faisais avec tous ces autres salops. Tirer de lui ce que je voulais et le faire miroiter qu'il pouvait m'avoir. J'avoue qu'il m'avait plu dès que nos regards s'étaient croisés. Ses yeux bleus océan m'avaient ébranlés au plus profond de moi. Mais, il était hors de question de me laisser aller aux sentiments. La vie est une jungle. Manger ou être mangé, voilà comment tout fonctionnait.

Je le charmais, je l'humiliais. Je l'appâtais, je le repoussai. Tenter et retirer, voilà le secret pour les mettre à mes pieds. Comme les chiens en rut qu'ils étaient tous. Tous sauf lui. Adam fut le seul à me repousser, le seul à me dire non, même s'il en crevait d'envie. Le seul à me respecter en tant que personne. Le seul qui voulait connaitre Eléonora. Cette fille qui se cachait derrière toute cette rudesse. Et il a su la réveiller. Avec lui, j'avais envie de rire, de me lâcher. Avec lui, je me sentais revivre. J'avais l'impression de pouvoir être une autre personne que le monstre que j'avais construit au fil des années pour me protéger de toute cette merde.

Et comme une idiote, je suis tombée amoureuse. Comme une idiote, je me suis mise à baliser. Comment le retenir ? Comment ne pas le perdre quand il découvrirait la bête qui sommeillait en moi ?

Mon cœur se resserra en le regardant. Sa poitrine se levait doucement, au rythme de sa respiration. J'aimais cet homme. Plus que tout, plus que ma vie. Puisque c'est lui qui m'avait réveillé de ce long cauchemar. C'est lui qui m'avait insufflé cette lumière qui m'avait abandonné. Elle lui appartenait à présent. J'avais tellement peur, tellement peur de ne plus jamais le revoir. Hier, quand il était parti, j'ai cru mourir une nouvelle fois. Alors mes vieux démons avaient ressurgi, me broyant les tripes. J'avais baissé ma garde, j'avais ouvert mon cœur. Il l'avait délicatement pris et était parti avec. Alors, j'ai remis ma carapace, pour protéger ce qu'il me restait. Mon désespoir. Ma rage. Ma haine.

Quand il est venu ce matin déposer sa démission, je n'arrivais pas à le regarder. Je ne pouvais pas le regarder. Croiser son regard, plonger dans cet océan, j'allais m'y noyer définitivement. J'avais préféré regarder ailleurs, oublier sa présence qui pourtant occupait tout l'espace. Quand j'ai pris cette fichue carte, quand j'ai lu ce putain de message, mon cœur s'était définitivement arrêté, me plongeant dans les ténèbres les plus infâmes. Non seulement je le perdais, mais voilà que le diable refaisait surface. Pourquoi ? Qu'avais-je fait de si terrible pour mériter ce châtiment éternel ?

Malgré moi, mon corps avait cédé. Il avait tremblé, ne répondant plus à mon esprit. M'abandonnant lui aussi. Alors ses bras s'étaient refermés sur moi et j'avais pu de nouveau respirer. Son corps, si chaud, si tendre. Mon remède, mon antidote. J'avais besoin de lui, j'avais besoin qu'il me protège, qu'il me sauve de cette tourmente. Je n'en pouvais plus de vivre ainsi. Tout lui dire avait été un choix difficile, un dilemme impossible. Ne rien lui dire et risquer qu'il s'éloigne à tout jamais parce qu'il ne savait pas tout, qu'il ne comprenait pas ; ou tout dire et le perdre parce que je le dégoûtais. Quand tout fut sorti, mon cœur s'arrêta de battre, attendant la sentence qui allait tomber. Le perdre, briser mon cœur définitivement. Mais encore une fois, il avait su me surprendre. Il ne m'avait pas jugé. Il avait juste dit les mots que j'attendais, que je voulais par-dessus tout.

« Je ne partirai pas. »

Cette phrase résonnait encore dans mon cœur, refermant peu à peu la plaie béante. Adam, mon amour, ma vie. Je ne pouvais plus me passer de lui. Je respirai grâce à lui. Impossible de me mentir plus longtemps. Je m'assis sur le bord du lit, caressai ses cheveux, effleurai sa peau nue. Il frissonna au contact de mes doigts. J'avais envie de l'embrasser encore et encore. Jusqu'à la fin des temps. Rester enfermés ici, que nous deux. Oublier le reste du monde.

Mon corps meurtri le réclamait. Réclamer ses bras si tendres, ses mains si douces. Lui qui prenait tant de soin à me protéger. Jamais trop vite, jamais trop brusque. Mais maintenant, je pouvais. Maintenant, je le voulais. Avec lui, parce que c'était lui et personne d'autre. Des larmes commencèrent à rouler sur mes joues. Je ne pensais plus pouvoir ressentir de l'amour en ce bas monde. J'avais perdu ma mère, la seule qui avait su garder cette petite flamme encore allumée. Avec elle, elle s'était éteinte. Avec lui, elle s'était rallumée.

Mais j'avais peur. A présent, j'avais peur de le perdre à nouveau. Que l'autre monstre détruise tout. Encore une fois. Comment allions-nous pouvoir affronter cela ? cette ordure était revenue pour me faire payer, je le savais. Mais je ne voulais pas qu'Adam en pâtisse. Lui aussi cachait ses blessures. Lui aussi avait ouvert son cœur. Affronter l'ombre qui planait sur ma vie allait réveiller la sienne. Je ne voulais pas qui souffre. Je l'aimais, du plus profond de mon être. J'avais besoin de lui, mais pas aux dépens de son bonheur. Il me fallait trouver une solution pour supprimer définitivement toute menace. Il me fallait le retrouver et finir cette fois-ci le travail. Pour que nous puissions être heureux. Pour que nous puissions vivre.

Me pardonnerait-il cela aussi ? étais-je prête à prendre ce risque ? pour lui, j'étais prête à tout. Pour être dans ses bras jusqu'à la fin des temps, sans qu'aucune noirceur ne vienne entacher notre bonheur. Je me rallongeai à ses côtés, contemplant son doux visage. Ses cheveux noirs ébouriffés dans lesquels j'avais envie de plonger mes doigts. Ses yeux aux paupières closes que j'avais envie d'embrasser encore et encore. Ses lèvres, si tendres, si passionnés, qui parcouraient mon corps et m'embrasaient. Mon corps frissonna à ce souvenir. Avec lui, j'avais découvert le plaisir de s'abandonner entièrement. Sans imposer, se laisser guider, lâcher prise. Et putain que c'était bon !

Je l'embrassais tendrement, espérant qu'il se réveille et me prenne à nouveau, comme il venait de le faire. Mon amour, mon ange, mon sauveur.

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