Entretien professionnel
Elle raccrocha avec humeur. Elle ferma les yeux quelques instants et prit une grande respiration. Puis quand elle les rouvrit, son regard était passablement apaisé. Elle m'offrit un sourire et me tendit la main.
- Monsieur O'Connell, je suppose.
- Enchanté, Mademoiselle, lui répondis-je.
- C'est moi qui le suis, répliqua-t-elle. Nigel vous a déjà briefé. Vous allez donc l'assister cette semaine, puis vous prendrez le relais quand il nous abandonnera.
Son ton ne laissa rien transparaitre. Difficile de savoir si la fin de sa phrase était dite sur le ton de la plaisanterie.
- Mademoiselle Gallo, si vous ne voulez pas que je parte... essaya Stanford.
- Ne dites pas de sottise, Nigel, le coupa-t-elle. Je suis heureuse que vous preniez enfin un peu de congés pour voir votre famille. Qui plus ait pour accompagner votre fille à l'autel.
Elle alla se servir un verre d'eau avant de s'installer dans le salon prêt de la paroi vitrée donnant sur l'extérieur. Elle nous fit signe de nous installer sur les fauteuils en face d'elle. Je m'assis en silence. C'était vraiment une très belle femme, sûre d'elle.
- D'après ce que m'a dit Nigel, vous venez de quitter la Navy. Dites-m'en plus.
Je me raclai la gorge. Ce sujet était pour moi encore délicat, mais il me semble que mon employeur n'était pas du genre à accepter que je le garde pour moi.
- Je faisais partie des forces spéciales. J'ai participé à plusieurs interventions à travers le monde. Afghanistan, Afrique de l'Est, Afrique du Nord. Au bout de treize ans de service, j'ai estimé qu'il était temps de passer à autre chose, avouai-je à moitié.
- Vous avez raison. Dans la vie, il faut savoir évoluer, approuva-t-elle. Etant que c'est Nigel lui-même qui vous recommande, je suis sûre que vous ferez du bon travail, même si ce n'est que pour un mois. Après ce délai, on verra. Qui sait ? Peut-être aurais-je besoin de vos services plus longtemps ? Notamment si Nigel décidait de déserter définitivement ? se moqua-t-elle.
- Sûrement pas, répondis Stanford, piqué au vif.
J'esquissai un sourire.
- Je suis déjà honoré que vous m'accordiez ce poste, Mademoiselle Gallo, la remerciai-je. Je ferai tout pour faire en sorte que vous soyez satisfaite de mes services.
- J'espère bien, dit-elle, avec un sourire énigmatique.
Puis elle avala une grande gorgée d'eau avant de se lever. Nous l'imitâmes.
- Je n'ai malheureusement pas beaucoup de temps à vous accorder aujourd'hui. Nous aurons l'occasion de discuter tout au long de cette semaine. Nigel va faire faire le tour du propriétaire.
Ce dernier hocha la tête en signe d'approbation.
- Nous nous retrouvons à midi, finit-elle en me serrant la main.
Je hochai la tête à mon tour et nous sortîmes aussitôt. Dès que nous franchîmes la porte du bureau, Hernandez s'engouffra, une tablette à la main. Je suivis Stanford, tout en regardant au loin ce petit bout de femme discuter avec son secrétaire.
Dès que nous fûmes dans l'ascenseur, Stanford m'interrogea :
- Alors ?
J'hésitai sur la façon d'exprimer mon ressenti.
- C'est une sacrée femme, finis-je par sortir.
- C'est surtout la personne la plus forte que je connaisse, rétorqua-t-il. Elle vous battrait à plats de couture. Vous et n'importe quel soldat de la Navy.
- En effet, elle semble avoir un mental d'acier.
- Je ne parlai pas seulement de ça, dit-il en me glissant un regard de biais.
J'avais du mal à saisir où il voulait en venir, mais je préférais le passer sous silence.
Tandis que l'ascenseur effectuait sa lente descente, je repensai à cette femme. Sa chute de reins incroyable, ses cheveux tombant en cascade dans son dos, ses lèvres délicieusement charnues. Mais surtout ce regard hypnotisant. Il vous glaçait le sang et en même temps, mettait le feu à vos sens. Une femme sensuelle et de caractère. Elle dégageait une force certaine et une sorte de magnétisme. Je n'avais pas pu m'empêcher d'être troublé par sa présence, dans tous les sens du terme. Elle devait faire tourner la tête à pas mal d'hommes, mais aussi en clouer un certain nombre d'entre eux au pilori. Travailler à ses côtés va être une rude épreuve pour mes nerfs.
Stanford passa la matinée à me présenter le personnel de Gallo Incorporations ainsi que les lieux eux-mêmes. Contrairement aux citoyens lambda, Mlle Gallo accédait au building via un parking souterrain, à partir duquel partait un ascenseur privé. Chaque entrée était munie d'une sécurité supplémentaire : badge et gardien pour le parking, clé pour l'ascenseur, code pour l'entrée dans la partie privée. Une telle débauche de sécurisation me laissa dubitatif. Certes elle était une personne influente de Miami, mais je trouvais que c'était pousser un peu le bouchon. Quand j'interrogeai Stanford sur ce sujet, il répondit de manière évasive. Une histoire de menaces récurrentes et de concurrence féroce. Je me contentai de cette explication. J'aurai le temps de me faire ma propre opinion.
Stanfordm'avait aussi refilé un nombre incalculable de dossiers que je devais étudieret connaitre par cœur, selon lui, afin de faire mon travail correctement.Heureusement pour moi que j'avais une mémoire photographique qui allait me permettred'ingérer rapidement toutes ces infos.
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