Dîner d'affaires


Vendredi soir, Mlle Gallo m'avait réquisitionné pour un dîner d'affaires. J'étais donc venu la chercher à dix-heures trente, comme convenu. Arrivé devant la porte d'entrée du Penthouse, je frappai et patientai. Cela faisait déjà cinq minutes que je tournai en rond dans le couloir. Patience était devenu mon deuxième prénom. La patronne n'était jamais pressée d'arriver, mais exigeait qu'on soit à l'heure qu'elle avait décidé. Alors que je m'apprêtai à sonner de nouveau, la porte s'ouvrit sur une magnifique robe rouge. Mes yeux furent immédiatement attirés par une bouche carmin. Puis ils descendirent pour rencontrer un décolleté qui mettait en valeur la peau dorée de sa poitrine. Bon dieu ! Je fermai brièvement les yeux et m'écartai pour la laisser passer. Alors qu'elle avança, sa main se posa sur moi, provoquant des frissons qui se logèrent directement dans mon entrejambe. Ses doigts glissèrent sur ma cravate, lentement.

- Le bleu vous va bien, dit-elle alors, me tirant de mes pensées obscènes.

Puis, sans crier gare, elle prit la direction de l'ascenseur. Je la suivis, en maudissant ma faiblesse d'esprit. Il suffisait qu'elle posât la main sur moi pour que mes pensées s'emballent. Elle s'engouffra à l'intérieur, moi sur ses talons. Je lui tournai le dos et pourtant, je sentais son regard me détailler. Quand la porte s'ouvrit, je n'y tenais plus. La prochaine fois, je me mettrai sur le côté, histoire de me concentrer sur les grains de la peinture grise de ce maudit ascenseur.

Le trajet se fit en silence, Mlle Gallo étant concentrée sur sa tablette. Ce qui permit de faire tomber la tension sexuelle qui s'était instaurée quelques minutes auparavant. Le dîner d'affaires était prévu dans un restaurant japonais, qui occupait tout le rez-de-chaussée d'un hôtel grand luxe. Quand nous y entrâmes, je fus subjugué par le faste que respirait cet endroit. Dorures, bois précieux, étoffes luxueuses. Le restaurant n'était pas clinquant, mais il était indéniablement réservé à une clientèle triée sur le volet. La grande salle était composée d'un bar où l'on pouvait observer les maîtres sushis pratiquer leur art, de tables en tek ceintes d'un fil d'or, de fauteuils design et de paravents translucides qui créaient de petits coins intimistes, propices aux dîners d'affaires. Pourtant, Mlle Gallo se dirigea vers un escalier qui partait vers la mezzanine. Après avoir salué le propriétaire du restaurant, un jeune chef japonais à l'accent à couper au couteau, elle fut conduite vers un salon privé, à l'étage. Celui-ci donnait directement sur la grande salle, permettant de tout voir sans être vu. Un homme, la quarantaine, patientait déjà. Quand il vit Mlle Gallo entrer, ses yeux reflétèrent une lueur lubrique. Encore un à qui elle faisait tourner la tête. Avant de pénétrer dans le salon, elle se tournait vers moi.

- Vous pouvez aller manger un morceau. Mon entretien risque de durer un moment, dit-elle en glissant un regard vers l'homme déjà debout pour la saluer. Je vous appellerai quand je serais prête à partir.

Sur ce, elle se tourna vers l'homme pour aller lui déposer une bise sur la joue. Elle s'assit face à la porte et me sourit, avant que le serveur ne refermât derrière lui. Je décidai de rester sur la passerelle à l'attendre. Non pas que mon estomac ne réclama pas sa part, mais la laisser seule avec cet homme ne me semblait pas une bonne idée. Le serveur sortit et revint, quelques minutes plus tard, avec deux verres. En partant, il laissa la porte entrebâillée, ce qui me rassura car j'avais la possibilité de vérifier si la situation dérapait ou non.

Et l'attente commença. Je pris mon mal en patience, comme c'était le cas depuis que j'étais entré à son service. Appuyé sur la rambarde, mon regard parcourait la salle pour tuer le temps. Soudain, une voix étouffée. Je tendis l'oreille. Elle se transforma en gémissement. Mlle Gallo avait des problèmes. D'un bond, je me redressai et m'apprêtai à ouvrir la porte quand mon geste se figea. Mes yeux s'écarquillèrent en voyant un corps onduler. L'homme était de dos, ma boss le chevauchait. Ses mouvements ne laissaient aucun doute sur la nature de leur relation actuelle. Les pans de sa robe tombaient de chaque côté de la chaise, camouflant leur rapprochement. Sa tête était basculée en arrière, celle de l'homme était enfouie dans ses seins. Je restai là, à les épier. Mon corps refusait de bouger, mes yeux ne voulaient pas se détacher de ce spectacle. Sa bouche rouge, entrouverte, laissait échapper des soupirs de plaisir. Je n'avais qu'une envie, y fourrer ma queue. Putain ! Ce qu'elle m'excitait ! soudain, elle redressa la tête et ouvrit les yeux. Son regard vert se planta dans le mien. Elle ne fut pas surprise de me voir la regarder. Elle continua ses va-et-vient, sans me lâcher des yeux. Je me sentais de plus en plus à l'étroit et ma respiration s'accéléra d'un coup.

Bordel ! Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Qu'est-ce qu'elle est en train de me faire ? Ses yeux verts me déstabilisaient, m'embrouillaient totalement. Elle ferma alors les yeux, rompant le charme. Je repris aussitôt mes esprits. Il me fallait un verre. De toute urgence. Je dévalais l'escalier, attrapai un serveur au vol et me laissai tomber sur un fauteuil. Bordel de merde ! Cette femme est le diable en personne ! Mon whisky arriva, je l'enfilai d'une traite et j'en commandai un autre. Il fallait que je me calme. Quelqu'un vint alors tapoter mon épaule. Merde ! Mais ce n'était pas elle. C'était une brune d'une vingtaine d'années qui affichait un grand sourire.

- Comment ça se fait qu'un beau mec comme vous boive tout seul ?

Je lui souris. Elle était mignonne. Mon état d'excitation était tel que je l'aurais bien sautée, là tout de suite. Les événements devenaient de plus en plus irréalistes. Ma boss sautait un mec à l'étage du dessus, j'avais joué les voyeurs, je venais de m'enfiler un whisky pour digérer la situation, alors que j'étais en service, et voilà qu'une jolie brune venait me draguer. J'avais presque envie de rire tellement la situation était rocambolesque.

- Je travaille, lui répondis-je, en rigolant tout seul.

Elle s'assit à ma table et croisa les bras, mettant en valeur sa poitrine. Décidemment, c'était ma soirée !

- Et vous buvez toujours quand vous travaillez ? me questionna-t-elle.

- En général, non. Mais là, c'est nécessaire, soupirai-je.

Elle se mit à rigoler. Soit j'étais vraiment très drôle, soit elle avait très envie de coucher avec moi. Mon deuxième verre arriva et je me mis à le siroter. Putain de vendredi soir ! Soudain, une robe rouge vint s'interposer entre moi et la jolie brune. Mes yeux remontèrent lentement, détaillant le joli petit corps qui y était glissé. Puis ils rencontrèrent des yeux verts furibonds. Ma boss. Je me levai aussitôt. Elle me regardait, avec ce regard de tueuse, les mains posées sur les hanches.

Sivous avez fini de draguer, je voudrais rentrer, cracha-t-elle.    

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