Carpe diem
Cela faisait une heure que je tournais en rond dans mon bureau. Après ma séance avec Novac, je suis rentré me changer avant de filer au bureau. Maintenant, je me retrouvai comme un lion en cage en train de ruminer mes sombres pensées. Elles tournaient en boucle dans ma tête. Qu'est-ce que Léo voulait comme suite à la nuit qu'on avait passée ensemble ? et moi, j'en attendais quoi exactement ? Je ne voulais pas que notre relation évolue comme les précédentes. J'avais envie de rester avec elle, plus longtemps. Pour bien des raisons. Nos discussions m'avaient amené à penser qu'elle me cachait des blessures bien plus graves qu'elle ne voulait bien laisser paraitre. J'en éprouvai depuis le besoin de la protéger, pas seulement en tant que garde du corps.
De plus, cette femme avait réussi à apaiser un peu mes démons. C'était la première fois que quelqu'un réussissait à alléger mes peines. Même ma famille, aussi dévouée soit-elle, avait échoué. D'où mon départ pour un autre pays. Voir leurs regards attristés pesés sur moi tous les jours, était devenu insupportable.
Cela suffisait ! Il fallait que je trouve de quoi m'occuper l'esprit car il dérivait vers des zones d'ombre que je n'avais pas envie de replonger. D'un pas décidé, je me dirigeai vers le bureau de Hernandez pour lui demander le planning de Léo pour organiser les prochaines sorties officielles. Prendre connaissance des dates et horaires, des lieux, de l'organisation. Cela me permettrait d'anticiper sur mon travail et de ne pas rester là à ressasser. Et puis, prévoir l'imprévisible pour ne pas être surpris, comme l'avait si bien dit Léo. Décidément, elle prenait une place de plus en plus grande dans ma tête.
Le secrétaire était penché, comme à son habitude, sur son ordinateur. Il ne me vit pas arriver. Je dus toussoter pour qu'il daigne lever les yeux de son écran. Quand il comprit que c'était moi, il fit une moue.
- Mlle Gallo n'est pas là. Elle est en réunion à l'étage d'en-dessous.
- C'est vous que je viens voir, réplique-je. Je voudrais le planning des prochaines sorties. Histoire d'anticiper un peu la sécurisation des lieux.
Il me toisa d'un air dédaigneux, puis replongea sur son ordinateur.
- Je vous donne celui des deux prochaines semaines, dit-il en tapotant sur son clavier. Ensuite, votre contrat se terminant, il n'est pas nécessaire que vous soyez au courant de ses allers et venues.
La réalité vint me percuter de plein fouet. Deux semaines ! Dans deux semaines, je ne serais plus à son service. Qu'allait-il advenir de notre relation ? Je saisis les feuillets fraichement imprimés et tournai les talons en baragouinant un merci à l'intention de Hernandez.
Bon sang, O'Connell, te voilà en train de baliser pour une histoire de cul ! Reprends-toi ! Tu passes du bon temps avec elle, tu fais ton job et on verra le reste plus tard. Un peu de légèreté ne te ferait pas de mal après tout. Tout prendre au sérieux ne t'a pas réussi jusque-là. La vie est courte, prends ce qu'elle te donne. On verra par la suite.
Alors que je m'apprêtai à quitter la pièce, quelque chose attira mon attention. Un bouquet de roses jaunes était posé sur la table basse de la salle d'attente.
- Elles sont pour Mlle Gallo ? demandai-je, intrigué.
- Aucune idée, il n'y a pas de destinataire, répondit vaguement Hernandez, sans décoller le nez de ses papiers. Elles ont été livrées à l'accueil. Ils ont supposé qu'elles étaient pour elle.
Je m'approchais du bouquet et vis une enveloppe. Alors que j'allais la saisir, je voulus demander au secrétaire s'il avait consulté la petite carte, mais il ne faisait déjà plus attention à moi. Je haussai les épaules. De toute manière, j'étais son garde du corps donc il était normal que je vérifie ce qu'on lui adresse. On ne sait jamais ! Bon d'accord ! J'étais surtout curieux de savoir à qui ces fleurs étaient adressé, et si c'était pour elle, qui les lui avait envoyés. Je lus le petit mot, mais il ne m'aida nullement.
« Souviens-toi... »
Une phrase qui voulait tout dire et rien en même temps. Sûrement un de ses anciens amants qui tentaient de se rabibocher avec elle. Ça ne me plaisait pas beaucoup, mais je ne pouvais rien y faire. Léo n'était pas du genre exclusif et il fallait que je l'accepte. Profiter de l'instant présent, je devais me l'imprimer dans le crâne. Je redéposai la carte avant de retourner dans mon bureau. Je m'y installai confortablement et entrepris de coordonner tout ça.
Quand je levai mon nez de mes papiers, il était bien dix-neuf heures. Je ne m'étais même pas rendu compte que la journée avait filé à vitesse grand V. Heureusement qu'Amy m'avait appelé pour déjeuner, sinon je pense que je l'aurai zappé. J'avais retrouvé la jeune fille enthousiaste et débordante de vie avec qui j'avais tant accroché. Elle me donnait la note de légèreté dont j'avais parfois besoin. En fait, elle me rappelait ma petite sœur que j'avais laissée en Angleterre. Je me rendais compte que je ne leur avais donné quasiment aucune nouvelle. Il me fallait rattraper le coup. Un jour, mais pas maintenant. Je ne me sentais pas prêt à affronter les angoisses de ma mère et l'incompréhension de mon père. Nos échanges par mail interposés suffisaient pour l'instant. Ils savaient que je n'étais pas mort, c'était l'essentiel.
Je passai une main sur mon visage fatigué. Il était temps que je rentre chez moi. La plupart des employés étaient sur le départ, ou déjà partis. Je n'avais pas revu Léo de la journée, mais elle avait été présente dans mon esprit tout le temps. Novac avait peut-être raison. Je commençais à être accro.
Je me levai d'un bond en grimaçant. Rester penché sur ce foutu ordinateur m'avait engourdi les muscles. Une séance d'entrainement avant d'aller me coucher me détendrait sûrement tout ça.
Alors que je m'apprêtais à partir, la porte de mon bureau s'ouvrit brusquement. Léo se tenait dans l'encadrement, me déshabillant de son regard vert brûlant.
- Tu es encore là ? demanda-t-elle d'une voix suave.
- J'allais partir, répondis-je d'une voix éraillée.
La vue de son corps moulé dans un tailleur strict fit ressurgir tous les souvenirs de la nuit précédente. Bordel ! Ma gorge s'assécha aussitôt et mon corps réagit au quart de tour. Heureusement que l'écran de l'ordinateur camouflait astucieusement la partie de mon anatomie qui venait d'enfler instantanément. J'attrapai ma veste et la plaça devant moi, avant de m'avancer vers la porte. Léo me barrait le passage et ne semblait pas vouloir bouger. Je l'observai quelques secondes en silence. Ce qu'elle pouvait être sexy ! Je comprenais pourquoi tant d'hommes cédaient à ses charmes.
- As-tu encore besoin de moi ? demandai-je alors pour obliger mon esprit à arrêter de vagabonder dans mes fantasmes.
- Tu as déjà mangé ? m'interrogea-t-elle d'un air mystérieux.
- Non.
- Mangeons ensemble, rétorqua-t-elle. Indien ou japonais ?
Encore une fois, elle s'imposait mais j'avais trop envie de rester avec elle, pour relever son ton autoritaire.
,IG
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